La réception de l`espace d`exposition du musée du Débarquement d
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La réception de l`espace d`exposition du musée du Débarquement d
UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE La réception de l’espace d’exposition du musée du Débarquement d’Arromanches par un panel de 80 visiteurs Étude menée par Océane Costey & Maëva Hardelay sous la direction de Stanislas Hommet, directeur de l'ESPE de l’académie de Caen Mai – Juillet 2015 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Tab le des mati èr es Table des matières ................................................................................................................. 1 Introduction ............................................................................................................................. 2 1/ Présentation d’un projet d’étude de la réception par les publics. .......................... 4 1.1 L’origine d’un projet ....................................................................................................... 4 1.2 Pourquoi s’intéresser à la réception par les publics des espaces muséographiques ? ............................................................................................................... 5 2/ L’expérimentation et ses étapes. ................................................................................... 9 2.1 Le projet de recherche : étapes de l’observation ...................................................... 9 2.2 L’espace observé .......................................................................................................... 10 2.3 La méthode d’observation. ......................................................................................... 11 2.4 Le questionnaire de sortie. ......................................................................................... 14 2.5 Le panel observé........................................................................................................... 14 3/ Présentation des résultats. ............................................................................................ 15 3.1 La visite de l’espace par les publics ............................................................................ 15 3.2 Les réponses au questionnaire. .................................................................................. 31 4/ Des pistes de travail pour une scénographie renouvelée. ...................................... 32 ANNEXES ................................................................................................................................. 37 1 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Intr odu cti on Ce rapport d’étude a fait l’objet d’un stage de trois mois de deux étudiantes en médiation culturelle Océane Costey et Maëva Hardelay, qui ont pu mettre en œuvre des compétences qui se doivent d’être au cœur de la médiation, de toute action de médiation, à savoir l’étude de la réception par les publics de l’exposition d’histoire. En effet, évaluer ce que pensent les publics de la visite par des enquêtes de satisfaction est assez répandu mais ne permet en aucun cas d’aller au plus près des réalités des expériences de visites des visiteurs. Car ce public qui se presse au musée du Débarquement d’Arromanches, qu’il soit familial, touristique (avec un tour opérateur), qu’il soit individuel ou en groupe, n’est pas vierge d’expériences de visites. Il a sa propre représentation de l’espace pour lequel il est prêt à verser quelques euros, imaginant ou s’attendant à voir tel ou tel point d’explication. Il mène ses propres comparaisons, et surtout établit sa visite selon ses envies, besoins de découverte. Si le visiteur réalise sa visite avec ses pieds, rapidement le cerveau prend le dessus et impose tel ou tel déplacement. Oui, le visiteur pense sa visite et très souvent indépendamment de toute scénographie qui joue sur les effets de saillance que les études visuelles mettent en avant désormais. Alors que se passe-t-il à Arromanches au musée du Débarquement pour les visiteurs ? C’est l’objectif de cette étude suite à une rencontre avec la municipalité d’Arromanches et qui a été un travail intense de plusieurs mois pour le parcours de master 2 de médiation culturelle et enseignement de l’ESPE de l’académie de Caen. Sous la direction de Stanislas Hommet, directeur de l’ESPE et chercheur au laboratoire Théodile-Cirel de l’université de Lille 3, spécialiste de la médiation culturelle, des études de réception en espace muséal, ce rapport donne lieu à un article qui devrait être publié dans la lettre de l’OCIM et devrait servir de base de travail pour la mise en œuvre d’un nouvel aménagement muséal à Arromanches. 2 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE « L’interprétation ne se contente plus d’expliciter des contenus. Elle se préoccupe aussi de sa transmission et de son appropriation par les visiteurs. Et pour ce faire, elle n’hésite pas à faire appel au registre socio-affectif, c’est-à-dire à l’implication du visiteur en jouant sur sa sensibilité et en cherchant à créer du plaisir ou de l’émotion ». JACOBI Daniel et MEUNIER Anik, « Au service du projet éducatif de l’exposition : l’interprétation », La Lettre de l’OCIM, n°61, 1999, p.5. 3 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 1/ Prés entat ion d ’u n pr oje t d ’é tude de la r éce pti on pa r les p ubli cs . 