Chap 06-Regain tensions à fin guerre froide _1975-1991
Transcription
Chap 06-Regain tensions à fin guerre froide _1975-1991
Chapitre VI DU REGAIN DES TENSIONS A LA FIN DE LA GUERRE FROIDE (1975-1991) I. LA GUERRE FRAICHE (1975-1985) Pourquoi les relations Est-Ouest connaissent-elles un regain de tension ? A. L'expansionnisme soviétique 1. Une influence grandissante dans le Tiers-Monde Pour l'URSS, la détente n'a jamais signifié renoncement à l'expansion. À partir de 1975, profitant de l'affaiblissement de l'Occident consécutif au choc pétrolier et à l'échec américain au Vietnam, elle étend son influence dans le Tiers-Monde. Leonid Brejnev fait appel aux troupes de Cuba pour soutenir les régimes pro-soviétiques qui s'installent en Éthiopie (1974) et dans les anciennes colonies portugaises, le Mozambique et l'Angola (1975). En Amérique latine, elle apporte son appui aux guérillas marxistes au Salvador et au Guatemala et contribue à la victoire des sandinistes au Nicaragua en 1979. En Asie, les communistes triomphent en 1975 avec la réunification du Vietnam sous l'égide du Nord, l'installation des Khmers rouges au Cambodge et du Pathet Lao au Laos. 2. L'invasion de l'Afghanistan En 1979, afin de venir au secours du régime communiste de Kaboul, installé l'année précédente, l'Armée rouge pénètre en Afghanistan. À la volonté de soutenir un régime ami s'ajoute la crainte de voir la rébellion islamique gagner les républiques musulmanes soviétiques. Les États-Unis dénoncent un arc de crise, qui, du Mozambique à l'Afghanistan, en passant par l'Éthiopie et le Yémen du Sud, viserait à couper l'Occident de ses approvisionnements pétroliers du golfe Persique. B. Les États-Unis, du repli à l'offensive 1. L'ère des «bons sentiments» (1975-1979) Au milieu des années 1970, l'idée que les systèmes américain et soviétique sont en train de se rapprocher est courante aux États-Unis. Pour Henry Kissinger, conseiller à la Maison-Blanche, l'URSS changera d'elle-même si l'on développe avec elle des liens commerciaux. De plus, le démocrate Jimmy Carter, qui accède à la présidence en 1976, entend redonner aux États-Unis la légitimité morale qu'ils semblent avoir perdue avec la guerre du Vietnam et la crise du Watergate. Se faisant le défenseur du respect des droits de l'homme, il réduit les aides aux dictatures anticommunistes d'Amérique latine, les affaiblissant face aux guérillas marxistes. 2. «America is back» (1980-1985) L'invasion de l'Afghanistan modifie l'attitude de J. Carter. Sa réaction est ferme : embargo sur les ventes de céréales, boycott en 1980 des jeux Olympiques de Moscou. En 1980, son successeur, le républicain Ronald Reagan, lance contre l'URSS, qu'il désigne comme 1'«Empire du Mal», une véritable croisade. C'est la « guerre fraîche». L'Afrique du Sud, qui pratique le système de l'apartheid, mais soutient la résistance antisoviétique en Angola, redevient un allié privilégié. Au Nicaragua, les contras antisandinistes reçoivent armes et subsides. En 1983, les Américains occupent l'île de Grenade, dont le régime est jugé menaçant. B. La reprise de la course aux armements 1. Les États-Unis rattrapent leur retard Dans les années 1970, l'URSS a dépassé les États-Unis dans le domaine des armes conventionnelles (chars, avions, etc.) et des armes stratégiques (missiles intercontinentaux). Après l'invasion de l'Afghanistan, les États-Unis décident de rattraper leur retard. Ils ne ratifient pas le traité SALT II, signé en 1979. À partir de 1983, l'URSS refusant de retirer les missiles SS2O qu'elle a installés en Europe de l'Est, l'OTAN déploie à l'ouest des fusées Pershing II. 2. L'initiative de défense stratégique En 1983, Ronald Reagan lance une Initiative de défense stratégique (IDS), surnommée « guerre des étoiles », car le projet vise à abattre les missiles par le biais de rayons lasers diffusés par satellites. En dotant les États-Unis d'un bouclier anti-nucléaire, le projet romprait avec le principe de la destruction mutuelle assurée, qui a garanti l'équilibre de la