Christophe MAILLOT - Département de la Loire
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Christophe MAILLOT - Département de la Loire
1 Discours de Bernard Bonne, président du Département de la Loire 21 novembre 2016 Mes Chers Collègues, Mesdames et Messieurs, Je suis heureux de vous accueillir à cette séance publique consacrée à notre débat sur les Orientations Budgétaires 2017. Chacun d’entre nous mesure l’importance de ce rendez-vous annuel qui permet de définir le cadre d’action de notre Institution pour l’année à venir. Évoquer nos Orientations budgétaires, c’est choisir une direction, tracer une ligne directrice au service de la Loire. Avant de revenir sur certaines thématiques, permettez-moi de saluer le travail réalisé par les Vice-présidents de l’exécutif qui, en lien avec nos services, ont procédé, avec pragmatisme, aux arbitrages budgétaires. 2 Cette année encore, je replacerai cet exercice dans un nécessaire cadre national global avant bien sûr d’aborder les grandes lignes des principes qui fonderont l’action départementale en 2017. L’adoption de la loi NOTRe en août 2015, conjuguée à l’asphyxie budgétaire induite par les décisions de l’État, place les Départements dans des situations très difficiles. Ce constat s’inscrit dans un contexte global marqué : - par des espoirs de retour à la croissance sans cesse reportés ; - par un état des finances publiques dégradé ; - par un endettement national inquiétant ; - par une courbe du chômage loin de s’inverser ; - et par un taux de prélèvements obligatoires qui figure parmi les plus importants d’Europe. Je ne veux bien sûr pas énumérer l’ensemble des problèmes auxquels doit faire face notre pays. 3 Mais cette liste non-exhaustive démontre que la France est en proie à des problèmes structurels majeurs freinant sa compétitivité et son attractivité. Collectivités de proximité, les Départements auraient pu, auraient même dû, se voir reconnaître une place stratégique sur l’échiquier des solutions à préconiser en cette période de crise. Nous constatons tout au contraire chaque jour que l’État restreint le champ d’action des collectivités et continue de serrer la vis des finances locales, et celle des Départements en particulier. Certes, la maîtrise des dépenses publiques est un objectif impératif qu’il nous faut tous partager, tant au niveau local que national. Mais en imposant de manière inéquitable un effort disproportionné aux Collectivités, l’État créé les conditions d’un véritable étranglement budgétaire menaçant d’affecter bon nombre de Départements. Bien entendu, notre situation pourrait paraître confortable en comparaison des conditions rencontrées par d’autres. 4 Près de 40 Départements sont ainsi dans le rouge et éprouvent les pires difficultés pour remplir ne serait-ce que leurs obligations en matière d’aides dédiées à la solidarité. Si la Loire n’est pas dans cette situation, n’oublions pas que nos champs d’intervention demeurent aussi plus que jamais contraints par la prise en compte d’impératifs que les Départements subissent. 1er impératif qu’il nous faut prendre en compte : la baisse des dotations de l’État. L’an prochain encore, nous subirons de plein fouet ce désengagement avec une perte de programmée de la DGF de 12,5 M€ en 2017. Depuis 2014, la perte cumulée de cette dotation s’élève à près de 95 M€ pour notre Département. Cette réduction draconienne représente une véritable faute, tant les investissements locaux constituent le levier principal de la bonne santé de l’activité économique dans nos territoires. Ne pas revenir sur la baisse des dotations de l’État, à l’instar de ce qui est très légitimement prévu pour les communes et les intercommunalités en 5 2017, revient à considérer les Départements comme des collectivités de seconde zone. Nous aurions pu imaginer que l’État mettrait un frein à cette hémorragie budgétaire. Ce n’est manifestement pas son intention à la lecture du projet de loi de finances 2017. Initialement, celle-ci prévoyait en effet une modification de la Dotation de Compensation de la Réforme de la Taxe Professionnelle (DCRTP), représentant pour la Loire un manque de 5,5 M€, ainsi qu’une baisse des allocations compensatrices qui priverait notre collectivité d’1,2 M€ supplémentaire. La mobilisation de l’ensemble des Départements a conduit le Gouvernement à présenter un amendement qui pourrait atténuer cette perte programmée de DCRTP de moitié en la portant à 2,9 M€ pour notre Collectivité. Cette évolution ne doit toutefois pas se produire au détriment des communes qui ne doivent en aucun cas servir de variable d’ajustement sur cette 6 question, tant