under the skin - Les Montreurs d`Images

Transcription

under the skin - Les Montreurs d`Images
UNDER THE SKIN
Thriller de Jonathan Glazer
Avec Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams…
Britannique– 2014 – 1h47
Version originale sous-titrée
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent
heurter la sensibilité des spectateurs
Mer 09
20h45
Jeu 10
15h
Ven 11
18h15
Sam 12
20h30
Dim 13
15h
Lun 14
20h45
Mar 15
18h15
Réagissez sur le film sur le blog des Montreurs d’Images
L’histoire
Une extraterrestre arrive sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître.
Adapté du roman de Michel Faber.
Première
À propos de ce troisième long métrage du rare Jonathan Glazer (trois films en treize ans),
l’appellation tant galvaudée d’ovni est justifiée par la nature extraterrestre du personnage
féminin principal, dont le spectateur est invité à partager le point de vue à défaut de se mettre
dans sa peau. L’effet est obtenu par le recours à une variété de styles a priori incompatibles mais
qui s’assemblent en une miraculeuse alchimie, entre psychédélisme et réalisme documentaire. Le
début, qui suggère l’arrivée de l’alien sur Terre, est filmé comme l’approche de Jupiter dans 2001
– L’Odyssée de l’espace, tandis que les séquences décrivant la prédatrice en chasse sont
tournées avec des caméras GoPro discrètes pour enregistrer les réactions de passagers qui ne
savent pas qu’ils sont filmés. Loin d’être répétitif, le dispositif se fait complètement oublier et les
images réalistes de l’Écosse contemporaine amplifient le sentiment d’aliénation vis-à-vis d’une
humanité qui se caractérise par sa libido, sa compassion parfois, et souvent sa solitude. Au
contact de ses proies, la chasseresse évolue, révélant des failles, multipliant les erreurs. Son
comportement erratique est ouvert à l’interprétation, mais on la sent intriguée par la nature
humaine au point de vouloir l’explorer par la seule voie qu’elle connaisse : le sexe. C’est un piège
dont elle se sert et qui finit par se retourner contre elle. On peut y voir une métaphore de la
condition féminine et de son ambivalence. Le script, adapté par Walter Campbell, s’est
passablement écarté du roman original qui expliquait en détail que l’extraterrestre chassait des
humains pour les transformer en nourriture. L’idée est à peine esquissée dans le film par une
image quasi subliminale. Par ailleurs, la fille était représentée comme un assemblage maladroit
des critères supposés de la séduction pour les aliens (lunettes, jambes courtes et très gros seins).
Avec Scarlett Johansson dans le rôle, le résultat est très différent, l’actrice exprimant son
étrangeté par sa seule gestuelle. Une séquence où elle trébuche, tournée à Glasgow en caméra
cachée, montre que les passants ne l’ont pas reconnue. Si elle n’était pas le premier choix de
Jonathan Glazer, elle enrichit le rôle autant qu’elle en bénéficie. Elle n’a jamais été aussi bien
filmée. En oubliant la dimension satirique du roman et en le débarrassant d’explications
finalement inutiles, le réalisateur a épuré l’histoire jusqu’à friser l’abstraction. Le résultat est une
plongée dans un monde de pures sensations, fruit d’une harmonie inouïe entre l’image et le son.
Les Montreurs d’Images
Cinéma Art & Essai – AGEN
www.lesmontreursdimages.com