Dossier pédagogique / Azimut

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Dossier pédagogique / Azimut
© Agnès Mellon
AZIMUT
Aurélien Bory / Groupe acrobatique de Tanger
Le théâtre dans sa quête du merveilleux a inventé cette parade : le vol
Jeudi 19 et vendredi 20 mars à 20h30
Samedi 21 mars à 18h30
Durée : 1h
Dossier pédagogique
Biographies
Mentions
Note d’intention
Le spectacle
Autour du spectacle
Articles de presse
Interview d’Aurélien Bory
Interview de Sanae El Kamouni
En échos au spectacle
Bibliographie
Renseignements pratiques
Biographies
AURÉLIEN BORY, né en 1972, est metteur en scène. Il fonde la compagnie 111 en 2000 à Toulouse. Il y
développe un « théâtre physique », singulier et hybride, à la croisée de nombreuses disciplines (théâtre, cirque,
danse, arts visuels, musique...). Ses spectacles sont présentés dans le monde entier et cette reconnaissance
internationale débute avec Plan B (2003) et Plus ou moins l'infini (2005), marqués par la collaboration avec le
metteur en scène Phil Soltanoff. Ses plus récentes pièces sont Azimut (2013), créée au Grand Théâtre de
Provence à Aix-en-Provence, Plexus (2012) créée au Théâtre Vidy à Lausanne, Géométrie de caoutchouc
(2011) créée au Grand T à Nantes, et Sans objet (2009) créée au Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées.
En 2007, il créé en Chine Les sept planches de la ruse avec des artistes de l’Opéra de Dalian.
Intéressé également par la danse et le croisement des écritures, il met en scène le chorégraphe Pierre Rigal
dans Erection (2003) et Arrêts de jeu (2006). Il crée ensuite des portraits de femme, Questcequetudeviens?
(2008) pour la danseuse de flamenco Stéphanie Fuster puis Plexus (2012) pour la danseuse japonaise Kaori Ito.
Pour Marseille-Provence 2013 – Capitale européenne de la culture, il créé Azimut, autour de l’acrobatie
marocaine, neuf ans après Taoub (2004) (vu au Manège de Reims en 2005), spectacle fondateur du Groupe
acrobatique de Tanger.
Son intérêt pour les sciences influence son esthétique. Les œuvres d’Aurélien Bory sont animées par la question
de l'espace et s'appuient fortement sur la scénographie. Il ne conçoit son travail théâtral que « dans le
renouvellement de la forme » et « en laissant de la place à l’imaginaire du spectateur ».
Aurélien Bory reçoit en 2008 le prix CulturesFrance/Créateur sans frontières pour ses créations à l'étranger.
Depuis 2011, il est artiste associé au Grand T à Nantes. Depuis janvier 2014, Aurélien Bory est artiste invité au
TNT - Théâtre National de Toulouse Midi- Pyrénées.
LE GROUPE ACROBATIQUE DE TANGER s’est formé à l'initiative de Sanae El Kamouni à l’Institut Français de
Tanger en 2003. Elle souhaitait réunir des acrobates tangérois autour des nouvelles écritures pour le cirque, en
partant du constat qu’il existe au Maroc une acrobatie unique au monde, avec une histoire spécifique, pratiquée à
un très haut niveau au sein de nombreuses troupes et familles. Convaincue qu’une histoire nouvelle peut
s’inventer avec ces artistes, elle propose au metteur en scène Aurélien Bory de concevoir le premier spectacle
contemporain d’acrobatie marocaine à Tanger. Ainsi Taoub est créé en juin 2004 et connaît par la suite un
retentissant succès mondial, avec plus de 300 représentations.
Le Groupe acrobatique de Tanger rencontre ensuite les metteurs en scène suisses Martin Zimmermann et Dimitri
de Perrot, qui créent pour eux Chouf Ouchouf en 2009 (vu au Manège de Reims en 2010), confortant la notoriété
du Groupe auprès du public et des théâtres.
En 2013, le Groupe acrobatique de Tanger retrouve Aurélien Bory
pour la nouvelle création Azimut.
Mentions
Conception, scénographie et mise en scène Aurélien Bory
Avec les artistes du Groupe acrobatique de Tanger Mustapha Aït Ouarakmane, Mohammed Hammich, Amal
Hammich, Yassine Srasi, Achraf Mohammed Châaban, Adel Châaban, Abdelaziz El Haddad, Samir Lâaroussi,
Younes Yemlahi, Jamila Abdellaoui
Et les chanteurs Najib El Maïmouni Idrissi, Raïs Mohand
Chef du Groupe acrobatique de Tanger Younes Hammich
Directrice du Groupe acrobatique de Tanger Sanae El Kamouni
Création lumière Arno Veyrat
Composition musicale Joan Cambon
Sonorisation Stéphane Ley
Costumes Sylvie Marcucci
Recherche et adaptation Taïcir Fadel, Régie générale Arno Veyrat
Plateau et manipulation Mickaël Godbille, Albin Chavignon
Régie lumière Olivier Dupré, Régie son Edouard Heneman
Décor et Machinerie Pierre Dequivre et l'atelier La fiancée du pirate,
Vol Marc Bizet
Production Florence Meurisse, Christelle Lordonné (compagnie 111 - Aurélien Bory), Sanae El Kamouni, Marie
Reculon (Scènes du Maroc)
© Aglae Bory
Note d’intention : une création dans le cadre de Marseille-Provence 2013
« Avril 2010, je rencontre Dominique Bluzet au Grand Théâtre de Provence. Il me parle de son projet pour 2013,
me propose d'y participer et m'interroge sur mon lien avec la Méditerranée. J'ai alors pensé aux acrobates
marocains. En 2013 cela fera dix ans que j’ai fondé le Groupe acrobatique de Tanger avec Sanae El Kamouni, et
cette aventure tient du miracle, si l’on se souvient du point de départ, la plage de Tanger où s’entraînent les
acrobates, et qu’on le compare au chemin parcouru depuis, avec deux spectacles vus dans le monde entier. Je
ne pensais pas créer à nouveau pour eux.