leur capacité d’action est, elle-aussi, restreinte de manière drastique par l’État. Comme si cela ne suffisait pas, rappelons que la loi de financement de la sécurité sociale a réformé l’an dernier la taxation des contrats d’assurance maladie complémentaire excluant les Départements du bénéfice de cette taxe à compter de 2016. Ainsi nos recettes se verront encore amputées de 3 M€ supplémentaires. C’est ce qui permet à l’État d’avoir annoncé qu’il baissait le déficit de la Sécurité Sociale. On comprend maintenant comment ! En ce qui concerne enfin le financement de la MDPH, une disposition du projet de loi de finances 2017 prévoit la suppression pure et simple de la contribution de l’État. Cela représente un manque à gagner de 400 000 € pour notre Département (ce qui correspond aux anciennes dépenses de la CDES et de la COTOREP). Notre Collectivité pourrait donc se voir priver de près de 23 M€ de recettes cumulées l’an prochain par rapport à 2016. 7 Seule la prise en compte des amendements en cours d’examen est donc susceptible de réduire la facture présentée aux Départements. 2ème impératif que nous subissons : l’explosion des dépenses relatives aux Allocations Individuelles de Solidarité. La baisse des dotations de l’État que je viens d’évoquer ne peut en effet être dissociée de cette tendance. Depuis quelques années, l’État n’a eu cesse de diminuer nos dotations alors même que les dépenses obligatoires de solidarité exercées par les Départements pour le compte de l’État ont augmenté sans interruption, sur fond de hausse du chômage et de vieillissement de la population. La politique menée en faveur du RSA est la parfaite illustration de ces difficultés. Dans la Loire, les dépenses liées au RSA n’ont cessé de croître pour passer de 63 M€ à plus de 96 M€ entre 2012 et 2017. Cela représente une augmentation de plus de 52 %. Prescripteur mais pas payeur, l’État peut à nouveau se prévaloir d’une revalorisation du RSA à hauteur de 2% à partir de septembre 2016. 8 Entendons-nous bien, il n’est pas dans notre intention de dénoncer le principe même de cette hausse qui s’adresse à des personnes et des familles en difficulté. Néanmoins, la manœuvre place, une nouvelle fois, les Départements devant le fait accompli. Voilà une manière d’assumer ses responsabilités que nous ne pouvons cautionner à l’heure où les discussions sur la recentralisation du financement du RSA sont au point mort. 3ème et dernière contrainte que je veux aborder : l’application de la loi NOTRe. Au lieu de clarifier les compétences, alors qu’elle présentait une opportunité historique de le faire, la loi NOTRe s’est invitée dans l’équation budgétaire complexe que nous devons résoudre, en instaurant une insécurité juridique et financière permanente. Son application implique une totale remise à plat de nos interventions, en redéfinissant nos priorités avec cohérence. 9 C’est dans cet objectif que le Département a entamé et continuera de développer des échanges stratégiques avec les autres collectivités, et notamment avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le cadre d’une relation où doit primer l’exigence du meilleur service rendu aux usagers et aux habitants de nos territoires. Loin d’être exhaustive, la liste des mesures menaçant la stabilité financière de nos conseils départementaux s’allonge pour autant d’année en année. Alors que la situation exigerait de la sérénité, la méthode utilisée par l’État instaure une instabilité constante dans l’élaboration de nos budgets. Comment imaginer le futur et agir en faveur de nos territoires si, sans la moindre concertation, l’État opère chaque année, à l’automne, un violent coup de rabot dans nos marges de manœuvre financière, sans aucun souci des conséquences pour les habitants et les usagers ? Si l’État a pour objectif d’entériner le principe d’une disparition programmée et progressive des Départements, qu’il le dise clairement ! Quoi qu’il en soit, et à notre niveau, nous sommes contraints de prendre acte de ces orientations de l’État dans nos choix budgétaires. 10 Si nous parvenons à préserver nos marges de manœuvre pour 2017, c’est en appliquant des principes clairs, constants et cohérents, dans une logique pluri-annuelle. Ces principes, vous les connaissez : - Premièrement : des équilibres respectés grâce à une maîtrise constante de nos dépenses de fonctionnement ; - Deuxièmement : des équilibres atteints en limitant et en contenant notre niveau d’emprunt ; - Troisièmement : des équilibres budgétaires respectés sans recours supplémentaire à l’impôt depuis 2011. Peu de départements peuvent se prévaloir de ne pas augmenter la fiscalité. Cette volonté de ne pas activer le levier fiscal doit en effet être évaluée par rapport à la tendance nationale qui a vu 35 conseils départementaux augmenter la taxe foncière en 2016, soit près d’un 1/3 des Départements. 