canneur rempailleur - Institut National des Métiers d`Art

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canneur rempailleur - Institut National des Métiers d`Art
C ANNEUR REMPAILLEUR
C ANNEUR REMPAILLEUR
MÉTIER
Le canneur et le rempailleur ont comme point commun l’utilisation de matières
premières végétales ou céréalières nécessaires aux assises des chaises et des
fauteuils.
Les matériaux utilisés par le rempailleur sont le raphia, la paille de seigle, la paille
des marais et l’herbe de mer. Le raphia est une fibre provenant des feuilles d'un
palmier : le «Raphia ruffia», originaire d’Afrique et d’Amérique. Sa souplesse
permet son utilisation à sec, il est résistant et fin. La paille des marais est une
plante herbacée qui pousse dans les milieux marécageux, sa particularité est sa
forme triangulaire. Pour la travailler et la rendre plus souple, elle doit être
immergée dans l’eau. La paille de seigle est une céréale ; pour éviter les
moisissures elle est soufrée, puis teintée, assouplie, plongée dans un bain à
ébullition égouttée et séchée. Dans certains cas, la paille est teintée, égouttée et
sécher pour que disparaissent les dernières traces de chlorophylle. Quant à l’herbe
de mer qui vient de Chine, sa structure est cylindrique ; elle doit être assouplie et
toujours humidifiée avant utilisation.
On retrouve dans les tombes égyptiennes datant de 1300-1400 av JC (18ème
dynastie) des chaises paillées et de petits tabourets. En Europe centrale, les
premiers rempailleurs seraient apparus au Moyen âge, puis auraient gagné la
France par l’intermédiaire des ouvriers italiens venus de Vénétie. Mais, ce n’est
qu’au XVIIIème siècle que les premières chaises paillées furent utilisées dans les
milieux modestes, faisant suite aux tabourets et chaises entièrement en bois.
Le rempailleur utilise différentes techniques : l’une dite à paillage brut, ainsi
nommé lorsque le cordon n’est par recouvert ; l’autre à paillage recouvert lorsque
le cordon de paille ou de raphia est recouvert par une bande de paille de seigle qui
l’entoure. Le paillage est constitué du tissage des cordons et du bourrage qui
donne de la consistance à l’assise.
Dans un premier temps, le rempailleur dégarni la chaise, il la démonte et la
nettoie. Ensuite seulement il peut effectuer le recouvrement de fond, après l’avoir
installée sur un tourniquet. Pour cela, il utilise des brins de paille qu’il apprête
pour leur donner de la souplesse. Il attache l’écheveau à l’un des angles du châssis
et tourne les brins pour former un cordon (nommés aussi toron). Le cordon relie
la traverse ou le barreau de paille arrière à la traverse avant dont il fait le tour puis
il est rabattu sur la traverse verticale gauche et relié à la traverse verticale droite et
ainsi de suite. De coin en coin, il remplit petit à petit tout l’espace du siège, pour
finir par le milieu. A chaque tour, il faut resserrer le cordon sur les côtés vers les
pieds à l’aide du lissoir, afin de maintenir les cordons serrés et l’angle droit de 90°
qu’ils forment entre eux.
Pour le bourrage, on utilise cinq à six brins qui sont introduits, en les poussant
avec un bourroir, sous la première couche de cordons. Le bourrage s’effectue de
la traverse vers la pointe centrale. Puis intervient le lissage : les cordons sont
comprimés et placés dans un même plan à l’aide d’un lissoir.
La technique du paillage recouvert est identique à celle du paillage brut. En
revanche la confection du cordon qui fait la spécificité de ce type de paillage, est
différente. La paille est fendue et introduite au milieu des brins de raphia puis
par un procédé de rotation de la paille, elle va entourer et recouvrir le cordon.
Cette technique permet d’introduire deux, voire trois couleurs de paille
différentes et de créer ainsi des polychromies de paille.
Le canneur utilise le rotin, plante sauvage qui appartient à la famille des palmiers
grimpants, cette liane épineuse pousse dans les jungles tropicales d’Asie du Sud
Ouest.
