Rapport d`activité (Projet) - US CGT Commerce et Services Paris
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Rapport d`activité (Projet) - US CGT Commerce et Services Paris
Rapport d'activité (Projet) Sans aucun doute possible, l'Union syndicale est devenue beaucoup plus forte aujourd'hui qu'il y a trois ans. Elle fonctionne mieux, répond mieux aux besoins de ses adhérents, elle a réussi à créer une véritable cohésion de ses militants, elle a obtenu de nombreux résultats dans les différentes luttes, elle a beaucoup augmenté le nombre de syndiqués, elle a mieux défendu ses militants et... elle est crainte par les patrons parisiens. Tout cela a été réalisé dans des conditions difficiles : l'US partait de très bas, avec une organisation en lambeaux et une légitimité à reconquérir. Dans un secteur où il n'est pas facile d'organiser les salariés, la méfiance, voire l'hostilité ouverte de certaines de nos structures ne nous a pas facilité la tâche. Nous avons néanmoins eu raison de rester fermes sur nos choix : nous pouvons tous être fiers de nos résultats et, aujourd'hui, c'est la fédération qui, à son tour, se réorganise pour plus de démocratie et d'efficacité et pour le bénéfice de tous. Notre précédente résolution était intitulée « Démocratiques, efficaces, au cœur des luttes et à l’initiative pour la négociation » : nous pensons nous y être conformés. 1) Les luttes Nous avons mené de nombreuses luttes : certaines ont été très longues, la plupart, et de très loin, ont été gagnantes. Elle sont aujourd'hui moins longues mais non moins nombreuses, car notre expérience mais, surtout, l'expérience qu'ont les patrons de nos capacités de lutte font que nos combats trouvent plus vite leur issue. Lors de notre dernier congrès en 2004, nous avions mis l'accent sur la multiplication des luttes dans nos professions. Les 3 années écoulées n'ont fait que confirmer ce constat, salaires et conditions de travail étant toujours au cœur des revendications et à l'origine des conflits. A titre d'exemple, les 12 derniers mois auront été marqués par de multiples batailles : Chez MONOPRIX, plusieurs grèves ont éclaté dans différents établissements parisiens, pour très rapidement arriver à des actions plus coordonnées au niveau départemental, notamment celle du 12 mars dernier qui a réuni près de 400 salariés de l’enseigne dans la capitale. La FNAC a connu un phénomène similaire avec des actions à répétition et de plus en plus coordonnées. Le secteur de l'hôtellerie restauration n'a pas été en reste avec un conflit spectaculaire au sein du CONCORDE LAFAYETTE et plus de 200 salariés en grève pendant 7 jours. De nombreux autres mouvements ont également eu lieu chez SURCOUF, TATI, MANFIELD, Planète Hollywood, le STAR Hôtel, ELIANCE, FABIO LUCCI, EUROSECURITE, SAMSIC,… Lors de notre dernier congrès, nous avions défendu l'idée que les luttes devaient faire l'objet d'une solidarité sans failles et d'une attention soutenue : en termes de solidarité militante, financière, mais aussi sur les aspects droits et libertés et communication. Le bilan que nous pouvons tirer des luttes précédemment évoquées nous conforte dans cette opinion. Depuis la grève de 5 mois qui a agité l'hôtel ASTOR, nous n'avons plus connu de conflits « hors normes « et notre système de solidarité nous a permis d'aider les salariés à tenir quand les directions ne cédaient pas assez rapidement. Reste que si la quasi totalité des luttes que nous avons menées sont gagnantes et cela, nous pouvons nous en féliciter, différentes réflexions s’imposent à nous. Ainsi, certains conflits manquent encore de préparation, les revendications sont parfois mal élaborées ce qui vient compliquer les négociations qui permettent de mettre fin à ces derniers. Les convergences ont parfois du mal à se mettre en place sur des thèmes qui sont pourtant communs à nos syndicats, même s'il existe des contre-exemples (Monoprix parisiens, Fnac, mouvements de solidarité -San Marina, Astor, Méridien, Concorde-). La manifestation du 29 mars est révélatrice de cette difficulté à mobiliser sur de grands thèmes qui pourtant intéressent toutes nos professions malgré leur diversité. Les accords signés au mois de février 2007 dans les hôtels cafés restaurants sont aussi la démonstration de nos difficultés à peser sur des négociations qui dépassent le simple cadre de l'entreprise. Plus généralement, la pauvreté de nos conventions collectives, qui s'apparentent plus aujourd'hui à des espaces de recul que d'avancées, est le résultat d’une sous syndicalisation, certes, mais aussi de nos difficultés à rassembler les salariés autour des enjeux liés à la négociation collective. Ces difficultés ne sont pas insurmontables : elles sont liées à l'état de faiblesse de notre fédération, que l'US ne peut compenser seule. La reconstruction d'une fédération démocratique et efficace constitue donc un enjeu majeur pour faire prendre une dimension nouvelle à nos luttes. 