n° 18 - Chambre régionale d`agriculture Midi
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n° 18 - Chambre régionale d`agriculture Midi
BULLETIN DE SANTE DU VEGETAL Arboriculture - Action pilotée par le Ministère chargé de l'agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto 2018. juin 2014 CERISIER Drosophila suzukii : Pression importante en parcelles non traitées, dégâts contenus en parcelles traitées. A surveiller. ESPECES A PEPINS Tavelure :Risques de repiquages en vergers contaminés. Carpocapse : Période de pic des pontes et de pic d'éclosion de G1. Feu bactérien : Sortie de symptômes en cours. A surveiller. POMMIER Puceron lanigère : Intensification de la migration sur bois de 1 an. Puceron cendré : Quelques repiquages en bout de pousse. Oïdium : Période de risque en verger contaminé. Cécidomyie : G2 en cours. POIRIER Psylle : Début des éclosions. KIWI PSA : Diminution des risques avec les conditions climatiques. PRUNIER Carpocapse des prunes : Toujours en fin de G1. Cochenille lécanines : Essaimages en cours. PECHER Tordeuse orientale : Début de la période de risque des éclosions de G2. Pic d'éclosions à partir de la fin de la semaine. CERISIER Mouche de la cerise : Vol en cours. ESPÈCES A NOYAUX Monilia : Période de risque en cours sur cerisier, pêcher et prunier précoces. TOUTES ESPÈCES Pou de San José : Période d'essaimage en cours. Tordeuse orientale :Début de la G2. Acariens : Remontées de populations sur certaines parcelles. ANNEXE : Note commune Drosophila suzukii Directeur de publication : Jean-Louis CAZAUBON Président de la Chambre Régionale d'Agriculture de Midi-Pyrénées BP 22107 – 31321 CASTANET TOLOSAN Cx Tel 05.61.75.26.00 – Fax 05.61.73.16.66 Dépôt légal : à parution ISSN en cours MIDI-PYRENEES n°18 10 BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – ARBORICULTURE N° 18 DU 10 JUIN 2014 – Page 1/6 C E F E L F RUITS À PÉPINS • Tavelure (Venturia inaequalis) Selon nos modèles de prévision, les projections primaires seraient terminées depuis le 24 mai. Sur nos suivis biologiques, nous collectons des données contradictoires : un lit de feuille ne projette plus depuis le 1er mai et les deux autres continuent à projeter de façon relativement importante. Sur ces deux derniers lits, depuis début mai, nous n'observons que des spores de petite taille, plus petites que les spores de tavelure. Des identifications sont en cours afin d’identifier l’origine des spores projetées et vérifier qu'il s'agit bien d'un autre champignon que la Tavelure. On observe des taches sur certaines parcelles, souvent sur les feuilles de rosettes et les premiers étages foliaires, avec des risques de repiquages lors des périodes d'humectation. Évaluation du risque : Fin des risques de projections primaires. Le risque se maintient en parcelles contaminées. Seuil de nuisibilité : plus de 5% de pousses tavelées • Feu bactérien (Erwinia amylovora Le feu bactérien peut provoquer, sur pommier et poirier, des nécroses et des dessèchements de fleurs, de fruits et de brindilles. La production d'exsudat sur les organes atteints est caractéristique. Il y a un risque si le végétal est sensible (floraison, pousse active, blessure...) et si: – les températures maximales sont supérieures à 24°C, – ou si les températures maximales sont supérieures à 21°C et associées à des températures minimales supérieures à 12°C. Évaluation du risque : Il existe un risque de contamination en parcelles contaminées si la pousse est active et si les conditions climatiques sont favorables. Il existe également des risques de contamination du porte greffe en jeunes vergers. • Tordeuses de la pelure Capua (Adoxophyes orana) Le vol est quasiment terminé sur notre réseau de piégeage. Nous n'observons pas pour l'instant de jeunes larves. Évaluation du risque : Fin du vol de G1. Surveillez l'éclosion des jeunes larves. • Cécidomyie des feuilles (Dasineura mali, Dasineura pyri) Les cécidomyies des feuilles sont de petites mouches qui pondent dans les feuilles encore enroulées. Les larves (asticots), par leur salive, provoquent un gonflement de la feuille qui reste enroulée. Au terme de leur développement (15 jours en moyenne), les larves se laissent tomber au sol pour se nymphoser. 