1.1 L’origine d’un projet À l’origine, un questionnement sur la relation entre mémoire individuelle et mémoire sociale qui rapproche l’équipe Matrice1, sous la direction de Denis Peschanski, et les étudiants du parcours de formation de médiation culturelle (master 2) de l’Espe de l’académie de Caen sous la direction de Stanislas Hommet. Depuis trois années, sept étudiantes en master 2 travaillent à la définition d’outils pour observer, comprendre et analyser les attitudes, les ressentis des visiteurs adultes et scolaires dans l’espace génocides et violences de masse du Mémorial de Caen. Cet objectif de formation, apprendre à des futures médiatrices à s’intéresser à la réception des expositions, rejoint le travail de recherche mené par Stanislas Hommet, dans le cadre du laboratoire Théodile-Cirel de l’Université Lille 3. Le travail s’est étendu à d’autres espaces muséaux sans utiliser la technologie d’Eye-trackers. À la demande de la région Basse-Normandie, un rapprochement s’est effectué avec la municipalité d’Arromanches pour contribuer à la réflexion sur l’évolution du musée. 1 La présentation du projet Matrice se trouve sur : www.matricememory.fr (consulté le 13/03/2015) 4 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 1.2 Pourquoi s’intéresser à la réception par les publics des espaces muséographiques ? Les liens entre les musées et les politiques dans la cité sont anciens. Cependant, l’engouement de ces derniers pour les musées s’est renforcé depuis les vingt dernières années. En même temps, les espaces muséographiques présentent un intérêt manifeste pour les visiteurs avec l’émergence de la fonction éducative du musée. Les institutions culturelles conçues comme des médias et les publics comme des récepteurs s’inscrivent dans cette muséologie citoyenne apparue dans les années 1920-1930 aux ÉtatsUnis. Cette conception de l’espace muséal a alors pour ambition de se souvenir du public. Il faut cependant attendre 1974 pour que le conseil international des musées, ICOM, inscrive le rôle social du musée dans le marbre, le musée devant contribuer au développement social. Cette conception muséale est réaffirmée par la Déclaration de Québec de 1984 qui définit la nouvelle muséologie en préconisant de dissoudre le primat des collections et de se recentrer vers les publics afin que les musées acquièrent une fonction sociale et soient mis à la disposition de l’homme et de la société. Un langage accessible et ouvert, des expositions mettant en avant des valeurs qui ne soient pas uniquement universelles tout en proposant aux objets un statut qui ne soit pas que scientifique, telle est la voie ainsi définie. Les institutions muséales s’adresseront aux citoyens sur des sujets qui les touchent ou les interpellent et à partir de leurs revendications, d’objets d’un patrimoine qui touche de par sa proximité. Ainsi, dans cette conception, nous retrouvons, le réseau international du musée de la personne (Brésil, Portugal, Québec, USA), lié aux revendications des personnes sur leurs territoires, des classes-musées en Amérique du Sud (Chili), des écomusées. Ces espaces cherchent à impliquer des minorités par l’inclusion de leur mémoire, de leur histoire, dans un récit social plus large. Dans ce cadre d’évolution de la définition même de l’espace musée, un intérêt tout particulier est porté à la perception, à la réception par les visiteurs des expositions. 5 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Avant tout la visite elle-même, qui est au centre d’un triangle d’enjeux. La visite d’une exposition est tout d’abord, la visite d’une intentionnalité matérialisée dans un contexte social. Le visiteur constitue un sujet individuel, réelle unité synthétique de représentations et d’expériences et se trouve confronté à cet objet social qu’est l’exposition : il devient ainsi par cette rencontre, un sujet social. L’espace muséal est donc touché par la remémoration, la dichotomie et l’empathie qui semblent lier fondamentalement le couple mémoire/histoire. Une telle vision de la visite au musée, rend impératif d’évaluer, de s’intéresser à la réception par les visiteurs des espaces d’exposition. Dès les années 1920, le phénomène de fatigue muséale est connu et les contraintes s’imposant à toutes visites font l’objet de recherches. Les travaux menés alors identifient les différentes phases d’une visite, échauffement, plateau et déclin de l’intérêt. Les années 1930-1940 s’intéressent quant à elles aux formes du discours à proposer dans l’espace muséal, à son organisation et son appropriation. Déjà, des travaux distinguent le concept d’une exposition de son scénario. Le développement dans la muséologie d’une approche pédagogique directement empruntée à la conception des séquences pédagogiques en milieu scolaire date des années 1970 et permet aux premiers travaux scientifiques de parler d’évaluation formative, sommative face à une exposition. Les années 1990 franchissent un pas en avant important en refusant de continuer d’ignorer le continuum entre l’implication du visiteur dans la visite, le processus de visite et le produit de celle-ci. En recourant à la sociologie, à l’anthropologie et aux Cultural studies2, les recherches internationales sur les espaces muséographiques ouvrent la porte à une compréhension des interactions sociales et symboliques face aux expositions. 2 Mac Donald, S., Fyfe, G., (dir), 1996, Theorizing Museums. Representing identity and diversity in a changing world, Londres, Blackwell Publishers/The sociological Review. 