Tome 1 - Chapitre 3

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Tome 1 - Chapitre 3
1Ulysse DÉHÈME,
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3En ne pensant qu'à mon fils Virgile
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5et quoi qu'il soit dit, avec la plus grande volonté de comprendre, de faire le mieux pour lui et quelles que soient les 6erreurs commises ou les erreurs d'interprétation, de représentation, de compréhension,
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avec tout mon amour.
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10PS : Le souci c'est que certaines pages peuvent choquer, donc il faudrait attendre tes 18 ans. Mais à 18 ans, ça ne 11sert plus à grand­chose. Encore une décision difficile.
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16Je n'oublie jamais mes filles mais j'ai pu donner beaucoup déjà pour elles au cours des dernières années. Je ne sais 17pas si on me laissera donner autant à Virgile.
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22Jeudi 6 avril 2006 dans la nuit 1h23
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Serait­ce la sagesse ? Je vis sans pulsions sexuelles, ce qui évite des pertes de temps dont je manque. Ce 25qui est net, c'est que les femmes me laissent indifférent. Mes seules réactions fantasmes à vague connotation 26sexuelle ne peuvent s'éveiller éventuellement de façon bien limitée que dans un seul cas : si je pense à Bénédicte. 27Le contact physique avec Bénédicte était une approche globale, deux individus en phase utilisant un outil 28supplémentaire pour fusionner davantage. Pas vraiment du sexe, une fusion, des vagues. Très doux, très tendre, 29générateur de beaucoup de bonheur.
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31Jeudi 6 avril 2006
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Ce soir Valentina m'a lu quelques articles de Courrier International. C'est un cap intéressant : il est très 34difficile de l'extirper de ce monstre glouton et castrateur qu'est l'Education nationale pour l'intéresser à autre chose. 35Deux mois de manifs contre le CPE + Valentina qui manifeste dans les opposants au blocage : une conscience 36s'éveille.
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Je l'ai fait monter sur la table du salon pour faire une dizaine de photos pour lui permettre de constater 39qu'elle n'est pas grosse. Peine perdue : l'obsession n'est pas du domaine du raisonnable. En tout cas, l'obsession 40est là et rien ne la freine : ni les régimes, ni les peelings, ni les lasers, les crèmes et pilules. L'obsession mène à la 41paralysie, phénomène que j'ai bien connu à l'adolescence. Aucun raisonnement ne peut agir, l'obsession de 42l'apparence bloque l'expression de la vie.
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44Valentina s'est beaucoup occupée de Virgile ces dernières fois : bain, pyjama, vêtements, rangement, pliage, 45joujous, câlins... Virgile est fort satisfait.
1LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
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47Mardi 4 et mercredi 5 avril 2006
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En ce moment, le soir, Valentina, quand elle va se coucher, demande la présence de son père à ses côtés. 50Nous parlons et deux soirs de suite a eu besoin d'un massage de pieds (elle a un orteil déformé qui la fait parfois 51souffrir). Elle me lit un texte de ma revue qui explique sous l'angle d'un journaliste américain les castes en Inde, que 52Valentina venait d'étudier.
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54Jours suivants
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Massages de pieds et échanges « philosophiques » se poursuivent. « Amitié et pérennité. » Pourquoi 57commencer si on doit finir ? Si on ne commence pas pour ne pas finir, pourquoi vivre ? ... Classique. En tout cas, 58j'apprécie ces conversations avec Valentina car sur ce type de sujets, c'est rare. 59
Tout ce qui est ontologique nourrit nos échanges avec Floriana depuis qu'elle parle. Beaucoup d'amour et 60de respect dans nos conversations.
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62Dimanche 9 avril 2006
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Quand je pense Bénédicte
J'entends Ulysse
Quand je pense Ulysse
Je vois Bénédicte
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69Dimanche 9 avril 2006
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Depuis mi­août que Bénédicte et moi nous sommes quittés, je n'ai jamais eu envie de sexe. Mais je suis sûr 72qu'avec Bénédicte, je me replongerais très vite dans un contact physique total et que je retrouverais toutes mes 73sensations enfouies/enfuies. Le sexe ne m'intéresse pas mais seule la fusion avec Bénédicte pourrait me faire vibrer. 74Sinon, depuis 8 mois, aucune femme n'a même éveillé mon attention. Ce domaine chez moi (le sexe) a toujours été 75secondaire en tant que besoin. Les très fortes sensations pour moi ne vont toujours de pair qu'avec de fortes fusions 76mentales. Une seule fois (toujours 1985), j'ai ressenti une folle passion extrêmement physique. Mais la fusion 77mentale avec Bénédicte a généré pour nous deux des sensations infinies.
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79Lundi 10 avril 2006
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Bénédicte ayant, à mon sens, reconquis son indépendance mentale, intellectuelle, physique ; se sentant à 82nouveau forte par la violence de ses actes des derniers mois, ayant ainsi reconstitué la bulle protectrice nécessaire à 83sa survie, ­­ en y pénétrant à cause de notre relation devenue amoureuse, je risquais de la faire éclater – une 84nouvelle relation, de monde à monde, de bulle à monde, pourra­t­elle s'établir ? Les choses ayant repris leur place, 85une relation respectant les nécessités de sa bulle sera peut­être possible. Nous pourrions reprendre de nombreux 86échanges, à condition de sauvegarder sa bulle. Non pas sa résilience mais la reconstruction de sa bulle sera­t­elle 87sinon achevée, du moins suffisante, à la « fin » des actions en justice pour la garde de Virgile ? Beaucoup 88d'épreuves pour tous – une énorme pensée pour Virgile, qui semble pour le moment préservé (?) – pour reconstruire 89une bulle dont je sais maintenant que Bénédicte ne pourra jamais sortir.
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2LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
91Vendredi 14 avril 2006
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En allant poster mon courrier, je me suis arrêté dans une boutique de fringues. Comme il est hors de 94question que je perde 2 minutes pour ça qui, comme tous les détails de la vie quotidienne et en particulier tout ce qui 95de forme m'ennuie profondément, c'est pratique car leur porte est toujours ouverte, dans le bon axe, et il n'y a qu'à 96tendre la main. Après 3 ans sans avoir rien acheté, 3 fois que j'y vais. Toujours la même vendeuse qui s'occupe de 97moi : calme, patiente, souriante, elle sait que je veux de la couleur et qu'elle doit choisir pour moi puisque ça ne 98m'intéresse pas. En fait, et comme très souvent (presque toujours), excellent contact avec Laurène, établi vite et 99facilement. Elle a fait des études en communication événementielle, s'entend très bien avec son père, termine un 100CDD de 3 mois à Orjeu après avoir tenu une boutique à Paris et part pour 3 mois en Virginie, dans de la famille, pour 101parfaire son anglais. Elle a 27 ans. Entre­temps, contact avec le vendeur homosexuel pour essayer de trouver des 102sous­vêtements. Comme je ne connais pas la différence entre caleçons et boxers, nous allons dans une cabine et il 103me fait voir sur lui car il ne porte que des boxers depuis 10 ans. Je ne prends rien car je voulais des slips colorés et il 104n'a que des boxers colorés ou des slips sans couleur, mais avec un grand sourire chaleureux, il me remercie de mon 105extrême gentillesse. Je lui réponds que c'est lui qui est très gentil.
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Depuis 40 ans, ça n'a pas changé : j'apprécie les femmes et les homosexuels. Ce sont les seuls avec qui 108j'établis immédiatement un contact sans arrière­pensées, spontané, en confiance. Pas compliqué et reposant. La 109sensibilité qui me correspond. Les hommes, je ne les vois simplement pas. Ils sont transparents. Je ne ressens pas, 110je n'établis pas de contact, ils ne m'intéressent pas, sauf les top intellectuels (les derniers écoutés : Finkielkraut, 111Glucksman, Coppens, Ferry...) mais c'est un autre plan. Je crois que ce vendeur, tout à fait adorable, a peut­être été 112surpris de sentir autant de contact avec un « homme ordinaire ». S'il savait ! Dans les années 80, j'étais le meilleur 113vendeur de mon service (de très loin) dans le groupe Arès mais sans m'en rendre compte au début, j'avais 114développé une clientèle exclusivement composée de femmes, dont beaucoup jeunes et belles, et d'homosexuels, 115dont de nombreux couples. Je ne m'en suis rendu compte que quand mon chef de service m'en a fait la remarque, 2 116ans après, au moment de la remise de books photos pour sélection TV (vente conseil / communication 117événementielle que j'ai ensuite développée en tant que chef de service). Tous mes clients m'étaient extrêmement 118attachés, phénomène que je n'avais pas mesuré non plus.
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Bref, dans cette boutique, relation éphémère avec Laurène mais comme toutes les relations que je 121développe, instantanément et facilement n'importe où, très agréable car pleine de confiance. Tout le monde me fait 122instantanément confiance (pas tout le monde : les femmes et les homosexuels) et à juste titre. Nous reparlons des 123Etats­Unis, je lui donne ma carte parce qu'elle me dit qu'elle m'enverra une carte postale (promis, promis, et je sais 124qu'elle le fera) et un e­mail. Au moment de partir, et c'est adorable, elle me demande qu'on se fasse la bise : elles 125sont toutes trop mignonnes, elles me manqueront (maintenant que je suis un débris).
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Je pense que cette confiance totale que je génère immédiatement chez les femmes est peut­être mon bien 128le plus précieux car ça me permet instantanément d'avoir de vraies relations partout et en des temps très brefs. Que 129ce soit à un péage où Eleonora était stupéfaite une fois de voir que, le temps de payer, j'avais eu le temps de parler, 130d'échanger avec la jeune femme dans sa cabine, de savoir où elle vivait, de quelle heure à quelle heure elle 131travaillait, qu'elle avait 2 enfants, ses violons d'Ingres... Et franchement, avec une vraie facilité de franchise, sans 132appréhension. 133
La seule femme avec laquelle j'ai en même temps instantanément compris, ressenti l'énorme valeur de 134l'individu, tout en mettant en même temps des années à établir un contact avec l'inconscient affectif, c'est Bénédicte, 135la maman de mon amour de fils (un garçon !). Accès à l'individu mental, intellectuel, j'ai été le seul à réussir ça 127
3LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
136immédiatement, puisque personne n'a jamais compris qui était Bénédicte, mais 10 ans pour établir un contact qui 137implique de trouver un accès à l'être profond affectif. Avec les résultats que l'on connaît. Mais quand je vois Virgile, il 138m'apparaît bien certain que j'ai toujours eu totalement raison concernant Bénédicte. Notre fils est si visiblement 139intelligent, éveillé, adorable, intéressé, équilibré, joyeux, que notre aventure devait aller jusqu'à ce miracle. Il ne 140manque plus qu'un coup de baguette magique sur la mère. Nous avec Virgile, on est prêts : papa aime toujours 141autant maman, le petit coup de baguette qui ramène à la conscience et brise les digues des contraintes et 142agressions de l'enfance (j'ai fait en 85) et nous pourrons tout de suite vivre enfin l'immense bonheur d'être tous les 143trois.
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Mais je crois que Bénédicte a trop en tête une chose fausse : c'est que si nous sommes ensemble, Virgile 146est toujours collé à son père. Mon expulsion ne risque donc pas de prendre fin. J'ai été condamné à la peine 147d'expulsion à perpétuité.