2) La vie démocratique Notre vie démocratique laisse un bilan mitigé : si les pratiques de l'US sont indéniablement démocratiques, si nos AG suscitent une participation extrêmement importante, nous ne pouvons être pleinement satisfaits du fonctionnement de notre Commission exécutive et les responsabilités restent trop centralisées. Une pratique réellement démocratique : notre union syndicale tient par dessus tout à pratiquer un syndicalisme tolérant, ouvert, loin de tout sectarisme et proche du terrain. Notre pratique a été conforme à ces principes, aucune de nos décisions n'ayant été prises « par en haut ». Si la direction de l'US intervient, parfois avec passion, dans les débats sur les choix d'action, elle n'en respecte pas moins les décisions finales de ses bases. Ce climat de confiance se traduit par une présence massive aux assemblées générales et cette présence garantit notre fonctionnement. Conformément à nos engagements de congrès, l'AG se réunit toutes les 6 semaines avec une moyenne de 75 participants ! 3) La formation Même si tous les efforts nécessaires n'ont pas été faits par tous nos militants pour participer aux formations organisées par l'US, la diversité de celles-ci et leur qualité, l'effort consenti pour les animer par les permanents ont permis de réaliser un bilan extrêmement positif. 200 militants par an ont été formés en moyenne et les permanents de l'US y ont consacré près de 50 journées par an. L'US a assuré des formations CE, DP, CHSCT, DS, à l'écrit, à la négociation collective, sans compter les journées d'étude (temps partiel, procédure prud'homale etc.) 4) L'aide aux bases Les liens entre les bases et l'US se sont aussi resserrés grâce à un accueil très soutenu, même si le manque de moyens et de disponibilité nous contraint à beaucoup de rigueur dans l'organisation de cet accueil. L'US a aussi continué de faire une priorité absolue de la défense de ses militants en difficulté. Ce sont près de 2000 rendez-vous annuels qui sont donnés par les permanents, sans compter leurs différents déplacements. Ce sont également des milliers de tracts rédigés, des dizaines de protocoles préélectoraux, de nombreuses interventions devant les tribunaux... qui reposent sur une secrétaire administrative, trois permanents (quatre personnes dont deux à mi-temps) et des bénévoles, dont une à temps plein. Nous sommes aussi très fiers de nos résultats dans la défense de militants au Monoprix Sébastopol, au Méridien ou à San Marina, car c'est toute la crédibilité de notre syndicalisme qui en dépend. 5) L'organisation Durant ces trois années, l'Union syndicale a trouvé un système d'organisation interne stable et efficace, qui reste malgré tout tributaire de notre manque de moyens et, surtout, du manque d'outils organisationnels fiables de la CGT en général. L'US a modernisé et simplifié ses outils, dans la mesure de ses moyens. Les retards pris par le cogitiel, les freins à son déploiement, l'absence de solution de remplacement pérenne nous contraignent cependant à une gymnastique risquée et chronophage. 6) La structuration Nos modes de structurations ont également été mis à l'épreuve, avec la confirmation de la crise du syndicat d'établissement, de l'absence de pérennité de la structuration dans les UL et du caractère hybride de l'US elle-même, à la fois syndicat professionnel départemental et union de syndicats. Le travail en collectifs ne s'est imposé qu'à de rares exceptions. 7) La syndicalisation En matière de syndicalisation, notre bilan est très bon, mais il est néanmoins affaibli par notre manque de prise sur la dynamique des syndicats d'établissement et des UL. La syndicalisation s'est faite « naturellement », sans que le souci de notre renforcement ne devienne une grande cause partagée par tous les militants parisiens, ce qui constitue un demi-succès. Bien que très bons, nos résultats ne sont pas toujours à la hauteur des mobilisations sauf quand cet aspect des choses est véritablement pris en compte par les syndicats en lutte. Une véritable réflexion doit traverser notre congrès sur ce sujet. Pour la seconde année consécutive, l’US Commerce et Services Paris connaît une progression importante de son nombre d’adhérents. Pourtant, cette dernière est largement impactée par le fait que nos syndicats les plus anciens et les mieux structurés stagnent dans le meilleur des cas, et très souvent sont victimes d’une érosion sensible qui, si elle n’éveille pas l’attention base par base, pèse largement sur l’orga Parisienne. Notre progression importante est en grande partie due à la création de nouvelles bases, surtout dans les PME, avec toutes les difficultés liées à la reconnaissance du fait syndical dans ce genre d’entreprise. Ce phénomène doit aussi nous amener à réfléchir sur nos structures, autant que sur nos moyens et leur utilisation. 