3 à 5 générations peuvent se succéder dans la saison. Sur notre réseau de parcelles, nous observons une reprise du piégeage depuis le 20 mai. Le second vol est en cours. Évaluation du risque : Absence de risque en verger adulte. • Carpocapse des pommes (Cydia pomonella L.) Le carpocapse des pommes et des poires hiverne au stade larve diapausante, dans un cocon, sous les écorces ou dans le sol. Les adultes de 1ère génération émergent généralement peu après la floraison des pommiers et les femelles pondent sur les feuilles ou les jeunes fruits. La durée entre la ponte et l'éclosion est d'environ 90° jours en base 10. Sur notre réseau, le vol de carpocapse a démarré le 22 avril. Selon nos modèles, nous serions actuellement dans le pic des pontes (62% des pontes au 10/06) et dans le pic d'éclosion (40% des éclosions). Le pic d'éclosion devrait durer jusqu'à fin juin. Évaluation du risque : Période de pic des pontes et de pic d'éclosions. Seuil de nuisibilité : plus de 5 piégeages par semaine (les pièges ne fonctionnent pas en secteur confusé). BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – ARBORICULTURE N° 18 DU 10 JUIN 2014– Page 2/6 C E F E L 11 P OMMIER • Oïdium (Podosphaera leucotrichia) L'oïdium passe l'hiver dans les bourgeons sous forme mycélienne. Au printemps, les pousses issues de ces bourgeons contaminés sont recouvertes d'un duvet blanchâtre (attaques primaires). Des contaminations secondaires se produisent ensuite sur jeunes pousses à partir de ces foyers primaires en fonction des conditions climatiques. On observe des pousses oïdiées sur des parcelles contaminées l'an passé. On observe également des repiquages sur feuille. On note une forte pression sur les parcelles non traitées cette année. Évaluation du risque : Période de risque en cours jusqu'à l'arrêt de la pousse. • Black rot (Sphaeropsis malorum) Des conditions chaudes (>21°C) et humides entre la floraison et le stade petit fruit sont favorables aux contaminations primaires. Ensuite, des conditions chaudes (> 24°C) et humides vont favoriser des contaminations secondaires à partir des fruits momifiés de l'année. Les variétés les plus sensibles sont Chanteclerc, Fuji et Gala. Évaluation du risque : Il existe un risque de contamination si le régime des pluies et les températures sont favorables. • Maladie de la suie et maladie des crottes de mouche Ces deux maladies sont souvent associées et peuvent occasionnellement provoquer des dégâts. La maladie de la suie provoque des plages noires qui, à la différence de la fumagine, ne partent pas en frottant. La maladie des crottes de mouche provoque de petites taches rondes, souvent regroupées en « coup de fusil », qui sont bien incrustées dans l'épiderme. La biologie de ces deux maladies reste relativement mal connue. Pour les « crottes de mouche », la contamination se ferait dans les jours qui suivent la chute des pétales mais les symptômes ne s'extérioriseraient que bien plus tard, en fonction d'un cumul d'heures d'humectation. Évaluation du risque : Le risque est présent pour les parcelles conduites en agriculture biologique et les parcelles de pommiers résistants à la tavelure. • Pucerons ✔ ✔ ✔ Puceron cendré du pommier (Dysaphis plantaginea) : on observe quelques repiquages, souvent en bout de rameaux, sur variétés sensibles (Pink lady, Granny, Opale) et sur vergers poussants. On observe également la présence de faune auxiliaire (larves de syrphes notamment) et de pucerons femelles ailés (pucerons de couleur noire, avec présence d'ailes). Puceron lanigère (Eriosoma laginerum) : on observe une intensification de la migration du lanigère sur bois de un an et une augmentation de la taille des foyers. On observe également des pucerons parasités. On observe une forte augmentation des piégeages d'Aphelinus mali (parasitoïde du puceron lanigère) sur notre réseau de pièges depuis le 20 mai. Puceron vert (Aphis pomi) : on observe la présence de puceron vert non migrant sur pousses, notamment en parcelles poussantes. Évaluation du risque : Période de risque fort pour le puceron lanigère. Le risque est modéré pour le puceron cendré. Seuils de nuisibilité : Puceron cendré : si foyers évolutifs Puceron lanigère : en fonction du parasitisme Puceron vert : présence de fumagine sur fruit • Mineuses cerclées et marbrées (Leucoptera scitella, Phyllonorycter blancardella): Les mineuses sont de petits lépidoptères (6 à 8 mm) qui pondent sur les feuilles. Les larves se développent en mineuses dans la feuille ; on note 3 à 5 générations par an. En cas de très fortes attaques, on peut observer des chutes de feuilles. Sur notre réseau, nous observons actuellement (depuis début juin), un second vol de mineuse marbrée. Évaluation du risque : Période de vol en cours. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – ARBORICULTURE N° 18 DU 10 JUIN 2014– Page 3/6 C E F E L 11 P OIRIER • Psylle du poirier (Cacopsylla pyri) On observe des pontes en bout de pousses et des éclosions. Dans l'ensemble, la situation est saine. Évaluation du risque : Période d'éclosions en cours. • Tavelure (Venturia pirina) Comme la tavelure du pommier, la tavelure du poirier peut également se conserver sous forme conidienne dans de petits chancres sur rameaux. En absence de suivi spécifique pour la tavelure du poirier, nous utiliserons les données tavelure pommier pour établir une évaluation de risque. K IWI • Pseudomonas Syringae Actnidiae (PSA) Cette bactériose est en recrudescence notamment depuis l'hiver dernier. Elle se développe très rapidement sur kiwi jaunes et sur les variétés précoces, entraînant des mortalités de branches, d'arbres voire de parcelles entières. La variété Hayward est moins sensible, mais on peut y observer des dégâts, sur plants mâles surtout mais également sur certaines plantations. On observe actuellement des symptômes sur feuilles (taches nécrotiques avec halo jaunâtre) sur certaines parcelles. Évaluation du risque : Peu de risques avec les conditions climatiques actuelles. P RUNIER • Carpocapse des prunes (Cydia funebrana) Le carpocapse des prunes hiverne sous forme de larves diapausantes dans les fissures de l'écorce des arbres ou dans le sol. Les adultes de première génération apparaissent dans le courant du mois d'avril et les femelles commencent à pondre sur les jeunes fruits dès lors que la température crépusculaire dépasse 14°C. Les piégeages sont toujours faibles. D'après le modèle, nous sommes à 65% des pontes et 55% des éclosions. Évaluation du risque : Période de Fort risque d'éclosions G1 en cours. Pas de signes de démarrage de la G2. • Puceron vert du prunier (Brachycaudus helichrysi) Le puceron vert du prunier hiverne sous forme d’œufs d'hiver. Les femelles fondatrices, issues de ces œufs d'hiver, vont donner des colonies de pucerons (virginipares aptères) aptes à se reproduire très rapidement. Le puceron vert du prunier peut véhiculer des viroses. La situation est globalement assez saine en parcelles. Actuellement, les foyers de pucerons ne sont pas forcément tous évolutifs, on observe des ailés dans les foyers. Certains peuvent être régulés naturellement par les auxiliaires. Évaluation du risque : Risque seulement si les foyers observés sont évolutifs. • Maladies du feuillage (Rouille, Pseudomonas, Xanthomonas) Les printemps pluvieux favorisent plusieurs maladies du feuillage en prunier : les pruniers domestiques sont sensibles à la rouille, les pruniers japonais sont sensibles au Xanthomonas et au Pseudomonas. En prunier japonais, on observe des taches bactériennes et des criblures en parcelle. Évaluation du risque : Le risque est maintenant faible avec le temps chaud et sec annoncé. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – ARBORICULTURE N° 18 DU 10 JUIN 2014– Page 4/6 C E F E L 11 P ÊCHER • Fusicoccum Les remontées observées il y a une quinzaine de jours sont maintenant stabilisées. Dans ces parcelles touchées, on n'observe pas de nouveaux symptômes. Évaluation du risque : A surveiller. Le temps chaud et sec devrait calmer la propagation de la maladie. • Pucerons verts du pêcher (Myzus persicae) Les fondatrices donnent leur première descendance aptère à l'intérieur des boutons floraux courant mars. Après la chute des corolles, ces nouveaux pucerons aptères gagnent les rosettes des feuilles où ils se multiplient en provoquant des enroulements et des dessèchements de feuilles. La situation est particulièrement calme cette année : on observe très peu de foyers. Évaluation