terreur. Les Soviétiques s'inquiètent, étant incapables de suivre leur rivale dans la course technologique aux armements. II. LA FIN DE LA GUERRE FROIDE (1985-1991) Comment l’évolution en URSS conduit-elle à la fin de la guerre froide ? A. Les bouleversements en URSS 1. Perestroïka et glasnost Mikhaïl Gorbatchev, nommé secrétaire général du PCUS en 1985, veut rénover le système soviétique. La priorité accordée aux industries d'armement nuit au développement des industries de consommation et aux investissements dans le secteur éducatif. La population manifeste son mécontentement par une résistance passive (absentéisme, faible productivité) qui entrave la bonne marche des entreprises. M. Gorbatchev lance un appel à la restructuration (perestroïka) et demande plus de transparence (glasnost) dans l'information et les décisions. 2. La politique de désarmement Pour rénover le système soviétique, M. Gorbatchev a besoin d'une pause dans la course aux armements et d'une aide financière de l'Occident. Dès 1985, il entame un véritable tour du monde des capitales occidentales où il est très populaire. En 1987, il accepte un plan de suppression des euromissiles (traité de Washington). Dans les années suivantes, deux autres accords sont signés : le traité de Paris sur la réduction des forces conventionnelles en Europe (1990) et le traité START 1 (1991). B. Le repli soviétique 1. La fin de la coupure de l'Europe en deux En 1988, Gorbatchev annonce le retrait des troupes soviétiques stationnées en Europe de l'Est. Cette décision et la politique de réformes lancée en URSS permettent la chute des régimes communistes. Au printemps 1989, la Hongrie ouvre sa frontière avec l'Autriche. De nombreux Allemands de l'Est empruntent cette brèche dans le rideau de fer pour se rendre en RFA. Les autorités est-allemandes, débordées, décident finalement 1 d'ouvrir leur propre frontière : le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe. Le chancelier ouest-allemand, H. Kohl, propose aussitôt un plan de réunification. Le 12 septembre 1990, le traité « 2+4 » réunifie l'Allemagne. En 1991, la dissolution du pacte de Varsovie consacre la fin du bloc de l'Est. vietnamiennes envahissent le Cambodge où les Khmers rouges, soutenus par la Chine, ont perpétré un génocide. La Chine réplique en lançant une attaque contre le Vietnam. La fin de la guerre froide permet cependant l'ouverture de négociations qui aboutissent en 1991 à un accord de paix. 2. Le retrait soviétique du Tiers-Monde L'URSS se désengage des régions du Tiers-Monde où elle avait apporté son appui à des régimes se réclamant du marxisme. Des accords de paix sont signés sous l'égide de 1'ONU, qui peut jouer son rôle de médiateur depuis la fin de la confrontation entre les deux Grands. Entre 1988 et 1990, ces accords débouchent sur le retrait de l'URSS et de ses alliés d'Afghanistan, du Nicaragua et du Salvador, d'Ethiopie et d'Angola (en échange, l'Afrique du Sud reconnaît l'indépendance de la Namibie). B. La radicalisation du conflit israélopalestinien C. L'effondrement de l'URSS 1. De I'URSS à la CEI Les réformes économiques désorganisent la production. La tenue d'élections libres en mars 1989 réveille les oppositions et les nationalismes ; des incidents éclatent en Asie centrale en 1986 ; au printemps 1990, les pays Baltes proclament leur indépendance. Pour empêcher le démembrement de l'URSS, les conservateurs communistes tentent un coup d'Etat le 18 août 1991. Le nouveau président de la République de Russie, Boris Eltsine, qui reprochait à M. Gorbatchev sa timidité dans les réformes, prend la tête de la résistance. Le putsch échoue. Le 24 août, M. Gorbatchev démissionne de son poste de secrétaire général du PCUS; le 29, les activités du parti communiste sont suspendues. En décembre, l'URSS disparaît, remplacée par la CEI, à laquelle adhérent 11 des 15 anciennes républiques d'URSS. 2. Le reflux du monde communiste La disparition de l'URSS et de ses satellites d'Europe de l'Est marque le reflux des régimes communistes. Ne