La mesure devient un jeu d`enfant

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La mesure devient un jeu d`enfant
entreprise vibrations
Vibrations
La mesure devient un jeu d’enfant
Depuis le 4 juillet 2005, les employeurs
sont tenus d’évaluer les risques d’exposition
aux vibrations transmises à l’ensemble du corps.
Pour les assister dans cette entreprise
jusque-là complexe et coûteuse, l’INRS a participé
au développement d’Evec, un exposimètre à bas
prix, facile d’utilisation. Une petite révolution,
rien de moins.
C
ompliquée, coûteuse et
pas toujours fiable, la
mesure des vibrations
transmises à l’ensemble du
corps est longtemps restée une
affaire de spécialistes : « Il y a
trente ans, on se déplaçait dans
les entreprises avec un appareil
de 200 kg, qui valait un million
de francs. Dans le meilleur des
cas, on réalisait une mesure
dans la journée », se souvient
Patrice Donati, responsable
du département Prévention
technique des machines à
l’INRS. Par la suite, les progrès
techniques ont permis de
fabriquer des exposimètres à
la fois plus légers et plus performants. Mais le coût prohibitif de ces appareils – au moins
15 000 euros – et leur complexité, en faisaient toujours
des outils réservés à quelques
experts.
De nouveaux
besoins
Ce n’est qu’avec la parution
du décret n°2005-746 du
4 juillet 2005 que les choses
ont commencé à changer. Ce
texte, qui oblige désormais les
employeurs à évaluer les risques d’exposition de leurs salariés aux vibrations mécaniques,
a en effet créé un nouveau
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besoin dans les entreprises :
« Pour appliquer ce décret et
satisfaire aux exigences du
“document unique” dans le
cadre de l’évaluation des risques
professionnels, les préventeurs
ont souhaité pouvoir effectuer
eux-mêmes des mesures de
vibrations. Mais ils se sont vite
rendu compte qu’il n’existait
pas, sur le marché, d’appareils
adaptés à leurs besoins », explique Patrice Donati. À la demande du ministère du Travail, et
avec sa contribution financière,
l’INRS décide donc de participer au développement d’un
appareil « grand public », peu
coûteux et facile d’utilisation.
Elaboré en partenariat avec les
centres régionaux de mesures
physiques (CMP), le cahier des
charges est exigeant. Le nouvel exposimètre devra mesurer
automatiquement la valeur
réglementaire A(8), c’est-àdire la dose vibratoire reçue
par le conducteur d’engin au
cours de sa journée de travail.
Il sera équipé d’un système de
détection de personne et corrigera automatiquement les
artefacts de mesures. Quant à
la transmission des résultats,
elle se fera via une liaison sans
fil, pour faciliter le maniement
de l’appareil.
Plusieurs années s’écoulent
L’exposimètre, dénommé Evec, mesure la dose vibratoire
reçue par le conducteur d’engin pendant sa journée de travail.
Puis les résultats sont transmis par liaison à un pocket PC.
cependant avant qu’une
société belge, Micromega
Dynamics, ne réponde à l’appel
d’offres : « C’était en mars 2006,
précise Jean-Pierre Galmiche,
en charge de l’évaluation des
risques vibratoires à l’INRS.
Ensuite, la société s’est approprié le projet et tout est allé très
vite. »
Simple et pratique
Baptisé
Evec
(comme
Exposimètre pour la mesure
des vibrations de l’ensemble du
corps), l’exposimètre fabriqué
par Micromega se compose
d’une partie capteur, qui prend
la forme d’une enveloppe normalisée, pesant à peine 300
grammes, et d’une partie « lecteur », un logiciel exécutable
sur un pocket PC. Grâce au système de détection de personne, le capteur se met en route
automatiquement quand le
conducteur s’assoit sur son
siège, et s’arrête dès qu’il se
relève, ce qui permet à celui-
ci de monter ou de descendre
de l’engin aussi souvent que
nécessaire. Il est également
capable de détecter et de corriger les secousses anormales,
ce qui rend inutile le suivi de
l’opérateur et de l’engin en
cours de mesurage.
© Serge Morillon/INRS
Moins
de 2 000 euros
À la fin de la journée, le préventeur n’a qu’à transférer les
données du capteur vers son
pocket PC, à travers une liaison
Bluetooth. Il accède ainsi de
façon simple et directe à la
valeur A(8), qu’il peut comparer à la valeur d’action et à la
valeur limite définies dans
le décret : « Avec cet appareil, la mesure devient un jeu
d’enfant ! », se félicite Patrice
Donati, qui espère que le faible
prix de vente d’Evec – moins
de 2 000 euros – permettra
aux préventeurs d’acquérir
plusieurs capteurs et d’effectuer ainsi, en une journée, un
bilan global de l’exposition
aux vibrations dans l’entre-
prise. « Cet appareil a été conçu
pour mesurer une éventuelle
surexposition aux vibrations.
Si un dépassement de seuil est
détecté, l’employeur a alors la
possibilité de faire appel aux
laboratoires des CRAM ou à
une entreprise spécialisée pour
réaliser des mesures complémentaires. Ils détermineront
l’origine du problème et proposeront des solutions pour y
remédier », remarque Thomas
Venet, technicien au CMP de
l’Est, qui envisage d’utiliser
l’Evec pour multiplier les
mesures d’évaluation du risque vibratoire.
Primé lors du salon Préventica
(cf. encadré), les 6 et 7 juin à
Strasbourg, l’exposimètre Evec
vient d’être commercialisé
dans la foulée.
Stéphanie Lampert
Photos : Serge Morillon
© Serge Morillon/INRS
Prix de l’innovation Préventica
Le capteur se met en marche automatiquement quand le conducteur
s’assoit sur son siège, il s’arrête dès qu’il n’est plus en contact et il
peut également détecter et corriger les secousses anormales...
Au cours du dernier salon Préventica qui se déroulait
à Strasbourg, la société Micromega Dynamics a reçu un prix
de l’innovation pour l’exposimètre Evec...
Des prix de l’innovation sont en effet décernés lors de
chaque édition de Préventica, par un jury composé des CRAM,
d’organisations professionnelles et de journalistes de la presse
spécialisée. Ils récompensent les entreprises et services
les plus innovants et performants en matière de prévention
des risques professionnels et d’amélioration des conditions
de travail.
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