La Conversation sur la plage de Trouville

FICHE PÉDAGOGIQUE
La Conversation sur la plage de Trouville – Eugène Boudin
Auteur : François-Raphaël Loffredo
Contexte
Boudin est le précurseur direct du mouvement
impressionniste. Dès 1858, il fait la connaissance de
Claude Monet, alors jeune caricaturiste et l’initie à la
peinture de plein air. Cette rencontre, la manière de peindre
que découvre le jeune Monet est l’élément déclencheur
de sa vocation de peintre et le prélude d’une véritable
révolution du regard. Boudin participe avec Renoir,
Monet, Sisley à la première exposition impressionniste
en 1874 chez le photographe Félix Nadar mais conserve
son indépendance par rapport au groupe. Dans son
entourage, on trouve Corot, des romantiques comme
Isabey ou Huet, des réalistes comme Courbet, les peintres
impressionnistes. Il précède les pointillistes, Seurat puis
Signac. À l’époque, les paysages sont souvent boudés
par le jury officiel des salons au détriment des « grandes
machines » à sujets mythologiques (Bouguereau, Gérôme,
Baudry), historiques (Vernet, Detaille, Meissonier, Pils)
ou religieux (Flandrin, Signol, Laurens). À l’opposé du
style éclectique triomphant, Boudin propose une nouvelle
vision, des paysages mêlant l’air et l’eau sur de petits ou
moyens formats.
Titre : La Conversation sur la plage de Trouville
Artiste : Eugène Boudin (Honfleur, 1824 – Deauville,
1898)
Date : 1876
Dimensions : H. 12,5 cm ; L. 24,5 cm
Technique : Huile sur panneau d’acajou
Lieu de conservation : Musée Eugène-Boudin,
Honfleur
© Musée Eugène-Boudin
Lieu de création : Plage de Trouville
Analyse de l’œuvre
Ce panneau frappe d’emblée par son format inhabituel. Sa longueur
est sensiblement deux fois supérieure à sa hauteur. Il combine une
volonté panoramique à la représentation intimiste d’une scène privée
de conversation. Tout est en équilibre dans la composition. Les huit
personnages installés sur la plage au premier plan sont centrés sur
un fond également partagé de ciel, de mer et de sable. À gauche,
une chaise vide sert de cadre à d’autres personnages qui semblent
s’avancer. En contrepoint à droite, l’angle du bras de la femme
assise esquisse le cadre d’une scène qu’on devine dans l’arrièreplan : des personnages ou des chevaux en mouvement. Le choix
des couleurs est subtil et opère une harmonie parfaite. Quelques
touches de couleurs pures (rouges, bleus, blancs) dynamisent les
nuances de gris, de beiges et de bleus. Le dessin d’ensemble reste
suggestif, non descriptif. Boudin invente un sujet nouveau lié aux
modes naissantes de la bourgeoisie lancées par l’aristocratie.
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Pistes pédagogiques
Niveau : Cycles 1, 2, 3
Disciplines : Pratiques artistiques/arts visuels – Histoire-géographie – Français – Sciences
et technologie
Thématiques :L’œuvre d’art et l’influence des techniques – L’œuvre d’art et sa composition
Pratiques artistiques/arts visuels
Cycle 3
Le paysage
Expérimenter et comparer deux techniques picturales : peinture à l’aide de pigments en poudre et de liants ; peinture
avec des tubes de couleurs.
1. Travail en classe à partir de pigments picturaux en poudre et de liant.
2. Travail réalisé en plein air avec un matériel portatif et des tubes de couleurs.
Conclusion sur l’emploi comparé des deux techniques
La peinture à base de pigments en poudre : sa préparation est compliquée et doit se faire à l’intérieur. Elle permet
une infinité de variations colorées en fonction des mélanges pigmentaires, l’ajout de plus ou moins de liant. Un dessin
préparatoire est souvent nécessaire pour une représentation réaliste.
Les tubes de couleurs sont eux plus simples d’emploi. Ils conviennent parfaitement pour une peinture à l’extérieur. Le
peintre peut directement peindre un paysage devant son sujet.
Français
Langage et vocabulaire
Lecture d’image
Cycles 1,2, 3
Décrire le tableau de Boudin de la manière la plus précise possible.
Procéder par questionnement : Quoi ? Où ? Qui ? Comment ? Quand ?
Relever les termes de vocabulaire descriptif.
Selon le cycle, le travail sur le langage peut donner lieu à une production écrite ou purement orale.
Outil d’aide à la lecture d’image
Cycles 1 et 2
Lecture d’image/mode ludique/support interactif
Reconstituer le puzzle à 12 pièces.
