Le Luxembourg mise sur l`innovation
Transcription
Le Luxembourg mise sur l`innovation
Dossier Pôles de compétitivité ® Carlo hommel / cour grand-ducale Le Luxembourg mise sur l’innovation Le Grand Duché vient d’investir 140 millions d’euros pour s’imposer dans la recherche biomédicale et monter son cluster. Regard sur ce petit voisin de l’UE qui a du capital et prend des risques. P etit par la taille, mais grand par les ambitions… Le Luxembourg est certes le plus petit des Etatsmembres de l’UE, mais son potentiel en termes de capitaux et d’institutions financières n’est plus à démontrer. Le Grand Duché mise aussi sur l’innovation scientifique et se donne les moyens de devenir un pionnier européen dans l’univers en pleine effervescence de la médecine personnalisée. Il vient ainsi de décider d’investir 140 millions d’euros sur cinq ans pour le développement de ses compétences nationales en recherche biomédicale. Reste qu’il ne s’est pas tourné vers ses voisins européens. Le Grand-Duc Henri de Luxembourg (troisième à partir de la gauche) rencontre (de gauche à droite) les docteurs Jeffrey Trent, Lee Hartwell et Leroy Hood. dans un premier temps aux cancers des poumons et du colon. Le deuxième projet associera plus particulièrement l’ISB et l’Université du Luxembourg et vise la création, sous cinq ans, d’un centre de biologie systémique au Luxembourg (Center for Systems Biology Luxembourg – CSBL). Ce centre privilégiera des travaux orientés d’une part autour du séquençage et de l’étude des systèmes génétiques, avec la finalisation d’une séquence complète et personnalisée du génome d’une centaine d’individus et d’autre part vers une meilleure compréhension des dysfonctionnements de l’organisme associés à des pathologies. L’idée est de disposer d’une empreinte moléculaire, d’une signature Il a franchi directement l’Atlantique en initiant permettant de décrire l’état physiologique un partenariat stratégique avec trois centres d’une cinquantaine d’organes majeurs. de recherche américains. Cette collaboraEnfin, le CSBL accompagnera ces recher140 millions tion, mise au point et négociée par la soches en se concentrant, en parallèle, sur ciété de consultants Pricewaterhouse Coole développement d’outils et de plated’euros pers, fait ainsi appel aux compétences des formes technologiques en génomique, investis chercheurs de deux instituts de Phoenix en protéomique et en bioinformatique. – le Translational Genomics Research InsLe 3ème projet luxembourgeois sera mené sur cinq ans titute (TGen) et le Partnership for Personapar le CRP Santé, avec le Partnership for lized Medicine (PPM) –, et de l’Institute for Personalized Medicine de Phoenix, pour Systems Biology (ISB) de Seattle. Ici, l’objectif sélectionner et valider des marqueurs pour est à la fois de créer, sur le Luxembourg, un centre le diagnostic précoce et le suivi thérapeutique du d’excellence en recherche biomédicale et de prospecter des cancer des poumons. Un programme qui a d’ailleurs vocaactivités de R&D aptes à une diversification de son tissu tion à s’élargir rapidement à d’autres types de cancers, mais économique dans les domaines des biotechnologies. aussi à d’autres partenaires internationaux, américains en particulier tels que le Biodesign Institute de l’université de Biobanque luxembourgeoise l’Arizona ou le Fred Hutchinson Cancer Center de Seattle, Dans la pratique, trois centres de recherche publics (CRP), dirigé tout comme le PPM par le prix Nobel de Médecine les CRP Santé, Henri Tudor et Gabriel Lippmann, ainsi que 2001, Leland Hartwell. l’université du Luxembourg vont participer à cette initiative construite autour de trois projets majeurs. Le premier vise Dernier maillon pour compléter la chaîne de l’innovation, la mise en place d’une biobanque, l’Integrated Biobank of la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI), Luxembourg » (IBBL), en partenariat avec TGen. Ouverte appartenant à l’Etat luxembourgeois, vient de mettre en aux collaborations européennes et internationales, celle-ci place une enveloppe dédiée pour le financement de projets assurera les collecte et analyse d’échantillons biologiques sur une ligne « Technologies de la santé ». n (tissus, sang…). Les données obtenues seront exploitées pour la recherche en oncologie. Avec une priorité donnée Anne-Lise Berthier 62 PHARMACEUTIQUES - JUIN/JUILLET 2008