Compte-rendu de la pièce : Loin de Corpus Christi

Compte-rendu de la pièce : Loin de Corpus Christi
Par Samantha Lussiez, TS,
option facultative théâtre
Pièce vue le jeudi 11 octobre 2012
1/ Présentation de la pièce
Loin de corpus christi, est une pièce de théâtre dont l’auteur est Christophe Pellet, et mise en scène par Jacques
Lassalle.
Cette pièce traite de la « défiance et de la délation sous des régimes de surveillances », de la crainte des individus
d’une ou plusieurs sociétés, contrôlés par la terreur d’être dénoncé à la police fédérale (ex FBI aux Etats Unis) ou
encore politique (par exemple la Stasi en ex RDA). Elle met en scène des personnages réels (tels que Richard Hart ou
encore Bertolt Brecht) et fictifs, au sein d’une histoire imaginaire rythmée de véritables références historiques
(guerre froide, mur de Berlin…). De plus, tous les lieux évoqués sont réels.
C’est donc l’histoire d’une jeune femme nommée Anne Wittgenstein, qui lors de la projection d’un film des
années 1940, développe une obsession exacerbée pour l’un des acteurs, Richard Hart dont la beauté est selon elle
renversante. En effet sa soudaine adoration pou cet homme lui fait oublier les blessures de la perte de son seul et
unique amour de jeunesse. Elle poursuit alors son rêve de rencontrer ce mystérieux acteur ayant finalement sombré
dans l’oubli, et de connaître chaque moindre détail de son existence. Nous nous retrouvons alors embarqué dans
l’histoire de Richard Hardt, qui après avoir quitté sa ville natale de Corpus Christi (au Texas), fait ses débuts à l’écran
grâce à Norma Westmore ; directrice de casting dans la MGM (Metro Goldwyn Meyer), et qui devient son amante.
Mais cette dernière sera tout au long de la pièce, victime des manipulations d’un pouvoir répressif, machinerie dans
laquelle sera alors évidemment impliqué le fameux Richard Hardt Notamment, indicateur du FBI.
2/ Analyse de la mise en scène
 Scénographie
Schéma de vue du dessus :
Schéma vu de face :
 Traitement de l’image : contraste théâtre/Cinéma
Dans cette pièce, l’image est au cœur du spectacle. En effet, loin de Corpus Christi s’inspire beaucoup du monde
du cinéma grâce à plusieurs éléments :
- Les projections sur toiles sont nombreuses durant le spectacle
- La pièce comporte beaucoup de références cinématographiques (film des années 40 projeté au début de la
pièce)
- Monologues intérieurs des personnages prononcés dans des microphones : ceci rappelle les voix off
rencontrées au cinéma
- Technique du flash back
- Sur-titrage (indications spatio-temporelles projetées sur l’écran supérieur)
Les images sont donc très présentes, rappelant ainsi l’univers du cinéma. Mais malgré cela, la théâtralité de la
pièce reste évidente et parvient à se détacher également de cet univers : en effet, la plateforme mobile, au centre de
la scène, composée de sièges rouges de salles de cinéma est toujours présente : cette contrainte pour le jeu des
acteurs constitue un lien entre toutes les scènes de la pièce que seul le théâtre permet. De plus, les décors ne se
veulent pas tout à fait réalistes, contrairement au cinéma : en effet ici, l’imagination du spectateur reste très
sollicitée.
Les comédiens sont donc confrontés au monde du cinéma, et donc à la présence d’images (nombreuse
projections), sans pour autant délaisser leur évidente théâtralité.
Ex : scène de la plage : le décor est simple : un écran au fond sur lequel est projeté de l’eau de mer (vagues, III).
Les acteurs jouent devant l’écran, reçoivent donc également ces images sur leur corps. Ici, ce sont les comédiens
eux-mêmes qui sont au cœur de l’image et le décor n’est pas réaliste.
 Traitement de la temporalité et des lieux variés
Loin de corpus christi comporte deux périodes principales : la première se déroule de façon alternative à Paris
durant l’année 2005 et à Hollywood, durant sa période maccarthyste (soit anti-communiste), de 1945 à 1947.
La deuxième période de la pièce se déroule, quant à elle, entièrement à Berlin Est entre l’été 1988 et l’automne
2001 ; même si l’action en arrière, dans le Hollywood de 1946 à 1947. Ces différents changements spatio-temporels
nous sont précisés par plusieurs indications :
- Tout d’abord, un écran supérieur nous renseigne sur le lieu et l’année de l’action. Quelle que soit l’époque
impliquée, ces précisions paraissent toujours saisies par une machine à écrire, ceci peut en effet rappeler la
crainte développée durant la guerre froide, et l’ambiance de défiance et de délation présente tout au long de
la pièce.
- Les costumes des comédiens : en effet, selon les époques, les comédiens n’ont ni le même style
vestimentaire (il serait alors intéressant de comparer les costumes de Anne et de Norma), ni le même âge
(lors des scènes finales, l’actrice incarnant Norma est vieillie)
- Enfin les ambiances musicales différaient également.
3/ Jugement personnel
Je peux donc dire que j’ai beaucoup aimé cette pièce car le contraste théâtre/cinéma, ces deux domaines
m’intéressant déjà beaucoup habituellement. De plus, j’ai apprécié les différents partis pris de la mise en scène de
Jacques Lassalle et j’ai trouvé le jeu des acteurs captivant). J’ai également trouvé la pièce très esthétique,
notamment grâce à la présence importante du monde de l’image.