Est-ce leur parcours, leur chemin qui m'invite à les retrouver
aujourd'hui ? Est-ce la beauté de leur art de l’acrobatie, spécificité marocaine qui est unique dans ses
mouvements ? Est-ce la façon dont ils nous la livrent, où l’on peut percevoir la fragilité de leur existence ?
Azimut
vient du mot arabe as-samt qui signifie chemin, direction. Azimuté en argot veut dire fou. Ce mot contient alors
ces deux sens, contradictoires, suivre un chemin et être fou. L'acrobatie marocaine, dont tous les mouvements
sont fondés sur le cercle, comporte implicitement ces deux significations: suivre rigoureusement un chemin et
pourtant tourner en rond indéfiniment. Se perdre en chemin est-il inévitable ? Par dérivation Azimut a donné
zénith, littéralement le "chemin au-dessus de la tête", qui en plus d'une métaphore spirituelle offre l'idée de
l'envol. Outre le fait que le vol est lié à l'acrobate dont le saut est la tentative sans cesse répétée, le vol humain
est scénographiquement une machine de théâtre. La scène est le seul endroit de l'art soumis inexorablement à la
gravité, ainsi le théâtre dans sa quête du merveilleux a inventé cette parade, le vol. Ce lien avec le ciel renvoie
inévitablement à l'astronomie, où l'azimut est la mesure de l'angle entre l'axe vertical des astres et le méridien de
l'observateur. Entre les étoiles et celui qui regarde.
Ainsi nous avons les corps, nous avons l'espace, nous avons
les fous, il nous reste alors à trouver le chemin, l'Azimut.
Comment ne pas se perdre, dans le contexte de
Tanger, qui vit depuis quelques années une transformation spectaculaire ?
Comment ne pas se perdre, sous les
influences encore présente de l'Occident et grandissante du Golfe ? Comment ne pas se perdre à la limite de
deux continents balayés tantôt par le vent d'ouest, tantôt par le Chergui qui rend fou ? Comment ne pas se
perdre quand le sable même de la plage de Tanger disparaît, volé à pleines bennes pour devenir un mauvais
béton ? Comment ne pas se perdre avec les réseaux numériques, où il n'est question ni de corps, ni de
mouvement? Quel chemin, quelle perte ? Quels azimuts, par ces temps azimutés ? »
Aurélien Bory sur http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Azimut/ensavoirplus/
Le spectacle
Azimut est composé de quatre tableaux. Le décor est sobre et est constitué d’une grille en fond de scène rétroéclairée.
La musique est un voyage en Orient avec deux musiciens traditionnels au plateau. Cette musique traditionnelle
contraste avec la musique électronique qui accompagne les interprètes dans leurs acrobaties. Ce décalage
musical souligne davantage le contraste entre le monde de l’Orient et de l’Occident.
La semi obscurité tout au long du spectacle permet de jouer entre ce qui est caché et ce qui est dévoilé. Elle
permet donc de créer des illusions d’optique. Quant aux costumes de couleurs vives, ils sont là pour souligner le
corps et la présence des artistes sur le plateau noyé dans la semi obscurité.
"La scène est un espace. On peut le délimiter comme le rectangle du plateau et le volume d'air correspondant.
Cet espace est le seul support de l'art où l'on ne peut échapper aux lois de la mécanique générale. Cette
spécificité est importante. Les corps, les objets sont soumis à la gravité sans échappatoire possible. Ma
proposition est de saisir les moyens du corps et les moyens du plateau, quels qu'ils soient, pour envisager ce
problème."
Interview Aurélien Bory : http://www.cie111.com/fr/111/spectacles/creations/azimut
© Aglae Bory
Autour du spectacle
ARTS DU CIRQUE - TOURS D’HORIZONS SPECTACULAIRES ET
POÉTIQUES ! CONFÉRENCE INTERACTIVE PAR ANNE-LISE LISICKI
Mercredi 18 mars de 17h30 à 19h30 au cirque.
En navigation, l’azimut est l’angle formé entre un objet et une direction de référence ; autrement
dit, la mesure d’un écart qui peut être important… Qu’en est-il du cirque ? Certains artistes issus
des arts de la piste - Aurélien Bory en fait partie - redéfinissent aujourd’hui leur pratique sans se
référer forcément à cette discipline. Pour se repérer à 360° dans ce foisonnement de formes,
nous vous proposons de rencontrer Anne-Lise Lisicki, formatrice et coordinatrice de nombreux
projets artistiques et culturels circassiens, pour une conférence interactive sur l’évolution
des esthétiques dans les arts du cirque.
Entrée libre sur réservation auprès d'Élise Mérigeau [email protected]
Articles de presse
Azimut : Aurélien Bory retrouve le Groupe acrobatique de Tanger
Il fait nuit. Deux femmes et neuf hommes sortent de leurs sacs gris suspendus qui montent et descendent dans
un étrange ballet vertical. A la lueur d’une torche ils forment une pyramide furtive ou se balancent dans les airs,
la tête vers le bas et fixent le public, un cri sur les lèvres. Azimut fait monter l’adrénaline. Une pièce arrachée de
haute lutte à un pays qui n’en veut pas.
Un art vieux de cinq siècles
L’acrobatie marocaine a des racines spirituelles, au même titre que la culture Gnawa ou les danses
traditionnelles d’Asie. Cela détermine son rapport au temps et crée une relation particulière avec le ciel. En
témoignent les figures traditionnelles comme les pyramides et la roue, la tzinga. Selon Aurélien Bory cette figure
circulaire ouvre une porte vers l’éternel : « Là où toutes les autres acrobaties du monde s’arrêtent, ici ça continue
et ça continue ! »
Ce savoir-faire, né au XVIe siècle dans un contexte considéré comme sacré, se renouvelle aujourd’hui au contact
de la chorégraphie occidentale. Cela ne fait qu’une petite décennie que le Groupe acrobatique de Tanger est né,
mais déjà un livre-manifeste lui est consacré. « Taoub – Le Groupe acrobatique de Tanger » témoigne de la
naissance et de l’histoire de cette troupe et de ses trois créations contemporaines qui
revalorisent ce patrimoine
au XXIe siècle, ainsi que des origines antiques de cet art.
