Unis pour faire la différence
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Unis pour faire la différence
Entreprise Bourgogne de Vigne en Verre Unis pour faire la différence Au début des années 80, quelques vignerons et une cave coopérative s’unissaient pour vendre leurs vins. Une heureuse “anomalie” dans le paysage. Repères Chiffres d’affaires : 6 millions d’euros 900 000 cols commercialisés Les 12 domaines : Domaine Jean-Claude Belland - Santenay Domaine Bitouzet-Prieur - Volnay Domaine Michel Briday - Rully Caves des vignerons de Mancey - Mancey Domaine Jean Chauvenet - Nuits-St-Georges Château de la Saule - Montagny-lès-Buxy Domaine Chofflet-Valdenaire - Givry Domaine Edmond Cornu - Ladoix-Serrigny Domaine Maurice Derain - Moroges Domaine André et Bernard Labry Auxey-Duresses Domaine Georges Lignier - Morey-St-Denis Domaine du Meix Foulot - Mercurey BP 100 - Route nationale 6 71700 Tournus Tél. 03 85 51 00 83 - Fax 03 85 51 71 20 18 • Bourgogne Aujourd’hui 65 C ette histoire est tout simplement unique en Bourgogne. Une exception qui réunit onze vignerons et une cave coopérative. L’objectif : commercialiser leurs vins. Le principe de Bourgogne de Vigne en Verre (BVV) est simple. Les vignerons livrent une partie de leur production en bouteilles en dépôtvente, sous leurs propres étiquettes, à une structure dont ils sont parties prenantes. Cette société d’intérêt collectif agricole (SICA), forte de quatre commerciaux et d’un gérant, se charge de vendre les vins. Tous les mois, les viticulteurs reçoivent un récapitulatif du nombre de bouteilles vendues, à qui et à quels tarifs. Un pourcentage de la marge réalisée lors des ventes tombe dans les caisses du groupement et finance ainsi son fonctionnement. Principale cause de l’attractivité de BVV : sa gamme. Près de 80 appellations. Du grand cru rouge de la côte de Nuits au bourgogne côte chalonnaise en passant par la côte de Beaune, le Mâconnais, etc. Sans compter quelques domaines satellites qui permettent d’élargir les références, notamment vers le Chablisien. C’est d’ailleurs cette complémentarité qui est à l’origine de la démarche. “Quand un de mes clients cherchait une appellation que je n’avais pas, je lui conseillais d’aller voir untel ou untel de mes amis viticulteurs. L’idée a germé que l’on se mette à plusieurs pour proposer une gamme de vins”, se souvient Bernard Labry, viticulteur à Auxey-Duresses (côte de Beaune - 21) et membre fondateur de la structure. Une complémentarité qui est aussi un gage de pérennité. “Pour que cela fonctionne dans le temps, il nous fallait éviter autant que possible la concurrence entre les domaines”, explique Bernard Derain, gérant de la structure. LA BOURGOGNE EN MINIATURE Un acheteur trouve ainsi un unique interlocuteur capable de lui ouvrir la porte d’une très large palette de vins vinifiés, élevés et mis en bouteilles à la propriété. La Bourgogne en miniature ou presque. Bourgogne de Vigne en Verre exporte quasiment la même proportion de ses vins que la région dans son ensemble (48%). La répartition rouge et blanc est également comparable (55% blancs). Bourgogne de Vigne en Verre réussit le tour de force d’innover, de rassembler les forces, sans rien entamer de l’identité de De gauche à droite : Domaine Jean-Claude Belland Domaine Edmond Cornu et Fils Domaine du Meix Foulot Cave des vignerons de Mancey Domaine Jean Chauvenet Domaine Alain Roy-Thevenin Domaine Chofflet-Valdenaire Domaine André et Bernard Labry Domaine Maurice Derain Domaine Bitouzet-Prieur Domaine Michel Briday Domaine Georges Lignier et Fils ses membres. Cette diversité, qui fait l’âme de la Bourgogne, est même jalousement préservée. Les domaines gardent toute latitude en matière de vente aux particuliers. Le degré d’implication dans la structure est d’ailleurs variable d’un domaine à l’autre : certains commercialisent 90% de leur production pour le bais de BVV, d’autres seulement 60% (chiffre mini). Les viticulteurs ne sont pas pour autant désinvestis de toute démarche commerciale. Ils gardent la maîtrise de leurs tarifs et reçoivent volontiers les acheteurs de BVV. “On ne se coupe pas du contact avec les clients. C’est important pour sentir le marché. C’est important aussi pour les acheteurs de mettre un paysage, un visage derrière une étiquette”, expose Agnés Dewé à la tête du domaine du Meix Foulot à Mercurey (71). PLUS DE TEMPS À LA VIGNE Moins de contraintes pour commercialiser, c’est plus de temps passé au vignoble ou en cave. Chacun des vignerons peut se concentrer sur ce qui fait le cœur de son métier. “Les vins, on sait faire. Les vendre, on sait moins ou alors cela nous embête”, lance Bernard Labry. “Quand on reprend un domaine, l’envie de prendre de l’autonomie, de marquer son passage est forte. Je me suis vite rendu compte qu’on ne peut pas tout faire. BVV me permet de me concentrer sur la vigne et sur la cave. Là où je suis le plus l’aise”, expose de son côté Agnés Dewé à la tête du domaine du Meix Foulot à Mercurey. “Ensemble pour enrichir nos différences, cultiver l’authenticité de nos vins”, annonce un document de présentation. Trop beau pour être vrai ? La formule fonctionne et surtout elle dure. Le groupement a fêté ses 25 ans cette année. Bernard Derain en paraît presque étonné : “À la fin des années 80, début 90, nous avons vu arriver le changement de génération dans les domaines. On s’est dit : “Aïe ! Les enfants vont-ils continuer dans le même sens que leurs parents ?”. Christophe Drag (domaine Jean Chauvenet), Denis Valdenaire (domaine Chofflet-Valdenaire), Stéphane Briday (domaine Michel Briday), Pierre Cornu (domaine Edmond Cornu), etc. Aujourd’hui la relève s’est faite dans une bonne moitié des domaines. Et l’équipe est toujours au complet... ■ Moins de contraintes pour commercialiser, c'est plus de temps passé au vignoble ou en cave. Chacun des vignerons peut se concentrer sur le cœur de son métier. Laurent Gotti Photographies : Lionel Georgeot Bourgogne Aujourd’hui 65 • 19