L`enquête de 2010 sur la présence animale dans les maisons de

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L`enquête de 2010 sur la présence animale dans les maisons de
L’enquête de 2010 sur la présence
animale
dans
les
maisons
de
retraite en France
Par Robert Kohler
Nous avons contacté par téléphone 7.725 structures par téléphone au courant de l’année 2010
afin de connaître de manière précise le taux de présence animale dans les maisons de retraite.
Le tableau ci-après détaille la présence animale, à savoir, chiens, chats, oiseaux, poissons et
autres espèces dans les structures que nous avons interrogé :
N.b. : un établissement peut bénéficier de la présence de plusieurs espèces animales
Tableau 1 - La présence animale dans les maisons de retraite en France en 2010
L’un des objectifs de notre enquête portait sur la présence de chiens dans les maisons de
retraite et nous relevons 765 établissements qui bénéficient de cette présence, soit près de
10% des structures interrogées ; toutefois, nous précisons que ce sont 953 chiens qui se
trouvent dans 765 structures et 2 187 chats dans 1 421 établissements ; en ce qui concerne les
aquariums et volières les pluri-possessions demeurent rares, cependant un établissement peut
bénéficier de la présence de plusieurs espèces animales. La présence féline se trouve la plus
importante dans l’ensemble des maisons de retraite avec un taux de 18%, et de 37% à
l’intérieur des seules structures affichant une présence permanente d’un animal. Ces chiffres
sont respectivement de 9,90% et de 20% pour les chiens. Nous trouvons une présence
constante d’un animal dans 2 408 établissements, soit 31% des structures interrogées.
Tableau 2 - Taux de possession par espèces animal
Figure 1 – Proportion des espèces animales
dans les 2 408 établissements ayant une
présence permanente d’animaux
Carte 1 – Présence de chiens dans les maisons de
retraite (en nombre)
Carte 2 - Présence de chats dans les maisons de
retraite (en nombre)
Carte 3 - Présence d'oiseaux dans les maisons de retraite (en nombre)
Carte 4 - Présence de poissons dans les maisons de
retraite (en nombre)
Ce sont les départements des Alpes-Maritimes, du Nord et de Loire-Atlantique qui affichent
le niveau de possession canine le plus élevé avec respectivement 31, 28 et 24 chiens dans les
maisons de retraite de ces départements. Par contre, ce sont les institutions des Yvelines, de
l’Oise et de la Meuse qui présentent le taux de possession le plus élevé par rapport au nombre
de structures avec 22% et 19% - pour les deux derniers.
Tableau 3 - Classement de la présence des chiens et des chats en maison de retraite
Tableau 4 - Classement de la présence des oiseaux, poissons et autres animaux en maison de retraite
Nous détaillons dans le tableau suivant les espèces animales qui se trouvent répertoriées sous
la colonne « autres » dans le tableau ci-dessus, en précisant qu’un établissement peut disposer
de plusieurs espèces animales. La présence de lapins dans 138 établissements, ainsi que de
nombreux animaux de basse-cour tels que les poules, coqs, canards ou tourterelles démontre
le maintien d’un lien avec la ruralité d’où se trouvent très certainement originaire les usagers
de ces structures. D’ailleurs, la carte ci-dessous nous indique que c’est dans les départements
du grand quart Nord-Ouest de la France, et quelque peu de manière transversale, que l’on
trouve ces types d’animaux.
Carte 5 - Détail des espèces animales, hors chiens,
chats, oiseaux et poissons
Tableau 5 – Détail des espèces animales,
hors chiens, chats, oiseaux et poissons)
Taille des structures accueillant des chiens de manière
permanente
Figure 2 - Tailles moyennes des structures et présence animale permanente
D’une manière générale, nous pouvons énoncer une présence animale dans les structures
d’une capacité comprise entre 50 à 79 lits quelles que soient les espèces animales.
Le contrôle des animaux
D’une manière générale les animaux que nous trouvons dans les maisons de retraite de
manière permanente sont placés sous le contrôle direct de la structure. La question de la
possession animale des usagers s’estompe progressivement et nous émettons l’hypothèse
qu’elle se raréfiera encore dans les années à venir. En effet, nous accueillons dans les
établissements d’hébergement des personnes de plus en plus âgées et de plus en plus
dépendantes ; la question de l’animal familier ne se pose plus que rarement aujourd’hui au
moment de l’admission de nos usagers parce que leur degré de dépendance ne leur permet
plus, pour une grande majorité, de posséder un animal depuis un certain temps déjà.
