L`ESPACE D`UN MATIN `est une grande chose que d`arriver à

L’ESPACE D’UN MATIN
(Pr.3)
C
'est une grande chose que d'arriver à entendre celui qui est la
parole par excellence, de l'écouter, de lui obéir, de fermer les
yeux aux choses extérieures, de fermer les oreilles aux bruits qui
viennent du dehors, pour prendre l'esprit, (pas le nôtre), mais celui de
Jésus Christ.
Quand notre Seigneur vient en nous, il y imprime deux choses. La
première, c'est un très profond respect pour son Père, une grande
adoration de son Père. Notre Seigneur est venu sur la terre pour être
l'adorateur en esprit et en vérité, pour établir cette adoration en esprit
et en vérité : c'est là le premier but de sa mission.
Notre Seigneur vient en nous pour nous imprimer ce sentiment,
fondamental de la perfection de Dieu, de ce qui est dû à Dieu. Ainsi
nous arriverons bientôt à sacrifier, à compter comme peu de chose.
tout ce qui paraît, tout ce qui fait du bruit, tout ce qui s’étale.
Celui qui est bien pénétré de ce qu'est Dieu, qui le connaît à travers la
lumière de Jésus Christ, voit ce tout caché à nos sens, mais bien plus
réel que tout ce que nous voyons, touchons, entendons : Dieu, l'être
souverain, fin éternelle de toutes choses, principe de tout bien, auprès
duquel tout ici-bas est négligeable. “ Tu as donné son assise à la
terre : qu’elle reste inébranlable au cours des temps Ps. 103, 3,5 ”
Il est venu pour réparer l’offense faite à Dieu. Il est venu pour nous
sauver, mais c'est là un but second. Le premier, c'est la gloire de Dieu
“ Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit
faite. ”. Notre Seigneur met toujours cela au premier plan et c’est
aussi notre intérêt, car qui dit l'avènement du règne de Dieu, dit le
plus grand bien de l'homme même en ce monde, pour arriver au bien
de l'éternité. Mais c'est du côté du Père que tout a commencé.
La terre n'est aux yeux des croyants qu'un vêtement d'un jour, une
habitation passagère, le lieu où l'on vit, où l'on travaille, où l’on aime,
où l'on tend à l'éternité. La vie, pour le fidèle, est comme ces fleurs
pleines de fraîcheur le matin, et qui, le soir, sont desséchées. Notre
Seigneur imprime en nous, si nous nous recueillons profondément
pour le recevoir, si nous le laissons faire, un vif sentiment de ce qui
est, de ce qui est essentiel, parfait, divin, souverain, de ce qui est
notre but : il allume en nous la vraie soif des choses divines, au lieu
et place de ces petits désirs, de ces petites occupations auxquelles
nous allons nous désaltérer.
A qui l'écoute, notre Seigneur inspire un profond respect, une adoration sans bornes, l'amour le plus ardent. Il lui donne une compréhension supérieure à celle de l'intelligence, une intuition du cœur, un
sens de foi de ce qu'est Dieu, cette perfection souverainement désirable, ce but vers lequel nous tendons, vers lequel à notre mort, nous
nous précipiterons avec plus de rapidité que la pierre détachée d'en
haut ne tombe sur la terre.
L'armée d'Israël devait traverser un torrent, et Josué ne prit que ceux
des guerriers qui avaient bu dans leur main sans s'arrêter, sans ployer
le genou (Jg. 7, 5-7), ceux qui avaient traversé rapidement, et n'avaient
goûté qu'en passant ce qui était pour eux un rafraîchissement. Dans la
vie il faut sans doute se rafraîchir, mais en passant, en puisant dans le
creux de sa main autant qu'il en faut pour vivre, et non pas s'y arrêter
pour y prendre sa joie, son bonheur.
L'âme, débarrassée des entraves de cette terre, s'élancerait vers Dieu
avec un désir, une adoration, un amour inexprimable, avec tout ce qui
est le plus ardent, le plus empressé, avec tous les sentiments dont
l'âme humaine est capable, quand elle est au plus haut degré de son
désir, de son amour, de son adoration, puisque l'adoration contient
tout cela.
Ce qui fait la sainteté, ce ne sont pas les lumières sur des points
particuliers, c'est une grande idée de Dieu, une grande pureté pour lui
plaire, une grande générosité, une grande fidélité.Ch.15 04 79
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