La première étape de sa transformation est le séchage. Les tiges sont coupées en
tronçons de la longueur voulue et mises en bottes. Elles sont ensuite trempées
dans un bain d’huile (la durée du bain est déterminée en fonction du diamètre de
la canne) puis mises à sécher au soleil, leur couleur varie ainsi au blanc ivoire.
Les cannes sont classées en fonction de leur dimension, de leur dureté et de leur
défaut. La seconde transformation comporte plusieurs opérations : l’écorçage, le
fendage, le traitement à la vapeur, le cintrage, la teinture, le ponçage et le
finissage. Les cannes ainsi obtenues sont des lanières étroites, issues de l’écorce
de rotin brut, matériau souple, très robuste et imputrescible. Le rotin est importé
en Europe par les Hollandais et les Anglais à la fin du XVIIe siècle. On l’utilise
d’abord pour les sièges, puis à partir du Second Empire sont créés des meubles
cannés à structure de rotin.
Le canneur est ainsi nommé en raison du matériau qu’il utilise : la canne de rotin.
Il existe différents modèles de cannage : le cannage français dit à six brins, le
cannage collé, le cannage serti…
Pour le cannage français, principalement utilisé lors d’une restauration, la canne
traverse le châssis percé de trous. Ce cannage se compose de deux brins
«verticaux», de deux brins «horizontaux» et de deux diagonales. L’ourdissure
consiste à tendre deux brins verticalement, parallèles à l’axe du châssis. Le brin de
canne chemine entre l’arrière et l’avant du châssis. Les derniers brins iront dans
les trous des traverses latérales. Le deuxième passage des verticales est effectué en
sens inverse. La monture est le tissage des deux brins horizontalement qui vont
croiser les «verticales» perpendiculairement. A l’aide d’une aiguille, les
«horizontales» sont glissées par-dessus puis par-dessous les deux «verticales» ou
l’inverse.
La garniture concerne le tissage des deux diagonales. Elles forment entre elles un
angle droit et passent entre les verticales et les horizontales, elles traversent le
châssis en biais. Le premier brin passe par-dessus la première paire d’horizontales
et par-dessous la première paire de verticales (ou l’inverse). Le second brin est
tissé dans le sens contraire. Le travail s’achève avec la réalisation de la bordure
appelée aussi «recouvrement». En effet, elle a pour but de dissimuler les trous du
châssis sur tout le périmètre de la chaise.
Le cannage collé est également à six brins, mais dans ce cas, les brins ne
traversent pas le châssis car les trous sont «borgnes». Les cannes sont juste fixées
dans les trous par de la colle. Ce cannage est appliqué généralement sur des
dossiers de sièges ou des joues de fauteuils.
Le cannage serti est aussi appelé «cannage mécanique». Il se présente sous la
forme d’un rouleau réalisé sur des métiers à tisser. Ce tissu de canne est embouti
ou inséré dans la rainure le long du châssis à l’aide d’une cale en bois et d’un
marteau. Puis la moelle de rotin est sertie et collée sur la bordure.
Deux types de cannage se distinguent : le cannage en plein et le cannage à jour
qui a pour particularité de laisser des espaces vides dans les motifs. Selon les
passages de la canne, les dessins réalisés sont différents. Parmi les cannages en
plein figurent les cannages damassés, le cannage en damier et le cannage
Pompadour caractérisé par des losanges concentriques encastrés les uns dans les
autres. L’emploi de rotins colorés permet de multiplier la variété des motifs.
(Source : Denis Guérin)
FORMATIONS
FORMATION INITIALE
Niveau V (Niveau équivalent au brevet d'études professionnelles - BEP, au
certificat d'aptitude professionnelle - CAP)
CAP cannage paillage en ameublement, 1 ou 3 ans
FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE
Le CAP cannage paillage en ameublement peut se préparer dans le cadre de la
formation continue. Parallèlement, des organismes privés proposent des
formations courtes d’initiation ou de perfectionnement mais également des
formations longues dans le cadre d’une reconversion professionnelle.