du risque : A surveiller. • Tordeuse orientale : voir 'toutes espèces' C ERISIER • Stades phénologiques Récoltes Summit en cours. • Puceron noir (Myzus cerasi) Le puceron noir du cerisier hiverne sous forme d’œufs d'hiver. Les femelles fondatrices aptères issues de ces œufs, vont constituer au printemps des colonies aptes à se reproduire rapidement. Les quelques remontées observées la semaine dernière ont été souvent maîtrisées. On n’observe pas de nouveaux foyers. Évaluation du risque : A surveiller. La période à risque est en cours. • Mouche de la cerise (Rhagoletis cerasi) La mouche de la cerise hiverne sous forme de pupe dans le sol. Les adultes volent habituellement en mai et juin. Les pontes débutent 10 à 15 jours après le début du vol si les températures sont supérieures à 18°C. Les éclosions ont lieu 6 à 10 jours après les pontes. Évaluation du risque : Le vol est en cours sur le réseau de piégeage. Début de la période de risque. • Drosophila suzukii Diptère de la famille des Drosophiles, ce ravageur s’attaque particulièrement aux cerisiers, petits fruits rouges et fraisiers. Les larves de cette mouche peuvent se développer aussi bien dans des fruits déjà abîmés que dans des fruits sains en train de mûrir et encore sur l’arbre. Les dégâts peuvent parfois être confondus avec ceux de la mouche de la cerise. La drosophile est cependant bien plus petite que la mouche de la cerise et peut pondre plusieurs fois dans le même fruit. Ce parasite a été détecté depuis 2010 dans le Tarn-et-Garonne. Il a causé des dégâts importants en cerisier en 2013. On observe toujours des piégeages mais les pièges sont maintenant moins attractifs que les cerises mures. En Midi-Pyrénées, on a observé plusieurs parcelles avec des dégâts dès les variétés précoces (Primulat, Burlat). A l'heure actuelle, les dégâts restent maîtrisés sur les parcelles traitées où on n’observe qu'une faible part de fruits touchés (moins de 5% en règle générale). En parcelle non traitées, les dégâts vont d'une cinquantaine de % de fruits touchés à des parcelles totalement non récoltables. Évaluation du risque : Risque fort. A surveiller. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – ARBORICULTURE N° 18 DU 10 JUIN 2014– Page 5/6 C E F E L 11 E SPÈCES À NOYAUX • Cochenilles lécanines (Parthénolécanium corni) Cette cochenille est essentiellement observée sur prunier japonais. Les femelles hivernent sous forme de larve de 2e stade qui reprennent leur activité à la sortie de l'hiver pour donner une nouvelle génération début juin. L'essaimage est en cours sur les parcelles de prunier, mais de façon hétérogène : sur certaines parcelles, les larves mobiles sont majoritairement encore sous les boucliers, dans d'autres elles sont sorties. Les larves sont maintenant mobiles mais encore en majorité sous les boucliers. L'essaimage dure en moyenne 2 à 3 semaines. Évaluation du risque : Tout début de l'essaimage. • Monilioses (Monilia fructicola, Monilia fructigena, Monilia laxa) Les monilioses sont les principales maladies affectant la conservation des fruits à noyau. Elles sont provoquées par 3 espèces de champignons : Monilia fructigena (sur fruits), Monilia laxa et Monilia fructicola (sur fleurs et sur fruits). Les fruits sont sensibles aux monilioses à l'approche de la maturité. Certaines variétés sont particulièrement sensibles : Summit, Van, Lapins... On est en pleine période à risque sur le cerisier. Le risque débute sur les premières variétés de prunier et de pêcher à récolter d'ici 15 jours. Évaluation du risque : Période de risque en cours sur toutes les espèces à noyaux. T OUTES ESPÈCES • Tordeuse orientale (Cydia molesta) La tordeuse orientale hiverne sous forme de chenilles diapausantes dans l'écorce du tronc ou dans le sol. Les papillons de la première génération sortent de mi-mars à mi-juin, selon les régions. Après l'accouplement, les femelles pondent sur la face inférieure des feuilles, si la température crépusculaire dépasse 16°C. Les captures redémarrent dans le réseau de piégeage. D'après le modèle, le 2 ème vol débuterait. Nous serions actuellement au tout début des éclosions (3%) qui devraient s'intensifier à partir du 14 juin. Évaluation du risque : Début de la période