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149Vendredi 14 avril toujours
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Un soir vers minuit 30, je revenais de Paris. Je me gare en bas de chez moi à Orjeu et en vidant du coffre 152ma mallette, je vois 2 jeunes filles mignonnes, sexy, s'arrêter à côté et commencer à quitter leurs chaussures en se 153plaignant. J'engage naturellement la conversation. Elles avaient cherché du boulot toute la journée, étaient fatiguées 154et devaient retourner au Nord d'Orjeu. 18 ans toutes les deux. Ont passé le bac mais arrêtent là. Je remets ma valise 155dans le coffre et leur propose de les ramener chez elles, ce qu'elles acceptent avec enthousiasme car, comme je l'ai 156déjà dit, toutes les femmes me font confiance, de tous âges. Nous discutons, elles m'expliquent tout : pas d'argent, 157hébergées par leurs soeurs, pas de place, pas d'argent... Mignonnes, gracieuses. Nous arrivons, elles ne 158descendent pas, donc je pose une question :
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– Il est 1 heure du matin, vous êtes jeunes et mignonnes, je suis un vieux dans une grosse bagnole. 160Pourquoi êtes­vous montées dans ma voiture ? Je peux être n'importe qui.
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– Oh non, non, on ne monte pas facilement avec n'importe qui. Avec vous, on a eu confiance tout de suite ! 162Avec des jeunes, on serait pas montées. Déjà, ils nous auraient d’emblée agressées verbalement.
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C'est bien, cette capacité que j'ai : c'est facile partout. Pour Virgile, j'ai une carte du « Club des 165mamans » pour ses vêtements et effectivement, à chaque fois que j'y vais, il n'y a que des jeunes mamans et le 166dialogue s'engage très vite, nous échangeons des conseils – je ne sais pas ce que font les papas. Et avec Virgile, on 167va fouiller dans le rayon des filles pour trouver de plus belles couleurs. Ça y est, les vendeuses s'y sont habituées.
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Pour finir avec mes 2 jeunes filles, elles sont descendues à regret, 20 minutes après qu'on soit arrivés. Je 170pense que ça se passe toujours bien parce que les femmes savent que je m'intéresse à elles et que je ne les drague 171pas. Et pourtant, il paraît que chez Arès, j'avais une réputation sulfureuse. D'ailleurs, est­ce que ça aussi n'a pas 172joué pour Bénédicte ? Elle n'a pas arrêté de me seriner pendant des années, à me dire que ses amies fantasmaient 173sur moi. Pendant que tout le monde a été persuadé pendant des années que Bénédicte et moi couchions ensemble. 174Je crois même que ça a donné lieu à des spéculations/paris. Il est vrai que les hommes en particulier pensent que je 175suis un dragueur parce que je lie facilement contact, ce qui n'a pas l'air d'être le cas pour certains. Jusqu'à Michel qui 176s'était vexé parce­que, en Tunisie pour le boulot, en nous promenant, 2 tunisiennes ont proposé de rentrer avec moi 177en France, et aucune à Michel, pourtant plus jeune, en meilleur état et plus fortuné. En Thaïlande, Eleonora s'était 178fâchée pour les mêmes raisons. En Inde aussi, 2 voulaient rentrer avec moi, dont une masseuse. Mon profil austère, 179malgré les apparences, ne me laisse sûrement pas profiter de la vie autant qu'il serait souhaitable. Sans compter Anne­
180Sophie que je regrette toujours d'avoir rejetée. Belle, jeune, intelligente, équilibrée et amoureuse de moi – j'avais 44 169
4LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
181ans – et que j'ai rejetée alors qu'avec beaucoup de douceur, après un dîner de groupe, elle avait passé son bras sous 182le mien et désirait que nous passions la soirée ensemble. Je l'ai plantée là. L'austérité ! Deux ans après, elle m'a invité 183à son mariage. Je n'y suis pas allé. J'ai toujours la carte.
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J'ai managé des vendeurs, vendeuses et des centaines d'hôtesses que j'ai toujours protégées des 186connards. Je n'ai jamais couché avec aucune bien que plusieurs se soient proposées. J'ai même dû faire virer la 187chef d'agence de mon organisation pour harcèlement sexuel à mon égard. C'est arrivé avec des clients à qui je ne 188demandais rien. Jalousie, bagarres, harcèlement, chantage ! Parce que je ne voulais pas. Le monde à l'envers. Une 189soirée où j'ai été invité chez des clients­amis, nous étions 11 : 5 femmes, 5 homosexuels et moi. J'ai quand même un 190grand sens de la relation publique car en tant que seul homme, à peu près tout le monde m'a dragué mais ça n'a pas 191dégénéré. Le plus pénible, c'était les bagarres de femmes sur le stand et les rares courriers des maris au siège.
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Oui c'est vrai, j'avais passé 5 jours dans les Alpes avec la femme de l’un d’entre eux mais je n'allais pas 193bien après Laure (1985) et j'avais besoin de réconfort, et beaucoup de femmes ont senti que j'allais très mal. 194L'expérience violente de 1985 avait fait exploser tous mes blocages. Toutes les femmes qui se sont occupées de 195l'épave que j'étais en 85­86­87 se sont vraiment relayées pour me reconstruire. Merci Christine, Agnès, Isabelle, 196Annie, Laure (le retour), Elisabeth, Sylvie, Christiane, qui sans me juger, sans rien me demander, sans rien attendre, 197se sont toutes immédiatement données, mises à disposition, sans restriction. J'étais dans un autre monde, hors du 198monde, et elles se sont données sans questions et sans espoir, je pense, de m'atteindre dans mon désespoir. Elle 199m'ont toutes fait confiance totale : elles se sont données immédiatement et totalement, sexuellement, sans rien 200attendre, puisqu'elles savaient bien que j'étais incapable de donner quoi que ce soit du fond de mon trou et qu'en 201même temps, toutes les femmes que je croisais n'avaient qu'une envie : s'occuper de moi. D'ailleurs la dernière que 202j'ai rencontrée dans cet état d'esprit et avec laquelle effectivement nous avons immédiatement passé la première nuit 203ensemble (follement sexuel et tendre – toujours de la tendresse, c'est ma recherche et j'en donne), c'était Eleonora, 204mère de mes filles. (Ça fait plusieurs fois que j'écris en dormant : mon écriture s’effondre).
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J'ai une incroyable facilité à entrer en phase avec les gens, sauf avec Bénédicte, étant donné le sinistre 207intérieur. Dommage. On passe à côté de nos vies.
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209Vendredi 14 avril toujours – 2h10 du matin
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Je me lève à 6h45 pour emmener Kiki à Orly direction Milan. Le 23 avril, je vais chercher Virgile qui sera 212gardé le 25 par Ombeline et Gilles car je vais à Orly chercher Kiki et Loulou qui arrivent de Milan. Puis j'emmène Kiki er
213chez Pauline à Lorris les 29 et 30, puis Floriana le 2 mai à Orly, et Virgile le 1 mai au soir chez sa mère mais je le 214reprends le 2 et le 3, puis le ramène pour les ...
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Je parle souvent avec Céline, la jolie petite brune, pharmacienne. Elle connaît Virgile dont je lui ai expliqué 219un peu la situation. Mais je lui ai dit que Virgile va bien, qu'il est très équilibré et qu'il se rassure beaucoup sur son 220papa. Puis nous avons élargi et je lui ai dit que depuis août dernier, pas de sexe pour moi et que franchement, ça 221m'était indifférent puisque sans amour... Nous commentons les seules valeurs qui vaillent, les valeurs féminines et 222donc concernant mes différentes façons de voir ou de ressentir, par exemple le sexe, elle me disait : « Ah oui, 223comme les femmes » Nous avions donc parlé beaucoup de différentes valeurs et concernant le fait qu'en nous 224voyant il lui semblait évident que je suis très rassurant pour Virgile, elle a ajouté : « D'ailleurs, je ne sais pas 225comment vous faites pour gérer vos relations avec les femmes parce que vous devez leur inspirer le même 218
5LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
226sentiment de sécurité à toutes. En tout cas, moi je n'ai qu'une envie, c'est d'aller me blottir dans vos bras. » Ce qui 227est merveilleux dans ces échanges, c'est que quand les gens savent qu'on ne triche pas et qu'ils peuvent avoir 228confiance, ils se livrent sincèrement.
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230Samedi 15 avril 2006 – nuit – 2h30
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Virgile et sa forte présence me manquent. J'ai regardé la photo où il a sa tête sur mon épaule (avec sa 233casquette) et son visage rempli d'une totale sécurité, totalement abandonné. Total bien­être d'une épaule totalement 234fiable. Est­ce qu'on pourrait se remettre à faire des choses ensemble avec Bénédicte ? Se promener ensemble, 235regarder jouer Virgile ensemble. Comme sa bulle est vide de sentiments transmissibles et fermée aux sentiments 236non recevables, il est miraculeux que nous ayons, dès le début de notre relation amoureuse, très forte et très vite 237condamnée par les fortes perturbations générées, eu un magnifique bébé, un petit garçon plein de personnalité, de 238charme et d'amour.
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(Je me suis endormi).
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Il serait beau que nous puissions vivre des choses ensemble, il le mérite. Puisque nous nous sommes 243séparés sans raison, ce qui s'en est dit n'a pas d'importance. Nous pourrions recommencer avec une grande 244indulgence.
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(J'ai pris un somnifère, je m'endors, d'où l'écriture désordonnée).
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248Nuit du 16 au 17 avril 2006 (ou du 17 au 18) – 2h20 du matin
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Bénédicte m'a beaucoup donné pendant des années (1995 à 2001). Tant qu'elle ne l'a pas compris, ou ne l'a 251pas intégré, ça n'a pas posé de problème. Tant qu'elle n'a su, voulu, intégrer la signification. En 1998, je suis entré à 252l'hôpital et j'ai été en arrêt pendant 3 mois. A mon retour, elle n'en pouvait plus et n'était encore dans la société que 253parce que je devais revenir. Elle m'a dit être envahie d'un ennui insupportable : « Quand tu n'es pas au bureau, je n'ai 254personne à qui parler : pas de niveau, pas de compréhension possible, pas de vision. » Mon « intelligence » lui 255manquait, elle n'avait aucun centre d'intérêt en mon absence. « Jamais je ne m'ennuie avec toi, quand tu n'es pas là, 256je m'ennuie de façon insupportable. » Sans ma présence, Bénédicte aurait quitté la société depuis longtemps.
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... Mais « ennui », mot finalement bien protecteur pour Bénédicte, qui nous a permis des années de relation 259puisque Bénédicte ignorait tout des relations affectives. On aurait pu s'aimer toute une vie si on n'en avait jamais 260parlé. Mais on ne peut en particulier occulter le fait d'être enceinte ou d'accoucher. Nous aurions pu continuer à vivre 261une relation très forte en ne continuant à la vivre qu'au travers de projections mentales, de concepts, dans un monde 262mi­virtuel où nous aurions continué à tout pratiquer de la vie dans ses représentations mais pas la vie elle­même 263dans ses réalités : ontologie, métaphysique, existentialisme, philosophie, art, tissus, musique, peinture, sculptures, 264très peu lecture pour Bénédicte puisqu'il lui a été interdit de lire pendant son enfance, voyages, sociologie (et surtout 265pas relations humaines)...
