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HOMELIE DE LA MESSE D’ENVOI DES TERMINALES PROMO 2016
Mattieu 9,32-38
COURAGE
L’évangile nous parle de la guérison d’un sourd muet par Jésus, un jour en Palestine. Il y a deux
réactions :
- L’admiration de la foule : c’est formidable qu’un homme très handicapé dans sa
communication puisse entendre et parler à nouveau.
- La récrimination des pharisiens. Ils disent que Jésus est un super-démon, qu’il ne faut pas
s’approcher de lui. Ils le ternissent, ils pourrissent la relation que les gens peuvent avoir avec
lui.
Jésus n’a pas peur de leur perversité ni de leur jalousie ni de leur méchanceté. Il continue sa mission.
Notre Maître et Seigneur a eu du courage. Il nous faut en avoir. Sans mépriser les autres mais en
tenant notre cap à sa suite. C’est la grâce qui nous a été donnée lors de notre baptême et de la
confirmation.
COMPASSION
L’évangile ajoute que « voyant les foules, Jésus fut touché de compassion envers elles car elles
étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger ».
La compassion s’éprouve au plus intime de soi. Un mot qui renvoie aux entrailles de la femme. Le
geste de la rythmo-catéchèse que vous avez pu vivre au Petit Collège le rappelle. Touché à en pleurer,
à se sentir appelé à parler, à agir, à faire quelque chose. Les voyant « désemparés, abattus », comme
des jeunes de France qui ont raté leur Bac aujourd’hui, Jésus est touché aux entrailles.
Le Père Ceyrac, ancien élève du collège jésuite de Sarlat en Dordogne, est arrivé comme
missionnaire au sud de l’Inde en 1937, il avait 23 ans. La situation des tamouls qu’il rencontrait le
touchait de compassion ; il en pleurait par amour et par tristesse des situations vécues par ces
personnes. En 1980, il fit la même expérience qui le conduisit comme volontaire dans les camps de
Thaïlande pour prendre soin des réfugiés victimes de la folie des Khmers rouge.
On vous dit ou on vous dira : parce que vous avez beaucoup reçu, vous devez donner
généreusement. C’est vrai au plan de la raison qui nous guide dans nos choix. Mais je vous souhaite
d’avoir un jour l’expérience de la compassion et de partager généreusement à d’autres du fait de
cette compassion. Il vous sera donné alors de participer à l’expérience du Père Ceyrac, de Jésus luimême, du Père Ziad de Homs en Syrie, du Père Etienne Mborong qui nous venait du Tchad il y a deux
ans.
Selon votre tempérament humain, votre sensibilité vous éprouverez les choses différemment. Quelles
que soient les modalités, la compassion s’appelle, chez St Ignace, une consolation. C’est-à-dire une
manière dont Dieu nous parle par le cœur et par l’intelligence, par notre sensibilité affective et par
notre jugement. Ignace reconnait cinq types de la consolation : l’allégresse, la joie, la contrition, la
compassion et la paix.
Je vous dis cela aujourd’hui pour que le jour où cela vous arrivera vous vous souveniez que
quelqu’un vous en a parlé et que vous tendiez l’oreille à cette visite de Dieu dans votre vie sans
identifier cette consolation avec une expérience « bizarre » qui vous met mal à l’aise et que vous ne
savez comment comprendre.
Je me souviens d’un médecin hospitalier dans les années 80, un ancien du Centre Laennec, qui était
chef de service en pneumologie et qui avait un petit laboratoire de recherche à l’époque où l’on voyait
les signes de ce qu’on appellerait ensuite le SIDA sans savoir encore identifier et diagnostiquer cette
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maladie. Les étudiants lui disaient : « Mais avec ce petit labo, vous ne trouverez jamais ». Il répondait :
« Oui, c’est vrai mais nous serons capables de lire et de comprendre les résultats des recherches des
grands laboratoires anglais ». Ce fut le cas. Que vous puissiez un jour, à l’exemple de ce médecin,
découvrir en vos cœurs cette grâce de la compassion, grâce qui fait de nous des personnes vraiment
humaines à l’image de Dieu.
CULTURE ET FOI
Vous partez aujourd’hui. Pendant toutes vos années d’études, la communauté éducative de St Louis de
Gonzague a essayé de contribuer, pour une part, à votre formation. Notre Collège est un
Etablissement :
1. « Qui a le souci de former des personnes ouvertes au monde où nous vivons et à ce qu’il y a
de plus universel. Des personnes aptes à s’engager et à servir, quelles que soient les tâches
qu’elles auront à assumer, et qui puissent vivre leur responsabilité en étant capables de se
faire proches des plus petits » pour reprendre les mots du Père François Xavier Dumortier (La
Croix 5.07.2016) alors qu’il passe la main à son successeur à l’Université Grégorienne de
Rome.
La qualité des enseignements, l’accompagnement personnel et l’aide dans les choix à faire,
une formation solide et profonde, la rencontre de professeurs qui n’ont pas été seulement
des professeurs mais, parfois aussi, je vous souhaite de le reconnaître un jour, des « Maîtres ».
Mais aussi les défis en 4ème, le PAS en 1ère , le Pèlerinage de l’ABIIF, les Journées Missionnaires
et le grand témoin indiquent aussi comment notre Ecole cherche à ouvrir ses élèves à la
diversité de ceux et celles qui font partie de ce monde, en particulier ceux qui sont plus
démunis.
2. Depuis le Petit Collège pour certains, au Grand Collège depuis la 6ème ou la 2de pour d’autres,
bien des adultes ont œuvré afin que chacun de vous puisse « rendre compte de sa foi » au
milieu des défis intellectuels et humains de notre temps. L’enjeu est d’évangéliser
l’intelligence moderne ou, au moins, de pouvoir contribuer au respect pour la foi chrétienne
quand bien même certains ne la partageraient pas.
Vous aurez, dans les années qui viennent, à re-choisir l’Eglise, en choisissant d’aller aux JMJ ou
d’aller à la messe le dimanche avec des amis en vous soutenant mutuellement. Il n’y aura plus
les obligations de Franklin ni les encouragements de la famille. Vous ne trouverez peut-être
pas facilement la communauté chrétienne. Il vous faudra la chercher pour la trouver. L’avenir
de votre foi est entre vos mains. Je vous souhaite d’avoir des amis qui soient aussi des
disciples de Jésus et qui vous aident sur ce chemin d’une foi personnelle qui cherche à vivre ce
qu’elle professe.
Vous êtes appelés à être des saints. Nous prions pour vous, je prie pour vous et je vous encourage à
prier les uns pour les autres. Avec compassion et courage à la suite du Christ Jésus. Amen.
P. Jean-Marc Furnon sj.
Aumônier de St Louis de Gonzague-Franklin