de risque au début du pic d'éclosions cette fin de semaine. • Acariens (Panonychus ulmi...) On observe des remontées de populations d'acariens jaunes en vergers. Les conditions chaudes et sèches sont favorables aux acariens rouges, jaunes et aux phytoptes. On note la présence de phytoséïdes. Évaluation du risque : . A surveiller. •Pou de San José (Diaspidiotus perniciosus) Présente essentiellement sur pommier et poirier, cette cochenille est difficile à observer sur bois du fait de la couleur sombre (gris/noir) des boucliers. C'est généralement la détection de symptômes sur fruits en été qui alerte les producteurs sur la présence de l'insecte. Le premier essaimage devrait être en cours. Évaluation du risque : Début de la période d'essaimage. Seuil de nuisibilité : dès présence. REPRODUCTION DU BULLETIN AUTORISÉE SEULEMENT DANS SON INTÉGRALITÉ (REPRODUCTION PARTIELLE INTERDITE) Ce bulletin de santé du végétal a été préparé par l'animateur filière arboriculture de la Chambre d'agriculture du Tarn-et-Garonne et élaboré sur la base des observations réalisées par le CEFEL, la FREDON, la Chambre d'agriculture du Tarn-et-Garonne et QUALISOL. Ce bulletin est produit à partir d'observations ponctuelles. S'il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transposée telle quelle à la parcelle. La CRA Midi-Pyrénées dégage donc toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs pour la protection de leurs cultures et les invite à prendre ces décisions sur la base des observations qu'ils auront réalisées et en s'appuyant sur les préconisations issues de bulletins techniques. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – ARBORICULTURE N° 18 DU 10 JUIN 2014– Page 6/6 C E F E L 11 Note commune – révision 3, avril 2014 Drosophila suzukii BIOLOGIE – SITUATION – GESTION DU RAVAGEUR Cette note a été rédigée par un groupe de travail réunissant des représentants de la Direction Générale de l’Alimentation - Sous-Direction de la Qualité et de la Protection des Végétaux (DGAl-SDQPV), du Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (CTIFL) et des stations régionales d’expérimentation. Situation du ravageur Drosophila suzukii est un ravageur originaire d’Asie, qui connaît depuis 2008 une progression spectaculaire en Europe. Identifié en France officiellement en 2010, il cause des dégâts très importants sur de nombreuses espèces fruitières, notamment sur cerises et petits fruits rouges. Très polyphage, très mobile et à taux de reproduction très élevé, Drosophila suzukii est un ravageur redoutable, contre lequel aucune méthode de contrôle n’apporte à ce jour des résultats satisfaisants. En 2013, la présence de D. suzukii est confirmée sur tout le territoire et dans tous les pays frontaliers. Les dégâts les plus importants concernent la cerise, la fraise, les petits fruits (framboise, mure et myrtille). Des dégâts sont aussi constatés sur pêche et abricot mais avec une importance économique bien moindre. D’autres cultures comme la pomme, la figue, la vigne, le kiwi et le kaki sont susceptibles d’être concernées et sont à surveiller. Biologie Le cycle biologique de D. suzukii peut être très court (7 jours), et atteindre jusqu’à 13 générations par an notamment au Japon. Les femelles seraient fécondées avant la période hivernale, et passeraient l’hiver sous forme adulte dans divers refuges (zones abritées, bois, bosquets…). Les niveaux de population en sortie d’hiver semblent être liées aux conditions climatiques au cours de l’hiver : plusieurs jours voire semaines de froid intense semblent efficaces pour faire baisser les niveaux de populations. Les premières pontes ont lieu au printemps dès l’apparition des premiers fruits. Les populations de cette drosophile fluctuent en fonction des régions et des espèces végétales hôtes présentes. Le niveau global des populations augmente très fortement jusqu’à l’automne avec des fluctuations au cours de l’été dues aux conditions climatiques (chaud, sec…). En conditions sèches les captures diminuent fortement, mais il n’est pas possible actuellement de savoir si la population elle- même chute ou si il s’agit seulement d’une période où l’insecte de déplace moins et est donc moins capturé. Globalement il semble se