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Certains de nos plus beaux moments ont eu pour environnement des concerts, des musées, des villes d'art, 268des paysages. Nuit au clair de lune dans un château de Touraine où nous étions seuls, boutique de peinture 269(D'Orcel) XVIIIè et XIXè siècles (ma période de prédilection, beaucoup moins celle de Bénédicte), exposition de tapis 270en Tunisie (Bénédicte est une spécialiste des tapis, que j'aime mais auxquels je ne connais pas grand­chose), 267
6LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
271concerts de Sarangi avec Ram Narayan et son fils Britt et sa fille, où l'ambiance était surréelle, extraterrestre 272(Bénédicte ne connaissait pas mais a complètement décollé) ; Bharata Natyam et Sarod avec Raghunat Manet à 273Saint­Jean de la Ruelle ! (après New­York !!), Bénédicte découvrait et a été enchantée ; Ravi Shankar et Anoushka 274Shankar, sa fille de 20 ans, après 25 ans d'absence de Paris, dieu vivant pour moi, de même que Ram Narayan que 275je suis allé saluer après son concert, mains jointes et tête baissée en signe de respect, à l'indienne.
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Les boutiques de bijoux à Nantes, en Tunisie (boutique juive), nos visites de la Bretagne, de Venise, mais 278surtout toutes nos phases mentales pendant des années d'exercice professionnel commun (seulement pro ?). A 279nous deux une équipe complète, une extraordinaire puissance de travail parce qu'une confiance totale dans l'autre et 280une motivation, une énergie nous venant de l'autre. Une énergie sans limites à deux et pour chacun de nous, une 281absence totale de motivation et d'énergie, privé de l'autre. Des années à 12 heures par jour ensemble, au bureau ou 282en déplacement professionnel, avec des horaires déments en événements 7 jours sur 7 (pointes record à 115 283heures par semaine à Paris, Chamonix ou ailleurs). En tout cas, à deux, nous avons développé des projets 284grandioses que nous n'aurions même pas osé imaginer l'un sans l'autre. Mais vraiment à deux, le reste de la société 285étant exclu de nos expertises, compétences, créativité, délires créatifs.
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Bénédicte est arrivée complètement repliée sur elle­même en 1993. Je lui ai toujours fait confiance, elle a 288développé des projets professionnellement de plus en plus complexes et de plus en plus pertinents : créés, réfléchis, 289conçus à un très haut niveau, avec une énergie sans limites, sous ma caution, protection (« mon paratonnerre », 290disait­elle). Je l'ai totalement protégée pour qu'elle puisse se développer sans limites sur tous les plans : 291communication, négociation, conception/création, réalisation, analyse, management de prestataires et les moyens 292pour aller de pair : 2 millions d'Euros par an, c'est­à­dire 2 millions d'Euros nets par an pour la communication 293événementielle, hors véhicules et autres frais ; 3 millions d'Euros au total. Et Bénédicte a donné sa pleine mesure. 294De l'intelligence de l'analyse au foisonnement de la créativité, jusqu'à la perfection de la réalisation. Seul point où je 295devais assumer : un manque de réalisme financier. Mais c'était moi le grand argentier, je planifiais même les 296dépassements. Nous nous battions ensemble chacun pour l'autre et parce que tous les deux nous sommes des 297combattants, des réalisations poussées à l'extrême de leurs possibilités. Tous les deux, nous ne tenons aucun 298compte de nous­mêmes mais avons la vision de ce que nous voulons réaliser. Pour cela, tout doit suivre : nous et 299les autres. Mais en général, nous comptons plus sur nous­mêmes.
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Toutes ces années, nous avons travaillé et survécu et développé parce que Bénédicte avait Ulysse et 302Ulysse avait Bénédicte. Réserves inépuisables de confiance et d'énergie. Dans un monde (le groupe Arès) d'ailleurs 303où seuls les plus forts survivent. Nous, c'était un peu différent : je suis incapable de me soumettre à la moindre 304structure organisée (même et surtout en bataillon disciplinaire à Speyer en Allemagne en 1972, dans le génie de 305combat de l'armée d'occupation) et donc, fidèle à moi­même, mais chef de service chez Arès, j'ai complètement revu 306et corrigé mes activités en fonction de ma propre vision stratégique. J'ai créé un service dont les activités ont été 307multipliées par 10 mais en électron libre ; service avec ses propres organisations, prestataires, son type de 308management de sa force de vente, sa gestion financière... Dans ce monde particulier, nos esprits étaient en phase et 309généraient une énergie maximum.
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En 2001, Bénédicte est partie travailler à Paris et a commencé sa descente aux enfers. Au bout de 6 mois, 312à l'automne 2001, j'ai essayé de la récupérer. En univers hostile, macho, sans moi, elle s'est effondrée et fin 2001 313était très suicidaire. C'est là, sans le voir au début, qu'on s'est dirigés vers un autre type de relation. En 2002, nous 314sommes très proches : phases intellectuelles... et affection mais pas de désir d'autre chose. Fin 2002, après un salon 315(Bénédicte partie est revenue travailler pour moi comme prestataire, revenue sur Orjeu), me donne un baiser très 311
7LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
316passionné. En déplacement en Bretagne, nous prenons alors 2 chambres communicantes. Sans équivoque, 317Bénédicte, un jour au petit matin, s'est glissée dans mes draps. Je l'espérais déjà depuis un peu. Nous étions le 31830/03/03. Nous nous sommes peu vus. Avons passé un merveilleux mois de juillet ensemble chez Bénédicte, pour 319laquelle il a été dur que je parte environ 15 jours en août à Venise avec mes filles. Mais ce mois de juillet 2003 a été 320très doux, très sexe et voyage en Bretagne. Fin 2003 pénible, nous nous voyons peu.
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Depuis des années, tout le monde à Arès pense que nous « sommes en couple ». Ça n'est même pas une 323question mais une certitude qui nous a éberlué pendant des années. Tous mes amis qui partaient du groupe me 324posaient comme dernière question : « Allez, dis­le moi, Bénédicte et toi, vous couchez ensemble ? » Ce qui paraît 325surprenant, c'est que soit ils n'ont pas compris la richesse de notre relation, soit l'ayant comprise, ne l'imaginaient 326pas sans sexe. J'ai appris par un des derniers départs que Bénédicte, dans toutes les réunions qu'elle faisait sans 327moi (nous en faisions beaucoup : information de la force de vente), faisait mon apologie de façon inconditionnelle : 328vision, intelligence, créativité, management, gestion... « Pour elle, tu es un dieu, aucune contestation possible. »
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En 2004 et 2005, notre relation a été très amoureuse, très douce et très perturbée. Nous avions abandonné 331les repères rassurants pour Bénédicte. Je suis pourtant devenu son « coeur », « Tu habites tout mon coeur », son « 332tigre ». Que pourrais­je être maintenant ? Qu'est­elle maintenant sans moi ? Que pourrions­nous être maintenant ? 333Que voudrions­nous être l'un sans l'autre, alors que nous sommes indissociables, que l'un sans l'autre nous nous 334ennuyons, nous n'avons pas d'enthousiasme ? Tant qu'on ne se dit pas qu'on vit, ou qu'on y arrive, on peut vivre, on 335peut aimer. Maintenant qu'il est bien clair que nous ne pourrons plus jamais vivre ensemble, il est peut­être temps 336d'essayer de recréer une relation et si jamais elle se crée, nous ne la verrons même pas, comme ça elle pourra durer 337et ça sera génial pour Virgile.
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J'écris en dormant et ça se voit.
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Quels seraient les comportements qui pourraient permettre une relation avec Bénédicte ? Quelle est sa 344relation type, d'une « normalité » acceptable, supportable et valorisante pour elle ? Si je pense aux pages précédentes, 345écrites cette nuit, ce serait déjà certainement une relation qui, pour ne pas générer d'angoisses, ne dirait pas son 346nom. Comme au théâtre ? (Bénédicte adore le théâtre d'ailleurs, que j'apprécie peu). Beaux sentiments, intenses, 347tout comme dans la vie mais sans engagements et d'une durée certaine, finie. Sentiments très élevés, sans 348confrontation (relation) réelle, sans quotidien, sans durée. De l'intensité dans le virtuel. C'est finalement ce que nous 349a permis le domaine professionnel : nous avons vécu intensément tous les deux pendant 6 ans, sans nous 350préoccuper du reste du monde, nous suffisant à tous deux en même temps que chacun totalement nécessaire, 351chacun représentant la source de vie de l'autre, une vie commune de deux individus totalement liés, sans aucune 352contrainte ni angoisse liées à une vie de couple classique, réelle. « Seulement » les explorations mentales les plus 353enthousiasmantes. Une vie d'un couple indissociable, uni uniquement pour le plus beau ou le plus valorisant, un 354idéal qu'il aurait fallu savoir sauvegarder et développer précieusement. C'est moi qui, de façon réductrice, ai viré vers 355le monde trivial du quotidien, du réel. Même pour Virgile, Bénédicte avait perçu le danger : « C'est notre couple qui 356est prioritaire, Virgile devra toujours passer en second, Virgile ne doit rien changer entre nous. » En permettant 357Virgile, que Bénédicte appelle un miracle, j'ai apporté le miracle qui ne pouvait que tuer notre histoire d'amour 358commune.
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« Un vrai bonheur ! » m'a dit un jour de 2003 Bénédicte. Il s'agissait de sexe.
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Comme il y a 20 ans et comme il y a 30 ans, je suis sans domicile fixe. Comme il y a 30/40 ans, je n'ai plus 367de lit. Comme il y a 20, 30, 40 ans, je vis seul, J'AI RECUPERE MA LIBERTE DE PENSER. Comme dans les 368années 70, milieu 80, je suis mes envies et mes rythmes concernant mon activité (« professionnelle »). Comme dans 369ces années­là, je suis affranchi d'angoisse financière (je me fous complètement de l'argent mais maintenant j'en ai, 370car j'ai aussi 3 enfants). 371
J'ai récupéré ma liberté de penser, mon esprit explore à nouveau « l'univers », se développe à nouveau. 372Exit la régression mentale et intellectuelle de la fin des années 90 due à la pression aveugle et imbécile de mon 373milieu professionnel, acceptée pour la première fois de ma vie pour une seule raison : mes filles.
374Car pour moi­même je n'accepte pas de subir – aucune entité organisée n'a jamais pu me contraindre à subir, même 375pas l'armée en Allemagne, en compagnie disciplinaire : plutôt mourir que subir, sauf pour mes enfants. Là ma 376construction profonde change et ça devient : tout subir et en mourir plutôt que de ne pas leur donner toutes les 377chances de bonheur possibles.