Acrobates-créateurs
Depuis leur première rencontre avec Aurélien Bory, qui a donné lieu à la création du spectacle Taoub en 2004,
les circassiens tangérois sont passés par la collaboration avec les Suisses Zimmermann De Perrot (création de
Chouf Ouchouf) et ont mieux intégré le fonctionnement du processus créatif à l’européenne, avec sa phase de
recherche, ses incertitudes et ses surprises. C’est ce qui a motivé Aurélien Bory pour accepter la proposition de
travailler de nouveau avec la troupe tangéroise créée et dirigée par Sanae El Kamouni. (…)
Quo vadis ?
Azimut signifie « chemin » ou « direction », et là est toute la question, pour la troupe, son art et son pays. Quel
chemin prendra le Maroc ? En creux, cette pièce met en jeu les rapports entre Orient et Occident, entre tradition
et modernité. Au contact de l’électronique, la musique, basée sur des airs traditionnels et des instruments comme
le ribeb, devient rugueuse. Les acrobates s’envolent. Car Bory fait de l’acte de voler la thématique formelle du
spectacle. Si les sauts font partie des éléments traditionnels marocains, la machinerie théâtrale et la suspension
sont d’origine occidentale. Balançant entre deux traditions, chaque image est à double lecture et remet en jeu la
perspective.
Double lecture
De quelle sorte de tunnel sortent-ils un par un, quand ils passent entre les jambes d’une femme ? Cherchent-ils
la vie, la lumière ou de nouveaux horizons ? Quand ils traversent le plateau en roues, comme une caravane
insaisissable, en écho à un spectacle précédent de Bory (Plus ou moins l’infini ), ils narguent l’œil du spectateur.
Leur pyramide nocturne évoque la recherche d’une lumière réconfortante, mais aussi une action clandestine. La
notion de danger n’est pas transmise par la seule figure acrobatique, mais tient aussi à la situation. Quand un
homme se promène dans les airs, la tête vers le bas et finit par descendre sur terre, son ombre reste collée au
plafond. Quand tous se jettent dans le vide, derrière un énorme tissu, leur escalade se transforme en lente
disparition, comme lors d’une noyade. Quand ils escaladent une énorme grille pour s’y attacher, ils font trembler
ce symbole de séparation. Moucharabieh simplifié ou forteresse Europe, crise mystique ou politique ?
Publié le 30 septembre 2013 Par dansercanalhistorique
Aurélien Bory se met en tanger
Du beau, du doux, du mystérieux. Qui laisse muet, mais donne aussi envie d’en parler. Qui apaise et file une
pêche intense. Le spectacle Azimut, mis en scène par Aurélien Bory pour le Groupe acrobatique de Tanger,
possède les vitamines de l’invention et de l’émotion sans jamais tirer sur la corde des multiples images qu’il fait
défiler.
Et pourtant il en pleut des images, toutes plus épatantes les unes que les autres. Des corps chutent et
puis remontent, apparaissent et disparaissent. La lévitation est le maître mot de ce plateau où accessoires et
interprètes font étrangement bloc en comptant sur l’obscurité pour ne pas dévoiler leurs dessous techniques
chics.
Entre cirque, théâtre et musique live
Le surnaturel spectaculaire d’Azimut, avec ses ombres, ses fantômes, ses esprits, sert parfaitement la cause de
l’irrationnel et de la pensée magique tels qu’ils irriguent la vie quotidienne au Maroc. Ils trouvent une issue
inhabituelle dans cette cérémonie familiale entre cirque, théâtre et musique live. Sur les traces de Sidi Ahmed Ou
Moussa, sage soufi du XVe siècle et saint patron des acrobates marocains, Azimut (de l’arabe as-samt qui veut
dire chemin), comme son titre l’indique, a tracé la route en se risquant sur son côté… azimuté.
L’impact de ce
groupe d’acrobates composé de neuf hommes et une femme – une deuxième complice féminine joue dans le
spectacle sans participer directement aux figures de cirque – éclate dans des constructions humaines
faussement simples. Une cordée de personnes qui se grimpent sur les épaules les unes les autres finit par
tresser une guirlande sans fin ; des corps s’agglutinent pour faire front. Accompagnées par deux chanteurs et
musiciens traditionnels, toutes les architectures humaines d’Azimut, massives et vulnérables à la fois, disent la
communauté, son poids, sa protection, son cocon.
Les fondamentaux d’Aurélien Bory s’offrent une intéressante
mise au point. L’addiction du metteur en scène aux scénographies lourdes est devenue l’un de ses paramètres
identitaires. Un mur mobile soutenait Plan B (2003), une toile de chapiteau, Géométrie de caoutchouc (2011)… Il
a imaginé ici une grille métallique, quadrillage hypnotique suspendu en fond de scène qui lui permet tous les
stratagèmes. Il lui suffit aussi tout simplement d’une forêt de câbles qui vibre dans le noir pour allumer un feu de
sensations.
« Cette collaboration est l’incarnation de la baraka »
Est-ce l’humanité et la culture des acrobates marocains qui a drainé un tel souffle chez Aurélien Bory ? Il a déjà
prouvé, dans des pièces consacrées à des interprètes telles Erection (2003) pour Pierre Rigal ou Plexus (2012)
pour Kaori Ito, qu’il sait, avec empathie, amplifier le talent des autres tout en musclant son écriture.
Aurélien Bory
a rencontré les acrobates tangérois en 2003, trois ans après la création de sa compagnie basée à Toulouse.
