L`Alsace - EX-TENSION Records

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L`Alsace - EX-TENSION Records
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27
è
CD Une rentrée anglaise
Très belle salve
de nouveautés
d’outre-Manche en
ce mois de septembre.
London still calling…
Arctic Monkeys
Sapés de plus en plus chic, les
garnements d’Arctic Monkeys
confirment leur passage à l’âge
adulte. Grosse sensation que ce
cinquième opus, en grande partie taillé pour les stades : AM
(chez Domino) révèle des assemblages complexes autour d’une
fraîcheur pop captivante. Ce que
nos quatre garçons ont perdu en
nervosité, ils le gagnent en puissance, à coups de guitares rugueuses, aux sonorités stoner,
sur fond de rythmes appuyés. En
plein milieu, s’immiscent deux
pures ballades limite incongrues. Mais fort réussies. Singes
savants issus de la génération
mySpace, Arctic Monkeys délivrent ainsi l’un des disques importants de cette rentrée. À
chaque écoute, il se bonifie un
peu plus. AM est conçu pour
durer.
(T.B.)
Franz Ferdinand
Après les contre-pieds délibérés
des deux précédents albums
studio, diversement reçus, le
quatuor de Glasgow revient,
avec Right Thoughts, Right
Words, Right Action (Domino), à
l’esprit et à la formule qui lui
avaient ouvert les portes du succès international dès son coup
d’essai, il y a huit ans. Un quatrième album vif, bondissant
d’enthousiasme, pétri d’intelligence, souvent même poétique.
Les guitares pétaradantes et les
synthés fanfarons structurent
des titres rock d’une énergie
contagieuse, des chansons plus
franchement pop, ponctuellement très mélodieuses, ou encore des « atmosphères » plus
ambiguës (sur le très « pulpien » The Universe Expanded).
Pur joyau de power-pop pixienne à 100 à l’heure, Bullet réunit
le meilleur des deux mondes.
Sans doute le meilleur album du
groupe à ce jour…
(O.Br.)
Babyshambles
Troisième album des Londoniens, Sequel To The Prequel
(Parlophone) confirme qu’avant
d’être abonné aux chroniques
mondaines et judiciaires, Peter
Doherty est surtout un musicien
de talent, une pièce majeure de
l’échiquier rock actuel. Rescapé
à plus d’un titre (le bassiste a
été victime d’un grave accident
de la route en 2011), le groupe
s’est reformé après six années
d’incertitudes, pour accoucher
d’une collection de belles chansons apaisées, plutôt dans la
veine de Grace/Wastelands,
l’album solo publié par Doherty
en 2009. Le punk et tonitruant
Fireman, qui introduit l’affaire,
ne doit pas tromper son monde : l’essentiel, pour ses descendants des Clash, est plus Lover’s
Rock que White Riot, avec des
escapades vers la country, le
folk, le reggae, le Velvet, le rock
épique. La gouaille d’ado mal
fichu de Doherty fait toujours
merveille.
(O.Br.)
Tony Joe White
À 70 ans, Tony Joe White sort du bayou
pour livrer Hoodoo (chez Yep Roc) qui
rappelle le swamp rock (ou rock des
marais) à notre fidèle souvenir. Il est
question d’alligators, d’ouragans, de
vaudou… Toute cette mythologie
louisianaise que Tony Joe réveille de sa
voix profonde avec une fausse nonchalance, tandis que les guitares mitonnées à l’étouffée, souples et
inquiétantes, se faufilent telles des
reptiles. As du groove lent que l’on
cultive dans l’Amérique rurale en deuil
du regretté JJ Cale, TJW est en passe de
devenir le dernier des Mohicans en
chef dans ce registre.
(T.B.)
The Clash
Sony Legacy célèbre le groupe
de référence des susmentionnés
– et l’un des acteurs essentiels
de la vague punk-rock – avec
trois sorties. Pour les fans qui
veulent continuer à tout avoir,
le Sound System Box regroupe
l’intégralité des enregistrements studio des Clash, dans un
coffret en forme de radiocassette vintage. Il y a là les cinq
albums avec Mick Jones (remastérisés) ; trois CD incluant singles, raretés, faces B et titres
live ; un DVD comprenant les
vidéos officielles et des images
de concert ; plus divers fanzines, poster, badges, stickers…
Pour ceux qui retarderaient de
trois décennies, deux options :
The Clash Hits Back, double
compilation des meilleurs titres ; ou bien les cinq albums
studio présentés dans des pochettes carton (façon vinyle) et
réunis dans un petit coffret,
sans aucun bonus. Le minimum
à acquérir pour une discothèque
rock digne de ce nom. (O.Br.)
Marcus & the Music
En accordant ses guitares au
chalumeau, Marcus n’épargne guère
les tympans. Mieux vaut être
prévenu : tout l’album, Catch 22 (chez
Ex-Tension) se nourrit d’une même
fusion progressive élaborée par un
multi-instrumentiste surdoué.
Démonstratif mais jamais grossier, le
fils de Stella Vander cuisine au piment
rouge (façon Red Hot Chili Peppers
donc) et privilégie les fractures
rythmiques les plus vertigineuses.
Efficace et spectaculaire.
(T.B.)
Textes : Thierry Boillot &
Olivier Brégeard
Tigran Hamasyan
Shadow Theater (Verve/Universal) signe le retour du jeune (26
ans) prodige arménien du piano
jazz, lauréat d’une Victoire en
2011 pour son album solo A Fable
(enregistré en France). Après s’y
être essayé sur ce dernier, il donne cette fois de la voix sur la
plupart des morceaux – tous de sa
composition ou tiré du répertoire
traditionnel de son pays – aux
côtés de la chanteuse Areni Agbabian. Il y a donc du piano (sous
influences Keith Jarrett/Herbie
Hancock/Steve Reich), des murmures (comme chez Jarrett) ou
des mélopées sorties de la nuit
des temps, du saxo, de la basse et
de la batterie, mais aussi du violoncelle, du violon, des synthétiseurs et des beats électro.
« Tigran » (seul son prénom figure sur la pochette) poursuit sa
propre synthèse folklore/jazz/
rock, baroque, lyrique et passionnée, pour dresser un « théâtre
d’ombres » étrange et fascinant.
(O.Br.)
Basia Bulat
Canadienne aux racines polonaises,
Basia Bulat publie Tall Tall Shadow
(chez Secret City), un deuxième album
prometteur, flamboyant sans être
pesant, quelque part entre Cranberries
et Regina Spektor. Folk héroïque
parfois traversé de chœurs gospels
(Wires, Tall Tall Shadow), complaintes
aux orchestrations dépouillées (Paris
or Amsterdam, It Can’t Be You),
sursauts pop bercés de mélancolie
(Promise Not, Someone)… L’envoûtante voix de Basia Bulat survole le tout.
On est sous le charme.
(T.B.)