11 Dans certains d’entre eux, comme les Yvelines, et personne ne pourra en l’occurrence me prêter des propos politiciens, le taux de taxe foncière a même bondi, cette année, de 66%. Pour ce qui nous concerne, nous nous refusons donc de recourir à l’augmentation de la fiscalité car les ménages et les entreprises subissent déjà une pression fiscale très excessive, mais aussi parce qu’augmenter les impôts constitue le moyen de facilité pour augmenter les dépenses, notamment de fonctionnement. Cela ne doit toutefois pas nous empêcher d’agir avec ambition. Il est en effet de notre responsabilité d’optimiser les moyens dont nous disposons pour impulser et accompagner la mutation de nos territoires et contribuer au bienêtre de ceux qui y vivent. Garant de la solidarité humaine, échelon emblématique de cohésion et de proximité, notre collectivité consolidera ses politiques en faveur de l’autonomie et de l’enfance avec notamment en point d’orgue la présentation l’an prochain de deux nouveaux schémas 2017/2021, l’un de prévention et de protection de l’Enfance et l’autre sur l’Autonomie. 12 Garant des solidarités territoriales, le Département continuera d’assumer son rôle d’aménageur pour garantir la compétitivité et l’attractivité de nos territoires. Car, vous l’aurez compris, c’est en développeurs qu’il nous faut intervenir et non seulement en simples gestionnaires. Le recours à l’emprunt que nous effectuons n’a en effet pas vocation à financer des dépenses de fonctionnement. Il doit aussi nous permettre d’enclencher de la dépense publique directement porteuse de croissance. Car la bonne dépense publique, ce sont des investissements qui génèrent des commandes, des emplois et de l’activité. Le Plan Pluriannuel d’Investissement que nous avons adopté l’an dernier s’inscrit pleinement dans cette ambition. L’enveloppe de 593,5 M€ prévue dans notre PPI constitue un effet levier économique considérable qui doit permettre d’adresser un message de confiance à nos entrepreneurs, à nos PME et à nos artisans. En 2017, ce PPI se matérialisera concrètement par 93,2 13 M€ d’investissements, hors dette et en y intégrant l’A45, injectés dans l’économie de notre territoire. Cette somme nous permettra de poursuivre dans un 1 er temps nos engagements en faveur de nos politiques sous maîtrise d’ouvrage départementale. Je pense ainsi aux initiatives que nous prendrons notamment en faveur du bon entretien de nos infrastructures routières, en faveur de nos collèges, afin de garantir les meilleures conditions d’enseignement à nos élèves, pour favoriser la mobilité durable ou encore pour proposer une offre culturelle et touristique toujours plus attrayante. L’ensemble de ces politiques s’intégreront naturellement dans le respect des prescriptions de notre Agenda 21. Mais cette enveloppe est également destinée à accompagner les tiers et plus particulièrement les communes et les intercommunalités. Comme vous le savez, l’année 2017 sera marquée par la mise en œuvre de nos nouveaux dispositifs de soutien aux territoires. 14 Ces nouveaux dispositifs s’inscrivent dans la nécessaire complémentarité que le Département souhaite préserver entre nos territoires ruraux, péri-urbains ou urbains. Le Département est le garant de cette complémentarité. Cette volonté de favoriser un développement harmonieux et équilibré de nos territoires trouve sa pleine illustration à travers les moyens que nous consacrons aux Collectivités dans le cadre de ce PPI. Comment évoquer l’avenir sans aborder pour finir la question d’un autre dossier capital pour la Loire. Je veux bien sûr parler de l’A45 que j’ai mentionnée il y a quelques instants. Aujourd’hui, le Département de la Loire, Saint-Étienne Métropole et la Région Auvergne Rhône-Alpes ont tenu leur engagement qui rend désormais possible la réalisation de ce projet essentiel. Nous veillerons à ce que le calendrier annoncé soit respecté afin que cette autoroute indispensable en termes de sécurité routière, de développement et d’attractivité économique, soit opérationnelle dès que possible. 15 Voilà donc en quelques mots les sujets que je souhaitais évoquer afin de placer ces Orientations Budgétaires 2017 dans leur contexte. Un contexte contraignant, vous l’aurez compris, qui nous impose une rigueur de tous les instants à travers la mise en œuvre de solutions crédibles, sincères et responsables. Je vous remercie.