Avec eux, il a mis en scène Taoub (2004), énorme succès public, auquel Azimut semble donner suite. Noyautée
autour de la famille Hammich, dont les membres sont acrobates depuis sept générations, cette troupe a marqué
son parcours d’une pierre blanche. Il aime à dire que « cette collaboration est l’incarnation de la baraka. Pour eux
qui tournent dans le monde entier depuis dix ans, pour moi parce que cette rencontre a pris une place immense
dans ma vie ».
Rosita Boisseau, 03 juin 2014, Le Monde.
© Agnès Mellon
Interview d’Aurélien Bory
Pour quelles raisons êtes vous revenu vers le Groupe acrobatique de Tanger?
Effectivement c'est un retour, et ce n'est pas forcément mon genre de revenir sur mes pas. Mais notre histoire
ensemble est vraiment très forte et j'ai simplement désiré ces retrouvailles. Peut être que Taoub ne nous avait
pas tout dit? L'acrobatie marocaine est un joyau, je voulais aller plus loin avec eux. Azimut n'aurait pas été
possible il y a dix ans. Il a fallu tout ce chemin pour arriver à un travail de cette nature.
Justement à propos d'acrobatie, il n'y en a pas beaucoup dans Azimut, était-ce un choix de départ?
Au contraire, l'acrobatie est partout dans le spectacle, pas forcément dans la forme que l'on connait, mais dans
ses racines profondes, notamment dans les figures célestes. L'idée de l'envol était mon point de départ. Le saut
de l'acrobate est une tentative de vol maintes fois échouée. Le vol est aussi une machinerie de théâtre. D'où ce
dialogue avec la gravité, nourri par les contrepoids, les fils et les corps en suspension.
Azimut est plongé dans un clair-obscur mystérieux, d'où les figures surgissent un peu comme des
apparitions. La "gravité" est-elle là aussi convoquée?
J'ai voulu que ces apparitions soient avant tout surprenantes. Des questions profondes, spirituelles et
existentielles, irriguent la dramaturgie d'Azimut. L'acrobatie marocaine est liée au soufisme par la figure de son
Saint-Patron, Sidi Ahmed Ou Moussa1. Je n'ai pas voulu nécessairement raconter son histoire, mais je m'en suis
inspiré. Sidi Ahmed Ou Moussa a fait l'expérience de l'élévation céleste, mais il a choisi de retourner à la vie
terrestre. Il m'a semblé que ce "chemin" était une belle métaphore du travail de l'acrobate.
L'itinéraire du Groupe acrobatique de Tanger est aussi exceptionnel qu'inattendu, de la plage de Tanger
vers les scènes du monde entier. Quel regard portez-vous sur ce parcours?
Ce que je retiens, c'est un double mouvement d'émancipation. Ce n'était pas écrit d'avance que les descendants
de la famille Hammich, qui forme des acrobates depuis 7 générations au cœur la médina de Tanger, rencontrent
un jour l'art contemporain et portent un regard différent sur leur pratique. Je suis heureux qu'Azimut aille dans le
sens de leur non-assignation à un rôle déterminé d'acrobate, ou de marocain. Et je fais le pari que ce refus du
cliché libère en retour notre regard sur eux et pose la question de notre propre émancipation.
Propos recueillis par Catherine Blondeau, directrice du Grand T à Nantes, octobre 2013
Interview d’Aurélien Bory par Lise Lenne dans Âgon, Revue des arts de la scène, ENS Lyon
Intégralité de l’entretien autour du spectacle Sans Objet sur le lien suivant
http://agon.ens-lyon.fr/index.php?id=2254#tocto1n11
Extraits choisis :
Lise Lenne : Tous vos spectacles trouvent leur point d'origine dans le choix d'une contrainte scénographique :
dans chacune de vos créations, c'est un rapport à l'espace, défini en amont, qui est déclencheur et moteur de
l'élaboration d'une dramaturgie. Par exemple, dans Plan B, vous explorez tous les ressorts du plan incliné et
mettez les acteurs-danseurs à l'épreuve de la gravité ; Érection, comme le titre l'indique, est l'histoire d'un
passage de l'horizontalité à la verticalité.
1 Le Soufisme désigne en islam le cœur ésotérique de la tradition islamique, et l'ésotérisme d'une façon générale.
Les musulmans soufis sont des personnes qui recherchent l'intériorisation, l'amour de Dieu, la contemplation, la sagesse. Il s'agit d'une
organisation initiatique.
Le soufisme cultive le mystère, l'idée étant que Mahomet aurait reçu en même temps que le Coran des révélations ésotériques qu'il
n'aurait partagées qu'avec quelques-uns de ses compagnons. Le soufisme a pour objectif la recherche de l'agrément de Dieu.
Dans le soufisme, quête ontologique, la question du chemin est centrale. Azimut vient de l’arabe Assamt, au pluriel Sumūt, qui signifie
« les chemins ». Azimut est également un terme astronomique, qui mesure l’angle entre les astres et l’observateur. Le ciel est ainsi
désigné. Dans la légende de Sidi Ahmed Ou Moussa, le sage parvient au ciel, mais regardant alors la terre et ses hommes, il préfère
revenir. Son chemin, entre autres, m’a incité à prendre le motif du retour comme élément principal de l’écriture. J’ai aimé l’idée de ce
retour vers la terre-mère, retour où naissance et mort se rejoignent, retour comme orientation de l’existence. J’aime aussi rêver à ces vers
de T.S. Eliot :
« Nous ne cesserons pas notre exploration
Et le terme de notre quête
Sera d’arriver là d’où nous étions partis »
Aurélien Bory, septembre 2013
[…]
La scène : espace de précision du regard
Aurélien Bory : Le théâtre est l’un des endroits qui aiguisent le plus la précision du regard. J'utilise la scène
comme un espace où rien ne peut échapper au regard. La scène est pour moi un espace-temps d'observation
intense, de condensation de la perception. C'est pour cela que je joue sur le trouble des sens. Car il permet de
mettre la pensée en mouvement. C'est à partir des Sept planches de la ruse que j'ai commencé très clairement à
travailler sur cette notion d'existant. Mais même dans mes précédents spectacles, sur la trilogie de l'espace,
j'explore des existants : le volume, le plan, la ligne sont des existants abstraits, géométriques. Mais ce ne sont
pas vraiment des fragments du monde. Alors que dans Les Sept planches de la ruse, je reprends la forme du
tangram, ce jeu chinois, pour construire une scénographie, un espace. Mon hypothèse, à partir de ce moment-là,
c'est de formuler que cette forme-là (le tangram), en tant que produit d'une civilisation, contient les fondamentaux
de la culture et de la philosophie chinoises. À partir de là, je me mets à manipuler cet objet dans tous les sens
sur le plateau.