6 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE En France, il faut attendre les années 1980 pour voir apparaître des travaux conséquents sur les publics, leurs perceptions.3 La légitimité scientifique et le développement d’un nouveau domaine de recherche, transversal aux sciences humaines et sociales et qui s’intéresse à ce que « l’exposition fait au visiteur4 » autant qu’à ce que le visiteur fait de l’exposition, s’inscrit tant du côté du Centre National de la Recherche Scientifique que du côté de l’Université. Citons ainsi, le programme thématique « Muséologie » lancé en 1989 par le CNRS et le programme REMUS conçu par le ministère de l’Éducation nationale, mais aussi des revues reconnues aujourd’hui, telle Publics et musées5, d’une collection Muséologies et la mise en place de l’Office de coopération et d’information muséographique (OCIM). Les travaux portent essentiellement sur des études des publics6 et d’abord dans les musées d’art. 60% de ces travaux sont des rapports et peu de publications sont le résultat de travaux de recherche. Les études prospectives, fréquentation potentielle, image et attractivité attendues, constituaient 17% des enquêtes en 2007 contre 40% pour les études d’évaluation et de réception (à 32% des évaluations d’expériences de visites). De ce fait, ce sont les études et recherches portant sur l’impact de l’expérience de visite qui constituent la catégorie la plus fournie. Il est alors important de distinguer les études d’évaluation qui mettent l’accent sur les acquis du visiteur au regard des objectifs que le musée s’est donné, de celles de réception qui mettent l’accent sur le ressenti et le vécu du visiteur, c’est-à-dire qui qualifient l’effet du musée et/ou de l’exposition. Notre travail de recherche s’inscrit donc dans ce cadre théorique propre au champ des enquêtes portant sur les expositions en espace muséal. 3 Samson, D., Schiele, B., 1989, L’évaluation muséale, publics et expositions, Bibliographie raisonnée, Paris, Expo, Média. 4 Davallon, J., 2000, L’exposition à l’œuvre. Stratégies de communication et médiation symbolique, Paris, Montréal ; L’Harmattan. 5 Revue presses universitaires de Lyon et devenant en 2003 Culture et Musées. (Actes Sud) 6 Eidelman, J., Rousseau, M., 2007, « Les études de publics : recherche fondamentale, choix de politiques et enjeux opérationnels » in La place des publics, Paris, Documentation française. 7 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Il s’agit d’une étude de réception cherchant à identifier sur un espace précis les effets sur les visiteurs des choix menés, des outils proposés. Notre travail s’attache ainsi aux effets produits sur des visiteurs et à cette expérience de visite. En cela, nous nous intéressons à la transaction réflexive entre l’exposition et ses visiteurs qui sont au centre du principe même du processus de la réception. Comment les visiteurs des musées réagissent-ils face aux œuvres exposées ? 8 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 2/ L’exp éri men tati on et se s éta pes . 2.1 Le projet de recherche : étapes de l’observation Après une rencontre avec la direction du musée, il a été décidé de mettre en place une grille d’observation des visiteurs dans l’espace scénographique. Une première grille fut construite puis modifiée après une observation test menée par l’ensemble des étudiants en médiation culturelle. Les outils présentés ici ont donc fait l’objet d’une expérimentation en amont et de modifications pour répondre au mieux aux conditions du musée. Le schéma ci-dessous présente ce que donne l’observation en termes de données collectées. Observati on d’un panel de 80 visiteurs 9 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 2.2 L’espace observé UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE L’espace du musée du Débarquement d'Arromanches est organisé en six zones déterminées sur le plan par le jeu de couleurs : ► Avant l'assaut : plusieurs vitrines reprennent la vie des populations et les opérations militaires effectuées avant le débarquement. ► Le port artificiel : maquettes du port artificiel d'Arromanches, le Mulberry B, accompagnées d'éléments de compréhension. ► La France libre : trois focus sur les forces navales et aériennes françaises ainsi que sur le commandant Kieffer. ► Les alliés : zone consacrée aux différents pays alliés intervenants dans la Seconde Guerre mondiale. ► L'empire Britannique : plusieurs vitrines destinées notamment aux divisions militaires britanniques et aux plages Gold et Sword. ► Le débarquement : espace rassemblant, entre autre, des vitrines sur les plages d'Ohama et d'Utah. ► Les dioramas : le musée est équipé de quatre dioramas, le débarquement des troupes britanniques, une réplique de péniche LCA, un diorama avec son et lumière et une scène de vie militaire. 2.3 La méthode d’observation. Une grille d’observation construite avec : - le numéro de l’enquêté(e), - le contexte de visite, c’est-à-dire l’affluence de visiteurs dans le musée, - l’âge et le sexe de l’observé(e), - les remarques, si le visiteur est seul ou accompagné ainsi que les éventuelles remarques concernant les visites guidées, - le parcours, les arrêts sont numérotés dans l’ordre de la visite de l’observé(e), 11 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE - les objets, c’est-à-dire le répertoire des expôts présents dans le musée, tous numérotés en fonction de la zone dans laquelle ils se trouvent – chaque zone est définie par une couleur, - l’identification du comportement de l’observé(e) : lecture des textes explicatif ou introductif, suivi du regard (jette un œil, regard périphérique, regard global, regard détaillé, regard dévié), éventuelles discussions, photographie, - les notes : comportement autre que ceux indiqués, suivi ou non d’une visite guidée, - le temps : par expôt, - la grille est divisée en six zones identifiées : 1. Avant l’Assaut, 2. Le port artificiel, 3. La France libre, 4. Les Alliés, 5. L’Empire Britannique, 6. Focus sur les plages d’Utah et d’Omaha. 