Merson - Philatelistes.net

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en couverture
les Merson tous les atouts des grands Classiques
« Merson »,
les seconds « grand
notre histoire postale
Superbe 10 F dont on peut apprécier toute la
finesse grâce à cet agrandissement.
(vente François Feldman).
A l’occasion de l’exposition au musée des Beaux-Arts de
Rennes consacrée à l’œuvre de Luc-Olivier Merson,
revenons sur les timbres qu’il a réalisés et qui devraient à
l’évidence figurer dans la rubrique des Classiques. Ces
semi-modernes ont la réputation d’être inabordables mais
c’est à la fois vrai et faux. Si les catalogues attribuent une
forte cote aux exemplaires bien centrés et sans charnière,
rien n’empêche – si ces timbres vous tentent – de les
collectionner dans une qualité inférieure ou en oblitérés.
30 - Janvier 2009 - Timbres magazine
Les émissions de France par année
1900
format » de
40 c rouge et bleu
Imprimé de 1900 à 1906.
Supprimé puis rétabli en 1908.
Retiré en 1924. Multiples usages
dont le plus commun est celui
de la lettre recommandée pour
l’intérieur.
50 c brun et gris
Imprimé de 1900 à 1920. Retiré
en 1921. Principal usage : lettre
recommandée pour l’étranger.
1 F lie-de-vin et olive
Imprimé en de 1900 à 1925.
Retiré en 1926. Principaux
usages : lettres en valeur
déclarée, premiers tarifs de la
Poste Aérienne.
2 F violet et jaune
La vedette des Merson car il n’y
eut qu’un seul tirage en 1900 et
que sa période d’utilisation fut
brève (suppression officielle en
1904). Usages : lettres chargées,
lettres et paquets en valeur
déclarée.
Le seul entier émis durant la carrière des
Merson, rarissime.
En haut le
timbre
normal, en
bas le même
PA mais avec
le fameux
écusson
cassé.
5 F bleu et chamois
Usage : lettres chargées, lettres et
paquets en valeur déclarée,
Poste Aérienne, droit spécial
d’abonnement à la poste
restante, colis postaux d’AlsaceLorraine.
1906
45 c vert et bleu
Principal usage : lettre
recommandée.
priori, rien ne prédisposait Luc-Olivier Merson
à réaliser un timbre. Cet
ancien élève de l’Ecole
des Arts Décoratifs, de
l’Ecole des Beaux-Arts de Paris qui
obtient le Prix de Rome en 1869
est un peintre connu, un dessinateur hors-pair réputé qui défend
l’« académisme » et ne porte guère
de sympathie aux impressionnistes. Son travail que d’aucun
qualifie de « pompier » est la plupart du temps d’inspiration religieuse. N’en déplaise à ses détrac-
A
teurs, il est doté d’un véritable
talent et l’on retrouve ses œuvres
dans de multiples musées français
et étrangers mais également dans
des églises. C’est le hasard qui le
fait venir au timbre et à commencer par un concours raté. Cela fait
bien longtemps que sévit le type
« Paix et Commerce » de JulesAuguste Sage et un moment que
M. Mesureur – député de Paris et
rapporteur du budget des postes –
pensait à la création d’un nouveau
timbre mettant fin aux Sage. Il
réclamait un nouveau ● ● ●
1920
60 c violet et bleu
Principal usage : lettre
recommandée.
2 F orange et vert-bleu
Usages principaux : lettres
chargées et recommandées,
valeurs déclarées, tarifs aériens,
colis postaux.
1922
45 c vert et bleu préoblitéré
En usage jusqu’en août 1924
pour les imprimés du 4e puis du
3e échelon.
●●●
Timbres magazine - Janvier 2009 - 31
en couverture
●●●
1923
1 F lie-de-vin et olive
Congrès philatélique de
Bordeaux
1925
3 F violet et bleu
Usages : lettres recommandées,
chargées et en valeur déclarée.
1926
10 F vert et rouge
Très utilisé en Poste Aérienne
pour l’Indochine et l’Amérique
du Sud. Autres usages : cartes
d’abonnement à la poste
restante, et colis postaux
d’Alsace-Lorraine.