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En tout cas, en ce moment, par le jeu de circonstances que dans ma vie j'exploite systématiquement dans 380le même sens, mon esprit a repris son envol et son développement. Adolescent, chez mes parents, j'avais sorti tous 381les meubles de ma chambre y compris le lit. Je dormais par terre à même le sol dans un coin de « nature » gros 382rondins de bois et mes compagnons pour lesquels j'avais une passion : serpents, oiseaux, souris, poissons. Fenêtre er
383ouverte du 1 janvier au 31 décembre. L'hiver, ­5° dans ma chambre. De toutes façons, l'hiver je n'étais jamais là le 384week­end, j'allais dormir en forêt avec un copain : sous la pluie, la neige, par –10° et naturellement à même le sol, 385sans tente, jamais. Le vrai bonheur pendant 7 ans. J'ai toujours trouvé débile le boulot des constructeurs de maison 386qui nous font dormir face à un obstacle de béton (le plafond) alors qu'au­delà règne l'infini. Les chambres sont 387construites pour des gens debout alors qu'elles devraient l'être pour des occupants couchés. Les ouvertures 388devraient porter vers l'infini, les étoiles, la lune et non pas nous écraser d'une dure limite finie (et même pas 389décorée). Toutes les nuits, la totalité de la population dort face à un mur. Peut­on espérer une civilisation sur de 390telles bases – absence de bases – qui écrasent l'individu et l'esprit nuit après nuit. Pas d'envol pour l'esprit.
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J'ai beaucoup dormi dehors en Turquie (avec une machette sous la tête). Au Népal aussi (habitants très 393hospitaliers). Moins en Inde mais par contre avec un lépreux. En Yougoslavie aussi mais j'ai fini en prison. En Iran, 394c'était pas facile. Afghans à Kaboul; les Irakiens m'ont comme il se doit expulsé en plein désert. Je n'ai pas connu 395Ceylan car à 7 Français, nous avions bloqué un bateau de 3000 personnes et nous avons été expulsés par la police 396indienne. J'ai dormi assez souvent dans la jungle népalaise avec une mignonne petite blonde ou le plus souvent 397avec des familles népalaises. La terre est vaste en dehors de nos cubes de béton.
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J'avais réagi très vite, de façon très efficace : de 17 à 25 ans, j'ai dormi tous les week­ends (essentiellement 400l'hiver, automne) en pleine forêt, à même le sol, visage (et corps) exposé aux éléments que je pompais avec avidité par 401tous les pores de ma peau. Je ne dors jamais bien dans une maison : quand on sait ce que c'est de dormir avec le vent ou 402la pluie sur le visage, avec les arbres vivants autour et au­dessus de soi, le ciel nuageux ou étoilé, la lune, le hululement 403des chouettes, les branches qui bougent et qui chantent, élément totalement intégré d'un univers global sans limites, 404mentalement en lien direct avec les étoiles, comment s'étonner que je ne me sois jamais adapté à dormir dans un cube de 405béton, habituellement appelé « chambre », qu'on devrait appeler chambre d'isolement, angoissante, des limites 399
9LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
406totalement imposées, annihilant d'emblée toute élévation, toute compréhension, toute intégration à l'univers qui nous 407entoure. Un outil à régresser. Une chambre étanche pour éteindre tout envol de l'esprit. En plus ils ferment tous les 408volets : tous fous !
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Ce qui explique que depuis 40 ans, sauf à me dévouer pour les autres : femmes, enfants, dès que j'en ai la 411possibilité, je deviens nomade, SDF ; que, une fois de plus, comme en 75, 85..., je n'ai plus de chambre, plus de lit et 412que même à ma résidence mobile de Châteauvieux, je ne dors jamais dans le lit et que, autant que possible, j'irai 413plutôt dormir dehors et pas dedans. Là mon esprit pourra reprendre son envol, se remettre en symbiose avec 414l'univers. Juguler en partie l'esclavage moderne. Comme dans l'Antiquité, nous n'avons d'autre choix que de sortir de 415nos blocs pour aller grouiller à des activités qui pour la très grande majorité nous font vomir, les yeux toujours vers le 416sol pour des activités sans portée, sans jamais les lever. A propos, que ce soit clair, je suis totalement et athée et 417agnostique. LIBRE PENSEE. J'ai une incapacité qui est pour moi une grosse force : je suis incapable de m'attacher 418à quelque bien matériel que ce soit et même, posséder me rend nerveux. C'est pour moi autant d'obstacles à penser 419librement.
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Depuis que j'ai 12 ans, seul le mental m'intéresse. Pour ma famille, j'ai accepté pendant 15 ans d'être cadre 422supérieur (efficace) et de subir une régression mentale et intellectuelle que j'ai crue irréversible. Heureusement, 423périodiquement, j'ai la chance de « tout » perdre sur les plans financier et couple, et chaque fois, dans la douleur, 424c'est un merveilleux renouveau. Très vite, après quelques frémissements de réadaptation qui semblent infructueux, 425de lui­même mon esprit, après une période de léthargie forcée, reprend son envol. Il sort de sa chambre béton 426d'isolement à lui. Etouffé pendant des années par l'aridité de pitoyables contraintes professionnelles (le « 427pragmatisme » de l'esprit de synthèse, « aller à l'essentiel » !, c'est­à­dire n'aller nulle part). On le croit mort mais il 428reprend son envol. Il suffit d'avoir la chance de tout perdre, en particulier sur le plan affectif, qui est toujours une 429forme de vampirisation. Pas que ça mais toujours ça. Ceci dit, tout perdre jusqu'à son domicile et bien sûr l'être aimé 430mais dans l'indépendance financière, pour l'esprit, c'est mieux. La leçon de 1985 a été retenue.
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A propos d'indépendance financière, je suis propriétaire de 9 maison ou appartements, acquis seul (non, 6 433puisque j'en ai donné 3 à Valentina, Floriana et Virgile), ce qui fait beaucoup pour un SDF. Mais j'ai réussi à 434supporter d'être propriétaire, ce qui me rend extrêmement nerveux – allergie à la propriété – en rendant tout cela 435virtuel. J'ai acheté sur plans, signé par procuration à mon notaire et ne suis jamais allé les voir – même pas de 436remise de clés, déléguée elle aussi. Je déplace des colonnes de chiffres mais pour moi tout cela est virtuel. De plus, 437cette rigoureuse construction d'indépendance financière n'a été lancée que pour une seule raison : la naissance de 438mes enfants. Je suis très pragmatique pour le bonheur de mes enfants. Mon esprit ne s'envole que quand ça ne 439dérange pas. Néanmoins, après ma régression intellectuelle et spirituelle des années 1997 à 2002, les circonstances 440actuelles extrêmement dramatiques pour moi – je suis coupé de la femme de ma vie, Bénédicte, mère de Virgile – 441me permettent de laisser à nouveau mon esprit s'envoler. A vrai dire, il m'est même désagréable de mettre des 442chaussures et à l'état « sauvage », je reste pieds nus de même que j'ai tendance à ne couper ni cheveux ni barbe. 443Ne parlons pas de mettre une bague ou une montre ou... une chaîne.
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Je suis le seul dans le monde, je crois, à avoir expliqué l'intérêt du « mixed marketing » en l'illustrant par 446l'histoire du combat des Curiaces contre les Horaces. Tout est dans Rome. Quatre voyages là­bas, tout seul. Une 447fusion mentale au travers du temps, surtout dans le forum romain et la villa Hadriana.
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En 1984, j'avais acheté une maison avec une copine qui m'agressait mais ne voulait pas me quitter (banal). 450J'avais naturellement, et comme toujours tout au long de ma vie, tout pris en charge financièrement. J'y ai passé une 449
10LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
451nuit : j'ai eu l'impression de dormir dans ce qui serait mon tombeau, de plus en compagnie d'une « inconnue ». Le 452lendemain, j'ai pris ma valise et j'ai dit au revoir à ma « copine ». Je lui ai laissé la maison, les meubles, la voiture... 453Ça m'a fait une nuit très chère mais c'est une des meilleures décisions que j'ai prises dans ma vie : une chape de 454plomb s'est envolée et j'ai commencé à devenir moi­même. Cette nuit dans cette maison m'avait plongé dans 455l'angoisse : je n'ai pas supporté d'être propriétaire, pour moi c'est la mort. je suis un nomade. Ce qui me correspond, 456c'est ma migration de quelques mois en Orient (Inde mon amour !). Je n'aurais jamais dû m'arrêter. J'ai voulu plier 457mon inconscient à mon conscient : quelle erreur ! On passe à côté de sa vraie vie à chaque fois qu'on raisonne. 458Quand j'ai dit au revoir ce fameux matin, ma « copine » m'a demandé de lui faire un bébé avant de partir. On n'était 459plus dans le même monde : j'ai dit non. De toutes façons, s'il y a au moins une chose dont j'étais sûr depuis toujours, 460c'est que je ne voulais pas d'enfant. Raisons philosophiques, métaphysiques, nihilistes. Philosophiquement, je n'ai 461pas changé d'avis mais affectivement oui.
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Pendant 10 ans, avec Bénédicte, nous avons vécu dans une « complicité professionnelle », ne faisant 466qu'un. Nous deux, et les autres de l'autre côté de la barrière. Notre monde et l'autre monde. Quand nous sommes 467devenus un couple, c'est­à­dire le jour de la naissance de Virgile, dans notre monde nous nous sommes retrouvés 468chacun d'un côté d'une barrière (qui n'était pas Virgile). La bulle dans laquelle Bénédicte s'enfermait uniquement 469dans l'autre monde s'est refermée sur elle dans notre monde le 7 septembre 2004. Elle ne voulait surtout pas – 470c'était sa priorité absolue qu'elle m'a souvent répétée – que notre relation change. Elle disait : « notre couple est 471provisoire » mais cela voulait dire : « notre complicité fusionnelle est prioritaire ». Elle a voulu de façon complètement 472abstraite pour elle intégrer ce qu'elle imaginait qu'était une vie de couple et d'autant plus que sa bulle de survie se 473refermait sur elle très vite sous l'extrême pression du chaos de ses cauchemars.
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Retour de l'expertise psychologique. Comme prévu, Virgile ne verra plus son père qui n'est qu'un homme. 478L'habileté, la perversité et l'intelligence (de Bénédicte) ont gagné comme prévu face à la sincérité (la mienne), 479sincérité dont je sais depuis longtemps qu'elle est naïve et m'expose à tous les coups. L'habileté de Bénédicte liée à 480l'agressivité névrotique de LL. LL n'a pas apprécié déjà que je propose l'avis de spécialistes extérieurs qui me 481connaissent – atteinte à sa toute puissance – et en profite même pour mettre une petite phrase, bien tournée 482scolaire comme le reste mais où son agressivité ressort contre ces spécialistes et leurs attestations. 80% de son 483papier pour me démolir méchamment sous le jargon avec du « factuel » soigneusement trié, réorienté voire inventé. 484Pour Bénédicte, qui a joué comme prévu le rôle de douce mère et seulement ça, 20% de propos dithyrambiques 485sans rien de concret.
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Bénédicte sait parfaitement rester lisse, douce, posée et ne rien livrer d'elle­même qui puisse poser 488problème. Et elle a bien raison, elle est plus habile que moi. Comme prévu, pour un temps de 45 minutes x 2, elle a 489été remarquable. Cela fait 12 ans que je répète à qui veut l'entendre qu'elle est remarquable. Elle a réussi à faire 490entériner par LL que depuis toujours je l'attaque pour avoir Virgile, ce qui est remarquable comme retournement de 491situation. D'autant plus qu'administrativement parlant, en justice où elle m'a mené contre mon gré, tout le monde – y 492compris les médecins et mon avocate – pourrait en témoigner, en tant que père, et contrairement à la mère dont 493l'état de mère est en soi suffisant, je n'ai de chance de pouvoir voir l'enfant que si la mère a des problèmes. L'état de 494père en lui­même n'a aucun poids, aucun intérêt. Bénédicte a réussi à tout faire entériner à LL mais je pense que ce 495n'est pas tant son habileté que l'hostilité que j'ai perçue de façon immédiate de LL à mon égard, hostilité aux 487
11LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
496hommes en général. J'aimerais pouvoir faire une étude statistique de ses analyses. Je pense que sa toute puissance 497d'expert apprécie de toutes façons mieux les êtres vulnérables ou qui se présentent comme tels.