Différents modes possibles : avec ou sans l’image préalable du tableau ; à l’aide de la
numérotation des pièces.
Lecture d’image/mode ludique/support interactif
Reconstituer le puzzle à 49 pièces.
Différents modes possibles : avec ou sans l’image préalable du tableau ; à l’aide de la
numérotation des pièces.
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Cycle 3
Expression orale/narration/mise en scène
Imaginer la conversation et jouer la scène avec ses dialogues.
Le tableau de Boudin invite au jeu sur les dialogues. Cela peut avoir lieu en classe, sur le mode de l’expression
spontanée ou sur celui construit d’une conversation à plusieurs personnages dont la trame est travaillée au fil de
séquences orales avec notations écrites ou enregistrées. La conversation imaginaire est alors écrite, mise en scène et
jouée.
Lecture d’image sur un mode ludique
Amener les élèves à un travail d’observation précis d’une image.
Faire construire et enrichir un vocabulaire de référence utilisé pour la description.
Faire découvrir le tableau : atmosphère, émotion ressentie.
Une séquence
Matériel : loupes à disposition pour chaque groupe, fiche puzzle à découper (photocopies
A4 et A3 multiples pour un travail individuel et par groupe), enveloppes.
1. Observer les fragments du tableau. Les élèves se répartissent par groupe (3 ou 4
enfants par groupe). Chaque groupe reçoit dans une enveloppe un élément du puzzle
de manière à ce que chacun des groupes ignore les morceaux du puzzle reçu par les
autres. Tous les morceaux du puzzle sont distribués sauf un. Chaque groupe d’élèves
observe attentivement le fragment reçu (agrandi en A3).
2. Demander aux groupes de réaliser une fiche descriptive la plus détaillée possible. On peut suggérer que la description
pourrait être destinée à une personne malvoyante.
3. Mise en commun : chaque groupe d’enfants désigne un porte-parole qui donne oralement les indicateurs descriptifs
du fragment de puzzle rassemblés par son groupe. Les éléments de la description de chaque groupe sont notés au
tableau. Insister pour obtenir des mots descripteurs précis et inscrire les verbes employés.
4. Les groupes n’ont pour l’instant pas vu les autres morceaux du puzzle. Afficher au tableau les fragments du puzzle et
demander de faire correspondre chaque pièce à sa description. La demande est destinée à tous, excepté les auteurs
de la description.
5. Questionnement : les éléments descriptifs essentiels étaient-ils suffisants ? Que manquait-il ? Pour chaque
comparaison, rechercher ou apporter les mots de vocabulaire nécessaires à la description : format, sens, sujet, ligne,
premier, moyen, arrière-plan, droite, centre, gauche, partie supérieure, inférieure, couleurs, orientation, large, long,
angle, côté, carré, rectangle, profil, face…
Lister les verbes utilisés pour dire ce que l’on voit : voir, remarquer, apercevoir, noter, repérer, deviner, visualiser…
6. L’élément manquant. Questionnement au grand groupe pour formuler des hypothèses précises sur l’élément
manquant du puzzle. En faire l’esquisse au tableau selon la description orale des élèves.
7. Distribuer aux élèves la photocopie de l’ensemble du tableau (A4). Les hypothèses sont-elles vérifiées ? Tous les
éléments sont-ils sur l’esquisse ? Quels oublis ?
8. Distribuer le puzzle (A4) : découper, assembler et coller l’ensemble du puzzle sur une feuille.
9. En fonction des possibilités, l’emploi de photocopies couleurs permet un travail encore plus riche. Le vocabulaire
descriptif acquis peut être développé par d’autres séquences et inscrit dans un carnet.
Histoire
Cycle 3
La vogue des bains de mer
Au xixe siècle, la mer fait peur. Le littoral est fréquenté par les marins, les pêcheurs et les populations côtières qui
peuvent en utiliser les ressources (ramasseurs de varech employé pour enrichir les terres, ramasseurs de sel, viviers
familiaux). La mode des bains de mer est initiée par quelques aristocrates persuadés des bienfaits de l’hydrothérapie,
tels la duchesse de Berry qui ,dès 1824, se rend chaque année à Dieppe ou le duc de Morny à Deauville. Des stations
balnéaires sont créées avec leur théâtre, leur casino, leurs hôtels, leur promenade près du rivage.
Le goût pour les bains de mer se développe sous le Second Empire et se popularise peu à peu. Le développement du
réseau ferré y contribue. La gare Deauville-Trouville est inaugurée en 1863. On ne peut parler de démocratisation qu’à
partir de 1936.