12 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 2.4 Le questionnaire de sortie. Un questionnaire de visite est proposé aux visiteurs observés, à chaque fin de visite. Il est composé de quatre questions : - Pourquoi avez-vous choisi de visiter ce musée ? Êtes-vous déjà venu ? - Lors de votre visite, vous êtes-vous facilement repéré dans l'espace ? - Êtes-vous allés sur les plages avant de visiter ce musée ? Allez-vous vous y rendre après ? - Quels sont les éléments qui vous ont le plus intéressé ? Les questions sont susceptibles d’évoluer au cours de l’entretien. Avec la grille d’observation et à l’aide des temps indiqués, un expôt marquant par zone a été identifié pour chaque observé. L’intérêt du questionnaire est alors de croiser les données des deux outils. L’expôt marquant relevé au temps est-il le même que celui relevé dans le questionnaire ? Le questionnaire permet également de mesurer le rapport entre le musée et la plage, y sontils allés avant et ont-ils trouvé des réponses à leurs questions dans le musée ? Y sont-ils allés après avoir eu les informations nécessaires à la compréhension de ce site ? Enfin, le questionnaire permet également d’indiquer à la fois les points positifs du musée mais tout autant les négatifs, les améliorations à prévoir, les modifications et/ou changements nécessaires. Sur l’ensemble de nos 80 enquêtés, seulement 5 visiteurs ont refusé de répondre à nos questions. 2.5 Le panel observé. 80 personnes furent observées lors de leur visite. L’âge moyen du visiteur est de 50 ans. Notons que le panel n’a pas été déterminé selon des critères sociaux-démographiques qui n’apporteraient rien à l’analyse des déplacements dans l’espace. Le nombre d’hommes = . Le nombre de femmes = 14 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 3/ Prés entat ion d es ré sult ats . 3.1 La visite de l’espace par les publics Le déplacement type du panel observé. À partir du plan de l’espace constitué par deux étudiantes en médiation culturelle, les parcours de chaque enquêté ont été reportés. Il est difficile de définir un déplacement type tant le trajet de chacun est différent. Les graphiques ci-dessous permettent néanmoins de connaître le nombre d’enquêtés ayant visité ou non les différentes espaces d’exposition. Zone 1 : Avant l'assaut 15% Vu Non vu 85% Nous notons que 85% de nos enquêtés ont regardé les vitrines de la zone 1 traitant de l’occupation allemande et de la préparation du débarquement. La proximité géographique de cette zone explique ce taux conséquent. Proche de l’entrée et du départ de la visite guidée, le visiteur regarde ce qui se trouve dans cet espace. 15 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Zone 2 : Le port artificiel Vu 100% Nous notons ici que la totalité de nos 80 enquêtés a visité la zone 2 sur le port artificiel d’Arromanches. C’est le point fort de la visite, les enquêtés viennent chercher avant toute chose des informations relatives au port. Zone 3 : La France libre 20% Vu Non vu 80% Nous notons que les trois vitrines sur la France libre, ont attiré 80 % de nos enquêtés. 16 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Zone 4 : Les alliés 13% Vu Non vu 87% Nous notons que seuls 13 % de nos 80 enquêtés ne sont pas allés visiter la zone 4 sur les alliés ayant contribué au Débarquement. Le regard porté par les visiteurs est alors davantage périphérique, à savoir un regard qui va de vitrine en vitrine, cherchant les informations essentielles à l’avance et rapidement. Zone 5 : L'empire britannique 1% Vu Non vu 99% Nous notons que la quasi-totalité de nos enquêtés ont regardé les nombreux expôts de la zone 5 sur l’empire britannique. 17 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Zone 6 : Le débarquement 6% Vu Non vu 94% Nous notons que seulement 6 % de nos enquêtés n’ont pas visité la zone 6. Cinéma 18% Vu Non vu 82% Nous notons que 82 % de nos enquêtés ont regardé le film d’archive sur la construction du port artificiel d’Arromanches. 18 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Diorama 9% Vu Non vu 91% Nous notons que le diorama en salle commentant le jour du Débarquement a attiré 91 % de nos enquêtés. Visite G 10% Vu Non vu 90% Nous notons que 90 % de nos enquêtés ont suivi la visite guidée, proposée par la structure muséale, apportant des éléments de compréhension sur le port artificiel d’Arromanches. 19 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Le temps moyen passé dans l’espace pour le panel observé. Le temps moyen de visite est de 1 heure et 5 minutes, ce qui se rapproche du temps préconisé par la structure culturelle, à savoir 1 heure et 15 minutes. Temps moyen par enquêté Le temps est exprimé en minutes Enquêtés 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Temps 104 104 31 25 62 62 72 72 35 42 75 75 83 83 59 59 73 72 70 70 Enquêtés 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 Temps 81 80 67 67 98 98 51 51 78 78 54 54 61 61 72 72 72 72 51 51 Enquêtés 41 42 43 44 Temps 70 70 99 100 64 63 75 75 100 100 52 53 54 54 64 65 71 65 43 46 Enquêtés 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 Temps 49 51 69 66 44 44 48 48 81 81 86 86 22 22 39 39 55 55 84 83 45 46 47 48 49 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 Temps moyen par zone de l’espace de visite Zone 1 Zone 2 Zone 3 1 min 43 11 min 11 53 sec Zone 4 Zone 5 Zone 6 1 min 35 2 min 24 2 min 27 20 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Il ressort, en mettant de côté la visite guidée qui retient l’attention du visiteur sur une trentaine de minutes sur le total de son temps passé dans l’espace muséal (50%), que la zone que nous qualifions « port artificiel » est celle qui attire le plus le visiteur. Les expôts marquants Quels sont les expôts marquants par zone ? Nous entendons par expôt, l’unité exposée (quel que soit son statut) et le côté marquant est défini par le temps passé. Zone 1 : Avant l'assaut 30 25 20 15 