Interview de Sanae El Kamouni
Existe-t-il une tradition de l’acrobatie au Maroc ?
Sanae El Kamouni : Absolument. Ici, c’est une tradition guerrière. Les acrobates sont appelés « combattants »,
et ils ont notamment développé la spécialité des pyramides humaines. Ces pyramides permettaient d’espionner
l’ennemi en regardant au-dessus des murs et elles servaient aussi à accompagner les caravanes commerciales,
pour voir au loin si n’arrivaient pas des pillards ou d’éventuels acheteurs. Autres particularités, tous les acrobates
appartenaient à une confrérie soufi, si bien que leur acrobatie s’effectue surtout sous la forme de cercles.
Cet art est-il toujours vivace ?
S. E. K. : Je l’ai découvert dans le Sud du Maroc à l’occasion d’un spectacle de rue. Les enfants acrobates
faisaient la manche. Cela m’a attristée jusqu’à ce que les parents de ces enfants m’expliquent que l’acrobatie
était une tradition remontant dans leur famille à dix ou quinze générations en arrière. Comme j’avais rencontré
Aurélien Bory lors de mes études à Toulouse, je l’ai invité à diriger un stage ici, pour donner un nouveau souffle à
cet art. Il a accepté et la rencontre avec les acrobates a été tellement belle qu’on a décidé de créer le projet de
Taoub, et que j’ai fondé en 2003 le Groupe Acrobatique de Tanger.
Comment s’est passée cette collaboration ?
S. E. K. : Pour Taoub, Aurélien a travaillé sur la notion de groupe, très forte dans l’acrobatie marocaine. Pour
Azimut, il a davantage étudié sa dimension spirituelle. La démarche de Zimmermann et de Perrot, pour Chouf
Ouchouf, a été différente : ils sont arrivés avec une idée précise de ce qu’ils voulaient faire. Au contact de ces
artistes, les acrobates du groupe ont beaucoup appris. Outre la sauvegarde de leur savoir-faire, ils se sont
nourris de leur expérience et ont aussi vu beaucoup de spectacles lors de leurs tournées. Dans cette continuité,
nous aimerions maintenant pouvoir faire émerger notre propre metteur en scène au sein du groupe.
Grâce à cette reconnaissance internationale, le groupe est-il soutenu maintenant au Maroc ?
S. E. K. : Malheureusement, ici, à Tanger, il n’y a pas d’équipement, pas de producteurs. Les acrobates
travaillent en plein air et le nouveau cirque n’entre pas dans les lignes de financement du gouvernement. Quand
nous tournons au Maroc, c’est grâce au soutien de la Fondation BMCI du Groupe BNP Paribas. Nous aimerions
développer un lieu de création ici, qui comporterait un axe de formation. Pour cela aussi, les financements privés
nous seront indispensables.
Propos recueillis par Eric Demey , publié le 11 novembre 2014 sur http://www.journal-laterrasse.fr
Avant le spectacle :
Emettre des hypothèses prédictives à partir du titre (champs lexicaux de référence)
Rechercher les différents sens du mot AZIMUT
Après le spectacle :
Revenir sur les différents sens du mot AZIMUT et s’interroger sur leurs représentations dans le spectacle.
Les élèves peuvent se remémorer le spectacle et identifier dans la scénographie, le théâtre physique, les
lumières, la musique, les notions suivantes : la gravité, le contrepoids, l’envol, les corps en suspension,
l’ésotérisme, les racines, le sacré…
Travailler sur l’importance de la scénographie dans les spectacles d’Aurélien Bory (comparer avec des images
d’autres spectacles) : Plan B, Plus ou moins l’infini, Sans objet, Géométrie de caoutchouc
Voir la présentation d’Azimut
http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Azimut/entretiens/idcontent/42425
En échos au spectacle
Sidi Ahmed-Ou-Moussa
On appelle les acrobates marocains « Les enfants de Sidi Ahmed Ou Moussa ». Celui-ci était un illustre sage
soufi du XVIe siècle dont le tombeau continue d’être un lieu de pèlerinage. Il est considéré comme le « Saint
Patron » de l’acrobatie marocaine. Liée au soufisme, celle-ci n’est donc pas un art spectaculaire dès l’origine :
elle est née d’une pratique rituelle berbère, composée de figures circulaires et pyramidales, dans lesquelles
Aurélien Bory a voulu reconnaître des représentations célestes et maternelles. `
ll est Ahmed-Ou-Moussa Abou Al-Abbas Ahmed-Ou-Moussa Al Jazouli Al Semlali. Il est né vers 1460 chez les
Ida Ousemlal dans l’Anti Atlas. Il a poursuivi ses études à Marrakech. Il était le disciple de grands maîtres. En
quête du savoir, il a même voyagé, selon des connaisseurs, jusqu’en Orient. Depuis son retour dans le Souss, en
1521, il est resté un des Saints les plus connus chez les habitants de la région qui le connaissent surtout par la
troupe d’acrobates de Sidi Ahmed-Ou-Moussa. Si on se réfère au livre « «Le Maroc saharien des origines à
1670» de Jacques-Meunié, nous trouverons que Sidi Ahmed-Ou-Moussa était connu par sa simplicité. L’intuition
et la mystique illuminaient son chemin plus qu’au raisonnement.
