Le concert, un moment merveilleux
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Le concert, un moment merveilleux
Le concert, un moment merveilleux (Antoine Gentner – Chef de chœur de "La Ritournelle" – Schiltigheim) D e tout temps la musique a été pour l’homme un instrument au service de ses conquêtes, conquêtes amoureuses au son des sérénades et odes en tous genres pour charmer l’ "objet" de ses désirs, ou conquêtes guerrières au son des tambours et trompettes. Tous les états d’âme ont pu être exprimés ou amplifiés par l’usage du son, qu’il soit parole ou musique. C’est donc avant tout un acte de communication que de faire de la musique. Le souci de communiquer naît bien sûr dans l’esprit de l’auteur, de l’inventeur, du compositeur qui cherche à faire passer un message à un receveur, un auditeur souvent universel puisque non choisi par le géniteur. A insi l’acte musical pour exister, a besoin des trois phases de son périple : la création, l’interprétation et l’audition. Une œuvre non donnée en concert, et peu importe la taille de l’assistance, souffre de cette impression d’ "inachevé" qui donne au travail effectué en répétitions un goût d’efforts inutiles et aux choristes le sentiment d’avoir perdu leur temps. L’audition de l’œuvre musicale par un public aussi petit soit-il est assurément "l’accomplissement" de l’acte musical. les chanteurs, les "exécutants", sinon les instruments du géniteur ? Q uiCetsommes-nous, axiome étant établi, il est aisé de comprendre qu’il y a lieu de porter une attention particulière sur les deux "passages de témoins", entre le compositeur et l’interprète d’une part, entre ce dernier et l’auditeur d’autre part. I l est donc important pour l’interprète de bien analyser (dans la mesure du possible), la genèse de l’œuvre. Dès le choix de l’œuvre et avant tout apprentissage, le chef de chœur aura tout bénéfice d’enseigner aux choristes le pourquoi et le comment de la naissance de l’œuvre et de la situer au mieux dans son contexte historique ou particulier. Selon le niveau du groupe, on pourra s’attarder sur des détails d’ordre musicologique, voire s’essayer à plusieurs interprétations possibles en cas de doute. En tout cas, quel que soit le niveau des chanteurs, il faudra leur demander, j’oserai dire leur imposer, de donner le meilleur d’eux-mêmes afin d’atteindre une interprétation juste. Ceci est nécessaire pour que la musique et son message ne soient pas trahis. Ceci pose bien évidemment le problème du choix de répertoire quant à son accessibilité au groupe. S’il est toujours louable de faire travailler les choristes un peu au-dessus de leur "savoir-faire", surtout dans l’esprit de progrès qui caractérise notre Mouvement, il cependant regrettable d’assister à un massacre de partitions lorsque l’œuvre donnée est indéniablement trop difficile pour le groupe. Il faudra par conséquent veiller au bien-être des chanteurs pour qu’ils aient la possibilité de dépasser le stade de la lecture de la partition pour s’imbriquer dans la recherche de transmission du message de l’auteur. P our le deuxième passage de témoin, rien de plus passionnant pour l’auditoire que d’être mis en appétit par un choix judicieux de messages de présentation, fussent-ils anecdotiques. Ainsi préparé, le public entrera plus facilement communion avec les interprètes et par leur intermédiaire avec le message de du compositeur ou avec le thème éventuel du concert. "T he last but not the least", qu’en est-il enfin de la préparation des choristes pour que leur entrée en communion avec le public puisse se faire aisément ? Il est essentiel de s’assurer du bien-être du chanteur dès son entrée en scène. Il faut bien entendu s’inquiéter longtemps avant le concert. Pour l’obtenir, le chef aura choisi un répertoire correspondant au bagage vocal et musical de sa troupe. Nous ne reviendrons pas ici sur le contenu des répétitions qui comprendront un indispensable échauffement et éventuellement une petite culture vocale adaptée au programme de la répétition. Elles seront suffisantes et suivies assidument par l’ensemble des choristes. Par contre il est nécessaire de rappeler que le premier moment important du concert est sans aucun doute l’heure qui précède l’entrée en scène : après l’inévitable échauffement, on laisser un quartd’heure de relaxation-concentration dont le meilleur allié est le silence. Le déroulement du concert dans le lieu et les conditions notamment d’éclairage du concert. L’ensemble de ces dispositions ayant été prises, il devrait s’installer rapidement une communion d’esprit avec le public. Les meilleurs souvenirs de concert sont ceux qui relatent les preuves de cette communion, ceux qui rappellent ces moments d’émotion lorsque le public réagit aux endroits espérés. C’est à ces instants-là que le bonheur s’installe et que le chanteur ressent l’accomplissement de ses investissements. O ui, le concert est bien un acte nécessaire au parachèvement de l’œuvre musicale. A son entrée en scène, le chanteur doit se sentir investi d’une mission noble, à la fois culturelle et sociale. Lorsqu’il aura compris son rôle de messager, il sollicitera le chef pour plus de concerts. J e conclurai en affirmant que j’ai vu des choristes heureux, heureux d’avoir "tout donné" et ceci, ce n’est possible qu’en présence d’auditeurs. Antoine GENTNER