Retrouvez toutes les adresses des organismes de formations initiales
et professionnelles continues dans les métiers d’art en consultant
notre base de données sur notre site Internet : http://www.institutmetiersdart.org/
Retrouvez le schéma des formations aux métiers d’art sur notre site
Internet : http://www.institut-metiersdart.org/
Sur le site http://www.moveart.org/, retrouvez toutes les adresses
des centres de formations en Europe.
ENVIRONNEMENT
La Bresse Bourguignonne, plus précisément Rancy et Bantanges, est le deuxième
site producteur français de chaises paillées après les Landes.
Aujourd’hui, en l’absence de structure professionnelle, il est difficile de
comptabiliser le nombre de personnes exerçant encore ce métier.
Le métier de rempailleur est menacé par la disparition de la matière première : la
paille de seigle. Les producteurs sont de moins en moins nombreux, il ne reste
que deux familles en France. Le traitement de la matière se fait à la main et
comprend plusieurs étapes : récolte, séchage, teinture, mise en bottes (quillée),
mise en cartons, qui demandent du temps et de la main d’œuvre.
La plupart des canneurs rempailleurs exerçant ce métier ont un statut
d’indépendant, rarement de salarié. La réalisation d’une chaise demande de 5 à 8
heures de travail et le prix s’élève à environ 150-160 € pour un cannage ou un
paillage standard.
La clientèle du canneur rempailleur est en grande partie privée. Quelques rares
entreprises peuvent avoir comme clientèle des structures étatiques comme les
ministères, le mobilier national. Les commandes conséquentes de trente à
quarante chaises sont souvent confiées à l’Italie, qui s’avère être un concurrent
important. Beaucoup de paillages sont également faits dans des pays où la main
d’œuvre est bon marché comme la Chine et le Maroc.
CONCOURS
Prix Avenir Métiers d’Art - INMA
Annuel, remise de prix : date variable.
Remise des dossiers : 31 mai de l’année en cours.
Institut National des Métiers d’Art - 23, Avenue Daumesnil, 75012 Paris.
Tél. : 01 55 78 85 85. Fax : 01 55 78 86 17.
[email protected]
http://www.institut-metiersdart.org
Les Prix Avenir Métiers d’Art – INMA, organisés par l’Institut National des
Métiers d’Art, avec le soutien de la Fondation Michelle et Antoine Riboud et de
Banque Populaire, sont destinés à mettre en valeur de jeunes talents, futurs
acteurs de la vie économique dans ces métiers de passion et de création. Ils ont
pour objectif d'encourager les élèves de la filière Métiers d’Art, du niveau CAP
au niveau Bac +2 (niveaux V, IV et III) en mettant en lumière leur créativité et
leur maîtrise technique.
Le 1er Prix de chaque région et de chaque niveau reçoit un chèque d’une valeur
de 250€ (pouvant être complété par des partenaires régionaux) ainsi qu’un
diplôme. Les lauréats régionaux bénéficient également des avantages du CLUB
Avenir : séjour de deux jours à Paris en vue du jury national, rencontres avec des
professionnels, visite de musées, ateliers, etc.
Chaque premier prix national reçoit une dotation de 4500€. La dotation des 2èmes
Prix s’élève quant à elle à 2000€ et à 1000€ pour les 3èmes Prix.
Les lauréats du Prix bénéficient également d’un accompagnement privilégié de
l’INMA dans la suite de leurs parcours ainsi que d’un appui en termes de
communication et de promotion.
SOURCES D’INFORMATION
ORGANISMES
Les Chaisiers de Came,
Mairie de Came, 64250 Came.
Tél. : 05 59 56 02 75.
http://les-chaisiers-de-came.com/
Cette association regroupe les quatre entreprises de la commune. La plus
importante Gestas comprend environ douze salariés, les autres de deux à trois
salariés. Elle a pour rôle leur promotion et leur valorisation.
LIEUX RESSOURCES
International network for bamboo and rattan (INBAR),
Beijing 100102-86, PR China.