In http://www.aujourdhui.ma
Tanger
Tanger est la principale porte du Maroc sur l’Europe dont elle est séparée par les 14 kilomètres du détroit de
Gibraltar.
Elle a été surnommée « la ville des étrangers » en raison de ses nombreuses colonisations (Phéniciens,
Romains, Vandales, Arabes, Portugais, Anglais, Français, Espagnols).
Ses habitants sont les Tangerois(es) et étaient au nombre de 669 685 en 2004.
L’activité industrielle de Tanger est diversifiée : industries textiles, chimiques, mécaniques, métallurgiques et
navales.
Tanger a longtemps fait office de capitale culturelle officieuse pour un certain nombre d'écrivains et d'artistes du
monde entier, attirés par son climat, ses paysages et son pittoresque.
Tanger est, en effet, une terre d'accueil pour de nombreux artistes et intellectuels. Henri Matisse et avant lui
Eugene Delacroix y réalisent des œuvres célèbres. Francis Bacon et Ian Fleming fréquentent le Dean’s Bar.
L'écrivain américain Paul Bowles l'a nommée « Dream City ». Et ils sont nombreux les grands noms de la
littérature à avoir séjourné à Tanger : William Burroughs, Allen Ginsberg, Truman Capote, Jack Kerouac, Antoine
de Saint-Exupéry, Tennessee Williams, Paul Morand, Roland Barthes, Jean Genet, Marguerite Yourcenar,
Joseph Kessel, Samuel Beckett…
Tanger et ses écrivains : article complet sur http://www.bladi.net/tanger-ecrivains.html.
Le Maroc
Capitale : Rabat
Régime politique : monarchie constitutionnelle
Roi : Mohammed VI
Chef du gouvernement : Abdel-Ilah Benkiran
La scène artistique de Tanger
Arts plastiques : l'éveil de Tanger
Finie, la Beat Generation ! Envolés, les relents d'un orientalisme désuet ! De jeunes artistes ultraconnectés
s'emparent de Tanger... et des tourments d'une société marocaine en pleine mutation.
Dans son univers, l'homme et l'animal fusionnent dans un chaos esthétique d'où jaillit une harmonie singulière.
Son appartement-atelier, à la lisière de la corniche de Tanger, est rempli de forces imaginaires qui se bousculent
et se déchirent pour se retrouver animées dans ses œuvres. Lorsqu'il peint, Omar Mahfoudi construit et
déconstruit, maltraite sa toile, la torture, la mutile parfois, explorant les tréfonds de sa personnalité.
"Comme la vie, c'est agressif", s'amuse l'artiste de 33 ans, pour qui "créer est une "auto-thérapie"". Ce grand
échalas à la voix rendue grave par le tabac est la figure de proue de la nouvelle scène artistique tangéroise. Cet
artiste peintre et vidéaste a composé ses premières toiles avec de la peinture de bâtiment sur des cartons
récupérés dans la médina de son quartier populaire de Dar Baroud, où il est aujourd'hui surnommé "le Picasso
de Tanger" par les piliers de café. D'autres, dans le petit cénacle artistique de la ville, osent le comparer au NewYorkais Jean-Michel Basquiat. Mais Mahfoudi a sa propre touche, unique.
Ses créations se situent aux antipodes d'un orientalisme qui l'exaspère autant que l'art naïf ou folklorique
marocain. Lui est un curieux ultraconnecté qui se dit influencé par les peintres britanniques Francis Bacon et
Lucian Freud - un temps tangérois -, dévore le cinéma américain des années 1970, s'intéresse à l'esthétique des
clips de rap électro-trash du duo sud-africain Die Antwoord ou aux sculptures hyperréalistes de l'Australien Ron
Mueck. Bref, un inclassable aux sources d'inspiration multiples, en permanente évolution. "Je m'intéresse à la
culture non officielle. Mon art n'est pas lié à Tanger, même si ma ville m'inspire et que la vidéo m'a permis de
réaliser des portraits de junkies, d'attardés, de gens de mon quartier", confie celui qui a signé un contrat
d'exclusivité avec la galerie Matisse, il y a deux ans, à son retour d'une résidence de vingt-quatre mois en
Californie.
Comme chaque jour ou presque, sa journée démarre vers midi, après une longue nuit de création ou de
délectation. C'est au Petit Socco qu'Omar Mahfoudi aime à s'installer pour savourer son premier café au lait, se
brancher sur le wifi du mythique café Tingis, où se côtoient sans se toiser d'élégants expatriés, des travailleurs
du quartier, des migrants venus du sud du Sahara et des touristes charmés par ce mélange si singulier...
"Le Petit Socco est un coeur de la ville. Les énergies sont ici et tout le monde se mélange", souligne Olivier Conil,
un quadra français qui a ouvert en 2011 une galerie d'art dans une venelle de cette médina et qui expose
actuellement Mohamed Benyaich, alias Freaky, et ses personnages nonchalants dans un style rappelant celui de
Mohamed Drissi.
"La photographie m'a poussé à aller vers l'autre"
Passe par là Abdelmohcine Nakari, autre artiste majeur de cette "movida tangéroise" et également gamin de la
médina - une mosquée séparait sa maison familiale de celle de Mahfoudi. Ensemble, ils ont exposé leurs toiles
pour la première fois en 2000, à la Fondation Lerchundi. Trois ans plus tard, Nakari, torturé par ses créations,
rompt brutalement avec la peinture. "Je ne sortais plus et je restais dans mon atelier. La photographie m'a
poussé à aller vers l'autre et cela m'a permis de sortir de ma dépression", explique-t-il d'une voix calme.
Avec la photographie, sa création s'est renouvelée, et cet artiste audacieux sort du cadre pour s'adonner à
l'expérimental, s'essayer à la composition polyptyque et à l'assemblage séquentiel de vidéos diffusées sur
plusieurs écrans. Ses mosaïques d'images explorent la ville au long de ses murs décatis qui se révèlent diserts
ou taiseux, c'est selon. "Le temps et l'espace sont mes obsessions, et c'est ce que j'explore par l'image", confie
l'artiste âgé de 39 ans. Ses oeuvres sont actuellement exposées à la galerie Dar D'Art ouverte ici par un
pharmacien de formation, Chokri Bentaouit, 45 ans.