dégager trois types de situations : - Cycle de développement avec 1 seul pic unique de vol à l’automne (régions dans lesquelles l’hiver rigoureux permet de diminuer fortement les populations en sortie d’hiver) - Cycle de développement avec 2 pics de vols au printemps et à l’automne (régions où les populations en sortie d’hiver sont importantes du fait d’un hiver doux et diminution des températures en été en conditions chaudes et sèches). - Cycle de développement avec 3 pics de vol. même situation que précédemment avec des entrées maritimes qui permettent de conserver une certaine humidité en été. La pression de l’insecte est très liée à l’environnement de la parcelle. Sa répartition au sein d’une petite région et au sein de la parcelle n’est pas homogène ni régulière dans l’espace et dans le temps, ce qui rend la lutte très difficile. La présence de plantes sauvages comme les mûres ou le sureau dans l’environnement des parcelles en production favorise le développement de l’insecte. Aspects réglementaires Le niveau élevé de dégâts constatés sur les différentes espèces fruitières concernées et sa capacité invasive en font un organisme nuisible préoccupant au niveau national et européen. Au niveau européen, D. suzukii est inscrit en liste A2 de l'Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes (OEPP). Cet organisme n'est cependant pas listé dans la directive 2000/29/CE du 8 mai 2000. Au niveau national, l’insecte est un organisme listé en annexe B de l'arrêté du 31 juillet 2000 au titre des organismes nuisibles de liste A2 de l'OEPP. Au vu de la forte dispersion d'ores et déjà constatée de l'insecte en France, et en l'absence de stratégie possible d'éradication, il n'apparaît pas raisonnable de rendre la lutte contre ce ravageur obligatoire (aucun arrêté préfectoral ne définit cet organisme comme organisme nuisible de lutte obligatoire). Cet organisme doit être géré comme un organisme de qualité, la surveillance doit être réalisée à travers les réseaux nationaux d'épidémiosurveillance. Suivi des populations La mise en évidence de la corrélation entre les niveaux de piégeage réalisés sur une parcelle et les dégâts est difficile et ne permet pas d’anticiper l’apparition des premiers dégâts par le piégeage. L’identification de l’insecte nécessite une observation minutieuse sous loupe binoculaire compte tenu de sa grande similitude à de nombreuses autres espèces de drosophiles. Son identification précise repose sur différentes caractéristiques morphologiques qui doivent impérativement être observées (cf. clef de détermination sur www.fruits-et-legumes.net). En cas de difficultés relatives à l’identification, contactez les animateurs de vos réseaux Surveillance Biologique du Territoire (SBT). Néanmoins la pose de pièges dans les parcelles de production associée à des observations régulières des fruits permettent de détecter le début du vol et de déclencher si nécessaire la mise en œuvre de moyens de lutte. Un piège de fabrication artisanale (bouteille plastique transparente rouge ou jaune), contenant un mélange de ½ vinaigre de cidre et ½ eau convient parfaitement pour le suivi de D. suzukii. Stratégies de protection Mesures prophylactiques Tout doit être fait pour éviter la pullulation de l’insecte dans les cultures. Depuis deux ans nous constatons que la mise en œuvre des mesures prophylactiques améliore la situation en cultures. Il est donc recommandé de : Ne pas trop espacer les cueillettes des cultures à récolte étalée (au minimum deux récoltes/ semaines en fraise et framboise) . Les fruits à pleine maturité sont plus exposés aux pontes de D. suzukii. Il faut être vigilant dès les premiers fruits matures, et observer régulièrement les fruits pour détecter d’éventuels dégâts. Veiller à la bonne aération des cultures (nettoyage régulier des vieilles feuilles sur fraisier, éclaircissage des latérales basses excédentaires et limitation du nombre de cannes/mètre linéaire sur framboisier, taille des arbres adaptée, maintien de l’enherbement bas). Tout ce qui favorise l’humidité et l’hygrométrie dans la culture doit être évité. Ne pas laisser de fruits en sur-maturité ou infestés sur le plant ou tombés au sol. Ces déchets sont à évacuer des parcelles de