20 F lilas et bleu-vert
Usages : lettres chargées, valeurs
déclarées, Poste Aérienne, colis
postaux, abonnement à la poste
restante.
1927
3 F lilas et carmin
Usages : lettres recommandées,
chargées, valeurs déclarées, Poste
Aérienne et colis postaux.
Poste Aérienne 2 F orange et
vert (surcharge bleue) et 5 F
bleu et chamois (surcharge
noire).
Superbe décalage de couleur (vente François Feldman).
● ● ● timbre, « moderne, républicain et français ». Le concours
avait été lancé en 1894 et pas
moins de 684 projets furent présentés mais tous furent recalés !
Les journaux ne se privèrent pas
pour critiquer les projets même si
cinq mentions honorables furent
décernées
notamment
à
Mouchon mais aussi à Bourgoin
dont on sait à présent qu’il fut aidé
par... Merson (archives J-F Brun).
A l’approche de l’Exposition universelle de 1900, il était souhaitable d’accélérer le projet si cher à
M. Mesureur. En 1898 le comité
technique postal décide de remplacer les Sage par trois types de
timbres : un pour les petites
valeurs, un pour les moyennes et
un pour les grosses. On fait appel
directement à trois artistes :
Joseph Blanc, Louis-Eugène
Mouchon et Luc-Olivier Merson.
Les timbres ne seront pas prêts en
mai pour l’Exposition universelle
mais le 4 décembre 1900. Les
Premiers jours de l’époque réunissant les quinze valeurs sont
aujourd’hui très recherchés.
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, nos Merson ne font
pas dans le classicisme, du moins
sur le plan technique. D’un grand
format – du jamais vu depuis le 5 F
de 1869 – mais ils sont aussi en
deux couleurs. Une première. Cela
nécessite de graver deux poinçons,
l’un pour l’effigie, l’autre pour le
fond et de faire deux passages
pour l’impression qui entraîneront
des décalages de couleurs. Les
Merson ont été tirés en typographie à plat.
1929
2 F orange et vert Exposition
■
philatélique du Havre
Une double teinte de fond (vente Behr).
32 - Janvier 2009 - Timbres magazine
Un 2 F bien malmené. A gauche un centre très déplacé et à droite le
timbre n’a pas de teinte de fond.
De nombreuses nuances de couleurs existent, avec deux extrêmes
pour ce 45 c de 1906 de vert pâle à vert noir.
Leur valeur faciale fait à l’époque
des Merson des timbres chers. Ils
servent principalement à l’affranchissement de lettres, recommandées, chargées, en valeur
déclarée, par express, plis aériens,
de colis. L’analyse de la cote des
catalogues montre qu’il l’est aussi
aujourd’hui pour les collectionneurs. Toutefois, les cotes élevées
concernent des timbres parfaitement centrés, neufs et en excellent
état. Alors si l’envie vous prend de
vous intéresser à ce timbre passionnant et que vous souhaitez
limiter la dépense, rien ne vous
empêche de réunir des timbres qui
ne sont pas parfaitement centrés
(ils le sont souvent) et de ne pas
rechercher des exemplaires
dépourvus
de
charnière.
N’escomptez pas trouver le
moindre type ou sous type, malgré
ses presque 30 ans d’existence, il
n’y en a pas ! Le Merson, un timbre
sans histoire ? Non, car s’il plaît
tant, c’est qu’il possède de nombreux atouts qui passionnent les
amateurs d’étude de tarifs spéciaux, de décalages de couleurs,
d’existence de surcharges et bien
d’autres choses encore que nous
allons détailler.
A partir de 1916, les Merson ont été imprimés sur papier « grande
consommation », qui remplaçait le « bon » papier manquant en
temps de guerre. Il supportait mal le piquage ! (vente Behr).
●●●
M. Mesureur réclamait un nouveau
timbre « moderne, républicain
et français »
La valeur vedette, le 2 F
violet et jaune dont la
cote pour les neufs
atteint 2 500 E et 90 E
en oblitéré (vente
François Feldman).