La génération Mohammed VI : plus libre, connectée au Net, plus audacieuse
"Nakari est un artiste introverti de très grand talent, qui sort ce qu'il a dans les tripes. Son travail questionne la
ville et la société marocaine de manière subtile et brutale", explique l'énergique maître des lieux. Ce jour-là, un
autre artiste musarde dans la galerie. Amine El Gotaibi, 31 ans, exposera en octobre à l'Institut du monde arabe
(Paris) une installation délirante intitulée « Le Ring de la soumission » et prépare actuellement un road trip
artistique sur les rives de l'Okavango, au Botswana.
"À Tanger, il y a une génération d'artistes féconds qui bouillonnent et se débrouillent malgré le manque de
moyens, confie Bentaouit. Les Marocains sont encore en train de s'initier à l'art contemporain. Nous avons un
devoir de promotion des talents et d'éducation du public."
Depuis la médina, pour rejoindre la place de France, il faut traverser le Grand Socco, où scintille, tel un phare
culturel, le cinéma Rif racheté et transformé en 2007 en cinémathèque par le producteur français Cyriac Auriol et
la photographe tangéroise Yto Barrada. Cette dernière, figure incontournable de la nouvelle vague tangéroise,
fait aujourd'hui le va-et-vient entre le Maroc et les États-Unis, où Vogue vient de consacrer quatre pages à son
parcours.
"Elle est un personnage clé de la scène artistique contemporaine, qui a connu un tournant dans les années 2000.
Nous sommes de la génération Mohammed VI, plus libre, connectée au Net, plus audacieuse", reconnaît
Mahfoudi citant aussi le plasticien Mounir Fatmi, dont les oeuvres explorant avec finesse les dogmes et les
idéologies se heurtent parfois à la censure et à l'incompréhension, de Dubaï à Paris.
Bohémiens de la Beat Generation échoués à Tanger
C'est à quelques mètres de la cinémathèque, au Gran Café très années 1930, que Hicham Gardaf donne
rendez-vous. L'élégant photographe de 24 ans s'est assis dans un recoin d'où son regard peut scruter la grande
salle enfumée qu'aimaient à fréquenter Paul et Jane Bowles, William Burroughs et autres bohémiens de la Beat
Generation échoués à Tanger. Les cafés de la ville ont d'ailleurs été le sujet d'une série de photographies de
Gardaf qui, après avoir démontré sa maîtrise du clair-obscur en noir et blanc, s'essayait à la couleur.
"Je m'efforce de saisir l'humain, de m'approcher des gens, de créer du lien", explique ce solitaire, inspiré par les
clichés subtilement trash du photographe suédois Anders Petersen ou du Belge Harry Gruyaert. Sous contrat
avec la Galerie 127 à Marrakech, Gardaf est courtisé par des agences comme Vu et Magnum. Un "mektoub"
pour cet artiste qui a eu le déclic, il y a quatre ans, après avoir feuilleté un ouvrage de la célèbre agence de
photojournalistes.
C'était dans une venelle dégringolant de la terrasse des Paresseux vers le théâtre Cervantès en ruine, où se
niche la charmante librairie Les Insolites. C'est là que Gardaf, alors âgé de 20 ans, a travaillé puis exposé ses
premiers clichés. "Il m'avait timidement présenté ses photos, presque en s'excusant... J'ai immédiatement été
touchée par son talent et je l'ai soutenu", se souvient Stéphanie Gaou-Bernard, qui a créé Les Insolites en 2010.
À cette époque, la vie culturelle tangéroise vivait encore de sa splendeur passée, et d'un mythe de beatniks
sanctuarisés. "Dans la foulée des révolutions arabes, les artistes tangérois ont davantage revendiqué leur
marocanité et libéré leur créativité", observe Gaou-Bernard, citant en exemple l'univers "warholien" d'Anuar
Khalifi, 38 ans, qui vient de sortir un recueil de dessins drôles, parfois sulfureux.
Dans les rues de Tanger, Gardaf peut croiser Nakari lorsqu'il sort au crépuscule photographier la baie de Tanger
pour sa série Un cirque passe, qui s'inscrit dans un projet plus vaste sur "les temps modernes dans le monde
arabe". Mahfoudi, qui prépare une exposition à Marrakech et une autre à Madrid, rêve d'un local dans la médina
qu'il pourrait transformer en café artistique alternatif. "On substituera la culture au foot et à la politique version AlJazira crachés par les télévisions dans les cafés", prédit l'artiste.
23/06/2014 par Joan Tilouine, envoyé spécial à Tanger, publié sur http://www.jeuneafrique.com
Une ambiance à Tanger
Extrait de Il était une fois Tanger par Jean Vega, Editions Publibook, 2005 :
https://books.google.fr/books?id=kKBCQJ7Y1M4C&pg=PA60&lpg=PA60&dq=danseur+tangérois&source=bl&ots
=7G5PD411zr&sig=aO9IpwRpdb7OXnSS0u3_pX7K0pw&hl=fr&sa=X&ei=HrCVOrzBYfxaqOJgsAJ&ved=0CFYQ6AEwDA#v=onepage&q&f=false
Bibliographie
Tous ces ouvrages sont disponibles à la consultation du fonds documentaire du Manège de Reims.
JACOB, Pascal, RAYNAUD DE LAGE, Christophe, Les acrobates, Magellan&Cie, 2001.
LAURENDON, Gilles & Laurence, Nouveau Cirque - La grande aventure, Le cherche midi éditeur, 2001.
CNDP, Théâtre Aujourd’hui n°7, le cirque contemporain - La piste en scène, SCERÉN CNDP, 1998.
SAYOUS, Marc (rédacteur en chef), Artpress spécial n°20 - Le cirque au-delà du cercle, 1999.
