Hommage à Paul Newman

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Hommage à Paul Newman
HOMMAGE A PAUL NEWMAN
Hier, Paul Newman est mort, il avait 83 ans. Pour tout cinéphile, le vendredi 26
septembre 2008 restera comme l’un des jours les plus noirs de notre vie. Déjà atteint par les
morts successives de Sidney Pollack, Heath Ledger ou autre Roy Schneider, voilà que le coup
de grâce nous est donné. C'est avec la plus grande des tristesses et le cœur déchiré que nous
avons appris le décès de celui que l’on surnommait « the boy from Shaker Heights », des
suites d'un long cancer. Pour certains, Paul Newman est le dernier d'une génération de
grands, pour d'autres, dont je fais partie, il est encore plus que cela, il a contribué à faire de
nous ce que nous sommes réellement, des rêveurs. Newman, c'était la classe, c'était le génie,
l'humain derrière un corps d'éphèbe, celui à qui tout le monde voudrait ressembler, un
cocktail étonnant de talent, d’élégance et de simplicité… Car si c'était avant tout un acteur, il
était aussi une forte personnalité politique, sportive et culturelle, un philanthrope, qui savait
que pour persister dans ce milieu, il fallait avoir autre chose que l'art de jouer un rôle...
Sa dernière réplique au cinéma fût à l'image de la carrière de l'homme, un plan
sombre sous la pluie, les corps tombant autour de lui sous la mitraillette de Tom Hanks.
Newman, dans le rôle du parrain de la mafia irlandaise, reste un instant de dos, les gouttes
ruisselant sur son visage, il se tourne lentement, regarde Hanks dans les yeux et dit "C'est
bien, ce n'est que toi", sorte de passage du témoin pour celui qui a fait son temps. La phrase
est fondamentale, on sent et on sait ce qui va suivre, Hanks l'abat froidement, c’est la
dernière fois que l’on voit Newman à l’écran… Mais on n’assiste pas à sa mort, elle est
certaine, mais à la manière de "Butch Kassidy & Le Kid", l’image se fige, on ne veut pas voir,
cette fin des héros, ce n’est pas envisageable, c’est tout…
Ainsi Newman n'est plus en vie, mais pas pour tout le monde, pour nous, il est
partout, tels Marilyn Monroe ou James Dean, son personnage reste, c'est un mythe
éternel ; du jeune révolté de "Luke la main froide" au vieux briscard de "La couleur de
l'argent" en passant par l'espiègle escroc de "L'arnaque", Newman nous a comblé, sa
prestance à l'écran était probablement l'une des plus intense et des plus sobre, il portait très
certainement en lui la marque des dieux, envers qui il s'estimait redevable. "Somebody up
there likes me" avait-il évoqué, peut-être qu'il avait raison, peut-être que ce don, il le tenait
d'ailleurs... Ce qui est sûr, c'est que les rides ne lui ont rien enlevé, avec les années, ni sa
mesure, ni sa civilité n’ont été entamées, le temps n'a pas changé la couleur limpide de ses
yeux, les saisons n'ont pas atteint son cœur d'altruiste, et plus que tout, les minutes n'ont
jamais dégradées son âme. Aujourd'hui, nous sommes orphelins, nous avons perdu une
partie de notre cœur. Avec la mort de Newman, nous assistons à la fin d'un cinéma, celui des
acteurs, après que Brando, le mauvais garçon du septième art, nous ai quitté, dans une triste
et insupportable indifférence, lui aussi avait tout, lui aussi ne jouait pas dans la même
cour, désormais, nous avons basculé, la réalité a dépassé la fiction... Sur pellicule, ses œuvres
restent, mais l'artiste a disparu, je crois qu'à cet instant, si le chagrin est inévitable,
l'admiration nous devance, on réalise lentement, trop lentement, on ne veut pas y croire, on
veut poursuivre nos rêves, errer, regarder tout simplement... Il n'y a pas de mots pour
expliquer, pas d’issue pour s’apaiser, et devant cette tragédie, seule une épitaphe vient
résumer notre peine :
Ci-gît Paul Newman,
sa carrière d’acteur prit fin lorsque ses yeux bleus devinrent bruns.
…Hier Paul Newman est mort, nous avions 20 ans…
Z
Zowie