Nombre d'enquêtés 10 5 0 1 2 3 4 5 diorama 1 Zone 2 : Le port artificiel 40 35 30 25 20 Nombre d'enquêtés 15 10 5 0 1 2 3 4 5 6 8 16 20 21 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Zone 3 : La France libre 35 30 25 20 Nombre d'enquêtés 15 10 5 0 1 2 3 Zone 4 : Les alliés 30 25 20 15 Nombre d'enquêtés 10 5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 diorama 2 22 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Zone 5 : L'empire britannique 30 25 20 15 Nombre d'enquêtés 10 5 0 1 2 4 6 7 8 9 10 Zone 6 : Le débarquement 25 20 15 Nombre d'enquêtés 10 5 0 1 2 3 4 5 diorama 4 23 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Commentaires par zones d’exposition. Zone 1 : pour 26 enquêtés sur 80, la vitrine 2, composée de : Vitrine « Occupation / Résistance » - Unités allemandes du jour J - Masque à gaz de La Défense passive - Bobine de mèche lente - Grenade GB Mills - Allumeur à traction - Bandoulière à munitions pour fusil - Revolver français modèle 1892, calibre 8mm - Holster en cuir pour pistolet automatique Rubis - Poste émetteur-récepteur anglais type « Biscuit » avec sa valise de transport utilisé par la Résistance - Mine en béton allemande réutilisée par la résistance - Brassard FFI, don de monsieur Israël Georges - Section de rail avec dispositif de sabotage comprenant allumeur « Fog Signal », cordeau d'étonnant, détonateur et chargé de « plastique 808 » - Certificat de garantie - Casque FFI - Recharge avec douilles - Six billets Francs - Pansement individuel - Scaferlati pour les troupes - 5 pièces Francs - 2 tickets de rationnement pour du fromage - 1 ticket de rationnement pour la charcuterie - Tickets pour denrées diverses - Feuille de ticket pain - Timbre « Tous avec de Gaulle pour bouter le boche hors de la France » 24 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE - Timbre « Vive la France » - Portrait de Paulette Duhalde - Photographies d’aviateurs - Carte de la défense d’Arromanches à Bernières - Dossier top secret sur l’assaut - Béret du spécial air service, carabine US M1 calibre. 30M1 (7,62mm) est la plus regardée. 17 enquêtés regardent le plus le diorama de la zone. Zone 2 L’expôt le plus regardé pour 34 personnes est un ensemble de maquettes : Mulberry Harbour : « Ces maquettes expliquant le fonctionnement du port de débarquement, sont la reproduction exacte des éléments qui ont été construits en GrandeBretagne, à partir de 1942. Un grand nombre d'entreprises britanniques ayant participé à ces travaux ont généreusement contribué pour offrir au musée d’Arromanches ces modèles exécutés par Messers Bassett-Lowke L. Elles ont été officiellement remises au musée d’Arromanches le 6 juin 1956, par le RTT Hon. Duncan Sandys, British Ministrer of Housing and Local Government ». La maquette panoramique est ce qui retient le plus le regard de 18 enquêtés. Zone 3 L’expôt 3 est le plus regardé par 31 visiteurs : Vitrine « Les Forces Aériennes Françaises Libres » - Texte introductif sur les Forces Aériennes Françaises Libres. - Texte explicatif sur l'équipement - Texte focus sur « Le groupe Lorraine » - Insigne des forces aériennes françaises libres - Paire de lunettes de vol Mk V avec étui en cuir pour les filtres - Silhouette d'identification d'avions - Calculateur Mk III avec notice 25 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE - Carnet de vol du lieutenant Cognet - Uniforme du commandant Bimont. - Jeu de plaques d'identité du commandant Bimont - Chargeur de film Kodak pour caméra embarquée - Ration d'urgence de la RAF - Photographie du Général Valin - Photographie du Boston A20 - Affiche « vive la France » - Cadre sur l’aviation de FFL - Deux revues « Accord », revues mensuelles - Différentes feuilles de la Royal Air Force - Photographie du lieutenant Cognet - Photographie Ezanno - Photographie squadron de Typhoons de la RAF - Photographie du colonel Fourquet et texte sur le Général Fourquet - Trois maquettes d’avion - Soldat de plomb - Affiche « N’oubliez pas de vider vos poches avant de partir en opération » - Cadre FAFL Jacques Joubet - Formulaires de la croix rouge - Airman’s service and pay book - Trois boites made in Canada - Journal de marche du groupe Guyenne en opération Et 26 concentrent leur regard sur l’expôt Vitrine « Les Forces navales Françaises Libres » - Texte introductif - Texte explicatif « La combattante » - Brevet de marin « Bachi » des FNFL. 26 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE - Maquettes : La combattante Corvette « D'Estienne d'Orves » Georges Leygues Uniforme du commandant François Corbasson, officier canonnier sur la Combattante le 6 juin 1944 à Juno. - Texte encadré sur les bâtiments des forces navales françaises libres - Texte sur le cuirassé Courbet - Texte sur la participation de la marine française du Débarquement - Photographie de la frégate chef d’escorte L’aventure - Bulletin des forces navales françaises - 4 écussons : Sous-marin « naval » Paquebot « ile de France » Contre torpilleur « leopard » Corvette « Roselys » - Photographie du navire Le Courbet - Photographie des capitaines Wietzel et Le Floch - Photographie de la frégate « La Suprise » le 6 juin 1944 devant le secteur Gold Zone 4 Dans cette zone, la vitrine dédiée au Canada est la plus regardée par 25 visiteurs, quand 10 consacrent le plus de temps au diorama de la zone dédiée. Zone 5 La vitrine consacrée à Gold/Sword retient le plus l’attention de 27 personnes : - Texte introductif : Gold / Sword avec un focus « Gold et Sword » - Carte des divisions présentes sur Gold et Sword beach. 27 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE - Insigne de béret britannique du Jour J. - Texte explicatif sur l’équipement. - Ration concentrée de l’armée britannique. - Périscope de char « Churchill » britannique. - Uniforme lieutenant des chars spéciaux du génie. 