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Bénédicte a très bien préparé et n'a rien oublié. Elle va voir le psy (dixit à LL) depuis mai 2005 mais 500uniquement parce que sa relation avec moi l'avait détruite. Sa mère, le grand drame de son enfance, a été zappée. 501Les suicides de son frère et de sa soeur, en aucun cas un problème. Avec LL, Bénédicte est devenue d'un seul coup 502de baguette magique une merveille d'équilibre. Toute sa sensibilité, sa douceur, je les ai toujours fait ressortir à 503Bénédicte, qui ne voulait pas le croire. Je crois que même manipulée et poussée par sa hargne, LL m'a permis, 504concernant Bénédicte, de mettre la touche finale à une psychothérapie réussie, commencée en 1994. Au milieu de 505tout ça, je ne comprends toujours pas pourquoi, brusquement et brutalement, à l'été 2005, Bénédicte a décidé 506unilatéralement de séparer Virgile de son père. « Je suis la mère, la question ne se pose même pas, c'est comme ça 507! » D'ailleurs LL, qui m'accuse d'avoir écrasé Bénédicte, dans mes propos et autrement, ne signale jamais que pour 508l'essentiel de ce que j'ai dit de Bénédicte, je n'ai fait que citer ses propres paroles tout au long de notre relation. Je 509l'ai clairement dit à LL qui, comme pour le reste, a réutilisé en faisant du tri sélectif.
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En tout cas, l'horreur c'est que Virgile va devoir se construire sans son père. Pourquoi tant de haine de la 512part de Bénédicte ? Quand je parle de son incapacité à accéder au bonheur, de ce qui se passe dans sa tête, je 513n'extrapole pas, Bénédicte m'a tout dit de ce que j'ai écrit. Tout le monde m'avait dit qu'il était nécessaire d'aller en 514justice pour que Virgile ait un dossier qui lui prouve que son père ne l'a pas abandonné. Pour avoir un dossier, il va 515en avoir un : son père est présenté comme un véritable monstre. D'ailleurs, c'est tout juste, dans la recommandation 516de Madame LAMD­LAI, si je conserve un droit de visite minimum. C'est quand même curieux : tous les amis, la 517famille, mes filles, la mère de mes filles, mes médecins (Drs EDOUARD et FOUCHER : pour Virgile plus tard, il 518pourra aller les voir – j'aimerais bien – s'il n'est pas complètement épouvanté d'avoir un monstre pour père) qui me 519connaissent et m'ont découvert en toutes circonstances depuis plusieurs années et parfois depuis plus de 40 ans, 520ont un jugement différent. Mais Madame LAMD­LAI, expert tout puissant, en un instant I d'un temps T, et en 521fonction de son histoire, de ses propres accidents de parcours, a jugé que je suis un monstre à peine digne d'avoir 522un droit de visite. D'ailleurs, sous toutes ses phrases professionnelles/scolaires, ce qui ressort, à part sa forte 523hostilité à mon égard, c'est la description clinique, qu'elle n'a pas nommée, dont elle n'a pas écrit le terme technique, 524elle décrit donc sur plusieurs pages un être pervers : MOI.
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Pervers car dangereusement étouffant pour ceux qui l'approchent, une espèce de vampire qui ne 527comprend qu'un mode de relation aux autres : la prise de contrôle. Je retrouve derrière ces propos l'axe d'attaque 528de l'avocate de Bénédicte (LL aussi : LAND­LOUR). Les 2 LL représentent un pouvoir de nuisance redoutable. 529Dans les pages précédentes, je parlais d'envol : là, c'est clair qu'à elles deux elles m'ont coupé les ailes. Je ne 530serai même plus libre de voler vers Virgile, à part en esprit. Mais je me demande ce que va produire justement 531dans son esprit la douce perversité de Bénédicte qui, elle, ne crie jamais, qui ne se livre jamais et que LL a trouvé 532d'une touchante sincérité. Elle va, comme elle le voulait, me zapper de la vie de Virgile sans jamais (?) dire du mal 533de moi. Me zapper de sa vie comme elle m'a zappé de la sienne. Et puis à l'adolescence, il lui restera à lire 534l'expertise qui présente Bénédicte comme une « sainte » (ce mot n'est pas exagéré) et son père comme un 535monstre. Je crois que quel que soit son fondement, ce papier va certainement donner à Bénédicte une confiance 536en elle, au moins de façade, qu'elle n'a jamais réussi à avoir. Encore une fois, sous cet angle, je peux me dire « 537mission accomplie » après 12 ans.
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Bénédicte dit avoir vécu avec un homme qui avait une fille de 4 ans et ce pendant 2 ans. Extrêmement 540habile. C'est vrai : de ça aussi je connais tout, il me suffit comme pour tout le reste de répéter ce que Bénédicte m'a 539
12LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
541dit. Yann ne voyait quasiment jamais sa fille que la mère s'était fait faire sans l'informer. Il ne supportait ni la mère ni 542la fille. D'ailleurs il en était perturbé et ne voulait plus d'enfant. Donc Bénédicte a cohabité 2 ans avec Yann, dans 543des chambres séparées (Bénédicte en 2 ans n'a pas dormi une seule fois avec moi non plus) et sans aucun contact 544physique. Elle ne voyait pas le problème, elle l'aimait bien et m'a décrit de façon très extérieure, non concernée, le 545fait que Yann s'est mis très vite à consulter un psychiatre, pensant que cet état de choses venait de lui. Pauvre Yann 546! Démoli ! Pourtant la description de Bénédicte est très claire : très bel homme, très équilibré, pratiquant le sport à 547haut niveau et spécialiste des arts martiaux, ceinture noire ++, comme chacun le sait preuve d'équilibre, ce que 548Bénédicte me confirma. En tout cas, de son grand regard candide et avec sa petite voix cristalline (que j'aime tant !), 549Bénédicte a fourni avec cette histoire à LL (LAMD­LAI) une preuve de son équilibre, de sa capacité à vivre en couple 550; LL qui l'a utilisé, voulant tout utiliser.
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Ceci dit, cette histoire de Bénédicte avec Yann s'est terminée et ce n'est pas un échec, on ne retient que la 553capacité à vivre en couple de la part de Bénédicte (!). Par contre, dans mon cas, la fin d'une vie de couple de 16 ans 554avec la mère de mes filles ne démontre rien (16 ans, 2 filles : une vie) qu'un échec, à nouveau démontré avec 555Bénédicte. LL, sans s'en rendre compte parce que ce n'est pas le sujet, explique bien dans son papier ma pleine 556responsabilité dans ce deuxième échec, ma responsabilité évidente. Pervers, destructeur, étouffant, dominant : c'est 557Virgile qui va être content. Comme m'avait dit le Docteur EDOUARD (ce n'est pas un reproche) : « Il faut demander 558une expertise psychologique : la mère est dans un état très préoccupant et pour vous cette expertise est sans 559problème. » Le Docteur FOUCHER m'avait bien dit de citer les problèmes récurrents de Bénédicte, son inaptitude au 560bonheur, et m'avait dit de signaler à LL mon profil atypique. Et ce n'est ni un reproche ni un refus de ma part 561d'assumer mais j'ai eu le retour de bâton : il est clair que LL a une vision exacerbée et totalement exclusive de la 562toute puissance de son jugement. En tout cas, pour arriver à ça, on ne pourra pas dire que je n'ai pas pris de 563conseils mais c'est comme pour mon expert­comptable et ma complexe feuille d'impôts : on ne connaît que celui qui 564signe. Et comme aux impôts, il y a des experts plus vaches que d'autres. Même chez les psy, l'objectivité ne peut 565exister.
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LL est clairement dans le déni concernant toutes les possibilités de problèmes psy chez Bénédicte. Tout est 568zappé sans aucune explication : la maltraitance qui obsède Bénédicte, les suicides qui l'ont cassée...
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Je serais curieux de savoir, et je vais peut­être faire faire une enquête sur LL : son mari viendrait­il de la 571quitter ? Et puis comme ça on pourra me taxer de paranoïa en plus de ma totale incapacité à me remettre en cause. 572Résumons : pervers, dominateur, destructeur pour les autres, paranoïaque, rigide. Je vais supplier le juge de me 573refuser le droit de visite : il faut préserver Virgile à tout prix. Ceci dit, cette « experte » à la con, quand elle expertise 574des êtres plus vulnérables, combien en a­t­elle démoli déjà avec son agressivité partisane ? En plus, je n'y aurais 575pas pensé mais LL me décrit comme persécutant Bénédicte pour cause de non acceptation d'échec amoureux. En 576juin 2005, Bénédicte me demande avec enthousiasme de venir vivre chez elle. Dès que j'arrive, elle me dit de m'en 577aller. Sans rien dire, je m'exécute. Ça fait vraiment dominateur et persécuteur ! Ensuite, elle veut me séparer de 578Virgile. Là, je proteste et elle est scandalisée. Je la persécute ! Et LL entérine, entérine...
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Donc je reprends car LL me conseille en fait, si on lit bien, de consulter un psychiatre (elle a complètement 581zappé le fait que je lui ai dit que j'en consultais déjà un : le Docteur FOUCHER, mais on ne va quand même pas 582retenir un bon mouvement de ma part. Par contre, je lui avais dit que Bénédicte en avait consulté un en mai/juin 5832005, elle le met à son crédit pour entériner l'excellent équilibre qui est le sien – d'autant plus que Bénédicte ne 584l'avait vu que 4 fois, ayant arrêté dès qu'elle avait « découvert », et je cite, qu'elle avait été une enfant maltraitée. 585Pervers, destructeur, persécuteur, OUF ! Comment je fais, Virgile ? Quand est­ce que ta mère, avec une grande 580
13LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
586douceur, va te communiquer cette expertise ? Pourquoi tant de méchanceté ? Car si on regarde bien son papier, elle y 587revient, elle s'y vautre, c'est un massacre en règle. Du bout des lèvres (a­t­elle vu qu'elle y va fort ?), elle me reconnaît 588quand même « plein d'énergie (pourquoi de l'énergie en l'occurrence ?) et de générosité » mais la façon dont je donne 589aux autres est quand même suspecte. Il est vrai, et c'est peut­être ce qui la met mal à l'aise et qu'elle n'a pas du tout 590compris, que je n'attends jamais rien en retour quand je donne et ça, j'en suis sûr, c'est mon disque dur. Je suis peut­
591être étouffant à trop donner mais je n'ai aucun instinct de possession, ni sur les choses ni sur les gens, c'est hors de 592mes « capacités », c'est également mon disque dur. D'ailleurs, et je ne décris pas ça comme une qualité, je n'attends 593jamais rien du monde qui m'entoure et rien de personne. C'est comme ça depuis que j'ai 12 ans.