Tél. : 86 10 6470 6161. Fax : 86 10 6470 6161.
[email protected]
http://www.inbar.int
L’INBAR est une organisation intergouvernementale à but non-lucratif, fondée
par traité en novembre 1997, dans le but de tirer profit des avantages du bambou
et du rotin sur les plans social, économique et environnemental. Il rassemble des
partenaires provenant des secteurs public, privé et non-lucratif de plus de 50
pays, au sein d’un réseau global, pour définir et mettre en œuvre un programme
général de développement durable par le bambou et le rotin. L’INBAR
encourage les pays en développement à participer au commerce du bambou dans
l’ensemble du monde et leur fournit une assistance pour exploiter le bambou et le
rotin.
Chaisiers et pailleuses de Rancy et Batanges,
À Rancy
Ecomusée de la Bresse Bourguigonne,
Château départemental, 71270 Pierre-de-Bresse.
Tél. : 03 85 76 27 16.
[email protected]
http://www.ecomusee-de-la-bresse.com
Ce musée présente l’origine et l’évolution des chaisiers et pailleuses de RancyBattanges, au cœur de cet espace règne les principales étapes de fabrication des
chaises. Un atelier traditionnel et un atelier mécanisé sont reconstitués.
Des documents iconographiques anciens et des outils permettent d’évoquer la
diversité des savoir-faire mis en œuvre. Des démonstrations de paillage complète
l’ensemble.
Musée de la chaise
Maison de la chaumière, 64520 Came
Tél. : 05 59 56 05 12.
[email protected]
http://www.museedelachaise.fr
Ce musée recrée un atelier de chaisier de 1850. Exposition de plus d’une centaine
d’outils traditionnels authentiques. Ce musée à la particularité d’être tenu par Mr
Lataillade ancien chaisier à son domicile, il reçoit des écoles, des groupes, des
particuliers et adapte son discours à chacun.
PRESSE
Journal of Bamboo and Rattan
Kerala forest research institute, Peechi 680 653 Kerala Inde.
Tél. : 00 91 487 2699249. Fax : 00 91 487 2699249.
http://www.kfri.res.in/
Revue scientifique internationale sur la recherche et le développement du
bambou et du rotin. Elle traite des caractéristiques techniques, socioéconomiques, des aspects environnementaux et biologiques énergétiques.
SITES INTERNET
http://www.bdf-douineau.com/
Site de la société Douineau qui présente différents matériaux : paille, herbe des
marais…
http://www.dguerin.com
Site de Denis Guérin, canneur, rempailleur. Présentation de son entreprise, du
métier et de la polychromie de paille. Proposition de formations.
http://lpahorticole.faylbillot.educagri.fr/
Site présentant l’Ecole nationale d’osiériculture et de vannerie de Fayl Billot, et
ses formations.
http://www.les-chaisiers-de-came.com
Site présentant l’histoire du village de Came et de sa renommée sur la chaise.
Explication sur l’origine des chaisiers, présentation d’ateliers et de leur
production. Annonce de la fête de la chaise.
http://www.rotin-file.com
Site de la société du rotin filé. Rubriques : présentation des différentes espèces de
rotin en fonction de leurs utilisations, description des outils, commande on-line
de matériaux, présentation d’ouvrages, liens.
Les listes d’informations sont proposées à titre indicatif et ne sauraient
prétendre à l’exhaustivité.
POUR EN SAVOIR PLUS…
Consultez le Centre de ressources de l’Institut National des Métiers
d’art, une ressource unique sur les métiers d’art :
- Des bases de données documentaires sur l’actualité des métiers
d’art et des bases de données sur les formations, accessibles sur son
site internet.
- Un fonds documentaire spécialisé : revues, dossiers, ouvrages et
plus de 750 films sur ce secteur.
Institut National des Métiers d’art,
23 avenue Daumesnil, 75012 Paris. Tél. : 01 55 78 85 85
Ouvert du mardi au vendredi de 14 à 18 heures
[email protected]
http://www.institut-metiersdart.org/
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