Antigone» de Jean Anouilh : variation.

Transcription

Antigone» de Jean Anouilh : variation.
«Antigone» de Jean Anouilh : variation.
Le Prologue - Samir
Voilà. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien.
Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout
à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille que personne ne
prenait au sérieux et se dresser seule, en face du monde.
Seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi.
Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien
aimé vivre. Elle s'appelle Antigone. Elle veut enterrer son frère contre l’avis de son
oncle qui est le roi...
Daniela rentre, Samir la regarde rentrer, puis parle une fois que Daniela est
assise :
Depuis que le rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne de sa sœur Ismène...
La belle, l’heureuse Ismène.
Antigone, Ismène - Marjorie, Daniela
ISMENE
__ Tu sais, j'ai bien pensé, Antigone... Nous ne pouvons pas.
ANTIGONE
__ Pourquoi ?
ISMENE
__ Il nous ferait mourir. Je ne veux pas mourir.
ANTIGONE
__ Moi aussi j'aurais bien voulu ne pas mourir.
ISMENE
__ Il est plus fort que nous, Antigone. Il est le roi. Et ils pensent tous comme lui
dans la ville.
ANTIGONE
__ Je ne t'écoute pas.
ISMENE
__ Ils nous cracheront à la figure. Il faudra avancer dans leur haine, souffrir,
sentir que la douleur monte, qu'elle est arrivée au point où l'on ne peut plus la
supporter...
Je ne peux pas. Je ne peux pas...
__ Tu n'as donc pas envie de vivre, toi ?
ANTIGONE
__ Si...
Chœur
Samir : - Antigone a peur mais elle va aller jusqu’au bout
Illyas : - Elle est déterminée cette fille ! Moi la seule personne dont j’ai peur,
c’est mon père !
Samia : - Des fois tu es déterminée mais tu ne peux rien faire ! Imagine tu as
fait le bordel toute l’année, tu as de trop mauvaises moyennes, il reste deux
semaines de cours, tu as beau être déterminée tu n’y arriveras jamais !
Zoheir : - Antigone, elle est contre l’injustice ! Pour elle, ses deux frères doivent
être enterrés.
Samir : - Elle a raison, un roi ne doit pas interdire la sépulture d’un mort !
Amel : - Ouais, tu imagines Hollande nous empêchant d’enterrer notre frère !
Zoheir en arabe : - Moi je lâche sur rien mais souvent je me sens perdu... sauf
quand je joue au foot ! Ici, j’ai du mal à m’exprimer ; Je suis né au bled, c’est
pas la même mentalité qu’ici, ici tout le monde te regarde, épie tes gestes, j’ai
du mal à m’adapter je me sens un intrus, pour eux je suis le bledard.
Laly : - Il a dit quoi là ?!!
Illyas : - Il dit qu’il lâche sur rien mais souvent il se sent perdu... sauf quand il
joue au foot !
Amel : - Il dit qu’il a du mal à s’exprimer ; il est né au bled, c’est pas la
même mentalité qu’ici, il dit qu’ici tout le monde le regarde, qu’il a du mal à
s’adapter. Il dit qu’ici il est considéré comme le bledard.
Zoheir en français : - Si j’avais du courage comme Antigone j’aimerais dire à ces
gens de fermer leur gueule
Samir : - Je n’aurais jamais pensé que quelqu’un aurait à vivre ça, à avoir à
faire ce genre de choix.
Laly : - Tu ne te souviens pas de Malala ?
Cette pakistanaise de 11 ans qui a dénoncé les talibans qui incendiaient les écoles
pour filles.
Elle, elle voulait devenir médecin.
Elle a continué d’aller à l’école.
Elle risquait la mort, elle le savait...
Mais elle l’assassiner à cause de ça.
Amel : -Ça me fait penser à ces lycéennes qui se sont fait enlever au Nigéria !
Daniela : - C’est une héroïne !
Samia : - Elle ne se préoccupe pas du regard des autres…
Je m’appelle Samia, je suis algérienne. Mes ancêtres vivaient à Oran. Moi ce que
j’aime chez Antigone, c’est qu’elle décide de se battre pour ce qu’elle croit et
d’aller jusqu’au bout quelque soient les conséquences ! J’aime sa façon de refuser
les ordres...