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Je pense que LL a fait un énorme contresens : elle a perçu que je donne beaucoup avec beaucoup 596d'énergie et de façon basique, banale – c'est le plus courant – scolaire, en a forcément déduit que toute cette 597débauche d'énergie était systématiquement une tentative de prise de pouvoir sur les autres. Elle n'a même pas pu 598imaginer (elle est scolaire et sans imagination) que c'est sans aucune projection, sans aucune attente de retour. Ça 599ne lui vient purement et simplement même pas à l'idée.
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Quand j'ai eu 18 ans, mon meilleur copain a voulu qu'on organise tous les deux une fête pour notre 602anniversaire commun en invitant une trentaine de copains. Déjà, en tant qu'introverti, solitaire, plongé dans mon 603monde intérieur, mes expériences mentales ontologique et existentialiste, il a fallu que je me fasse violence. J'étais 604un être sauvage, solitaire (les week­ends en forêt). Bon OK. Quand les invités sont arrivés à notre fête, ils m'ont 605offert un cadeau (disque « Laisse entrer le soleil » en anglais) : j'en ai été stupéfait, ça ne m'était pas venu à l'idée et 606je n'en suis pas encore revenu (si ! mais ça m'a vraiment marqué, la preuve : c'était en 1969 et j'en parle en 2006). 607J'adore donner mais ne considère pas que je puisse (ou plutôt n'attends pas) représenter un intérêt particulier pour 608les autres. Malgré les apparences, je suis un solitaire. Et pourtant, je noue des relations avec une facilité 609déconcertante ! J'inspire confiance (à juste titre !) à presque tout le monde de façon quasi immédiate, sauf à LL (les 6102) cela va de soi ! Je vais peut­être le mettre en chanson (cf. Brassens).
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J'ai une capacité à nouer des relations de confiance mais ne les recherche aucunement : à l'état naturel, 613sauvage, je préfère la solitude, je n'attends rien des autres. C'est bizarre que les 2 LL, relayées par Bénédicte, 614manipulées (?) par Bénédicte, me décrivent comme cherchant à étendre mon emprise sur les autres, alors que je ne 615vais jamais naturellement vers les autres. Je crois que je suis en train de comprendre : les 2 LL (deux, ça ferait un 616hasard bien grand) ont relayé la « vision » ou justification de Bénédicte. De Bénédicte par rapport à elle­même : pour 617sa propre représentation à ses propres yeux, pour son histoire de survie réinventée, elle se dégage complètement, 618elle s'exonère complètement, avec douceur et habileté, de toute responsabilité dans ce qui se passe. Je suis 619toujours l'agresseur. Elle a été réduite par ma personnalité débordante (...mais elle se soigne). Elle me fait porter 620toute la responsabilité avec une facilité déconcertante sachant bien que son apparence effacée est un atout doublé 621de mon habituelle imbécile sincérité (c'est le disque dur aussi). Sa discrétion est beaucoup plus convaincante que 622mes débordements, elle le sait. Je l'ai toujours admirée, sans discontinuer, depuis que je la connais. Dommage 623qu'on ne puisse pas élever/construire Virgile ensemble. Virgile ne sera jamais celui qu'il aurait été si nous l'avions 624élevé ensemble dans l'immense amour qui était le nôtre, notre complicité fusionnelle. Heureusement que LL ne lit 625pas, parce que dans les manuels de psychologie, il est bien évident qu'il est décrit une incapacité à accepter la fin de 626la relation amoureuse.
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627
Il est bien évident que c'est moi qui réécrit l'histoire parce qu'il m'est impossible d'intégrer l'échec, que je 629veux faire porter à l'instabilité de Bénédicte. En fait, c'est facile d'être psy : c'est un des rares boulots où il n'y a 630aucun contrôle, aucune obligation de résultat. Il est bien évident qu'on peut être expert pendant 40 ans et se tromper 628
14LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
631en permanence sans que ça n'ait de conséquence. On laisse bien 2/3 d'« enseignants » non pédagogues ou non 632intéressés par leur boulot bousiller des classes pendant 40 ans. Ainsi vont les choses, la reproduction de la 633médiocrité (environ 5000 élèves bousillés par prof, ça fait beaucoup : beaucoup n'auront d'autre alternative que 634d'être enseignants à leur tour). Entre les enseignants et les parents, dont il est bien reconnu qu'ils « loupent » tous 635leurs enfants, on comprend pourquoi on arrive à des LL. Enfin, c'est le statut qui compte ! Le statut comme droit à 636exister (possibilité à). Les atypiques n'ont qu'à disparaître : voir mon frère d'il y a 150 ans, vraiment mon frère d'un 637autre âge. Jean­Marie DEGUIGNET, déjà cité (Mémoires d'un paysan Bas­Breton), n'est jamais allé à l'école, ça l'a 638sauvé d'un point de vue personnel et tué d'un point de vue social (et réellement tué en définitive).
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A propos, je n'ai pas pu m'adapter au système scolaire, pas plus qu'à l'armée. On a voulu me faire passer le 641Bac avec un an d'avance parce que j'étais brillant mais je mourais tellement d'ennui que je suis parti. Je n'ai pas le 642Bac et je n'ai jamais fait d'études. Ensuite j'ai bien toujours expliqué à mes filles l'importance de ne pas faire 643n'importe quoi : n'ayant pas fait d'études, je n'ai rien pu faire de ce qui m'intéressait et ne sachant rien faire, j'ai fait 644cadre supérieur dans l'industrie. Echec d'une vie parce que atypique. Bon d'accord j'étais dans les 3% de Français 645les mieux payés (tranche d’impôts à 52%) mais je n'ai rien fait de ce qui m'intéressait : archéologue, écrivain, 646sculpteur, peintre, historien, sociologue, avocat (?), psy... Pour ce qui est des arts, je n'ai aucun don, donc j'ai fait « 647cadre supérieur » mais pour l'archéologie ou l'histoire ou le droit, j'aurais pu. D'ailleurs, je travaillais avec 3 avocats 648d'affaires brillants dans mon boulot et c'est une partie qui m'a passionné.
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D'ailleurs, je n'avais pas le Bac mais pendant des années j'ai fait des sessions de recrutement de Bac +5, 6, 6517. Marrant. Des milliers de dossiers, des centaines de candidats. Que des filles recrutées, la plupart du temps, plus 652mûres.
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Pour le reste et pour un solitaire, et comme je le faisais bien, j'ai été spécialiste de communication 655événementielle à haut niveau pendant 20 ans. Pour moi un viol permanent. D'ailleurs on en a souvent parlé avec 656Bénédicte qui comme moi le faisait bien mais que ça « violait » bien plus violemment que moi (névrose/psychose 657oblige).
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A propos de Bac (ça rassurera Virgile quant à la « nullité » de son père), nous avions fait un Bac blanc de 66012 terminales environ (300/350 élèves), examen sur 4 heures. A 8h00 je ne suis bon à rien, j'ai donc dormi d’abord 661dormi une heure sur ma table de la salle d’examen puis ai lu le sujet. J'ai rédigé mon devoir en 1 heure et suis sorti 662(2 heures avant la fin). Pour moi, 1 heure de rédaction c'était énorme car tous mes devoirs de philo étaient écrits en 66317 minutes très précisément, temps en dessous duquel je n'ai jamais pu descendre pour 4 pages minimum 664manuscrites (crampes à la main) et en obtenant au moins la note de 12 pour homologuer. Donc, 1 heure ! Les autres 665ont travaillé 4 heures mais c'est moi qui ai eu la meilleure note : 16. Et ça me ressemble aussi, je n'ai pas gardé le 666devoir. Maintenant j'aimerais bien pouvoir le faire lire à mes filles et à Virgile (un peu plus tard).
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En classe, on nous entraînait à faire des plans en 1 heure alors que je rendais un devoir complet de 6 669pages en ½ heure (avec la meilleure note pour homologuer). Du lycée, il ne m'est resté que la philo – Ah ! au fait, 670que je n'ai jamais étudiée, jamais ouvert un livre – et l'histoire latine (j'étais bon en version latine mais c'est l'histoire 671qui m'a passionné). En tout cas, les filles ont bien intégré la dimension réelle de mon échec et qu'il faut essayer de 672préserver la dimension du choix.
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Virgile et moi allons être séparés. Je ne comprends pas pourquoi la mère veut ça depuis 1 an, d'autant plus 675qu'elle a toujours dit que j'étais un excellent père. Je pense qu'elle démontre un égoïsme forcené (par rapport à 674
15LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
676Virgile) dont je suis totalement incapable. Sous cet angle, elle rejoint le commun des mortels et ce monde n'est pas 677mon monde. Chaque jour me fait mourir un peu plus. Cela fait 43 ans que je trouve ce monde humain dépourvu de 678valeurs. Agitation pitoyable de bas étage. J'ai argumenté en justice contre mon instinct et une fois de plus, mon 679instinct avait raison. Bénédicte, depuis l'été 2005, n'a jamais eu de doute qu'en tant que mère elle garderait Virgile 680pour elle seule. (« Je suis la mère, je prends le bébé. ») mais maintenant, en plus, elle a un papier qui prouve que je 681suis un fou dangereux. Et un papier pour elle – j'en suis heureux pour elle – qui va l'aider à vivre. C'est la première 682fois qu'on lui dit ou qu'on lui écrit qu'elle est merveilleusement équilibrée.
683
Le Docteur FOUCHER était optimiste par rapport au fait qu'en 45 minutes, un psy puisse déceler ce qui se 685cache dans Bénédicte. J'étais sûr du contraire. Et en matière d'évaluation, 2 fois 45 minutes, ça ne fait pas 90 686minutes. C'est scandaleux de traiter des rapports aussi importants à la va­vite. Je vais demander une contre­
687expertise avec quelqu'un qui aura un peu de temps. LL ne signale même pas ce que je lui ai dit, c'est­à­dire passer 688tout mon temps avec Virgile, toute la journée, 11 jours par mois, à faire plein de choses et plein de câlins. Par contre, 689pour la mère, elle signale soigneusement un « système éducatif rationnel » : Bénédicte effectivement le met en 690permanence chez une nounou. Si c'est pas du discours orienté ça ! Et c'est un fait, ce n'est pas subjectif ! Je ne le 691mets jamais chez une nounou. Nous sommes ensemble. Ce n'est peut­être pas un « système éducatif rationnel ». 692C'est vrai que dans le même temps, on ne peut pas taxer la mère d'être étouffante avec Virgile : elle va le chercher 693pour le coucher. 694Bénédicte m'a toujours dit : « Tu ne sais pas de quoi je suis capable. » Elle parlait de violence mais dans une froide 695détermination, appuyée par une extrême intelligence.
684
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Comment Bénédicte ne peut­elle se préoccuper à ce point que d'elle­même (ce qu'elle a toujours fait, elle a 698toujours vécu seule, n'a eu que des expériences sexuelles occasionnelles) jusqu'à considérer la vie de son fils 699comme de la « merde » puisque tous ses efforts tendent depuis qu'il a 3 mois à le séparer de son père, à l'avoir pour 700elle seule ? C'est décidément totalement incompréhensible pour moi. Il faudrait qu'elle apprenne à s'oublier un peu 701mais ses problèmes psychologiques font qu'elle n'est en permanence tournée que vers elle­même.