cultures et détruits régulièrement au moment de la récolte. Ils peuvent être mis en sacs ou containers hermétiques et laissés quelques jours au soleil. L’enfouissement des fruits n’est pas efficace. Raisonner la lutte phytosanitaire Sur certaines cultures basses, des méthodes alternatives de protection par filets pourront être envisagées dans les parcelles où l’insecte n’est pas présent avant la mise en place du filet. La maille devra être adaptée en fonction du type de protection choisi. Les techniques de piégeage massif actuellement travaillées en expérimentation ne sont pas validées (manque d’efficacité avec le matériel disponible actuellement) mais le piégeage massif associé à d’autres techniques pourrait présenter un intérêt. Si cette méthode est mise en place, il faudra prendre en compte la présence des haies et zones boisées proches de la parcelle, qui constituent une source d’inoculum. Un piégeage dans ces zones en sortie d’hiver pourrait avoir un intérêt. Les extraits d’ail utilisés dans certaines cultures comme répulsif n’ont pas montré d’efficacité dans deux essais conduits sur fraise en 2013. Pour toutes les cultures, un réseau de piégeage est indispensable au raisonnement de la lutte. A court terme la lutte chimique peut permettre de limiter les attaques de D. suzukii, mais les possibilités importantes de mutation de cet insecte risquent de favoriser les phénomènes de résistance. De plus l’utilisation répétée d’insecticides à large spectre, toxiques sur les auxiliaires, est un handicap au développement de la production intégrée. Cerise Sur cerisier, depuis 2010, les produits utilisés contre la mouche de la cerise sont évalués quant à leur efficacité sur D. suzukii. Les produits à base de thiaclopride et d’acétamipride ne permettent pas de contrôler le ravageur. Les produits à base de diméthoate et de phosmet apparaissent être les plus efficaces (50 à 95% d’efficacité suivant les essais). Les produits adulticides semblent présenter un certain intérêt si intégrés dans un programme de traitement. Les pyréthrinoïdes sont plus efficaces que les produits à base de spinosad et de spinetoram. D’autres molécules sont à l’étude. En vergers, l’application d’insecticide sur les fruits non récoltés est déconseillée sauf dans le cas des vergers multi variétaux en cours de récolte ou l’intégralité du verger doit être traitée. Framboise – Mûre Aucun produit n’est actuellement autorisé sur ces cultures pour la lutte contre D. suzukii. Les expérimentations sont en cours. Des dossiers d’AMM de produits sont en cours d’instruction. Myrtille Des dégâts très significatifs sont signalés depuis 2011. Dans les zones de production de myrtille l’environnement naturel des parcelles (Rubus sauvage) est souvent attractif pour l’insecte. Cassis/Groseille Pas de dégâts observés ce jour, il convient toutefois de rester vigilant, notamment dans les zones où l’environnement est plus favorable au ravageur. Fraise Avant d’envisager toute application de produits phytopharmaceutiques à large spectre (ex : à base de pyréthrinoïdes), il faut rappeler que ce type de stratégie de lutte est incompatible avec la protection biologique et intégrée. Ces produits entraînent la disparition de la faune auxiliaire spontanée ou introduite, leur longue persistance compromet les équilibres biologiques. Les tests d’efficacité réalisés depuis 2011 ont montré l’effet choc de la lambda cyhalothrine, mais cet effet est fugace (remontée des dégâts une semaine après traitement). La disparition de la faune auxiliaire induit rapidement de fortes attaques des autres ravageurs (thrips, acariens,…). Dans un contexte de populations de Drosophila suzukii bien installées, les efficacités des produits à base de thiaclopride et de spinosad sont insuffisantes. Les produits à base de spinosad efficaces sur thrips sont à réserver sur ce ravageur. Sur fraise la longue période de risque (au moins 6 mois) augmente les risques d’apparition de résistances, des produits à base d’autres substances actives testées en Europe sont expérimentés. Compte-tenu des observations réalisées depuis 2011, il est primordial d’intervenir dès la détection et la détermination des premiers adultes de Drosophila suzukii dans la culture.