75ème division blindée britannique. - Insigne de col d’officier d’artillerie. - Insigne du « Tank corps ». - Emetteur-récepteur WS n°19 de véhicule blindé britannique avec alimentation. - Maquette du Churchill « crocodile » tank lance flamme. - Photo du Maréchal Bernard Law Mongomery. - Dague commémorative « Wilkinson sword ». - Insigne d’épaule « Opérations combinées » - Six livrets militaires. - Paire de lunettes réglementaire avec étui. - Deux photographies de sa majesté le Roi Georges VI et des officiers français. Juin 1944. - Récepteur R107. - Fusil Lee Enfield n°1 MK III. - Divers : Pansements britanniques Savon Cigarettes Chocolat Biscuite emballés en 1943 - Glengarry (calot écossais) du régiment « The highland light Infantry » - Blouson et Tam o’ sbanter (béret écossais) du régiment « The black watch » - Pelle - Pistolet lance fuse Wesley MK IV 28 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE - Boite de blanco, poudre colorante pour nettoyer les équipements en coton. - Uniforme soldat du Hampshire regiment - Insigne de caquette d’auxiliaire féminin - Médaille « Queen Alexandra Imperial military nursing service » - Insigne de casquette du « Mechanised Transport Corps ». - Cadre « formation signs » - Photographie orchestre féminin - Trois photographies soldats féminines. - Cruche à whisky ne grès - Fusil Lee Enfield n04 MK I - Uniforme d’une auxiliaire féminine de la Royal Navy. - Extrait de The Daily Telegraph. - Carte utilisée par le Caporal Ellis pour son débarquement sur le secteur « JIG » le 7 juin 1944 - Livret sur 231 Infantry Brigade. Et 22 personnes regardent le plus la vitrine dédiée à la RAF. Zone 6 Les deux vitrines dédiées à Omaha et Utah retiennent l’attention de 20 visiteurs et 15 passent le plus de temps sur le diorama de fin d’exposition. À ce stade de l’analyse, il est nécessaire de rapporter les expôts marquants au temps passé par le visiteur en moyenne et dans chaque zone. Pour avoir un temps précis sur l’expôt, la technologie des capteurs s’impose mais n’apparaît pas utile pour l’étude. Zone 1 Zone 2 Zone 3 1 min 43 11 min 11 53 sec Zone 4 Zone 5 Zone 6 1 min 35 2 min 24 2 min 27 29 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Quelles analyses ? Si nous arrivons par une observation attentive et décrite dans ce rapport d’étude à percevoir ce qui capte le plus l’attention du visiteur, il est à noter que, sauf pour la zone 2, le temps passé en moyenne est très court. Pour avoir un repère, notons que les eye-trackers utilisés dans une autre étude menée actuellement par S. Hommet avec l’équipe Matrice du professeur Denis Peschanski, permettent de dire que 3 à 4 secondes correspondent à un temps marquant pour un expôt. Ainsi, plus d’une minute est un temps qui n’est pas si court mais qui signifie que le regard périphérique s’impose : le visiteur balaye du regard la vitrine proposée à la recherche de mots clés, de titres, de textes courts et qu’il se projette ensuite sur les objets. À défaut de textes cadrant ce regard, le visiteur va alors parcourir la vitrine en voyant en avance ce qui arrive. Regard périphérique très répandu dans les musées d’histoire et qui ne signifie pas une réelle appropriation par le visiteur. Les dioramas captent à plusieurs reprises le regard du visiteur, ce n’est pas une majorité des visiteurs qui se rendent sur le diorama en premier mais notons qu’ils font un « score aussi » remarquable que certains objets exposés. Nous entendons par là que les dioramas dans l’observation faite dans le musée sont vus par les visiteurs. Enfin les maquettes du port, parce qu’elles sont intégrées à la visite guidée, font l’objet de toute l’attention du visiteur. C’est un point fort qui nécessite d’être noté et peut constituer un axe fort pour un développement scénographique futur. 30 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 3.2 Les réponses au questionnaire. La définition de ce qui a marqué la visite se fait de deux manières. Dans un premier temps, l’observation menée sur place permet d’identifier ce qui a le plus retenu l’attention dans la visite dans une zone d’exposition (observation minutée). Dans un second temps, le questionnaire de sortie permet d’avoir le ressenti du visiteur. Qu’est-ce qui a le plus marqué le visiteur d’après son déclaratif à la fin de sa visite ? Sur les 75 réponses obtenues, la visite guidée arrive de loin en tête avec 42 % des enquêtés (soit 32 personnes sur 75) qui citent la visite guidée comme le point fort du musée. 36 % mettent en avant les maquettes présentes dans l’exposition. Les vitrines d’exposition ne sont citées que dans 28 % des cas (21 personnes) ; les films dans 17 %, et les dioramas dans 6 %. Êtes-vous allés sur la plage avant la visite ? 80 % des enquêtés se sont rendus sur la plage avant de rentrer dans le musée. Notons que la période de l’enquête est aussi favorable à une découverte-promenade sur la plage. Êtes-vous déjà venu au musée ? (sur le pourquoi de la visite, les enquêtés apportent tous une même réponse, la volonté de découvrir davantage de choses sur le sujet) 40% des visiteurs observés déclarent connaître le musée et l’avoir déjà vu. Un musée que l’on connaît par la famille, des connaissances amicales. Lors de votre visite, vous êtes-vous facilement repéré dans l'espace ? 59% des visiteurs répondent oui et 41% non. 31 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 4/ Des pist es d e tr avail pour une s cén o grap hie reno u vel ée . Au vu des observations menées et des questions posées au panel de visiteurs, il est possible de dégager cinq axes de réflexion, de travail qui nous semblent prioritaires pour faire évoluer le musée dans sa configuration. 