Au début, il s’agit de respirer le grand air, bien protégé du soleil et du vent. Les jeux de plage ou baignades sont
pratiquement inexistants pour les enfants. Éventuellement, certains se trempent les pieds dans l’eau de mer. Il faut
attendre pour voir les premiers nageurs avec leurs drôles de « costumes de bain », les premiers pêcheurs à pied en
herbe armés de filets pour des parties de pêche à la crevette.
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3
– L’évolution des activités et sports nautiques et de plage du xixe au xxie siècle
Du cerceau au kitesurf : habitudes, modes et costumes.
– Naissance et développement de la thalassothérapie moderne (eau de mer, sable, algues).
– 1936 : une date clé pour le monde social : la volonté politique de développement des loisirs populaires.
Géographie
Cycle 3
Recherche documentaire : trier les informations
Le littoral : un écosystème
Les stations balnéaires, les ports : leur implantation, leur développement ; l’urbanisation des littoraux ; les zones
protégées ; les réserves ornithologiques ; les ressources halieutiques.
Sciences et technologie
Cycle 3
Notions : pigments picturaux en poudre, liants et tubes de couleurs
Les tubes en étain contenant de la peinture apparaissent vers 1840. Ils sont vendus chez les « marchands de couleurs ».
Auparavant, les peintres préparent leurs couleurs en mélangeant pigments réduits en poudre par broyage et liants dans
l’atelier. Ce nouvel objet est à l’origine d’une nouvelle manière de peindre. L’artiste peut enfin peindre en pleine nature.
Il emporte avec lui chevalet pliant, supports de taille réduite ou moyenne, ombrelle et tubes de couleurs. Les artistes de
l’École de Barbizon s’enfoncent en forêt de Fontainebleau pour peindre, les impressionnistes s’attachent à des sujets
plus lumineux. Les deux procédés picturaux sont liés à l’emploi de pigments colorés et de liants.
Comment fabriquer de la peinture ? D’où proviennent les matériaux ?
Questionnement, hypothèses, expérimentations.
Étude des matériaux – évolution des procédés de fabrication.
Composition des matériaux (minéraux, végétaux ou organiques).
Le bleu (la guède, l’indigotier, lapis-lazuli, bleu de Prusse…).
Le rouge (cinabre, antimoine, grenat, rouge d’Andrinople, sang…).
Le vert (végétaux, sels de cuivre, émeraude, oxyde de chrome…).
Le broyage : expérimentation avec du charbon de bois, de la pierre crayeuse, des végétaux.
Les liants (eau, huile, gomme arabique, colle, œuf…).
Le mélange et les proportions.
Les composants synthétiques actuels.
Étude d’un objet technique
Le tube d’étain : une invention anonyme ? Montrer l’évolution du tube en tant que contenant.
Partir de la connaissance des élèves, questionnement, rassemblement d’information, vérification.
Quel matériau utilisé pour les tubes actuels ?
Apporter en classe des tubes utilisés dans la cosmétique, l’alimentaire, l’hygiène, bricolage…
Que contiennent-ils ?
Les produits, nécessité de l’étiquette d’emballage, lecture des étiquettes, décodage : trier, élaborer un classement
logique.
L’influence des techniques sur l’œuvre d’art
Les artistes ont toujours exploité les progrès techniques. Les peintres de Barbizon ont employé des tubes de couleur
pour la peinture de plein air, les néo-impressionnistes eurent connaissance des lois de Chevreul sur la dispersion de la
lumière, la photographie a contribué au questionnement sur la nécessité d’une reproduction picturale hyperréaliste et
sans doute ouvert le champ à diverses abstractions.
Aujourd’hui, de la même façon, de nouvelles formes artistiques naissent parallèlement au développement technique,
art vidéo et numérique par exemple. Sur le plan pictural, l’apparition de la bombe aérosol de peinture conduit vers de
nouvelles formes artistiques, tags ou graff. Les conjonctions et les échanges entre arts et techniques sont permanents.
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Prolongements possibles
Visite du musée Eugène-Boudin à Honfleur, visite du musée des Beaux-Arts de Caen, visite d’une usine de
fabrication de peinture ou d’emballage, sortie sur le littoral du pays d’Auge.
Ressources
• Tableau d’Alexandre Dubourg, Les Bains de mer à Honfleur, 1869, Honfleur, musée Eugène-Boudin.
• Tableau d’Eugène Le Poittevin, La Baignade à Étretat, vers 1858, huile sur panneau, collection « Peindre en
Normandie ».
• Tapié, Alain, Peindre en Normandie xixe et xxe siècles, Caen/Paris, Conseil régional de Basse-Normandie/Imprimerie
nationale, 2001.
• Bergeret-Gourbin, Anne-Marie, Catalogue du musée Eugène-Boudin d’Honfleur, Honfleur, 2003.
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