Sa vie est un roman

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Quotidien
25 Mai 2012
Par Jérôme Diesnis (correspondant à Montpellier)
RUGBY > TOP 14 (BARRAGES) - CASTRES - MONTPELLIER
Sa vie est un roman
Né bédouin, Mohed Altrad, le président de Montpellier, romancier de talent,
est devenu l’une de plus grandes fortunes françaises à la marge du BTP.
Il sera ce soir dans les tribunes du Stadium.
CET HOMME PRÉSENTE des airs de comte de Monte-Cristo. La trajectoire
de Mohed Altrad, le patron de Montpellier, défie l’imagination. C’est l’histoire
d’un modeste bédouin promis à devenir berger, qu’une intelligence supérieure
à la moyenne et le goût de l’aventure ont amené à forcer des territoires inconnus.
La 143e fortune professionnelle française en 2011 (345 millions d’euros), selon
le magazine Challenge, s’est construite sur du sable en Syrie. « Je suis né dans
le désert. » Au milieu de nulle part, il y a soixante, soixante-deux ou soixante-quatre
ans. S’il n’évoque jamais son âge, ce n’est pas par coquetterie. « Je ne le connais
pas. Avec mes enfants, nous avons tiré au sort le jour de mon anniversaire.
Le hasard a choisi le 9 mars. Je subis la règle du temps, en essayant de la dépasser. »
Des pans entiers de sa personnalité lui échappent. Pour reformer le puzzle d’une
ancienne vie de nomade, le chef d’entreprise est devenu écrivain : Badawi (2002)
est un récit autobiographique, puissant. Deux autres romans ont suivi : L’Hypothèse
de Dieu (2006) et La Promesse d’Annah (2011). « Ce lien entre la mémoire blanche
et la page blanche lui permet de retrouver son identité. Il existe chez lui une volonté
de laisser une marque », évoque Evelyne Wenzinger, son éditrice chez Actes Sud.
S’il ne connaît que les grands traits de son passé, il les dévoile volontiers depuis
l’obtention de cette bourse venue récompenser sa réussite scolaire. Il aurait dû
devenir pilote de l’air à Kiev, le destin et sa curiosité l’ont poussé à Paris.
Mohed Altrad se situe au carrefour des cultures, entre Orient et Occident,
Montpellier, Stade Yves-Du-Manoir, 14 Janvier 20102
Mohed Altrad en discussion avec Fabien Galthié, un des entraîneurs du MHR. (Photo Sylvain Thomas - L’Équipe)
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à l’intersection des sentiments. Posé, doux, il a apprivoisé les codes du rugby entre
pragmatisme et discrétion. Mais l’homme est doté d’une formidable force intérieure.
« Pour réussir son parcours, il faut posséder nombre de qualités : opiniâtreté,
ambition, courage, justesse des choix, détaille Christian Bouchenoire, directeur
commercial du groupe Altrad et président du conseil de surveillance du MHR.
Il est parti de rien ; c’est une force, car il n’avait rien à perdre. » Son patron est un
chercheur d’or qui a trouvé fortune en rachetant une PME à Florensac dans l’Hérault,
pour créer un groupe à dimension mondiale : 494 millions d’euros de chiffre d’affaires,
3 919 salariés dans une centaine de pays en 2011.
« C’était le moment de réinvestir dans ma région d’adoption »
« Dans les années 1990, il a été durement frappé par les périodes de crise.
Il s’est révélé dans la difficulté. Nous ne vivons jamais dans le confort, car il s’impose
constamment de nouveaux objectifs », souligne le directeur commercial.
Leader européen des échafaudages, numéro un mondial des brouettes
ou des bétonnières, ça pèse lourd, mais ce n’est pas très glamour. Le président
de Montpellier est pourtant un personnage romantique, presque romanesque.
Le fils de bédouin est devenu écrivain dans sa langue d’adoption. « Ses livres sont
aussi humbles qu’il l’est lui-même. C’est quelqu’un de taiseux pour lequel le travail
d’écriture est un plaisir et une nécessité, reprend Evelyne Wenzinger. Il évolue
dans une forme de poésie entre la langue maternelle et la langue apprivoisée. »
Devenu français d’abord par facilité, puis par conviction, « [il] porte [sonl passeport
comme un drapeau », dit-il. Il était homme de lettres reconnu par le milieu littéraire,
patron d’entreprise respecté par le milieu économique. Mais il restait un homme
de l’ombre pour le grand public. En acceptant de sauver le club de rugby au bord
de la faillite il y a un an, il s’est offert une part de lumière. On lui a prêté des ambitions
politiques pour justifier son investissement, il en rigole ; des idées d’enrichissement
via l’obtention de marchés publics, il expose son apport personnel (5 millions en un
an) pour les repousser. « C’était le moment de m’investit dans ma région d’adoption »,
explique-t-il, alors que son entreprise connaît une spectaculaire valorisation
après l’achat de 20 % de ses parts par trois banques et le Fonds stratégique
d’investissement. Lorsqu’il gare sa Ferrari, Altrad n’a pas peur d’exposer
sa fortune. Mais sa richesse n’est pas seulement financière.
Altrad, du clan des nouveaux présidents
ABSOLUMENT rien ne prédestinait Mohed Altrad à être un jour président actionnaire, à
titre personnel, d’un club de rugby professionnel. Son arrivée en fin de saison dernière,
alors que le club traversait une passe financière difficile s’inscrit dans un profond
renouvellement des hommes qui dirigent les meilleures équipes du rugby français.
Des chefs d’entreprise, parfois self-made-men, comme Mourad Boudjellal à Toulon,
Mohed Altrad lui-même, Laurent Marti à Bordeaux, Jacky Lorenzetti au Racing
ou à la tête de grands groupes, comme Thomas Savare au Stade Français,
Alain Afflelou à Bayonne qui se sont tous impliqués, à des échelles diverses,
financièrement sur le plan personnel. Ces personnalités différentes, exubérantes
ou discrètes, interventionnistes ou pas, amènent forcément du nouveau dans
un milieu qui avait surtout connu jusque-là les mécènes à l’ancienne, du temps
du faux amateurisme. Leur apport, qui cause parfois des tensions, est forcément
sur le long terme porteur de richesses. Reste à en tirer le meilleur.
H. B.
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Saint-Andre assistera aux barrages
Philippe Saint-André sera ce soir à Toulouse pour le premier barrage,
Castres-Montpellier, puis demain à Toulon - Racing-Métro. L’entraîneur de l’équipe
de France assistera ensuite à la première demi-finale à Toulouse, le samedi 2 juin,
mais pas à la seconde le lendemain. Il rejoindra en effet Biarritz où il coachera
le « XV du président » — composé de sélectionnés retenus pour la tournée
en Argentine — contre une sélection internationale établie par Serge Betsen
pour son jubilé.
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