LA CHAINE MEDICALE DES SECOURS SOMMAIRE
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LA CHAINE MEDICALE DES SECOURS SOMMAIRE
Château de Valabre 04 42 60 88 00 Internet : Mél. : ECole d’Application de Sécurité Civile 13120 GARDANNE 04 42 60 88 08 www.valabre.com [email protected] LA CHAINE MEDICALE DES SECOURS SOMMAIRE LA CHAINE MEDICALE DES SECOURS................................................................................... 1 SOMMAIRE............................................................................................................................ 1 L'ORGANISATION DES SECOURS .......................................................................................................2 Opposition de deux modes de relevage .................................................................................2 Évacuation et accueil hospitalier ...........................................................................................2 LA CHAINE DES SECOURS MEDICAUX .................................................................................................3 Principes généraux: les modes opératoires ............................................................................3 Évacuation immédiate..........................................................................................................3 Évacuation différée..............................................................................................................4 Évacuation médicalisée ........................................................................................................4 Premier scénario .................................................................................................................4 Deuxième scénario ..............................................................................................................5 Troisième scénario...............................................................................................................5 Premier principe ..................................................................................................................5 Deuxième principe...............................................................................................................6 Troisième principe ...............................................................................................................6 Première phase d'improvisation ............................................................................................6 Deuxième phase d'organisation ............................................................................................7 MÉDECINE DE L'“AVANT” .........................................................................................................8 Fonctions de la « chaîne de secours médicaux » ....................................................................8 Chronologie de la médicalisation ......................................................................................... 10 Décision de mise en œuvre ................................................................................................ 10 Éléments constitutifs et intégration ..................................................................................... 10 Support technique ............................................................................................................. 10 Soins dans les structures provisoires ................................................................................... 11 Justification....................................................................................................................... 11 Décision de mise en place .................................................................................................. 12 Éléments constitutifs.......................................................................................................... 12 Support technique ............................................................................................................. 13 Application pratique........................................................................................................... 13 Poste médical avancé (PMA)............................................................................................... 13 Organisation générale du PMA et moyens mis en œuvre ....................................................... 16 Centre médical d'évacuation ............................................................................................... 18 Organisation générale du CME et moyens mis en œuvre ....................................................... 22 MEDECINE DE L'« ARRIERE»......................................................................................................... 24 Préparation architecturale .................................................................................................. 26 Renfort en personnels........................................................................................................ 26 Pluridisciplinarité des équipes soignantes............................................................................. 27 Nouvelles agressions.......................................................................................................... 27 Renfort en matériel et médicaments.................................................................................... 27 Création (ou renforcement) de certaines structures spécifiques ............................................. 28 Liaisons, transmissions....................................................................................................... 28 Accueil et information des familles ...................................................................................... 28 Accueil et information des médias ....................................................................................... 28 Information et comptes rendus aux autorités sanitaires locales.............................................. 28 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre L'ORGANISATION DES SECOURS OPPOSITION DE DEUX MODES DE RELEVAGE Actuellement on peut opposer dans le monde deux conceptions diamétralement opposées : ¬ La conception du transport rapide vers un milieu hospitalier; le convoyage étant assuré par du personnel paramédical formé (ou non) aux techniques de soins urgents (Scoop and run); ¬ La conception de la médicalisation de l'« avant » qui permet de réaliser sur le terrain des gestes médicaux même très élaborés et d'assurer, si nécessaire, une surveillance médicale pendant l'évacuation (Stay and stabilise). Les deux conceptions ne sont pas entièrement opposées car il faut tenir compte du nombre et de la gravité des victimes nécessitant soit l'emploi des moyens normaux, soit de moyens plus exceptionnels qui correspondent le plus souvent à la concentration et à la montée en puissance de moyens normaux. L'évacuation sous contrôle de paramédicaux entraînés peut représenter malgré tout une solution intermédiaire surtout s'il n'existe que peu de médecins sur le terrain; et il en est de même dans les catastrophes majeures avec l'emploi d'autres professions de santé (secouristes sanitaires) tels que dentistes, sages-femmes, pharmaciens. Lors de la guerre du Viêt-nam, le relevage et les premiers soins étaient assurés par des « paramédics » amenés rapidement par hélicoptère auprès des blessés; ils disposaient au minimum de moyens de ventilation, perfusion, sédation. Depuis, la doctrine de « médicalisation de l'avant » a progressé, notamment pour le Service de santé des armées lors de la « guerre du Golfe ». ÉVACUATION ET ACCUEIL HOSPITALIER Les évacuations consistent à faire diriger vers des formations de traitement les victimes dont l'état justifie une hospitalisation. La spécificité des évacuations en situation de catastrophe est liée à la phase précédente : tri et mise en condition. L'hospitalisation est la finalité de toute organisation de secours qui prend en charge des victimes. Lors d'un accident collectif ou d'une catastrophe comportant de nombreuses victimes, les problèmes d'accueil se poseront d'une façon différente suivant : ¬ Les possibilités de répartition des victimes sur plusieurs hôpitaux, par les SAMU; ¬ Le degré de préparation de l'hôpital à un afflux massif de blessés; ¬ le degré de mise en condition préalable dont auront pu bénéficier les victimes avant leur arrivée. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 2 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre LA CHAINE DES SECOURS MEDICAUX PRINCIPES GENERAUX: LES MODES OPERATOIRES Les modes opératoires représentent la façon dont sont coordonnées les différentes phases de secours, ce sont les procédures de mise en oeuvre de toutes les actions entreprises, en particulier sur le terrain; la chaîne médicale est concernée au premier chef par les modes opératoires dans la mesure où ils conditionnent les modalités et l'efficacité de la prise en charge des victimes. En France comme dans la plupart des pays industrialisés, les modes opératoires sont relativement standardisés et ils sont adaptés à la nature des risques qu'ils ont à combattre; à titre d'exemple, extinction d'incendiesauvetage, recherche et sauvetage en mer, recherche et sauvetage en montagne, sauvetage-déblaiement, désincarcération, intervention en atmosphère toxique ou radioactive... ; liste non exhaustive mais qui objective la pluralité et la diversité des moyens et des actions de secours dans lesquels devront s'intégrer les secours médicaux. On peut donc distinguer trois phases élémentaires dominées par des actions distinctes : les sauvetages, les secours et les soins qui vont faire intervenir plusieurs sortes de personnels. Même s'il y a des différences significatives dans le domaine du sauvetage, différences portant à la fois sur les matériels et sur les techniques, elles n'ont que peu d'influence puisque la finalité du sauvetage est d'extraire le plus rapidement possible une victime (ou un groupe de victimes) du lieu où elle se trouve. Il n'en est pas de même des secours et des soins médicaux où peuvent s'opposer diverses conceptions. ÉVACUATION IMMEDIATE Dès le dégagement ou le relevage il y a évacuation - en fait transport simple - vers l'hôpital le plus proche, le plus vite possible sans autre soin qu'une mise sur un brancard. Dans une conception analogue on a pu voir des victimes arriver à l'hôpital convoyées par leurs proches. Dans ces conditions peu importent la qualification des conducteurs convoyeurs et le type de véhicule dans la mesure où aucune assistance n'est envisagée. Il s'agit là d'évacuations dites « sauvages » que l'on peut éviter à la fois par une information précoce des populations et par des consignes opérationnelles très strictes pour les premiers intervenants : service de police et de gendarmerie, sapeurs-pompiers, association de secouristes... le maintien sur place de toutes les victimes doit être un impératif absolu pour tous les acteurs. Elles sont toujours préjudiciables aux victimes (absence de triage et de soins, pas d'identification). Ce type d'évacuation se rencontre encore quelquefois dans la première phase dite d'improvisation. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 3 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre ÉVACUATION DIFFEREE Le schéma opérationnel est modifié en ce sens que la présence sur le terrain de personnels secouristes permet la réalisation de gestes de survie, élémentaires certes, mais indispensables pour la poursuite des opérations. Ce sont d'ailleurs ces mêmes secouristes qui assurent la relève ou le dégagement et qui réalisent ensuite des soins simples (arrêt des hémorragies, liberté des voies aériennes, ventilation artificielle, immobilisation des fractures...) et enfin l'évacuation. C'est la mission dévolue en France aux sapeurs-pompiers depuis plus de 60 ans et qui fut ensuite généralisée à partir de Paris sur tout le territoire national puis dans nombre de capitales étrangères. C'est aussi maintenant, au plan quotidien, la mission qui peut être confiée à des associations de secourisme qui apportent leur concours aux pouvoirs publics soit à titre permanent, soit à titre occasionnel. Ce schéma d'action existe en France et dans de nombreux pays européens. ÉVACUATION MEDICALISEE Dès le dégagement (ou même avant dans certain cas) la victime est prise en charge par une équipe médicale qui participe aussi aux opérations de sauvetage et de secours. Après les soins médicaux, l'évacuation est ensuite réalisée sous surveillance médicale jusqu'à l'hôpital récepteur; c'est la médicalisation des secours qui tend actuellement à s'imposer partout pour les victimes les plus graves. L’analyse critique de ces trois scénarios objective le fait qu’ils sont tous mis en œuvre actuellement aussi bien dans les accidents quotidiens et individuels que dans les accidents collectifs comportant de très nombreuses victimes PREMIER SCENARIO Il ne pourrait être justifié en urgence quotidienne que si l'état de la victime est bénin et l'hôpital très proche, le service d'accueil prévenu, le plateau technique adapté à une éventuelle aggravation; par contre il serait totalement illégitime en urgence collective et surtout en situation de catastrophe pour les raisons inverses : gravité des victimes, éloignement des hôpitaux, surcharge des services d'accueil et inadaptation des plateaux techniques, insuffisance des moyens d'évacuation ou retard dans les évacuations : toutes conditions qui vont augmenter les conséquences de la catastrophe en majorant la mortalité par défaut de soins appropriés. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 4 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre DEUXIEME SCENARIO Il peut être légitimé dans la mesure où un bilan initial aura permis de mettre en évidence le caractère modéré de l'agression initiale et son peu d'évolutivité, caractère bénin confirmé à distance par une liaison avec une équipe médicale, de réaliser une mise en condition élémentaire pour stabiliser les lésions, de faire prévenir l'hôpital récepteur de l'arrivée de la victime. II doit être maintenu en situation de catastrophe si sur place, une ou plusieurs équipes médicales auront pu contrôler le bilan initial, ce qui permettra d'envisager un meilleur emploi des équipes médicales là où elles seront réellement nécessaires et une économie de personnels pour les opérations d'évacuation. Il y a intérêt à ce que l'hôpital récepteur se prépare à la réception de victimes en nombre par la mise en œuvre d'un Plan « Blanc » préalablement établi et enseigné aux personnels. TROISIEME SCENARIO C'est le schéma souhaitable pour toute situation agressive dans laquelle se trouvent impliquées une ou plusieurs victimes quelles que soient la gravité initiale de la situation et les probabilités d'aggravation; il n'est pas applicable à toutes les victimes en situation de catastrophe car il est déjà difficilement réalisable tel quel en pratique courante où il n'est nécessaire de ne « médicaliser » que les situations graves (détresses vitales et urgences vraies). Il faut donc faire face à la situation nouvelle qui se crée, et on devra mettre en œuvre un nouveau mode d'exercice des secours et des soins médicaux en situation de catastrophe : la médecine de catastrophe se justifiant à la fois par une doctrine particulière et un enseignement spécifique. La mise en œuvre de soins médicaux doit cependant tenir compte de trois principes directeurs essentiels. PREMIER PRINCIPE L'hôpital, en tant que structure d'accueil, reste le seul lieu dispensateur de soins efficaces; c'est la finalité même de l'hôpital. C'est indiscutable en situation d'urgence individuelle et c'est là un des arguments en faveur de la rapidité d'évacuation. Cela devient plus aléatoire quand il y a de très nombreuses victimes et que l'hôpital ne peut faire face simultanément à cet afflux massif de blessés. Cela devient pratiquement impossible quand l'hôpital est détruit, débordé par le nombre de victimes, inadéquat par la valeur de son plateau technique ou tout simplement trop loin du lieu de la catastrophe. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 5 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre DEUXIEME PRINCIPE La connaissance des mécanismes physio-pathologiques et de l'évolution de certaines lésions justifient que soient instaurés sur place des soins spécifiques par des personnels spécialisés sous peine d'aggravation inéluctable et irréversible. TROISIEME PRINCIPE Si l'hôpital est trop éloigné, s'il est détruit, il est indispensable de recréer sur place des structures de soins provisoires qui, dans des conditions moins sophistiquées certes, mais tout aussi efficaces, pourront permettre de réaliser l'essentiel des traitements précoces avant d'envisager l'évacuation vers « l'arrière » vers la zone disposant d'hôpitaux en état de fonctionner. Par ailleurs, l'expérience enseigne qu'il y a toujours dans le déroulement et la mise en place des secours lors de la réponse à la catastrophe, deux étapes chronologiques, ce qui est un argument supplémentaire pour une organisation rationnelle préétablie. En effet, on observe successivement deux phases, une première phase d'improvisation qui succède à la surprise de l'événement et à la destructuration passagère du groupe social puis une deuxième phase d'organisation ou de secours structurés. PREMIERE PHASE D'IMPROVISATION Elle débute immédiatement après l'accident et se caractérise, au plan des secours, par un certain nombre de comportements inadéquats : ¬ Evacuations intempestives sans soins préalables et sans coordination; ¬ Soins dispensés au hasard, sans triage préalable, les victimes les plus graves pouvant être prises en charge après des blessés légers; ¬ Soins dispensés sur place, sans tentative de regroupement, dans des conditions matérielles difficiles voire dangereuses pour les victimes comme pour les « sauveteurs »; ¬ Soins inappropriés compte tenu des lieux et de l'état des victimes. C'est une phase qui se caractérise donc essentiellement par : ¬ L'absence de concertation entre tous les intervenants; ¬ L'improvisation de l'ensemble des actions de secours; ¬ Le caractère émotionnel de l'ambiance générale et des réactions comportementales individuelles et collectives et qui peut atteindre sans distinction aussi bien les témoins, les victimes, mais aussi, les sauveteurs, les secouristes et les médecins, les médias et les « décideurs » : les autorités responsables présentes sur le site immédiatement après l'accident. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 6 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Cette phase peut durer plus ou moins longtemps de quelques minutes à plusieurs jours dans les catastrophes majeures à l'échelon d'une région. Cette désorganisation n'est pas générale et homogène, dans les catastrophes, très étendues on peut voir des zones à désorganisation plus ou moins accentuée. Au plan sanitaire, cette phase initiale de désorganisation correspond à « un intervalle libre thérapeutique » (ou préthérapeutique). Dans certains cas de catastrophe majeure, des actions élémentaires de sauvetage pur peuvent être entreprises par les structures locales de secourisme et en particulier par les structures associatives. Il est indispensable que des médecins locaux, indemnes mais isolés, puissent intervenir efficacement; leur action doit alors tenir compte de la mise en œuvre ultérieure des renforts aussi bien à l'échelon local, régional ou national. Cette phase initiale correspond aussi à la période d'alerte et de transmission des premiers renseignements qui vont aboutir aux centres de décisions. DEUXIEME PHASE D'ORGANISATION Elle commence plus ou moins rapidement en fonction de l'importance et de la compétence du dispositif de secours mis en place. Elle va aboutir à la mise en place de la chaîne médicale et à son intégration dans le dispositif général de secours. Elle correspond à « l'avant », sur le site, à ce qu'a mis en place la médecine militaire pour la zone de combat en implantant toute une organisation de soins qui s'échelonnent de « l'avant » (zones de combat) « vers l'arrière » (zone normale). La médecine de catastrophe qui s'en inspire doit, elle aussi, comprendre deux échelons : la médecine de l'avant, sur le site et la médecine de l'arrière ou des hôpitaux d'accueil ; entre les deux se situe la médecine de convoyage ou de l'évacuation. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 7 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre MÉDECINE DE L'“AVANT” FONCTIONS DE LA « CHAINE DE SECOURS MEDICAUX » La chaîne des secours médicaux représente un des aspects de l'organisation générale des secours dans laquelle elle s'intègre étroitement en cas de catastrophe entraînant de nombreuses victimes; elle se matérialise dans l'espace et le temps. Dans le temps elle commence dès la connaissance du sinistre et de ses implications humaines : « mobilisation » et activation des unités de secours, alerte des hôpitaux, etc. Elle se termine dès que les problèmes sanitaires locaux ont été réglés par la prise en charge médicale des victimes et la prise en charge médicosociale des réfugiés. Dans l'espace, elle commence sur le site de la catastrophe et se termine à l'hôpital. La mise en oeuvre de la chaîne des secours médicaux fait intervenir un certain nombre d'organismes divers qui vont lui conférer une hétérogénéité dans les moyens utilisés (matériels et personnels). Il convient donc, qu'à l'absence d'une homogénéité parfaite des moyens, se substituent une unicité de doctrine et une unité de commandement en matière de secours médicaux. Les facteurs décisifs d'efficacité résident dans : ¬ L'intégration complète de la chaîne médicale dans l'organisation générale des secours; ¬ La mise en place pour chaque catastrophe, entre le site même où se trouvent les victimes et les structures d'accueil hospitalières, d'un certain nombre de structures intermédiaires obligatoires permettant : la médicalisation des premiers secours et des dégagements difficiles, (médecine « de l'avant »), la catégorisation des victimes et les gestes immédiats de survie, le traitement d'attente autorisant et facilitant le transport en milieu hospitalier avec ou sans accompagnement médical. Les secours médicaux sont réalisés d'une façon linéaire du site de la catastrophe jusqu'aux structures d'accueil; plusieurs éléments parallèles peuvent fonctionner prenant en compte des aspects différents de la catastrophe : ¬ Traitement des victimes graves pour lesquelles le pronostic vital (et/ou fonctionnel) est engagé; ¬ Prise en charge des blessés très légers ne nécessitant qu'une brève hospitalisation ou des soins ambulatoires; ¬ Prise en compte des autres aspects somatiques et psychiques de la catastrophe (problèmes épidémiologiques, psychiatriques, etc.). Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 8 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Son rôle consiste dans la réalisation d'une série d'opérations : ¬ Participation aux reconnaissances, au balisage, à la sectorisation de la zone sinistrée et à l'appréciation de certains risques évolutifs; ¬ Synthèse de tous les renseignements concernant l'état des victimes et les secours aux personnes; ¬ Mise en place des structures sanitaires provisoires et de leur logistique; ¬ Participation à la mise en place, au contrôle du dégagement et de la relève des victimes dont elle assure éventuellement la médicalisation (noria de relevage jusqu'au premier poste médical) dans les conditions acceptables de sécurité; ¬ Réalisation du triage primaire, de la mise en condition de survie et de transport des victimes ; ¬ Fonctionnement des norias d'évacuation de ramassage : du premier poste médical au centre médical d'évacuation; ¬ Préparation et mise en oeuvre de la noria d'évacuation (ou grande noria) à destination des structures hospitalières de l'arrière; ¬ Participation éventuelle au convoyage et à l'évacuation vers les structures de soins définitives (hôpitaux) ; ¬ Répartition des victimes, préparation de leur accueil hospitalier y compris l'accueil dans les zones de transit (gare, aéroport, hélistation); ¬ Prise en compte de l'ensemble des autres problèmes sanitaires susceptibles d'apparaître (hygiène et salubrité, panique et phénomènes de foule...); ¬ Etablissement du bilan « santé » de la catastrophe à l'intention des autorités ; ¬ Mise en place d'un dispositif pour assurer la prise en charge éventuelle des sauveteurs blessés (risques évolutifs) ; ¬ Organisation de la relève des personnels et des demandes de renforts en matériels; ¬ Liaisons entre les différents maillons de la chaîne de secours et des soins médicaux; ¬ Acheminement des renforts en matériels et en personnels; ¬ Fourniture des moyens de subsistance aux équipes médicales (alimentation hébergement), en particulier lors de catastrophes de longue durée, par transporteur aérien ou terrestre sur les lieux du sinistre. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 9 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre CHRONOLOGIE DE LA MEDICALISATION Soins sur le site : médicalisation du dégagement Elle trouve sa justification dans les buts qu'elle se donne : ¬ Assurer une stabilisation des lésions et permettre une survie suffisante pour réaliser le dégagement (qui peut être long), et atteindre ensuite, après un premier transfert, le poste médical avancé (PMA), où les soins pourront être complétés; ¬ Faciliter le travail des sauveteurs et accélérer ainsi le dégagement en assurant la sédation et le calme du blessé; ¬ Orienter l'action des sauveteurs dans le choix des victimes à dégager en fonction des propriétés de traitement. DECISION DE MISE EN ŒUVRE La médicalisation du dégagement est décidée par le directeur des secours médicaux (DSM) en fonction des éléments et des indications fournis par la reconnaissance et en fonction des moyens disponibles tant au plan des équipes que des matériels. Secondairement elle peut être réclamée par les sauveteurs ou mise en place par le DSM en raison de l'aggravation de victimes dont l'état était jugé jusqu'alors satisfaisant. ÉLEMENTS CONSTITUTIFS ET INTEGRATION Elle comporte tous les gestes habituels pouvant être réalisés par une équipe médicale dans ces conditions précaires (intubation, ventilation, perfusion, sédation) mais elle doit aussi intégrer tout ce qui est fait, sur sa demande ou sa responsabilité par des équipes non médicales qui peuvent participer au dégagement et au ramassage (immobilisation des fractures, protection des plaies, arrêt ou limitation des hémorragies, etc.). La médicalisation de l'avant et en particulier du relevage, doit donc intégrer le secourisme et le secourisme sanitaire. SUPPORT TECHNIQUE Le médecin du dégagement ne bénéficie d'aucun support technique autre que celui offert par : ¬ Son propre matériel médical qui est préparé de telle façon qu'il puisse, en principe, disposer de l'essentiel et dont on conçoit ainsi l'intérêt d'un conditionnement adapté; ¬ Les sauveteurs secouristes qui sont à même, suivant les circonstances : de pouvoir le faire accéder au plus près de la victime si elle est située dans une zone difficile, de l'assister au plan de l'éclairage de fortune, de sa protection personnelle (notion de risque évolutif), du port de matériel médical et de la surveillance de la victime, de lui faire apporter les renforts nécessaires au plan des matériels dont il peut avoir besoin pour la poursuite de sa mission, et qu'il aurait demandé lui-même et par l'intermédiaire des sauveteurs à sa « base arrière » (PMA), de participer ensuite activement à la mise sur brancard de la victime et à son évacuation (noria de relevage ou de ramassage) jusqu'au PMA. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 10 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre On voit dans cette médicalisation du dégagement l'intérêt d'une tenue adaptée au travail à effectuer sur le terrain et d'une étroite coordination entre sauveteurs et médecins habitués à travailler ensemble. SOINS DANS LES STRUCTURES PROVISOIRES C'est la médicalisation sur le site organisé; elle est le complément indispensable à la médicalisation du dégagement, dont elle assure la poursuite après le transport jusqu'au poste médical avancé (PMA) ou noria de relevage. JUSTIFICATION Elle relève de la prise en compte des impératifs de l'oxyologie quotidienne majorés par un coefficient multiplicateur lié aux circonstances de la catastrophe : ¬ Nombreux blessés; ¬ Blessés graves dont l'état ne peut attendre la réalisation de soins adéquats, ¬ Blessés découverts tardivement en raison des difficultés de reconnaissance et de détection, ¬ Evacuations longues et difficiles, ¬ Hôpitaux éloignés et saturés. Dans les catastrophes majeures elle ne pose pas de problèmes particuliers dans la mesure où le dispositif de soins médicaux peut s'implanter sur le terrain : ¬ Rapidement; avant l'évacuation de toutes les victimes; ¬ Efficacement; pour répondre à la plupart des besoins sanitaires. Par contre dans les catastrophes et les accidents à effets limités, elle peut être source de difficultés, voire de conflits, entre responsables médicaux et sauveteurs et « décideurs » dont un certain nombre peut ignorer encore les principes de base de la médecine d'urgence pré hospitalière. C'est lors des accidents catastrophiques à effets limités que la notion de coefficient multiplicateur prend toute son importance : du fait de la rapidité de l'alerte, les services de secours sont avisés rapidement de la nature de l'accident et sont renseignés sur le nombre des premières victimes découvertes; celui-ci va croître très rapidement en fonction des circonstances, des heures de survenue, des déplacements des victimes; par rapport aux valeurs initiales, le coefficient multiplicateur peut être de l'ordre de 2 à 7-8. Cette notion plaide en faveur d'une information adéquate des “décideurs” pour leur permettre de mieux gérer la crise liée à la catastrophe et favoriser la participation médicale. C'est à partir de ces quelques critères que l'on peut édicter cinq règles pratiques : Première règle : l'ouverture d'un poste médical de tri (PMA) permet de limiter les évacuations « sauvages », donc de médicaliser le maximum de victimes. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 11 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Deuxième règle : le fonctionnement d'un PMA permet de calmer les inquiétudes des populations rescapées donc de limiter la charge émotionnelle sur le site. - Troisième règle : le fonctionnement « intégré » du PMA et les premières évacuations régulées vont apporter un début de solution aux inquiétudes, donc aux pressions permanentes voire aux initiatives malheureuses de certains décideurs. Quatrième règle : le fonctionnement régulier du PMA apportera des éléments de « réflexion » aux médias présents sur les lieux leur permettant de remplir leur mission avec objectivité et dans une atmosphère plus sereine. Cinquième règle : l'ouverture et le fonctionnement approprié d'un PMA sont la seule solution fiable et satisfaisante pour les victimes. DECISION DE MISE EN PLACE Elle incombe aux premiers sauveteurs-secouristes qui se présentent sur les lieux d'une catastrophe à condition qu'ils connaissent les règles de base qui doivent être respectées. Retarder la mise en place d'une structure provisoire (poste médical avancé) c'est s'exposer à : ¬ Voir un certain nombre de blessés échapper à tout contrôle des secours et « disparaître » dans des véhicules particuliers vers des hôpitaux conduits par des témoins de « bonne volonté »; ¬ Donner les premiers secours comme les premiers soins dans des conditions les plus défavorables au plan de l'environnement; ¬ Accroître les risques de comportements inadaptés individuels et collectifs aussi bien parmi la population rescapée, les victimes valides, mais aussi parmi les sauveteurs et les décideurs; ¬ Accréditer la thèse que seul l'hôpital est le lieu idoine pour la réalisation des soins les plus urgents et que tout doit se traiter en terme d'évacuation rapide; ¬ Ne pas faciliter la tâche des équipes médicales quand elles arriveront ensuite, après les sauveteurs. ÉLEMENTS CONSTITUTIFS La médicalisation des secours dans une structure de soins provisoires repose sur un ensemble de gestes dont l'importance, la complexité et la chronologie sont déterminées par : ¬ Le nombre de victimes et leur gravité; ¬ Les possibilités de triage ; ¬ La valeur du plateau technique; ¬ Les possibilités d'évacuation; ¬ Le nombre et la qualification des personnels. Tout peut donc y être réalisé depuis les gestes les plus simples (hémostase, pansement, immobilisation...) jusqu'aux interventions médicales plus complexes (intubation...). Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 12 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre SUPPORT TECHNIQUE De celui-ci et du personnel qui le met en oeuvre, dépend la valeur de cette médicalisation; il s'agit de structures intermédiaires qui peuvent être constituées par : ¬ L'élément médical des colonnes mobiles de secours qui seront dirigées sur les lieux du sinistre; ¬ Le poste médical avancé (PMA) où les victimes pourront recevoir les premiers secours après le dégagement; ¬ Le centre médical d'évacuation (CME) qui sert de relais avant l'évacuation finale vers les hôpitaux. En fait, toutes les structures sont possibles suivant la richesse de la chaîne médicale, du centre de tri improvisé dans un local, aux PMA des colonnes mobiles de secours (CMS), et aux structures complètes du Service de santé des armées : antennes médicales et chirurgicales aérotransportées (HMC). Dans tous les cas, la mise en place d'une structure provisoire ne peut se faire quelle que soit sa complexité sans un support logistique plus ou moins important mais toujours indispensable assurant : ¬ Le choix du site et la préparation du terrain; - le balisage et l'éclairage des abords; ¬ La protection générale; ¬ La mise à disposition de personnels pouvant assurer l'aménagement interne, le port des matériels, l'éclairage, le chauffage; ¬ La mise à disposition de personnels pour assurer l'accueil, le brancardage, le transport des cadavres vers la zone de dépôt; ¬ Le fonctionnement des moyens de transmission reliant le poste médical avec ses éléments sur le site, avec les hôpitaux... Cette liste non exhaustive objective, la complexité de toutes les actions non médicales à mettre en oeuvre pour faire fonctionner convenablement la seule chaîne médicale. Autant d'éléments qui plaident en faveur de l'intégration de la chaîne médicale dans la chaîne de secours. APPLICATION PRATIQUE La médicalisation dans les structures provisoires se fait à deux niveaux : le Poste médical avancé et le Centre médical d'évacuation. POSTE MEDICAL AVANCE (PMA) Définition et situation dans la chaîne de secours Il est constitué par l'élément médical d'une colonne de secours désignée pour assurer la mission de quadrillage d'un quartier et dont il représente le module unité de survie des victimes. Le PMA est le premier poste médical situé au plus près du site de la catastrophe et dont les fonctions sont d'assurer la médicalisation de I'« avant ». Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 13 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Engagement La mise sur pied du PMA (« mobilisation »), sa composition et son engagement ne peuvent se faire qu'en articulation étroite avec l'unité de secours élémentaire dirigée sur les lieux (colonne de secours). Cet engagement doit être prévu d'une façon précise dans l'établissement d'un plan de secours. Compte tenu du mode de constitution de l'unité de secours (colonne de secours, détachement de secours) cet engagement peut se faire par voie terrestre ou aérienne. Position géographique Le PMA est situé le plus près possible du site de la catastrophe, mais en lieu sûr, protégé de tout risque évolutif. En principe, un PMA peut couvrir un « quartier- », soit plusieurs chantiers. Cette position géographique est déterminée également en fonction : ¬ Des disponibilités locales (utilisation de structures existantes), ¬ De l'état des moyens de communication à proximité. Missions Le personnel du PMA participe aux opérations suivantes : ¬ Reconnaissance des chantiers pour l'appréciation des besoins sanitaires et de certains risques évolutifs; ¬ Contrôle et médicalisation du dégagement et du relevage (ou ramassage) si cela s'avère nécessaire (victimes incarcérées, ensevelies ou dans un état très grave) : médicalisation de l'avant; ¬ Contrôle et surveillance, s'il y a lieu, du transport des victimes du site jusqu'au PMA : noria de ramassage; ¬ Accueil des victimes relevées et/ou dégagées et après examen : triage et catégorisation primaire; ¬ Soins, mise en condition et établissement de la fiche médicale d'évacuation (FME) ou fiche médicale de l'avant (FMA) ; ¬ Mise en oeuvre de l'évacuation vers le CME : petite noria d'évacuation; - participation à la prise en compte des cadavres, à la prise en charge des rescapés mais aussi des « paniqués », des éclopés... Modalités de fonctionnement Reconnaissance médicale Elle est nécessaire pour évaluer le nombre et la gravité des victimes, leur situation, la justification d'une médicalisation de l'avant, et estimer, en liaison avec les chefs de chantiers, certains risques évolutifs qui peuvent influer sur l'opportunité de soins avant le dégagement. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 14 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Médicalisation de l'avant Elle se décide après la phase de reconnaissance : « marquage » des victimes qu'il faut traiter avant le dégagement. Le « marquage » des ruines visitées (à la bombe de peinture de préférence) est un bon moyen de rationaliser la reconnaissance, au cours des opérations de dégagement ou de relevage sur appels des personnels secouristes. Elle se réalise par liaison entre le site et le PMA qui dirige une ou plusieurs équipes munies des matériels utiles dès que cela s'avère nécessaire, par la mise en place à priori sur le site d'une ou plusieurs équipes auxquelles il sera fait appel au moment opportun. Le choix de telle ou telle procédure dépend autant des circonstances du sinistre, de la vitesse du dégagement, de l'éloignement du PMA, que des lésions dominantes. La mise en place d'une équipe à demeure sur le site permet d'assurer le contrôle et l'encadrement des secouristes; cela n'est possible qu'en présence de nombreuses équipes médicales ou lors de catastrophe à effet limité. Noria de relevage (ou de ramassage) Elle commence par le relevage des victimes et leur transfert vers le PMA, soit directement soit après le dégagement ou le sauvetage. Elle se fait dans l'ordre de découverte (ou de dégagement des victimes) réalisé en fonction du quadrillage. Elle peut être réalisée : par brancardage pour des distances courtes ou dans des lieux inaccessibles aux véhicules ordinaires, à l'aide de véhicules spéciaux (fardiers) dans les zones peu carrossables ou de véhicules 4 x 4, par association des deux méthodes; brancardage jusqu'à un véhicule tout terrain (fardiers) ou « tout chemin » puis transfert routier jusqu'au PMA. Elle nécessite un balisage des itinéraires routiers jusqu'au PMA voire un éclairage mobile pour le brancardage. Accueil des victimes, catégorisation et mise en condition Ils sont effectués grâce à l'organisation matérielle du PMA, suivant le principe d'un triage « dégrossisseur », avec traitement de survie des grandes détresses, traitement de stabilisation des autres lésions (voir chapitre V). Noria, petite noria d'évacuation Elle conduit les victimes mises en condition au PMA vers le CME. Elle fait appel aussi bien à des moyens terrestres, le plus souvent individuels (ambulances) mais aussi collectifs (cars sanitaires), qu'à des moyens aériens, essentiellement hélicoptères pour les victimes les plus graves. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 15 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Elle nécessite : une régulation de tous les véhicules de transport qui doit être confiée à un responsable, une connaissance parfaite des possibilités d'évacuation, et des possibilités d'accueil du CME, une demande de renforts en personnel médical quand le convoyage doit être médicalisé. Elle doit prendre en compte plusieurs impératifs : nécessité d'évacuer rapidement les victimes les plus graves sans pour autant négliger leur mise en condition, opportunité d'évacuation rapide des blessés les plus légers qui encombrent la structure d'accueil, possibilité d'évacuation directe pour certaines victimes vers les hôpitaux de « l'arrière » en court-circuitant le CME. Problèmes médico-légaux et fonctionnement du PMA doit prévoir : d'hébergement; le La prise en charge des cadavres des victimes découvertes sur le site ou mortes secondairement au PMA; stockage, identification en attente de l'arrivée des autorités judiciaires puis en liaison avec celles-ci (voir VIe partie : chapitre II) ; la prise en charge des rescapés en tenant compte des conditions de l'accident et de l'environnement (ambiance froide, nuit...); et en plus des mesures qui seront poursuivies et complétées ensuite par les autorités locales (plan d'hébergement). ORGANISATION GENERALE DU PMA ET MOYENS MIS EN ŒUVRE Structure générale : Elle est fournie à titre purement indicatif elle représente un schéma idéal de fonctionnement pour prendre en charge de 50 à 100 victimes de gravité variable (UA à éclopés). Il s'agit là d'un PMA « lourd » valable surtout dans les grandes catastrophes. ENCADREMENT ET NOMBRE MEDECINS PARAMEDICAUX AUXILIAIRES TECHNIQUES SECTION DE COMMANDEMENT 1 1 1-5 5 SECTION RAMASSAGE (AIDE AU DEGAGEMENT) 1 2-3 4 - 10 10 SECTION TRIAGE (TRIAGE PRIMAIRE) 1 7-6 10 A 20 10 SECTION EVACUATION 1 TOTAL 4 10 15- 35 25 Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 16 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Structure détaillée : Section de commandement Elle est dirigée par le médecin-chef du PMA assisté par : 1 paramédical et 3 auxiliaires techniques dont, si possible un « logisticien » (montage et entretien des tentes, chauffage, éclairage, groupes électrogènes, eau potable, fourniture d'oxygène, matériels divers...). Elle est responsable de la mise en œuvre et de la direction générale du PMA, des liaisons amont et aval avec les chantiers et le CME. Elle assure la répartition des tâches sur les chantiers et au niveau du PMA. Elle dispose d'un certain nombre de matériels qu'elle met à la disposition : des équipes de l'avant (aide au dégagement) : lot sanitaire individuel, des équipes oeuvrant au sein du PMA : lots sanitaires collectifs. Section de ramassage Elle est composée d'un ou plusieurs médecins qui sont détachés sur le chantier pour encadrer les secouristes, réaliser s'il y a lieu la médicalisation du dégagement et le transfert des victimes les plus graves vers le PMA. Elle peut être mise en œuvre avec des moyens véhicules de transport (VSAB - fardiers) dont est équipée organiquement l'unité modèle de secours (colonne de secours). Elle dispose de lots sanitaires individuels (lot médecin et lot secouriste). Section triage Elle est dirigée par un médecin, désigné par le médecin-chef du PMA, assisté de plusieurs autres médecins, de paramédicaux et d'auxiliaires techniques. Elle assure un premier triage (ou catégorisation) et la mise en condition de survie avant l'évacuation. Elle détermine les priorités d'évacuation vers le CME et les évacuations directes (aériennes en particulier). Section d'évacuation Elle a pour but d'amorcer la première noria d'évacuation (ou noria primaire) sur le CME en participant au convoyage. Moyens Ce sont ceux de la colonne mobile de secours (personnels et matériels) auxquels viendront s'ajouter les renforts demandés; cela est justifié par le fait que les moyens d'évacuation de la colonne ne peuvent le plus souvent qu'amorcer la noria. L'importance et la multiplicité de ces missions impliquent que soit désigné un responsable de site qui, sous les ordres du DSM, prendra en charge toute la logistique extramédicale. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 17 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre CENTRE MEDICAL D'EVACUATION Définition et situation dans la chaîne de secours Le centre médical d'évacuation représente une structure de soins, intermédiaire entre plusieurs PMA et les hôpitaux situés en zone arrière. Il correspond à un secteur ou à une zone regroupant plusieurs PMA. Il fusionne des structures : ¬ De regroupement et d'hébergement temporaire (en attente d'évacuation) ; - de triage et de vérification de la catégorisation; ¬ De soins avec contrôle de la mise en condition initiale et poursuite de soins plus complexes (éventuellement gestes chirurgicaux élémentaires) ; ¬ De régulation des évacuations par voie routière (VR), voie aérienne (VA), éventuellement (catastrophe majeure) par voie ferrée (VF), il dispose dans ce but d'un PRE. Position géographique et implantation Le CME est situé à quelques kilomètres, ou dizaines de kilomètres, des PMA. Sa situation est telle qu'il peut desservir par “abonnement” plusieurs PMA. Son emplacement doit être choisi en fonction de l'organisation des évacuations, pour être le plus proche possible du principal point de départ des évacuations : gare routière ou ferroviaire, aérodrome, hélisurface, dans tous les cas il convient de privilégier un terrain d'aviation, même sommaire. Son implantation peut se faire sous tentes de grande capacité ou dans des locaux improvisés; mais également aussi dans un hôpital dont la proximité et les installations rendent possible une telle installation. Engagement La mise en œuvre d'un CME ne peut se concevoir que lors des grandes catastrophes : ¬ Quand les hôpitaux sont détruits ou inutilisables; ¬ Quand l'ampleur du sinistre, par le nombre de victimes, déborde très largement les capacités d'accueil local; ¬ Quand, les évacuations devant se faire à grande distance, il est nécessaire de prévoir une structure réunissant les possibilités d'attente, de soins et de régulation des évacuations mais aussi dans des catastrophes plus limitées où un hôpital proche pouvant jouer le rôle de CME. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 18 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Missions Le personnel du CME participe aux missions suivantes : ¬ Accueil des victimes venant de plusieurs PMA dont il va : vérifier la catégorisation (fiche médicale d'évacuation) et les priorités d'évacuation, contrôler et compléter, s'il y a lieu, la mise en condition initiale par des soins complémentaires (dans certains cas par des gestes chirurgicaux simples), assurer l'hébergement et la surveillance jusqu'au moment de l'évacuation; ¬ Coordination des évacuations vers les hôpitaux (grande noria d'évacuation) ou grande noria dont il va : contrôler le taux de remplissage des différents vecteurs (terrestres, aériens, ferroviaires...), assurer la médicalisation lors du convoyage, veiller à la destination correcte vers les hôpitaux qui lui ont été indiqués par la cellule médicale du PC opérationnel de secteur, qui indiquera les possibilités locales d'accueil et les possibilités spécifiques (lits de chirurgie, lits spécialisés); ¬ Coordination des deux norias d'évacuation; ¬ Direction des secours médicaux dans le secteur qui lui est attribué (DSM de secteur) avec la constitution d'une zone de rassemblement des renforts en matériels et personnels qui lui sont attribués à sa demande, la répartition des renforts au profit des PMA selon l'expression de leurs besoins; ¬ Fonctionnement d'un PRE pour assurer la coordination des évacuations. Modalités de fonctionnement Le fonctionnement d'un CME au sein de la chaîne médicale est tributaire de plusieurs facteurs. ¬ Fonctionnement des autres éléments de la chaîne : - Activités en amont au niveau des différents PMA qui assurent « l'approvisionnement », en victimes et participent au bon fonctionnement de la noria primaire; - Activités en aval dans les hôpitaux de l'arrière où sont réceptionnées les victimes et qui interviennent donc dans le fonctionnement de la grande noria; - Activités de la cellule médicale du PC opérationnel du secteur qui est responsable des demandes de renforts exprimées par le CME et dont le rôle sera en fonction des possibilités d'accorder, d'orienter et d'acheminer ces renforts. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 19 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre ¬ Organisation interne et possibilités d'accueil et d'hébergement : plus les délais d'évacuation de la grande noria sont longs plus la capacité d'hébergement doit être grande, par ailleurs le plateau technique conditionne l'importance des gestes complémentaires qui peuvent être effectués dans le domaine des explorations instrumentales en vue d'affiner le bilan initial et la catégorisation, des gestes thérapeutiques, chirurgicaux en particulier par exemple parage de certaines plaies, hémostase chirurgicale, trachéotomie... ¬ Type de catastrophe, son ampleur et ses conséquences sur la population : suivant ce critère on peut distinguer deux modes de fonctionnement : - Fonctionnement lors des catastrophes mineures avec maintien de l'intégrité des structures hospitalières locales. Le CME n'intervient que comme structure « tampon » pour permettre aux hôpitaux « arrière » de s'organiser pour assurer la prise en charge d'afflux massif de victimes, aux postes médicaux avancés de ne pas être rapidement engorgés par de nombreuses victimes qui ne pourraient pas être évacuées. Sa mission essentielle sera d'assurer : un complément de mise en condition, une surveillance dans l'attente de l'évacuation, une régulation des évacuations et des convoyages médicalisés. Dans ces conditions, l'hôpital le plus proche peut faire office de CME à condition de voir ses conditions de fonctionnement habituel totalement modifiées. - Fonctionnement lors de grandes catastrophes avec atteinte de l'intégrité des structures hospitalières ou débordement total des capacités de soins. Le CME intervient alors comme une structure de soins provisoires qui devra assurer : une prise en charge plus longue de certaines victimes : les capacités d'hébergement et les possibilités de surveillance devront être augmentées, une prise en charge technique plus complexe : les possibilités de soins devront s'étendre à des techniques chirurgicales plus élaborées. La nécessité d'interventions chirurgicales va de pair avec la mise à disposition d'un plateau technique complet (anesthésie, surveillance postopératoire, réanimation...) et d'un support logistique important pour l'installation, et l'aménagement, le ravitaillement, la relève des équipes (chapitre : gestion des personnels). Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 20 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Organisation matérielle Elle relève de plusieurs critères dont certains ont déjà été évoqués : ¬ Emplacement géographique : il doit être à la fois : proche du site de la catastrophe et des PMA qui sont implantés près des chantiers, près des zones de poser des hélicoptères et accessibles aux véhicules ambulances, et bien sûr hors de toute zone dangereuse ou susceptible de le devenir. ¬ Implantation : elle peut se faire : dans des bâtiments qu'il faudra aménager en tenant compte des installations existantes, dans des tentes de grande capacité. Le choix de tel ou tel procédé tient compte : de la valeur des bâtiments mis à la disposition des équipes et des possibilités techniques d'aménagement soit par le personnel local, soit par des techniciens des unités de secours, de la rapidité d'intervention des colonnes de secours disposant de tentes modulaires. ¬ Aménagement externe : il réside essentiellement dans : la signalisation et le fichage, l'accessibilité aux véhicules. ¬ Aménagement interne : il concerne : l'ambiance générale avec les conditions de chauffage, de climatisation, d'aération, de luminosité, de niveau sonore, et de protection contre toutes les nuisances externes (poussières, insectes...), l'organisation interne des différents postes de travail. L'ensemble de ces données sera étudié dans le chapitre 7. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 21 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre ORGANISATION GENERALE DU CME ET MOYENS MIS EN ŒUVRE Structure générale : Elle est donnée à titre purement indicatif; il s'agit d'une structure idéale qui permettrait de prendre en charge une centaine de victimes devant être évacuées (UA, UR et UP) mais aussi malades psychiatriques. Structure détaillée : La section de commandement est dirigée par le médecin chef du CME qui est assisté par : un médecin chef adjoint, 2 paramédicaux, 2 responsables pour encadrement des aides techniques. ENCADREMENT ET NOMBRE MEDECINS PARAMEDICAUX AUXILIAIRES TECHNIQUES SECTION DE COMMANDEMENT 1 2 2 2 SECTION DE TRIAGE ET SOINS (1 OU 2) 8 A 10 10 10 SECTION DE REGULATION ET D'EVACUATION 1 5A6 10 10 SECTION DE RAMASSAGE 1 1A2 5 10 1 - 3 3 4A5 16-20 30 35 SECTION DE RAVITAILLEMENT SANITAIRE TOTAL ¬ Elle est responsable de la direction générale, de la coordination du CME et des liaisons amont et aval (DS, PMA, hôpitaux). ¬ Elle assure la répartition des tâches au niveau de chaque section. ¬ Elle dispose d'un certain nombre de matériels qu'elle met à disposition des différentes sections. ¬ Elle veille à l'approvisionnement en matériel sanitaire du CME et peut apporter un soutien logistique aux PMA. La section de triage et de soins est dirigée par un médecin « chef du triage » assisté de médecins, des personnels paramédicaux et d'aides techniques. Elle assure : ¬ Le contrôle de la mise en condition effectuée au niveau du PMA, ¬ La poursuite des soins et de la mise en condition des victimes. ¬ Elle dispose d'UFM mises à sa disposition. ¬ Elle travaille dans des structures d'accueil définies au chapitre matériel. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 22 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre La section de régulation et d'évacuation est dirigée par un médecin qui est assisté par des médecins convoyeurs, des personnels paramédicaux et des auxiliaires techniques et sanitaires. ¬ Elle travaille en liaison étroite avec le PRE. ¬ Elle est chargée d'assurer le convoyage sanitaire d'un certain nombre de victimes du CME vers les structures hospitalières d'accueil. II peut s'agir de convoyage individuel (ambulance, hélicoptère) mais aussi de convoyages collectifs (avion). ¬ Elle dispose de matériels sanitaires destinés à pouvoir assurer cette mission et qui lui sont attribués par la section de commandement au mieux et sa responsabilité. ¬ Elle utilise les véhicules terrestres et aériens mis à sa disposition : elle s'inquiète si les moyens d'évacuation et mise en place ne sont pas suffisants; ¬ Elle signale les départs (au PC de secteur) qu'avertissent les centres de réception. La section de ramassage est dirigée par un médecin assisté par du personnel paramédical et du personnel technique. ¬ Elle peut être mise en œuvre avec des moyens autonomes en véhicules au profit d'un chantier à titre de renfort pour assurer la médicalisation de l'avant. ¬ Elle dispose d'UFM spécifiques à sa mission. La section de ravitaillement sanitaire est dirigée par un responsable technique habitué à la gestion du matériel sanitaire et assisté d'auxiliaires. Cette organisation doit s'adapter dans ses éléments, suivant la nature et l'ampleur de la catastrophe. Le schéma opérationnel peut être variable : ¬ Dans de très grandes catastrophes, il y aura implantation : d'une cellule médicale à chaque PC opérationnel, de plusieurs PMA et CME; ¬ Dans les catastrophes de moyenne importance, il y aura implantation : d'un CME, de nombreux PMA; ¬ Dans les catastrophes de moindre envergure, il y aura implantation : d'une structure regroupant à la fois les fonctions du PMA et du CME : c'est le centre de tri et de soins ou miniPMA qui est un poste sanitaire avancé; on peut dans ces conditions mettre en place plusieurs mini-PMA en parallèle et avoir ainsi une capacité d'accueil et de traitement que l'on peut faire monter en puissance en fonction des besoins. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 23 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre ¬ La chaîne de direction médicale se superpose à la chaîne du commandement opérationnel : à chacune des étapes de la chaîne médicale il faut mettre en place une direction des secours médicaux : - Médecin chef des colonnes mobiles; - Médecin chef du PMA; - Médecin chef du CME; - Médecin chef de secteur; Les médecins chefs des colonnes mobiles et des PMA qui sont souvent les mêmes. Ils peuvent être issus des SDIS ou des SAMU, en fonction de leur formation et de leur expérience « médecin de catastrophe »; c'est parmi ces personnels que se recruteront les médecins chefs de DICA. MEDECINE DE L'« ARRIERE» Par analogie aux procédures employées en temps de guerre, la médecine de arrière définit la totalité des soins qui seront donnés dans les structures situées hors zone d'événement (site de la catastrophe).II ne doit pas y avoir en principe de phase initiale de désorganisation dans la mesure où les plans d'action élaborés sont mis en œuvre immédiatement suivant une doctrine fixée à l'avance et une stratégie adaptée aux circonstances. A l'arrière, les modes opératoires qui régissent les secours doivent correspondre à la recherche et à la mise en alerte des renforts tant sur le plan secours sauvetage que soins médicaux : personnel de sauvetage et de secours, personnels médicaux, structures d'accueil hospitalières et toute autre structure devant participer au support logistique de la chaîne médicale (centre de transfusion, dépôt de matériels...). Cela nécessite la mise en place de PC opérationnels tant au niveau local, régional que national. Il y a donc dans ces modes opératoires une unité de temps qui correspond à la gestion de la phase aiguë et à une double action menée : sur le terrain à l'avant par les colonnes mobiles de secours et de soins médicaux, à l'arrière par toutes les structures fixes participant au soutien logistique. Ce chapitre n'est destiné qu'à donner des informations d'ordre général puisque, dans cette étude la priorité a été donnée à la médecine de terrain. La médecine de catastrophe à l'hôpital ou intervention renfort dans une structure de soins normale est la réponse à l'afflux massif de blessés dans une structure hospitalière classique. La plupart des hôpitaux français se sont dotés de Plans Blancs comportant notamment la réunion d'une « cellule de crise » préétablie (le directeur de l'hôpital, le chef du service des urgences, éventuellement le directeur du SAMU, le pharmacien chef, l'ingénieur, etc. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 24 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Il s'agit là d'un mode opératoire simple dans la mesure où : • L'hôpital n'a pas été endommagé par le sinistre, ni directement (destructions matérielles des locaux) ni indirectement (suppression des fluides vitaux tels que eau, électricité, chauffage...) ; • Les voies de circulation qui le relient à la zone sinistrée sont perméables; en d'autres termes que les moyens et les voies de communication permettent l'acheminement régulier des victimes. Ce sont deux conditions nécessaires mais non suffisantes; il faudra d'autre part que l'hôpital puisse régler d'autres problèmes pour adapter structures et modes de fonctionnement aux urgences collectives; cela repose sur la prise en compte de plusieurs impératifs : • Préparer l'adaptation architecturale et l'agencement des services hospitaliers à l'arrivée de nombreuses victimes; • Prévoir le renforcement en personnel et assurer en même temps sa préparation, sa formation et ses possibilités de travail dans un cadre pluridisciplinaire; - sortir en effet du cadre habituel de l'urgence traumatologique pour envisager d'autres types d'urgences collectives, toxiques en particulier; • Maintenir des réserves de matériels et de médicaments en sachant que : l'urgence traumatologique est grosse consommatrice de personnel technique et de matériel; le traitement des autres formes d'agressions exige du matériel et des médicaments n'existant souvent qu'en très petites quantités dans des stocks conventionnels. II y a donc une anticipation de la catastrophe qui doit avoir lieu (ne serait-ce que dans la préparation et la formation des personnels) en intégrant chaque hôpital dans l'ensemble de la carte sanitaire d'une région et en tenant compte aussi des critères économiques (gestion des stocks par exemple). Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 25 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre PREPARATION ARCHITECTURALE Elle consiste dans un certain nombre de transformations ou d'aménagements internes ou externes concernant les abords extérieurs et les locaux pour : ¬ Disposer d'un circuit ambulance à l'intérieur de l'hôpital avec un point d'entrée et un point de sortie différents, si possible diamétralement opposés, pour éviter tout engorgement autour et dans l'hôpital; un « service d'ordre » intra hospitalier doit être prévu à cet effet en liaison directe avec la zone d'accueil pour que les ambulances puissent arriver à la zone de débarquement des blessés dans un ordre relatif; à cet égard, il est souhaitable de disposer à l'entrée de l'hôpital d'une « aire tampon » où les ambulances pourront stationner; il faut donc créer une régulation du mouvement des véhicules vers l'intérieur de l'hôpital; ¬ Mettre en place une zone d'accueil suffisamment vaste pour être compatible avec l'arrivée simultanée de plusieurs victimes (plusieurs dizaines), et disposant des moyens à la fois techniques (transmissions téléphoniques) médicaux et administratifs; le tout avec une coordination unique et rigoureuse pour éviter la « stagnation » autant des victimes que des équipes de convoyage qui seraient tentées de rester là (à divers titres : repos, aide technique...) ; ¬ Organiser des circuits vers un ou plusieurs triages secondaires (les blessés ayant été déjà mis en condition lors du passage dans la chaîne médicale), puis des centres de triage vers les lieux d'hospitalisation; doter ces circuits de moyens en transport et en personnels; c'est la noria intra -hospitalière; ¬ Assurer la transformation des services pour pouvoir assurer l'hospitalisation de victimes présentant des états pathologiques spécifiques; par exemple transformation de services de médecine en services de chirurgie (présence de blessés) et inversement de services de chirurgie en services de réanimation (présence d'intoxiqués). Certains services devront être vidés de leurs malades, si ceux-ci, peuvent faire l'objet de soins ambulatoires à titre exceptionnel. RENFORT EN PERSONNELS Il est indispensable pour toutes les catégories de personnels : médecins et pharmaciens (toutes spécialités confondues), infirmières, agents hospitaliers administratifs, « sanitaires » techniques, de façon à pouvoir assurer les différentes fonctions : ¬ Accueil hospitalier administratif et sanitaire; ¬ Soins médicaux; ¬ Hébergement (nourriture, blanchisserie, chauffage, transport). Ce renfort est une véritable mobilisation et comme telle, doit être prévue, préparée, exécutée et contrôlée (fichiers d'adresses, mode d'alerte). Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 26 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Le renfort en personnels va de pair avec les mesures à prendre pour assurer : ¬ La relève des équipes; ¬ Eventuellement le transport et l'hébergement de certains personnels. PLURIDISCIPLINARITE DES EQUIPES SOIGNANTES Les victimes d'une urgence collective ne choisissent pas leur mode d'agression; les équipes soignantes en conséquence doivent pouvoir faire face avec autant d'efficacité à des urgences traumatiques habituelles (plaies, fractures, traumatismes crâniens), des urgences toxiques, des hypothermies, des brûlures, des noyades, qu'à des urgences traumatiques inhabituelles (blasts, crushes...). L'adaptabilité des équipes médicales sur le terrain doit aller de pair avec une même capacité de réaction des équipes médicales hospitalières. Comme pour le triage où il faut sortir du cadre étroit du triage seulement chirurgical, les soins hospitaliers doivent pouvoir être réalisés pour tous les types de victimes et il faut envisager le fait que : ¬ Le chirurgien ne sera plus le pivot de l'équipe soignante, même si la traumatologie reste prépondérante et qu'il devra parfois savoir se “transformer” Pour pouvoir prendre en charge d'autres types de victimes; ¬ D'autres spécialistes (cardiologues, pneumologues, médecins internistes...) devront eux aussi, s'adapter aux nouvelles conditions de travail; ¬ L'anesthésiologiste et le réanimateur deviendront en revanche le point de convergence de toutes les actions de réanimation pré-, per, post-opératoires, et des actions de réanimation polyvalente (blessés, blastés, crushes, brûlés, etc.). NOUVELLES AGRESSIONS Sortir du cadre habituel des urgences traumatiques pour aborder d'autres types d'urgence est une réalité qui peut être en partie résolue par la pluridisciplinarité des équipes, mais cela n'est pas suffisant en particulier pour les urgences toxiques. Prendre en charge une centaine de victimes intoxiquées porteuses d'un oedème pulmonaire et qu'il faudra ventiler, posera un grand nombre de problèmes qui relèvent d'une véritable stratégie de soins hospitaliers différente de la stratégie employée actuellement pour deux ou trois victimes. RENFORT EN MATERIEL ET MEDICAMENTS La demande en matériels et en médicaments va s'accroître d'une façon considérable au plan quantitatif mais aussi au plan qualitatif. Faire face à la notion de catastrophe et à l'afflux massif de victimes, c'est non seulement préparer et gérer des réserves mais prévoir des stocks utilisables en situation de crise, c'est-à-dire adaptés aux besoins du moment c'est-à-dire aux lésions dominantes présentées. Il faut donc constituer des stocks en fonction de l'étude prévisionnelle des risques. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 27 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre CREATION (OU RENFORCEMENT) DE CERTAINES STRUCTURES SPECIFIQUES La prise en charge de nombreux blessés dans le cadre d'une catastrophe doit s'accompagner du renforcement ou de la création de certaines structures spécifiques : LIAISONS, TRANSMISSIONS Les capacités de liaisons téléphoniques doivent pouvoir être augmentées aussi bien pour la réception des appels en provenance des structures de la chaîne médicale (DSM) que d'autres structures, ou la réception d'appels non médicaux (médias, familles). L'existence d'un réseau radio « santé » permet dans ce cas à la fois de favoriser les liaisons avec les éléments engagés sur le terrain et de libérer les réseaux téléphoniques. La mise en place d'une discipline stricte quant à l'emploi du téléphone par tous les personnels va de pair avec les mesures précédentes. ACCUEIL ET INFORMATION DES FAMILLES L'accueil et l'information des familles des victimes doivent être prévus et organisés; il s'agit d'une démarche légitime dont l'intérêt ne doit pas être négligé et cette mission doit être confiée à un personnel compétent dans le domaine des relations sociales. Ces mesures s'inscrivent dans la prévention des comportements inadaptés individuels et/ou collectifs. ACCUEIL ET INFORMATION DES MEDIAS L'accueil et l'information des médias doivent, pour les mêmes raisons, être prévus et organisés; fermer la porte de l'hôpital et interdire toute information n'est pas réaliste ni même souhaitable; à défaut d'information objective, on peut craindre une information « dérobée » à des personnels, donc tronquée et subjective. Cependant cette information doit obéir à plusieurs impératifs : être subordonnée à l'autorisation des autorités sanitaires locales, elles-mêmes dépendant de l'accord des autorités administratives, être coordonnée et centralisée au niveau d'un seul service chargé des relations publiques. INFORMATION ET COMPTES RENDUS AUX AUTORITES SANITAIRES LOCALES. Elle est indispensable du fait que l'hôpital s'inscrit dans la chaîne médicale au niveau du dernier maillon. Elle doit avoir les caractéristiques suivantes : ¬ Etre à la fois qualitative et quantitative donc médicale et administrative (nombre de victimes, devenir et évolution des lésions...); ¬ Etre fournie aux autorités sanitaires locales par un médecin unique désigné, dont ce sera une des fonctions essentielles, et qui recueillera ou demandera les renseignements nécessaires. Les autorités sanitaires ne doivent avoir qu'un seul correspondant, chaque responsable de service doit s'abstenir de donner lui-même ses propres informations. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 28 ECole d’Application de Sécurité Civile – Valabre Il apparaît, dans ces conditions, indispensable de créer au niveau des structures administratives en cellule de crise au niveau du PC fixe, luimême en liaison permanente avec le PC mobile ou PCO. Quelle que soit l'importance des hôpitaux chargés de l'accueil des victimes, il est indispensable d'envisager la mise en place de soins médicaux sur le site même du sinistre, c'est le principe même de la médecine de catastrophe. Chef de Section Sauvetage Déblaiement – SDE 3 – V 06.1 Page 29