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Sa mère va­t­elle tenir le coup ? Je l'ai toujours connue en limite de rupture, au bord du suicide en 2001. Virgile 704est­il en danger ou non ? Depuis début 2005, je doute en permanence de ce que je dois faire. Ce passage en justice, « 705pour rien », concernant Virgile, laisse de plus pour lui une histoire catastrophique. Je ne voudrais pas qu'il passe des 706années à se poser des questions, à douter de ses parents.
707 La conception de Virgile a été de l'amour à l'état pur. L'histoire de notre échec avec Bénédicte c'est peut­être que nous 708sommes tous les deux trop épris d'absolu, trop idéalistes. En tout cas, Pour Virgile, il n'y a eu à deux que de l'amour et il 709n'y a maintenant de nous deux, séparément, que de l'amour. Il ne doit jamais en douter.
710 Le seul problème c'est que je vais avoir maintenant très peu la possibilité de le lui exprimer. J'ai déjà dû renoncer 711totalement à exprimer mon amour à Bénédicte et elle nous prive, Virgile et moi, de la possibilité de nous exprimer notre 712amour. Pour moi c'est dramatique mais tant pis, mais qu'est ce que ça va produire sur Virgile ? Par modes d'expression 713en plus et en moins, par absorption de valeurs différentes et absence d'autres. Sa mère est très peu capable de 714contact, très passive, très peu expressive. Pas dangereuse, effectivement, au quotidien (cf. LL) sauf effondrement 715soudain possible. Mais Virgile va intégrer, comme je l'ai déjà constaté en juillet/août 2005 où il a été presque 716exclusivement avec sa mère (je n'avais pas le choix), un vide expressif, une instabilité émotionnelle par absence 717(j'espère me tromper). Je ne serai plus là pour compenser par mon exubérance les nombreux contacts physiques dont 718Virgile a tant besoin. Même petit, Bénédicte ne le prenait quasiment pas. Repas puis petit transat gonflable (voir photo) 719puis dodo.
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De plus, comment va­t­elle le faire jouer ?
1. C'est pas son truc et elle l'a toujours dit.
2. Faye, son appart surchauffé sans jardin.
3. Elle a toujours détesté le promener (peut­être seulement blocage psychologique
« poussette »).
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J'avais pris pour Virgile une résidence secondaire super agréable et parfaitement adaptée pour lui : nature, 728liberté, sans risque, bien clos ; des arbres, des fleurs, du calme, de l'espace. Il connaît déjà bien et adore. Sa salle de 2
729jeux et 3000 m pour lui tout seul, sa chambre cocoon. Il va lui falloir vivre a minima car LL n'aime pas la garde alternée. 730Ceci dit, elle est contre pour les bébés de moins de 3 ans et Virgile, au moment du jugement, en aura bientôt 2. Une 731contre­expertise psychologique, un appel du jugement et je redemanderai la garde alternée.
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Je pense que le Docteur FOUCHER se trompe. La seule fois depuis 8 mois où Bénédicte m'a adressé la 734parole concernant la nourrice faisait partie de sa froide détermination de ne commettre aucune faute devant la 735justice. Donc pas d'espoir que Bénédicte devienne un peu plus tolérante et que Virgile puisse nous voir être 736capables au moins de nous parler. Elle a toujours été extrémiste et ne fléchira pas. C'est son mode de vie. Une fois 737dans sa vie avec moi, elle s'est abandonnée (au bout de 10 ans) et on ne l'y reprendra pas.
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Ce que propose LL est débile : il ne faut pas de garde alternée parce que c'est déstabilisant mais comme 740une coupure trop longue avec un parent (générée elle­même par ce que propose LL, c'est­à­dire un week­end sur 741deux) est préjudiciable, elle recommande une journée par mois qui risque elle­même, suivant ce qu'elle a dit 742précédemment, de le déstabiliser. Si elle veut être logique avec elle­même, il faudrait a minima un week­end sur 743deux et deux jours de semaines intercalés. En plus, comment peut­on imposer à un bébé d'être coupé de son père 74415 jours tous les 17 jours et après lui demander de passer un mois complet de vacances scolaires avec lui ? Je n'y 745comprends rien. Et pourquoi, en plus d'un week­end sur deux, un seul mercredi par mois ? Si c'est pour éviter une 746coupure trop longue, il faudrait a minima deux mercredis par mois, décalés par rapport aux week­end. Cette LL n'est 747qu'une vieille peau insensible et sans aucun bon sens. Comme d'habitude le pouvoir, où qu'il soit, n'encourage que 748la partialité destinée à satisfaire des pulsions inconscientes.
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749
Dans un an, Virgile va parler. S'il est content, très bien, mais s'il n'est pas content, son avis ne sera pas pris 751en compte. Lamentable. La vision de la mère de ce que c'est que l'affirmation de soi coûte très cher, fait beaucoup 752de dégâts. Ça va être très dur moralement de rester en réserve au cas où la mère ne s'en sorte pas. Même moi je ne 753sais pas si je vais réussir à assumer ça (subir, ne pas pouvoir agir) sans partir en morceaux. Le renoncement, c'est 754pas mon truc : c'est mon talon d'Achille. (L'Iliade, la révélation de mes 8 ans). Je n'ai même plus le choix de laisser 755couler.
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Virgile est. Et il faudra toujours qu'il sache que pour ses parents il est un pur miracle. Au moment où il a été 758conçu, aucun bébé n'aurait pu être conçu avec plus de fusions intellectuelle, mentale, métaphysique, physique et 759amoureuse que Virgile. Il est et peu importe l'état de ses parents. A charge pour nous de ne lui transmettre que le 760meilleur de nous­mêmes. Il est et toute la force de notre amour est en lui. C'est un petit garçon merveilleusement 761équilibré, éveillé et joyeux. Jusqu'à maintenant, il n'a été privé d'aucun de ses parents et il a déjà accumulé 762beaucoup d'amour. J'espère qu'une contre­expertise et un appel me permettront de lui offrir quelques mois d'amour 763supplémentaires.
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En fait, les fortes personnalités, ça fait chier tout le monde, ça emmerde tout le monde. A l'école, à l'armée, 766dans les grands groupes (j'ai eu souvent la tête sur le billot), les médiocres, les fonctionnaires, les psy, les parents, 767les détenteurs de tout pouvoir...
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La « discussion­proposition » de LL comporte 51 lignes me concernant et 7 concernant Bénédicte. Dans ce 770genre de situations, le père est toujours en position de revendiquer « contre » la mère qui naturellement élève le 771bébé. C'est imparable, c'est dégueulasse. On ne laisse aucune chance au père malgré la soi­disant égalité légale. 772Qu'est­ce que je dois faire maintenant pour Virgile ? Qu'est­ce qui est le mieux pour lui ? Je ne pense pas possible 773d'obtenir quoi que ce soit.
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Etre un psychopathe aux yeux d'un individu névrosé pour lequel je n'ai aucune estime (Madame LAMD­LAI), 776ça m'indiffère (je pourrai quand même lui envoyer son profil psychologique). Je n'en suis pas encore revenu de son 777blocage sur les confidences de filles à père ! Mais elle vient de décider de l'avenir ou du non avenir de 3 personnes. 778C'est irrémédiable. C'est écrit. Je suis condamné à ne pas pouvoir me battre pour Virgile. Je vais m'épuiser à subir et 779Bénédicte s'épuiser seule à une tâche éreintante qui va l'éreinter. Le seul bénéfice, c'est que Virgile, au lieu de se 780développer au contact de son père, cette fois c'est sûr, va passer tout son temps chez une nounou puis à l'école + 781étude. Bénédicte n'a pas fait tout ça pour Virgile mais pour elle, pour « se comporter en adulte ». J'espère que Virgile 782n'est pas (même inconsciemment) avant tout une thérapie pour elle. Elle a enfin un statut. Je suis à nouveau seul.
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Je choisis quel rôle vis à vis de Virgile :
­ Harceleur de sa mère si je me bats ou
­ Père qui abandonne son fils au « premier » revers (pas le premier quand même) ?
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C'est facile d'être mère, il n'y a qu'à vivre. Le père, lui, a le choix de son agonie. C'est dans 10 ans que 789Virgile peut choisir : on peut considérer qu'il vient de perdre son père. Tous les moments merveilleux vécus 790ensemble ne sont même pas dans ses souvenirs conscients. Est­ce que dans 15 ans, 5000 pitoyables photos 791pourront l'intéresser ? Si je sens dans quelques mois qu'il va mal, est­ce que je dois m'expatrier avec ? C'est peut­
792être lui faire prendre un risque ? (psychologique : le tout ou rien).
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J'ai toujours eu une image en tête mais bien avant la naissance de Virgile : Bénédicte et moi ensemble, 795tenant par la main au milieu de nous notre petit Virgile qui trottine. Beaucoup de beauté et de fierté pour moi dans 796cette scène qui jamais ne sera. Pauvre Virgile. Comment ta mère peut­elle être aussi dure ? Je ne sais pas si je l'ai 797dit mais j'ai mis beaucoup d'énergie dans la relation avec Bénédicte pour que ça marche, autant que ce qu'on met 798en ce moment pour obtenir un résultat catastrophique. Virgile ne pourra pas glisser ses petites mains douces en 799même temps dans les mains de papa et maman. Je pense que c'est un vrai manque.
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Bénédicte m'avait bien dit que sa famille était dangereuse. « Tu ne connais pas les Beaucerons ». Qu'est­ce 802qu'elle va faire pour Virgile avec sa mère perverse et dangereuse (je cite Bénédicte comme d'habitude) ? Elle m'a ème
803toujours décrit sa mère comme très destructrice (qui lui avait dit à son 3 mois de grossesse qu'elle perdrait son 804enfant, dixit Bénédicte). J'en ai parlé à l'autre conne de psy qui a éludé, comme tous les autres points qui pourraient 805être gênants pour Bénédicte. 7 lignes de généralités idylliques pour Bénédicte contre 51 lignes argumentées pour 806me démolir. Elle y met beaucoup d'énergie. A relire, il est vrai que je me demande si le juge ne va pas me supprimer 807même le minimum avec Virgile. A sa place, j'hésiterais. Je me demande quels sort LL fait subir aux pères qui 808boivent, qui fument (comme Bénédicte), qui se droguent, qui cherchent des filles plutôt que de s'occuper des 809enfants, qui ont des tendances à la violence... Avec ma haute moralité, qui finalement ne fait pas crédible, si ça 801
18LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
810continue, on va même me supprimer un droit de visite. En fait, si j'étais un jeune con immature, fauché, buveur, je 811n'aurais pas moins, ou plutôt pas plus, à perdre. Bénédicte s'est toujours lamentée sur sa profonde inculture. Virgile 812n'aura pas beaucoup la possibilité d'explorer l'univers avec son père. Floriana, elle, l'a largement fait, avec une 813profondeur et un respect dans nos fréquents échanges qui m'ont toujours comblé.
