CP FILON JUTEUX PHOTO AMATEURS 3 MARS 2015

Transcription

CP FILON JUTEUX PHOTO AMATEURS 3 MARS 2015
Union des Photographes Professionnels-Auteurs
205 rue du faubourg Saint-Martin
75010 Paris
[email protected]
01 42 77 83 73
Paris, le 3 mars 2015,
Pour la rédaction du journal de 20H de France 2
L'Union des photographes Professionnels souhaite faire part à la rédaction du journal de
20h de France 2 de son indignation, suite à la diffusion du reportage « Le filon juteux de la
photographie amateur » lundi 2 mars 2015.
En effet, ce reportage pose de nombreux problèmes aux photographes professionnels, et
ce, à différents niveaux.
Au premier plan, votre reportage, censé donner un « bon filon » aux téléspectateurs
amateurs de photographie, est racoleur et mensonger.
Racoleur, parce qu'il promet à vos téléspectateurs, et plus particulièrement à ceux qui sont
des amateurs de photographie, sans aucune analyse économique ou nuance
sémantique, des astuces considérées comme ... « juteuses » !
A l'heure où 8,5 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté, et à une heure de
forte audience télévisuelle, il est absolument inconscient de faire passer des « avantages
en nature » - car c'est bien de cela qu'il s'agit- pour des rémunérations « juteuses ».
Les journalistes qui ont réalisé ce sujet, se sont-ils au moins posé la question de savoir
pour qui ce « filon » était le plus « juteux » ? Pour celui qui méconnait les principes
d'une relation commerciale, l'amateur, ou bien pour celui qui vit de pratiques
commerciales : la marque ?
Mensonger, car vous semblez mettre sur le même plan, le succès empirique que peuvent
engendrer les photos postées par l'utilisateur d'un réseau social tel qu'Instagram auprès
de sa communauté d'abonnés, et le succès commercial - comprendre l'intérêt financierqu'un tel succès peut représenter pour une marque.
Le bon « filon », dans ce cas précis ne se place du côté du photographe amateur, à qui ce
sujet télévisé s'adresse, mais bien du côté de la marque, qui va pouvoir réaliser une
campagne publicitaire à moindre coût, pour ne pas dire aucun.
En effet, la marque va pouvoir faire d'une pierre deux coups : en sollicitant l'amateur pour
réaliser une campagne, elle s'assure d'une création quasiment gratuite – payée en natureet de sa diffusion au plus grand nombre, puisque l'amateur qu'elle a sélectionné a été
sélectionné d'une part pour la qualité de ses photos,
largement suivi par sa communauté !
mais SURTOUT parce qu'il est
Ce procédé qui consiste rétribuer en avantage en nature, ou même, par une dotation
financière, la création d'un amateur, que votre rédaction considère comme un « échange
de bons procédés », n'est ni plus, ni moins, du travail dissimulé. Car la marque, elle, aura
un usage commercial de la création, photographique ou autre, de l'amateur. Cette création
servira à promouvoir un produit auprès d'une communauté d'internautes que de l'autre
côté du miroir, la marque appelle les consommateurs.
Travail dissimulé, car la marque emploie de fait un auteur, sans s'acquitter auprès de l'Etat
des charges sociales inhérentes à ce qui aurait été le paiement d'un salaire, ou d'une note
de cession de droits d'auteurs. L'amateur peut lui aussi, et comme vous l'avancez, « bien
gagner sa vie », car lui non plus ne s'acquitte d'aucune charges sociales, et constitue donc
une concurrence déloyale à l'égard des professionnels, qui eux pratiquent leur activité
professionnelle en toute légalité !
Enfin, et puisque vous abordez un sujet traitant de la création, il nous semble primordial de
vous signaler que ce qu'Aurély Cerise considère comme une collaboration « ils peuvent
utiliser mes photos et en échange ils me mettent en dessous » s'appelle le droit moral de
l'auteur, un droit qui selon le Code de la Propriété Intellectuelle, est : « inaliénable,
incessible et imprescriptible ». Autant dire que lui créditer sa création n'est pas une fleur
que lui font les marques, mais une obligation légale !
Ce dernier point reflète parfaitement le malaise que peuvent ressentir les professionnels
que représente l'UPP en visionnant votre reportage.
France 2 est une chaîne de télévision publique, qui devrait montrer l'exemple en matière
de déontologie.
Comment un reportage faisant une telle apologie du travail dissimulé, donc illégal,
faisant de facto une concurrence déloyale aux professionnels qui vivent déjà très
mal de la photographie, et en toute méconnaissance du droit de la propriété
intellectuelle a-t-il pu passer à une heure de grande écoute télévisuelle ?
Toutes ces questions, objet de notre courrier, attendent, vous l'aurez compris, une
réponse et des explications de de la part de la rédaction du journal télévisé de 20h de
France 2.
Journalistes oeuvrant pour un chaîne de télévision publique, vous avez des comptes à
rendre aux contribuables français, dont les photographes professionnels font partie.
Au même titre que l'UPP, en tant que première organisation professionnelle de
photographes auteurs et de photojournalistes, se doit de défendre les intérêts des 1 200
auteurs et photojournalistes qu'elle représente, lorsque ceux-ci sont attaqués.
Nous vous prions de donc de revenir vers notre service de communication dans les plus
brefs délais dès réception de ce courrier.
Bien cordialement,
Patrick Roche, Président de l'UPP