Timbres magazine - Janvier 2009 - 33
en couverture
●●●
Les variétés
La plus célèbre est l’unique variété
de case qui concerne le 2 F de
1920 avec « écusson », que l’on
trouve sur toute une partie du tirage. Plus faciles à trouver, ce sont
les décalages de couleur car
comme nous l’avons dit, ces
timbres en deux couleurs nécessitent deux passages en impression.
Ce qui occasionne fatalement des
Les « timbres- école »
furent très utilisés ; leur
cote Maury atteint
1 600 E en neuf et sans
charnière (vente Behr).
La surcharge existe
également en bleu.
imperfections. La teinte de fond
imprimée au second passage ne
se retrouve pas souvent là où elle
devrait figurer, c’est à dire sur la silhouette de la République. Parfois
la teinte est tellement décalée
qu’elle n’est plus sur le timbre,
entraînant on l’imagine bien une
forte cote. En revanche, les décalages légers sont abordables d’un
point de vue financier, tant ils sont
fréquents.
Les non dentelés sont de plusieurs
natures. Il peut s’agir de timbres
venant de feuilles d’essais sans
perforation qui ont échappé à la
destruction réglementaire. Une
fois découpés, les timbres ressemblent à de « vrais » non dentelés à
cette différence que le papier des
feuilles d’essais est nettement plus
lisse que celui des feuilles normales. Enfin, les non dentelés peuvent aussi provenir de feuilles mal
engagées dans les machines à perforer.
Les surchargés
Les timbres sociopostaux ont été
créés à l’imitation
du système
allemand en vigueur
en Alsace-Lorraine à
partir de 1891.
Pour aller plus
loin
Timbres de France au
type Merson de Jean
Storch et Robert
Françon
The royal philatelic
Society, London
L’excellent site de
Toussaint Coppolani
www.coppoweb.com
34 - Janvier 2009 - Timbres magazine
Les plus connus – et pour cause –
ce sont les 2 et 5 F de 1927 qui
sont nos deux premiers timbres de
Poste Aérienne émis lors du premier salon international de la navigation à Marseille. Ils étaient vendus en paires à 5 francs au dessus
de la faciale, ce qui correspondait
au billet d’entrée et lorsque des 2
francs présentent un écusson
cassé, la cote explose.
On trouve aussi des surcharges
pour des expositions philatéliques : celle du congrès de
Bordeaux en 1923 et l’exposition
du Havre en 1929. Toujours au
chapitre des surchargés, les
« annulé » de 1911, avec double
surcharge en 1923. Il s’agit de
« timbres-école » très utilisés. Les
Merson ont connu les trois séries
de surcharge spéciale des « cours
d’instruction » des PTT avant la
création de timbres fictifs en 1931.
Autre surcharge, celle pour les
« spécimen » en 1925. Ils étaient
destinés à être exposés dans les
bureaux de poste. L’idée fut abandonnée mais quelques pièces
échappèrent des dossiers de l’administration...
D’autres Merson sont également
pourvus de surcharges « M » et
« V » pour lesquelles nous
sommes souvent interrogés dans
le courrier des lecteurs. Ils ont
servi pour matérialiser des cotisations d’assurance maladie (surcharge M) et vieillesse (V). Ils ont
été imprimés par l’Atelier du
timbre et vendus dans les bureaux
de poste. Il y a eu trois émissions :
1931, 1932 et deux en 1935 ; à la
fin l’année, les timbres ont été
supprimés, les cotisations sociales
n’étant plus acquittées sous cette
forme.
Entier et préo
Ils sont uniques ! L’entier concerne le 50 c sur livret d’identité postale ; quant au préo, il s’agit du
45 c émis en 1922.
Les colis postaux
d’Alsace-Lorraine
Ce service était directement
assuré par la poste de 1919 à
1939 avec des timbres de France.
Les essais
Le champ de recherche est vaste
avec les épreuves avec ou sans
faciale, les épreuves collectives, les
essais de couleurs et de surcharges, les feuilles-témoins, les
rebuts, les réimpressions et les
épreuves de luxe.
Comme on le voit, la collection
des Merson est dense avec de
multiples entrées. Pour autant
nous sommes loin d’avoir tout
évoqué. Il sera notamment question dans un prochain numéro de
la collection des Merson utilisés
dans les Bureaux français à l’étranger.
■
Nicolas de Pellinec
A suivre