CHALANDE, Yvette, Méthodologie trapézoïdale, 2002.
BOUCRIS, Luc, FREYDFONT, Marcel (sous la dir. de), Etudes théâtrales numéro 27 – Arts de l scène, scène des arts
volume 1, 2003.
BOUCRIS, Luc, FREYDFONT, Marcel (sous la dir. de), Etudes théâtrales numéro 28-29 – Arts de l scène, scène des
arts volume 2, 2003.
BOUCRIS, Luc, FREYDFONT, Marcel (sous la dir. de), Etudes théâtrales numéro 30 – Arts de l scène, scène des arts
volume 3, 2003.
JACOB, Pascal, POURTOIS, Christophe, Du permanent à l’ephèmère…Espaces de cirque, CIVA, 2002.
HIVERNAT, Pierre, KLEIN, Véronique, Panorama contemporain des arts du cirque, Textuel Hors les murs, 2010.
GARCIA, Marie-Carmen, Artistes de cirque contemporain, L’Harmattan, 2011.
SCHLEMMER, Oscar, Théâtre années vingt - Oskar Schlemmer, théâtre et abstraction, L’Âge d’Homme, 1978.
SURGERS, Anne, Scènographies du théâtre occidental, Nathan Université, 2000.
COLLECTIF, Lectures de la scènographie, SCERÉN CNDP, 2007.
Le fonds documentaire du Manège de Reims
Le fonds documentaire est composé de plus de 550 livres organisés en catégories (arts de rue, art numérique et
visuel, cirque, catalogues d’exposition, danse, marionnettes, monographies, musique, recherches universitaires
et sociologiques, politiques culturelles…).
Plus de 500 DVDs sont également consultables.
Nous vous donnons rendez-vous trois fois dans l’année autour d’une sélection de livres et vidéos en lien
avec les spectacles du moment :
Mercredi 12 novembre de 14h 30 à 16h30
Mercredi 14 janvier de 14h30 à 16h30
Mercredi 11 mars de 14h30 à 16h30
Liens utiles
Le Groupe acrobatique de Tanger, reportage de Pascale Achard, Valerian Morzadec et Audrey Demart 04.04.2011 Durée : 2:21 :
http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/video-redac-web/p-15332-L-Acrobatiemarocaine-s-invite-au-Theatre-National-de-Chaillot.htm
Site internet de la compagnie 111 : http://www.cie111.com
Minute pédagogique du Phénix autour d’Azimut : http://www.lephenix.fr/phenix-tv/la-minute-pedagogique-azimut/
Site internet avec vidéo du spectacle Chouf Ouchouf : http://zimmermanndeperrot.com/pieces/3/info#nogo
Vidéo / Présentation du spectacle Azimut par Aurélien Bory : http://www.theatrecontemporain.net/spectacles/Azimut/entretiens/idcontent/42425/?autostart#utm_source=thnet&utm_medium=newsletter&ut
m_campaign=2013-12-16&utm_content=multimedia_thumbnail&utm_term=multimedia
Dossier : Tanger à la croisée de nouvelles recompositions territoriales et de mobilités transnationales sur
http://mediterranee.revues.org/5447
Résumé : Confrontée à une dynamique de changements accélérée ces dernières années, la zone de Tanger s’érige en un
pôle économique d’une grande importance au sein de l’espace national. Sa proximité avec l’Europe, ses grands
investissements publics et privés renforcent son attractivité à l’échelle nationale et internationale et créent une compétition
entre des individus et des groupes organisés (sociétés, entreprises…) qui cherchent à se positionner dans cet espace
frontalier ouvert sur l’Europe. Les transformations du nord-ouest marocain, principale frontière maritime entre l’Europe et
l’Afrique, notamment pour les Marocains résidents à l’étranger (MRE), espace de circulation de biens économiques et non
économiques, de type formel et informel, contribuent à la structuration de la circulation migratoire et à l’installation des
migrations en même temps qu’elles provoquent de nouvelles configurations sociales, économiques et spatiales. Tanger, à la
suite des nombreux projets d’infrastructures et d’implantations industrielles est devenue une ville à vocation transnationale.
La vie culturelle du Maroc : http://www.bladi.net
SOYEZ LES BIENVENUS !
La plupart de nos propositions étant accessibles aux collégiens et lycéens, nous aurons plaisir à vous accueillir
tout au long de la saison (pour vous renseigner sur les séances tout public, reportez-vous sur
www.manegedereims.com).
Pour les séances scolaires (à 10h ou 14h15), les spectacles sont accessibles au tarif de 4 € par élève.
Les accompagnateurs du groupe bénéficient d'une place gratuite par groupe de 10 élèves maximum.
Pour les adultes accompagnateurs supplémentaires, la place est à 6 €.
Pour les groupes scolaires en soirée ou le mercredi à 15h, les spectacles sont accessibles au tarif de 6 € par
élève.
Les lycéens et les apprentis en CFA de Champagne-Ardenne peuvent payer avec leur carte Lycéo !
Les accompagnateurs du groupe bénéficient de places gratuites dans certaines proportions.
Pour les adultes accompagnateurs supplémentaires, la place est à 10 €.
Afin de préparer vos élèves au spectacle, nous élaborons - aussi souvent que possible - des ateliers du regard et
des ateliers pratiques. Pour tout renseignement, le service des relations avec le public se tient à votre disposition.
Le Manège soutient La Belle saison
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Chaque jour, des milliers d'artistes, professionnels, médiateurs et éducateurs se mobilisent pour proposer aux
enfants et aux adolescents l'émotion et l'intelligence de la rencontre avec les œuvres de l'art vivant.
C'est pour mettre en lumière cette vitalité et cet engagement, la force et la qualité de cette création artistique,
c'est aussi pour agir sur l'avenir que le ministère de la Culture et de la Communication, avec les artistes et les
professionnels les plus investis et volontaires, ont décidé de placer 2014 et 2015 sous le signe d'une Belle saison
avec l'enfance et la jeunesse.
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