Je suis Samia, celle qui va aller jusqu’au bout car je préfère mourir l’esprit léger
que de vivre avec le cœur lourd. Comme Antigone, je suis celle qui choisirait la
mort pour ne pas me trahir
Illyas : - Pour moi, elle est trop têtue, elle cherche trop à comprendre...
Amel : - C’est toi qui cherches trop à comprendre
ANTIGONE - Marjorie
Comprendre... Vous n'avez que ce mot là dans la bouche, tous, depuis que je
suis toute petite. Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau, parce que
cela mouille les dalles, à la terre parce que cela tache les robes. Il fallait
comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on a dans
ses poches, courir dans le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre et boire quand
on a chaud et se baigner quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand
on en a envie !
Comprendre.
Toujours
comprendre.
Moi,
je
ne
veux
pas
comprendre.
Je
comprendrai quand je serai vieille.
Chœur
Daniela : - Moi non plus je ne veux pas toujours comprendre ! Parfois j’aimerais
retomber en enfance, quand tout était possible…
Samia : - Voir la vie d’une autre manière,
Laly : - Envisager l’avenir et puis dire non, s’opposer même si on sait qu’il y
aura des conséquences…
Amel : - Moi ça me manque de ne plus croire au Père Noel !
Samia : - A la petite souris !
Samir : - Moi ça me manque de ne plus jouer à cache-cache !
Daniela : - Je ne veux pas grandir !
Marjorie : - Grandir c’est savoir dire non !
Amel : - Faire ce qui nous semble juste même sans trop réfléchir, c’est bien.
Samia : - J’’aime cette force qu’elle affiche et cette fragilité qu’elle dissimule…
Laly : - Elle refuse de se soumettre.
Daniela : - J’aimerais bien dire non à mes parents…
« Rehab » - Amel
Il voulait que j’abandonne mon frère
Mais j’ai dit non non non
Il aurait voulu que je sois soumise
Mais j’ai dit non non non
Ma conception du bonheur n’était pas la même que la leur
Et pourtant j’aurais bien aimé vivre
Mais j’ai dit non non non
CREON - Ilyass,
C'est facile de dire non ! Pour dire oui, il faut suer et retrousser ses manches,
empoigner la vie à pleines mains et s'en mettre jusqu'aux coudes. C'est facile de
dire non, même si on doit mourir. Il n'y a qu'à ne pas bouger et attendre.
Attendre pour vivre, attendre même pour qu'on vous tue. C'est trop lâche. C'est
une invention des hommes.
Chœur
Zoheir : - C’est facile de dire non. Mais c’est aussi facile de dire oui...
Amel : - Ce n’est pas toujours facile de dire non, ce n’est pas toujours facile de
dire oui ?
Laly : - Dire non à tout ce que je n’aime pas.
Illyass : - Dire non au malheur,
à la folie des hommes.
Daniela : - Parfois dire non, c’est dire oui à la vie » c’est défendre nos droits,
nos valeurs…
Samir : - C’est quoi le bonheur ?
Marjorie : -Ne pas être obligé de faire ce que je ne voudrais pas.
Samir : - Ne pas devenir adulte ?
Marjorie : - Vouloir tout et tout de suite.
Samia : - A quoi je dis non dans le monde d’aujourd’hui ? Où est ma révolte ?
Laly : - Qu’est-ce que j’aimerais changer ?
Marjorie
Citoyens de ma patrie, regardez-moi. Je commence mon dernier voyage et je
regarde une dernière fois la lumière du soleil.
Chanson d’AMEL
Nous sommes tous citoyens
Si jeunes et pourtant si forts
Ca fait gamberger
Nous sommes tous citoyens
Si jeunes et si courageux
Il faut y aller
« On passe du temps à faire des plans pour le lendemain
Pendant que le beau temps passe et nous laisse vide et incertain
On perd trop de temps à suer, s’écorcher les mains
A quoi ça sert si on n’est pas sûr de voir demain »
A rien
Alors on vit chaque jour comme le dernier
Déterminée jusqu’à la mort si vous saviez
Combien m’ont dit de tout laisser, de tout lâcher
Alors on vit chaque jour comme le dernier
Déterminée jusqu’à la mort si vous saviez
Même si aujourd’hui j’ai tellement peur de vous quitter
Je dois vous quitter
Classe de 2nde G.A - L.P.P. Edmond Rostand
Professeur : Mme Audibert
Intervenante. Mme Fourcy
Avec le concours du Conseil Régional PACA