4.1 Mettre en avant l’origine du musée, son histoire Nous voyons avant tout, dans un musée, une collection d’objets, exposée pour permettre la rencontre avec un public. Mais, il s’agit de bien plus que cela. En effet, le musée constitue un réel discours, un langage social qui révèle une intention. Véritable expression sociale d’une intention politique, le musée se doit de donner des clés de lecture à ses visiteurs. Le musée du débarquement d’Arromanches a la chance de s’inscrire dans une histoire forte. Ainsi, il apparaît indispensable de donner une place dans une nouvelle scénographie à des éléments qui sont nécessaires : pourquoi un musée ici ? Qui est à l’origine du musée ? (Les principales étapes de la construction du musée et de son développement). Le taux assez conséquent de visiteurs (sur le panel de 80) qui déclare avoir une connaissance préalable du musée (par connaissance, par une visite antérieure) montre que le musée dispose d’une réputation qui précède la visite. On y vient pour les vestiges sur la plage et les maquettes, on y vient parce que le musée constitue une « étape » à vivre dans une « tradition familiale ou amicale. » 4.2 Travailler l’origine des expôts L’ensemble des expôts d’un musée s’inscrit dans une muséographie que l’on qualifie d’idées lorsque l’exposition elle-même donne du sens aux objets : le musée fournit alors au visiteur le mode d’emploi de l’observation. En revanche, dans le cas d’une muséographie d’objets, le sens de l’exposition provient des objets signifiants. Le visiteur utilise alors son expérience de visite et mobilise ses connaissances pour situer, comparer et donner du sens à ce qu’il observe. Aujourd’hui, une nouvelle forme de muséologie apparaît, celle de l’immersion : 32 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE l’espace muséal immerge le visiteur dans l’exposition avec des dispositifs interactifs innovants. La focale glisse alors de l’objet au visiteur lui-même, un visiteur plus sensible au récit, venu non plus seulement pour les expôts mais pour lire, écouter, voir un discours véridique à travers un véritable travail de médiation lui donnant les clés de lecture d’un site et d’une histoire. Le visiteur prend sa place, il devient non plus spectateur, mais acteur d’une visite qu’il mène, choisit selon ses expériences, ses connaissances et ses envies. Au musée du débarquement d’Arromanches, l’empressement des visiteurs pour suivre la visite guidée montre à quel point, la recherche d’un récit prime sur la découverte des objets. Ainsi, si nous prenons en considération ce comportement des visiteurs, il nous semble essentiel de : Mieux valoriser l’histoire des collections : sur quoi se fonde la spécificité de ce musée et de cette collection. Mieux penser la place des objets (expôts) dans une scénographie à concevoir : l’omniprésence du regard périphérique du visiteur montre à quel point, il recherche lors de sa visite ce qui lui fournit des explications dans un récit qu’il se construit. Travailler à une meilleure image visuelle du musée : le paysage physico-mémoriel extérieur constitue en soi une réalité. D’autre part, dans une scénographie construite et une organisation repensée de l’exposition du musée, il faudra penser l’image du musée qui devrait inviter à s’immerger dans un lieu unique : au plus près des plages, là où le port fut construit, découvrir le récit de ceux qui ont permis cet exploit technique et militaire au service de la liberté. Ces recommandations s’appuient sur la nécessité de passer d’une histoire matérialisée par des objets signifiants à une histoire sentie voire expérimentée par le visiteur par le biais de médiations adaptées. Le visiteur vient de moins en moins au musée pour voir des objets qui lui sont étrangers et extérieurs par le temps et l’espace, mais pour participer à une rencontre produite par des objets authentiques, reproduits, reconstitués, dans le but de vivre une expérience unique et de s’interroger. 33 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 4.3 Recentrer le récit sur le port artificiel : de la nécessité d’une scénographie … Le musée d’Arromanches a pour nom, musée du débarquement, comme de trop nombreux musées. En cela, nous attirons l’attention sur le fait que dans le cadre du classement Unesco, il serait opportun de centrer davantage le récit dans le musée sur le port artificiel. Une scénographie qui repose sur un récit à construire ( une commission scientifique ou un conseil scientifique) et de nature chrono-thématique aurait l’avantage de répondre aux attentes des visiteurs : la fabrication du port, le transport jusqu’ à la plage, le fonctionnement du port et son exploitation, la tempête, le bilan ( ce que le port a apporté au débarquement). Les éléments liés aux plages du débarquement, contextualisation, cartographie, seraient à insérer dans un tel récit. L’observation menée montre à quel point, le visiteur après avoir suivi la visite guidée, balaye rapidement les vitrines composées d’objets. La richesse de la collection a toute sa place dans une mise en scène différente. Recentrer l’exposition dans un récit sur le port et en lien avec l’histoire du débarquement, tel doit être l’objectif d’une nouvelle scénographie qui devrait prendre en considération l’attitude du visiteur dans l’espace d’exposition : le visiteur établit sa visite, par ses choix, attitudes, en cela il est « objet muséal » et fait preuve d’expérience de visite. 