Animaux
sous
le
contrôle
de
l’établissement
Animaux sous le contrôle du résident
Etablissements
Etablissements
privés
publics
765
665
1 430
450
229
679
Total
Tableau 6 - Contrôle des animaux à demeure dans une institution (structures ou usagers)
Les chiens visiteurs
Dans notre enquête, nous avons interrogé les structures sur les visites sporadiques de chiens,
soit au travers d’animaux visiteurs – association ou initiative privée – ou d’animaux
accompagnant par intermittence les familles lors de visites. Nous constatons qu’une majorité
des structures autorise aujourd’hui, de manière habituelle et sans règlementation particulière,
l’accès des animaux accompagnant les familles lors des visites à leurs proches – c’est un fait
important et qui confirme un mouvement sociétal. Cette pratique s’observe dans 55% des
institutions publiques ou associatives, et même dans 65% des établissements commerciaux.
Ainsi, nous relevons que 2 056 institutions publiques autorisent cette présence animale
ponctuelle, de même que 2 420 institutions privées, soit 58% de l’ensemble des structures.
Cette question particulière de la présence animale accompagnant les visiteurs dans les
institutions médico-sociales s’avérait être un sujet tabou il y a encore une dizaine d’années et
il démontre aujourd’hui l’ampleur d’un mouvement qui s’est propagé de manière silencieuse
et spontanée.
Tableau 7 - Nombre d'animaux accompagnant de manière sporadique
les familles lors des visites et nombre de chiens visiteurs
De la même façon, nous relevons un développement significatif de l’activité de chiens
visiteurs, soit au travers d’associations spécialisées, soit au travers de projets personnels, au
cours des cinq dernières années. Aujourd’hui, ce sont 915 activités de médiation qui se
déroulent de manière régulière dans les maisons de retraite en France – ce chiffre dépasse le
nombre de chiens à demeure dans les établissements.
Les évolutions entre 2005 et 2010
Nous avons réalisé en 2005 une première enquête sur la présence animale dans les maisons de
retraite en France, ce qui nous permet d’analyser l’évolution durant les 5 dernières années.
Au travers de données brutes, nous constatons une légère diminution du nombre total de
chiens dans les maisons de retraite en France au cours de la période étudiée – moins 7 unités.
Cependant, le fort développement des activités de chiens visiteurs, que nous retrouvons
aujourd’hui dans 915 établissements en France, vient atténuer ce premier chiffre. Nous
pouvons émettre l’hypothèse d’un doublement des activités de médiation animale au moyen
du chien, entre 2005 et 2010, au travers de ce dernier élément ; notre expérience de terrain
confirme cette tendance.
Pour la gente féline, nous observons une progression de 37% du taux de possession au cours
des 5 dernières années avec un nombre d’établissements d’accueil qui passe de 1 035 à 1 421.
cet essor s’élève de 48% dans les structures privés et de 26% dans les structures publiques. Au
sein des structures privées ce sont les établissements commerciaux qui se démarquent avec un
taux de possession de 24% - soit 439 établissements sur les 1.769 établissements
commerciaux interrogés. C’est l’évolution du nombre de chat qui caractérise le mieux le
recours à la médiation animale dans les maisons de retraite ces dernières années en fonction
de plusieurs éléments. Tout d’abord, le chat est considéré comme le second compagnon de
l’homme après le chien et sa seule présence apporte de la tranquillité et de la sérénité dans un
environnement anxiogène, nonobstant les aspects affectifs auprès des personnes âgées.
Ensuite, ses caractéristiques naturelles à l’exemple de la taille, l’autonomie et la propreté en
font un compagnon idéal dans l’environnement clos des institutions. Enfin, l’introduction
d’un chat dans une maison de retraite nécessite nettement moins de prérequis que le chien
avec une plus grande flexibilité et une moindre contrainte dans la gestion de sa présence en
milieu institutionnel. Dans tous les cas, cette progression démontre l’intérêt du « vivant »
auprès des personnes en situation de dépendance et scelle les fondements de la médiation
animale auprès de ce public. Le chat peut devenir un tremplin à d’autres activités à visée de
médiation et de mieux être physique et psychique.