8) Les rapports avec nos structures Nos rapports avec les structures interprofessionnelles parisiennes ont été globalement très bons, avec une volonté jamais démentie de notre UD et des UL de venir en aide à nos actions, cela, malgré des désaccords sur certains dossiers. Sans que cela n'interfère directement sur la vie de l'US, nos rapports avec la confédération sont devenus très compliqués depuis, notamment, le dossier Samaritaine. Nos rapports avec la fédération ont été exécrables, mais le changement intervenu avec notre soutien actif à la tête de la fédération est porteur de promesses pour l'avenir. Les rapports de l'US avec l'UD de Paris ont toujours été empreints de loyauté, même lorsque nos positions ont pu être divergentes. Participant aux instances et aux manifestations organisées par le département, l'US a pu compter en retour sur le soutien de l'UD. Il en a été de même avec la plupart des UL, même si la faiblesse de nos moyens nous a empêché d'entretenir des relations aussi soutenues que nous l'aurions souhaité. La méfiance de la Confédération à l'égard de l'US qui trouve ses origines dans le conflit MacDo, s'est renforcée au moment du licenciement de Pascal Moussy et s'est fortement accentuée à l'issue de la négociation du PSE de la Samaritaine. Malgré le succès très important obtenu sur ce dossier, l'action de l'US a été critiquée, calomniée, voire même niée. Cette attitude est d'autant plus étrange qu'il ne nous a jamais semblé que nos objectifs syndicaux aient divergé. Nous avons sans doute « payé » cette détérioration par l'absence d'une réelle prise en compte confédérale de la question de la convention collective des HCR. Nos rapports avec la fédération ont été violemment hostiles du printemps 2005 jusqu'à l'élection de Michèle Chay pour laquelle l'US s'est fortement investie. A l'inefficacité de la structure fédérale, s'est ajoutée pendant près de deux ans une grande hostilité vis à vis de notre US. Cela a eu une incidence certaine dans notre bilan car, si d'une part, nous étions obligés d'essayer de compenser les carences fédérales, la fédération n'a pas cessé, de son côté, de nous mettre des bâtons dans les roues (Monoprix, Samaritaine...). De nombreuses accusations inacceptables ont été proférées à l'encontre de l'US et de ses dirigeants (détournement d'un « trésor de guerre », absence de transparence sur les adhérents, comportements putschistes etc.). Le congrès de Ramatuelle a constitué l'un des sommets de cette hostilité constante. Si l'objectif d'y défendre nos pratiques et certains de nos choix a été partiellement atteint (solidarité), ce congrès a constitué le point d'orgue de notre stigmatisation : jouant à la fois de l'origine de certains de nos militants (Sycopa) et de l'hositilité province-Paris, la fédération a cherché à masquer son bilan en nous désignant comme boucs-émissaires. Ce congrès a été très mal vécu par les quelques 90 délégués parisiens présents. Si l'US a fortement soutenu le changement de direction fédérale, elle s'est néanmoins toujours montré d'une loyauté organisationnelle extrême (cotisations, déclaration de l'orga, participation aux actions fédérales), car nous n'avons jamais conçu le syndicalisme sous l'angle des querelles de clan. 9) Le juridique En matière, juridique nous pouvons être pleinement satisfaits de notre fonctionnement en matière de relations collectives de travail. Sur le plan de l'accueil individuel, nous avons mis en place une organisation qui « tourne » mais qui continue de souffrir du manque d'implication des militants. Pourtant, l'accueil des salariés isolés est un véritable vivier de syndicalisation et constitue très souvent la première étape de la création de bases nouvelles. Les métiers de services tels que les salariés du particulier employeur ou les concierges et gardiens d'immeuble où les salariés sont pratiquement toujours isolés demandent également une disponibilité et des moyens plus importants. 10) La communication En termes de communication, l'US a réalisé d'énormes progrès avec une gestion efficace des relations avec la presse et la mise en place d'un site internet de qualité. Nous accusons néanmoins un retard important par rapport à d'autres organisations en terme de visibilité sur internet et il convient de maintenir nos efforts dans ce domaine. La création prochaine d'un site internet Fédéral devrait nous permettre de progresser. A terme, il sera certainement possible de mutualiser et de permettre à nos syndicats ou sections syndicales de disposer d’un espace internet, une première expérience est en cours au sein du syndicat Accor IDF. Nous avons tout lieu d'être satisfaits de notre bilan : l'US aide ses délégués, les conseille, les forme et les défend, elle organise les convergences parisiennes, elle a une pratique démocratique et remporte de nombreux succès dans les luttes. Mais pour rester efficaces, nous devons être critiques envers nous-même, savoir reconnaître ce qui n'a pas fonctionné et, surtout, tracer ensemble des perspectives nouvelles dans un contexte social et politique fortement dégradé.