4.4 … Dans une médiation repensée La visite guidée proposée au sein du musée est un réel atout et un point fort. Cependant, dans le cadre d’une scénographie à concevoir qui devra laisser davantage de place à l‘expérience du visiteur, le guidage traditionnel proposé devrait évoluer vers une médiation plus adaptée : Présence de médiateurs dans l’espace (identifiables par le visiteur) fournissant des explications sur des points précis qui nécessitent un accompagnement du visiteur. La non organisation systématique de visites guidées devrait permettre de proposer 34 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE (Avec le même personnel) des ateliers de découverte, d’appropriation pour les scolaires. Il faudrait également envisager une médiation extérieure à l’enceinte du musée au vu de la richesse des traces visibles. Des outils de médiation indirecte dans plusieurs langues étrangères devraient permettre au visiteur d’accéder à une meilleure compréhension et ce de façon plus autonome. Dans cette scénographie à concevoir qui laisserait une place à la médiation (cette marque de fabrique du musée d’Arromanches avec les guides présents dans le musée pour tous les visiteurs), les maquettes auraient un rôle central à jouer. Si les écrans de télévision placés et les images utilisées sont de très grande qualité (l’efficacité pédagogique est totale), la grande maquette du port constitue toujours un atout. Il apparaît nécessaire de la mettre en valeur dans un nouvel espace par un jeu scénographique simple : - la maquette principale serait au niveau du sol, les visiteurs passant sur les côtés. (une meilleure vue et une immersion, on marche sur le port, les routes du port) - un jeu de lumières avec des sons et des mots défilant sous les pas des visiteurs et sur les côtés (sur les murs) mettraient en avant ce qui doit ressortir de la vue de la maquette : prouesse technologique, défi technologique au service de la libération de la France et de l’Europe. Enfin, la place des films est à repenser : un film plus récent à faire ? des petits films ou des insertions vidéo sur des écrans dispersés dans l’espace ? Le film historique (par sa date de réalisation et son système entre lumières et sons) peut être utilisé pour montrer l’évolution dans la représentation, l’explication. (Cf. la dimension histoire du musée) 35 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Pour conclure, le musée du débarquement d’Arromanches dispose d’un potentiel conséquent : une collection riche une capacité à capter un public par des visites guidées dans l’espace dans des conditions délicates. La fréquentation importante du musée dans un espace assez réduit ne facilite pas la visite et pourtant les visiteurs passent en moyenne plus d’une heure. Une proximité de la plage et des traces encore visibles. Les priorités pour une nouvelle dynamique reposent sur : la construction d’une scénographie qui prenne en compte la place du visiteur avec une immersion simple, au plus près de la collection exposée et dans une médiation adaptée. 36 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE A NN E XE S Numéro enquêté : Guide d’entretien pour les visiteurs du musée du Débarquement d’Arromanches 1. Pourquoi êtes-vous entré(e) dans le musée ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 2. Êtes-vous allé(e) sur la plage avant votre visite ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 3. Qu’attendiez-vous / que cherchiez-vous dans ce musée ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 4. Vos attentes ont-elles été satisfaites ? Pourquoi ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 5. Quels sont pour vous les points forts de ce musée ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 6. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 7. Avez-vous des suggestions ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………… 37 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Z1 Avant l'Assault 1 2 3 4 5 1 Unité allemande de jour J Vitrine "Occupation/Résistance Vitrine "Préparation" Vitrine "Opération Neptune" Opération Gambit Diorama débarquement 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 Mannequin parachutiste Moteur "gray marine" Bombe Maquette de la batterie allemande Maquette panoramique Trois écrans Ecrans Mine marine britannique Photographie aérienne du port Vitrine journal institutrice Carte "Mulberry B Priority" Z2 L'assault Notes (écoute la visite guidée = VG) Temps Remarque(s) Photographie Sexe F M Regarde ailleurs Regarde en détails Regarde globlement Regard périphérique Jette un œil Lit txt explicatif Objets Âge Discute sur expôt Contexte de visite Lit txt introductif Parcours Eq UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 3 Le port artificiel selon noms de code Portrait et citation de Churchill Photographie colonel B.B TALLEY Portrait de Churchill, huile sur toile Carte de l'opération OVERLORD Portrait de Lord Mountbatten Vitrine et photographie Admiral Portrait et citation Mountbatten Maquette gauche Maquette droite Diorama salle Z3 La France libre 1 2 3 Vitrine "Commando Kieffer" Vitrine "Les FNFL" Vitrine "Les FAFL" UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE Z4 Les alliés 2 1 2 3 4 5 6 7 8 Diorama péniche LCA LCA La deuxième division blindée La Pologne La Grèce et les Pays-Bas La Tchécoslovaquie Le Luxembourg et le Belgique La Norvège et le Danemark Le Canada Z5 L'empire britannique 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 La consolidation (1) La consolidation (2) La consolidation (3) Gold/ Sword L'empire britannique La RAF Le moteur Typhoon La sixième division aéroportée Focus sur Jeremiah O'Brien Vitrine Scaphandrier Z6 1 2 3 4 5 4 Les gradés Omaha Evolution du front L'USSAF Utah Diorama Omaha Boutique Cinéma UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE 41 UNIVERSITÉ CAEN NORMANDIE ESPE de l’académie de Caen 186, rue de la Délivrande CS 25335 14053 Caen cedex 04 www.unicaen.fr/espe 42