L`épuisement au travail est enfin pris - HEG-FR

Datum: 29.11.2015
Le Matin Dimanche
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Auflage: 123'806
Erscheinungsweise: wöchentlich
Themen-Nr.: 375.032
Abo-Nr.: 1089048
Seite: 32
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L'épuisement au travail est enfin pris
en charge par le SECO et les employeurs
I.
Un Suisse actif sur cinq est touché par ce phénomène, estime Promotion Santé Suisse. Guiraud Laurent
Santé Confédération, employeurs
et chercheurs s'attaquent aux
causes du burnout. Avéré, le mal
est l'objet d'un premier séminaire
national ce jeudi, à Fribourg.
Ivan Radja
[email protected]
Cela s'appelle du stress, ou de
l'épuisement, et peut déboucher
sur une baisse de productivité,
des erreurs professionnelles ou,
dans les cas extrêmes, un burnout. Mais les souffrances liées au
travail se nomment aussi mobbing, ou harcèlement. Raison
pour laquelle le Secrétariat d'Etat
à l'économie (SECO) désigne tous
ces maux par «risques psychosociaux liés au travail». Le simple
fait de nommer le mal est révélateur de la prise de conscience offi-
cielle de ce phénomène. «Nous
l'avons inscrit comme action prio-
ritaire, conçue et mise en place
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d'entente avec les cantons, res- conseiller aux Etats Didier Ber- avec une cassure qui met longponsables de l'exécution, pour un berat (PS/NE), auteur d'une in- temps à se résorber.» Dans les
programme qui court de 2014 à terpellation au Conseil fédéral
2018», explique Valentin Lagger, sur ce sujet en mars dernier, «la
chef de l'inspection fédérale du Suisse doit progresser en la matravail au SECO. Plus d'un million tière. C'est un pays libéral, où la
d'actifs seraient atteints de près santé de l'employé est considéou de loin, estime pour sa part rée comme relevant de la seule
Promotion Santé Suisse.
sphère privée et du médecin traiLe colloque national du 3 dé- tant. La médecine du travail est
cembre, organisé à Fribourg par peu développée, ce n'est pas une
le SECO et la Haute Ecole de ges- profession attirante.» Christotion (HEG-FR) sera la première phe Iseli, chef de l'inspection du
du genre entièrement consacrée travail pour le canton de Frià ce thème. «De très nombreux bourg, observe pour sa part que
acteurs concernés ont répondu «la paix sociale n'a pas renforcé
présent, des patrons, des RH, des la défense des travailleurs, les
experts, une centaine de partici- syndicats ne sont pas très forts,
pants en tout», se félicite le directeur Rico Baldegger. Parmi les et les Suisses ont le sentiment
conférenciers, Johannes Siegrist, que la protection contre le licenprofesseur à l'Université de Düs- ciement est très faible».
Réels ou fantasmés, ces facseldorf, auteur mondialement teurs anxiogènes ont des réperconnu du modèle scientifique cussions sur la santé et les ac«Effort - Récompense». En ré- teurs en prennent conscience: la
sumé, son modèle porte sur
l'équilibre entre les efforts con- HEG a récemment mis sur pied
sentis (contraintes de temps, in- une journée consacrée à la santé
terruptions, heures sup, augmen- des travailleurs, et le SECO, detation de la demande, investisse- puis l'an passé, édite brochures
ment personnel), et les récom- explicatives et forme les inspecpenses (rémunération, estime, teurs cantonaux du travail à la fasécurité de l'emploi, opportunités
de carrière). «Un déséquilibre entre les efforts élevés consentis et
de faibles récompenses, ainsi que
le manque de reconnaissance,
ont un effet sur la dégradation de
l'estime de soi, ce qui peut avoir
grandes entreprises, les cadres
supérieurs touchés par un burnout peuvent parfois abandonner
l'opérationnel pour le stratégi-
que, mais «dans les PME, un patron qui craque peut signifier la
fermeture de la boîte», poursuit
Christophe Iseli.
Les inspecteurs instruits par le
SECO ne doivent pas s'immiscer
dans la marche des entreprises,
mais veiller à ce qu'elles se munissent d'une structure de prévention. C'est le cas à la Clinique
de La Source, explique Dimitri
Djordjevic: «Depuis janvier, une
plate-forme constituée de deux
employés respectés de tous, mais
non cadres, et non RH, est mise à
disposition des personnes qui
éprouvent souffrances ou difficultés.» Rico Baldegger insiste
sur le fait que cette journée soit en
partie due à une Haute Ecole de
gestion: «Ce problème est impor-
tant, mais pas seulement pour
une question de chiffres. Il appelle une approche humaniste.»
Un discours désormais dispensé
aux étudiants de la HEG-FR, «les
çon d'aborder ce problème. dirigeants de demain».
«Les risques
psychosociaux sont
prioritaires, nous
y consacrons un
programme spécial
jusqu'en 2018»
des conséquences graves», précise Matthias Rossi, directeur de
l'Institut entrepreneuriat et PME Valentin Lagger,
chef de l'Inspection fédérale
à la HEG-FR.
Comment les Suisses peu-
du travail au SECO
vent-ils être stressés alors que le Christophe Iseli: «Nous avons
pays connaît un taux de chô- des formations techniques qui
mage fort bas (3,3%)? «Je pense ne nous préparent pas à cet asque c'est parce qu'ils travaillent pect des choses. Nous veillons à
davantage, qu'ils sont sous une ce que la loi sur le travail soit resénorme pression, que le pays va pectée, les heures par exemple,
bien», rétorque Dimitri Djordje- mais il faut désormais faire
vic, directeur de la clinique lau- mieux, car une personne qui a eu
sannoise La Source. Pour le un burnout ne revient pas, ou
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Le stress au travail coûte 5 milliards de francs par an
nes victimes de stress, 410 000
Les données chiffrées sont as- d'épuisement général, 260 000
sez lacunaires en ce qui cond'irritabilité, 250 000 de maux
cerne les troubles psychosode tête et 240 000 de troubles
ont estompé les frontières entre
vie professionnelle et vie privée.
Consciente de ces lacunes, Promotion Santé Suisse a mis en
ciaux liés au travail. L'éventail du sommeil. Un tiers des perplace en 2014 un sondage (sur
des symptômes et des causes,
sonnes actives (34%) s'étaient près de 3000 personnes), le Job
liés au travail ou à la vie privée, senties souvent voire très sou- Stress Index, qui estime qu'en
est trop vaste pour livrer un dia- vent stressées en 2010, contre
2015 une personne sur cinq de la
gnostic aussi clair que pour une 27% en 2000. En dix ans, ces
population active, soit 22,5%,
jambe cassée. Le Secrétariat
pathologies ont pris de l'améprouve du stress sur le lieu de
d'Etat à l'économie (SECO) dis- pleur, en raison de la compétiti- travail, ce qui représente un coût
pose de quelques données da- vité accrue, de la pression, et
de quelque 5 milliards de francs
tées de 2005, qui estimaient à
des nouvelles technologies, qui aux employeurs.
66o 000 le nombre de person-
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