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Bénédicte m'a depuis longtemps expliqué que les MONTFORT sont une famille très spéciale dont les 816membres détruisent beaucoup ceux qui les approchent. Le suicide de son frère en 2001 était mis en scène de façon 817morbide depuis plus d'un an, avec volonté de détruire sa famille... Il faudra que j'écrive leur saga familiale. D'après 818mes médecins, il était important concernant Virgile de signaler à l'expert cet environnement familial particulier et je le 819pense aussi. Mais ça n'a pas intéressé LL qui, comme pour tout le reste, a zappé puisque Bénédicte lui a dit que les 820suicides dans sa famille ne la perturbaient pas. Comme elle a zappé l'incohérence dans les propos de Bénédicte qui 821m'a quitté à cause de ma maison et de mes filles, alors que ces « obstacles » avaient disparu en juin. Ce qui a 822d'ailleurs précipité la rupture puisque j'ai l'impression nette de l'avoir acculée, en levant bêtement chaque obstacle « 823prétexte », à se retrouver en fin de compte face à elle­même et à un état mental difficile qu'elle cherchait à refouler. 824(Néanmoins voir ses SMS).
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Bénédicte est­elle rassurée de cet échec ? Notre échec, mais son échec. L'échec qui rassure : la seule 827façon pour une majorité de gens de ne plus vivre dans la peur de l'échec (lieu commun du jour).
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Le Docteur FOUCHER me l'avait dit, que mon mode d'expression et ma personnalité représentaient un gros 830risque sur une évaluation aussi brève. Lui, c'est dommage pour moi, en tant qu'expert, ne savait même pas qu'on 831pouvait faire des évaluations en un temps aussi court. 45 minutes pour 3 vies, c'est vrai que ça fait peur. D'ailleurs le 832résultat est là. C'est marrant, en poussant la porte, je savais déjà qui était LL et ce qui allait se passer.
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L'autre idiote de LL : « Monsieur DÉHÈME "semble en détresse" ». Ça lui semble normal de trouver 835Bénédicte aussi lisse, aussi « équilibrée ». Bénédicte, depuis sa plus tendre enfance, massacrée, n'a jamais rien 836laissé paraître de ce qu'elle est. Avec LL, elle a été doublement elle­même, ne livrant rien – c'est sa structure 837d'individu – et dans son rôle de mère, parlant des petits gestes quotidiens avec Virgile, sans se livrer. Ça m'a 838beaucoup frappé qu'aucun de nos amis communs, issus de notre milieu professionnel, ou plutôt qu'amis ceux que je 839croyais amis de Bénédicte, n'ait pu dire quoi que ce soit de Bénédicte. Aucun.
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– Mais je ne peux rien dire ou écrire concernant Bénédicte, je ne la connais pas.
Ulysse : – Tu te fiches de moi, vous avez été amis pendant 7 ans !
– Je ne la connais pas du tout.
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En fait, pas aucun. Une de ses « amies » m'a écrit quelque chose puis m'a repris le papier, trop d'angoisse : 846« Elle est capable de tout, j'en fais des cauchemars ». « Pourquoi as­tu tenté cette histoire avec elle, tu sais bien 847qu'elle a toujours été déséquilibrée ? » Non, en fait, elle m'a dit : « Pourquoi as­tu voulu un bébé avec elle, tu sais 848bien... ? »
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Je vais devoir arracher beaucoup de pages si je veux donner plus tard ce cahier à Virgile.
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Il est curieux de constater que, comme chacun sait, la réalité des faits en dehors du cabinet du psy est 853impossible à appréhender. On s'accroche de façon très superficielle à des dires, fondés ou non, exprimés avec 854adresse ou maladroitement, plus ou moins bien préparés, mais enfin la matière exploitable le plus facilement, le mot 852
19LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
855malheureux lâché auquel on peut s'accrocher comme à quelque chose de révélateur et concret pour développer une 856argumentation qui paraît étayée et révélatrice d'une analyse profonde. Comme les auteurs de romans qui sont 857toujours stupéfaits des analyses qu'on peut tirer de leurs dires. En tout cas, plus on se livre et plus ça donne d'os à 858ronger. Pas de pitié pour ceux qui s'expriment.
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Bénédicte s'est­elle servi de moi ? Est­elle perverse ? En tout cas, elle a l'intransigeance de ses faiblesses. 861Bien de mes amis me trouvent naïf (je l'ai toujours été, je crois toujours ce qu'on me dit), en particulier Jacqueline, 862mon amie depuis 1984 (elle a bien connu Laure et beaucoup d'autres). Elle trouve qu'on m'utilise beaucoup. Et 863pourtant, je pense toujours que Bénédicte était sincère, qu'elle a essayé mais qu'elle n'a pas pu. En tout cas, 864Bénédicte a bien préparé, avec son avocate dont on m'avait bien dit que c'était la meilleure (non la plus pourrie 865plutôt) d'Orjeu. Elle a obtenu le même discours – je le sais maintenant, avec la même argumentation – de la nourrice 866(radiée depuis par la DDASS) et de la psychologue LAMD­LAI. Les conclusions sont les mêmes (avec des mots 867différents) dans ces 2 papiers : je suis un psychopathe qui agresse et harcèle une mère douce et irréprochable. Fin 868de jeu ? Et je tourne en rond : pour Virgile, je fais quoi ?
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Vu que les 18 derniers mois ont été usants, les 18 prochaines années vont être très dures. Et il ne faudra 871pas que Virgile en pâtisse. En somme, un père expulsé, vilipendé et souriant. Calme, disponible, fiable, et Bénédicte 872le sait. Je suis sûr que même elle je la rassure à distance. Si j'étais mort, je ne suis pas sûr qu'elle le verrait avec 873satisfaction (?).
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Bénédicte m'a toujours porté aux nues, jusqu'à cette pitoyable parodie de justice où elle m'a brillamment 876transformé en psychopathe. Ce qui lui plaisait avant tout, c'est une douceur féminine, le fait que je ne fasse rien 877comme les autres hommes (pas de sport, pas d'alcool, pas de soirées foot). Elle m'a mis beaucoup à contribution 878dans son boulot en agence de pub, me faisant remanier certains dossiers ou m'utilisant comme créatif pour proposer 879de nouveaux concepts stratégiques, ou comme rédacteur... et puisant dans ce qu'elle appelait – et je lui en laisse la 880responsabilité ­ « mon immense culture ». Les filles font pareil. Comme Bénédicte, toutes ont Internet mais face à 881une question délicate, je dois leur délivrer instantanément l'analyse adéquate. Porteur enthousiasmant mais fini avec 882Bénédicte. Qu'est­ce qu'il porte maintenant ?
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J'en ai marre de tenir tout le monde, à distance :
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Floriana à Milan, qui compte complètement sur moi. C'est pour ça qu'elle est en Italie.
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Valentina, bientôt à Seattle, qui a une totale confiance en son père et c'est pour ça qu'elle tente l'aventure.
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J'ai réussi à tellement ouvrir le monde à mes filles qu'elles savent bien que la distance ne m'empêche pas 889de m'occuper d'elles. L'aventure sans risque. PAPA VEILLE. De tous les voyages, l'Egypte les a le plus marquées et 890le « voyage avec mon âne dans les Cévennes » sur les traces de Robert Louis Stevenson.
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Eleonora (la mère de mes filles), que je viens encore de sortir du pétrin et qui a une totale confiance en moi 892(caution d'apport).
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Virgile, qui n'habite pas chez son père, père qui va devoir exercer une veille active et être prêt à tout 894moment.
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Bénédicte, qui de toutes façons sait que je suis fiable et que je vais payer une fois de plus.
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Et ma soeur, que je viens de tirer du pétrin, ainsi que mes parents : hébergement/aide à domicile, 897renflouement financier.
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20LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3
Comme disait ma grand­mère adorée, et qui m'adorait – j'avais 10 ans et je ne la comprenais pas : « 900Vivement le repos éternel et je ne recommencerais sous aucun prétexte ».
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Quand est­ce que j'aurai le temps de relire Jean­Henri FABRE, Edward GIBBON, Léon HOMO, Theodor 903MOMMSEN, Jérôme CARCOPINO et tout le reste à lire, Marcel BRION, VIRGILE, HOMERE, Boris CYRULNIK ? 904Virgile ne va plus avoir de père. Bénédicte pourrait­elle me suppléer en tant que père ? Elle m'a toujours trouvé 905extrêmement maternel et elle a toujours rêvé d'être un homme, en particulier sexuellement. Son rêve sexuel aurait 906été de pouvoir me pénétrer, ce que j'aurais avec Bénédicte été très curieux d'expérimenter aussi. La fascination de 907savoir ce que ressent l'autre. Nous sommes des handicapés pendant que les escargots eux expérimentent tout. Je 908suis favorable aux OGM humains. Notre dernière chance d'en finir avec ce brouillon répugnant.
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Je comprends les bouddhistes (évolution la plus récente) qui n'ont qu'une obsession : voir les réincarnations 911s'arrêter. Ils sont prêts à tout pour ça et renoncent à tout sur terre. Bon, sur terre, moi j'ai fait le tour (!) mais faut que 912je dure encore un peu pour les enfants, et dans la joie ! Comme épitaphe, je reprendrai non pas une épitaphe 913romaine mais la plus géniale épitaphe que j'ai jamais vue, plutôt entendue, de la bouche de DAVE le chanteur : 914OUF ! 915Ça dit bien tout. Quoique j'avais demandé à ma soeur d'aller jeter mon corps en forêt pour savoir enfin ce que ça fait 916d'être un arbre. La vie éternelle mais au calme. Donc pour l'épitaphe, ça va pas être facile. OUF tout de même !
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Différé pour le moment mais je suis quand même bien fatigué. Nuit du 20 au 21 avril 2006.
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Pendant que je mène une vie de merde, y a encore un mec intelligent de plus qui vit une vraie vie : il 921communique avec les dauphins en jouant de la guitare électrique. Une vraie communication. Le morceau « Le blues 922du bruit du bateau » (très lent). Approche non scientifique ou non pseudo scientifique mais saine, reposante et 923réelle. Une réflexion à mener par LL pour sortir du pseudo scientifique et se garder du scolaire ? Je vais aussi lui 924conseiller JM DEGUIGNET. Il était totalement analphabète et son ouverture d'esprit est stupéfiante.
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Ma mère la forêt. Quand je rentre en forêt, je me sens protégé, englobé, rassuré, absorbé. Je crois que 927c'est le seul endroit où j'ai ressenti souvent ce que c'est que la sérénité. A part mon année d'armée, je suis sorti de 928mes « bois » à 31 ans pour aller travailler et c'est quand même la plus grosse connerie que j'ai faite, à part de ne pas 929rester en Inde quand j'avais 25 ans. Les femmes ont toujours besoin d'argent.
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Attendons maintenant le OUF !
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Je n'ai jamais agressé Bénédicte mais au contraire, je l'ai toujours soutenue. Je pense qu'actuellement, 934comme il est probable qu'elle vive toujours dans ses peurs et ses angoisses, il est plus facile de me faire supporter 935le rôle d'agresseur que d'accepter ses propres peurs. De temps en temps, je devrais quand même me protéger un 936peu parce que mine de rien je fatigue. Bénédicte m'avait dit qu'elle doutait que je l'aime autant qu'elle m'aimait 937(toutes les femmes sont toujours sûres d'aimer plus que ces pauvres hommes) et qu'en tout cas, j'étais dans son 938coeur pour toujours. Elle m'appelait pour cette raison toujours « mon coeur » (voir document joint).
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21LA FATALITE DU PERE – ESSAI – CHAPITRE 3