Nous émettons l’hypothèse que la baisse du nombre de volières – moins 30 unités en 5 ans se trouve très certainement influencée par la grippe aviaire, mais également par une présence
plus importante d’autres espèces animales. Nous trouvons la présence d’oiseaux dans 7,40%
des structures publiques, alors que le secteur commercial – qui se démarque dans la présence
de chiens et de chats – n’affiche qu’un taux de présence d’oiseaux de 6,33%. Dans le contexte
actuel, cette catégorie animale devrait poursuivre sa régression.
Nous relevons une progression des aquariums de 100 unités au cours de la période observée.
Nous trouvons des poissons dans 487 établissements, soit 6% des structures nationales. Cette
progression s’observe plutôt dans le secteur privé avec une évolution du nombre d’aquariums
de 51%, contre uniquement 5% dans le public. A l’intérieur des structures privées, ce sont les
associations qui se démarquent avec un taux de possession de 7,58%, pour seulement 5,03%
dans les établissements commerciaux.
L’ensemble des « autres animaux » évolue de l’ordre de 12% avec des différentiels
significatifs au niveau des lapins – 138 contre 63, soit une évolution de 119% - des poules et
des canards – ensemble 108, contre 163, soit une diminution de 51%. Cette catégorie
particulière répond à des phénomènes de mode mais également à l’environnement
architectural particulier de certaines structures, notamment rural – les moutons, chèvres et
chevaux, par exemple.
Type d’animaux
Nombre en 2005
Nombre en 2010
Différentiel
Chiens
772
765
-7
Chats
1 035
1 421
+386
Oiseaux
610
580
-30
Aquariums (poissons)
387
487
+100
Autres
515
576
+61
Tableau 8 - Evolution de la présence animale permanente dans les maisons de retraite entre 2005 et 2010
Figure 3 - Evolution de la présence animale dans les maisons de retraite entre 2005 et 2010
D’une manière globale, la présence animale permanente augmente de 8% au cours des cinq
dernières années – 2.408 établissements en 2010, contre 2.226 en 2005. Nous relevons
également une évolution de la pluri-possession animale au sein des établissements, ce qui
explique l’augmentation du différentiel d’animaux (+510 unités entre 2005 et 2010, soit une
progression de 15%). Cette évolution constante est le premier fait marquant de notre enquête.
Dans l’étude de 2010, nous avons intégré le recensement de la présence animale de manière
ponctuelle dans les maisons de retraite, soit par le biais d’association de chiens visiteurs, soit
par la venue d’animaux des familles lors des visites à leurs proches hébergés. Ainsi, nous
relevons que 915 maisons de retraite bénéficient aujourd’hui d’une présence animale par le
truchement d’une association d’animaux visiteurs, soit près de 12% des institutions
contactées ; cette pratique se trouvait à ses balbutiements en 2005 et la rareté des expériences
dans ce domaine ne nous a pas fait intégrer cette donnée dans la première enquête. Mais
l’élément le plus étonnant repose sur la venue d’animaux familiers dans les maisons de
retraite lors des visites de familles, amis ou proches ; ainsi, nous dénombrons cette pratique
dans 4.476 établissements en France, soit dans 58% des structures interrogées. Les
pictogrammes interdisant l’accès aux chiens disparaissent progressivement des portes
d’entrées des maisons de retraite, alors que cette interdiction était courante il y a à peine une
dizaine d’années. Les animaux visiteurs d’associations et des familles, venus renforcer la
présence animale dans les maisons de retraite, représentent le second fait marquant de notre
enquête.
D’une manière générale, nous pouvons énoncer une présence animale de manière sporadique
ou constante dans 5.426 maisons de retraite en France, soit 70% des établissements interrogés
dans notre enquête. Au vue des éléments en notre possession, nous pouvons affirmer le
développement de ce phénomène au cours des cinq dernières années. Dans notre enquête de
2005, seuls 2 226 établissements nous ont signalé une présence animale. Cette progression de
la présence animale, de manière ponctuelle ou permanente, de 143% en 5 années représente le
troisième fait marquant de notre enquête.
Cette enquête a été réalisée dans le cadre d’une thèse en droit et management des structures
sanitaires, sous la direction de Marie-France CALLU, IFROSS, Faculté de droit, Université
Jean Moulin Lyon 3 (juillet 2011).
Cet ouvrage est disponible (676 pages) :
Association 4 pattes pour un sourire (maison de retraite La Roselière)
4, Rue Jules Verne 68320 KUNHEIM
Prix 30 € + 5,50€ de frais de port
Vous pouvez contacter l’auteur pour toutes questions
[email protected]

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