subsistent que Cuba, la Corée du Nord, le Vietnam et la Chine. Cette dernière, engagée dans la voie de la libéralisation économique au début des années 1980, refuse « la cinquième modernisation : la démocratie ». En 1989, le «printemps de Pékin» est durement réprimé (massacre de Tienanmen). La fin de la guerre froide ne signifie pas la victoire de la démocratie libérale. III. LES LIMITES DE BIPOLAIRE (1975-1991) L’ORDRE Quels sont les conflits qui échappent à la logique Est-Ouest ? A. Divergences et luttes à l'intérieur des blocs 1. La concurrence entre les États-Unis et leurs alliés La crise rend plus intense la compétition économique entre les pays du bloc occidental. Pour protéger leurs approvisionnements pétroliers, les États de la CEE et le Japon se rapprochent des pays arabes. Après l'invasion de l'Afghanistan, les Européens profitent de l'embargo américain pour accroître leurs échanges commerciaux avec l'URSS. Ils tentent de promouvoir leur propre diplomatie. 2. La troisième guerre d'Indochine Après le triomphe des communistes au Vietnam, au Cambodge et au Laos en 1975, la péninsule indochinoise devient l'enjeu de la rivalité sino-soviétique. En 1977, le Vietnam, allié de l'URSS, établit sa tutelle sur le Laos. En 1978, les troupes 1. Des accords de Camp David à l'intifada La guerre de 1973 entre Israël et ses voisins marque un renversement partiel des alliances au Proche-Orient. Le président égyptien Anouar al-Sadate se rapproche des États-Unis. À leur instigation, en 1978, il s'engage à signer avec le Premier ministre israélien Menahem Begin un traité par lequel l'Égypte reconnaît l'État hébreu en échange du retrait d'Israël du Sinaï. Mais Sadate, accusé d'avoir trahi la cause arabe, est assassiné par des islamistes. Israël continue d'implanter des colonies dans les territoires palestiniens. En 1987, les jeunes Palestiniens déclenchent l’Intifada. En novembre 1988, Y. Arafat reconnaît le droit à l'existence d'Israël mais proclame un État indépendant en Palestine. Il veut éviter que l'OLP ne soit débordée par des mouvements extrémistes - le Hamas et le Jihad islamique - dont l'influence grandit. 2. La guerre au Liban L'afflux de réfugiés palestiniens crée des tensions croissantes dans ce pays où cohabitent dans un équilibre fragile des communautés chrétiennes et musulmanes. En avril 1975, la guerre civile éclate. Elle oppose des milices que séparent antagonismes religieux et prises de position rivales dans le conflit israélo-palestinien. Les armées Syrienne et israélienne interviennent. En 1982, pour tenter de stopper les raids lancés par l'OLP depuis ses bases libanaises, Israël lance l'opération «paix en Galilée» qui contraint Yasser Arafat à quitter le pays. Mais elle laisse les milices chrétiennes perpétrer des massacres dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila. C. La montée de l'islamisme 1. La révolution Iranienne et la guerre Iran-Irak En 1979, la dictature du chah d'Iran est renversée. L'ayatollah Khomeyni instaure une république islamiste, qui dénonce tant l'impérialisme américain que le communisme athée et met en application la charia. Les Américains perdent ainsi un appui important. Bien plus, ils subissent un lourd affront en novembre 1979: le personnel de l'ambassade américaine de Téhéran est pris en otage. La guerre que l'Irak déclenche en envahissant l'Iran en 1980 permet de contenir la poussée islamiste, mais déstabilise la région. 2. Une menace dont l'Occident ne prend pas la mesure Les États-Unis ne mesurent pas le renforcement de l'islamisme. À Beyrouth, en 1983, des mouvements islamistes libanais, financés par l'Iran, font exploser des camions suicides sur les quartiers généraux américains et français de la force multinationale stationnée au Liban. Dans le conflit afghan, les États-Unis arment les moudjahidin qui résistent à l'Armée rouge. En 1986, le scandale de I'Irangate révèle que l'administration Reagan a fourni des armes à l'Iran, en dépit de l'embargo officiel. Le « nouveau désordre mondial » s'amorce. 2