analphabetisme et alphabétisation en algérie
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analphabetisme et alphabétisation en algérie
LA LETTRE DU CENEAP Centre National d’Etudes et d’Analyses pour la Population et le Développement N°43 - Février 2002 L www.ceneap.com.dz ANALPHABETISME ET ALPHABÉTISATION EN ALGÉRIE es progrès enregistrés en matière de scolarisation ont induit un recul important de l'analphabétisme des adultes. Le taux est passé de 74,6% en 1966, à 40% en 1990 et à 31,9% en 1998 (23% pour les hommes et 40% pour les femmes). La lutte contre l'analphabétisme, mission de l'Etat, est renforcée depuis le début des années 90 par l'intervention du mouvement associatif. Des programmes sont développés au profit de la femme dans environ le tiers des wilayas du pays parmi les plus défavorisées, par l'Office national d'alphabétisation en collaboration avec le mouvement associatif, notamment l'association IQRAA. L'importance des efforts pour le maintien d'un niveau qualitativement et quantitativement acceptable d'éducation apparaît comme tout à fait significative. Il convient néanmoins d'attirer l'attention sur les points suivants : - si les disparités entre les sexes sont limitées, les disparités entre régions persistent, au détriment des zones rurales en général et à l'intérieur des communautés urbaines elles mêmes; - la dynamique d'alphabétisation lancée grâce à l'implication du mouvement associatif mériterait extension et soutien, notamment au bénéfice de son encadrement ; - l'échec scolaire et la déperdition persistent de façon inquiétante. Ils sont liés notamment à une insuffisance de maîtrise du processus d'évaluation, à une insuffisance de la recherche en matière d'éducation, et à la dégradation des conditions matérielles de la scolarisation d'une part et des conditions de vie des enseignants d'autre part. El Hadi Makboul Directeur Général du CENEAP L e recul de l'analphabétisme, lié tives de développement des technolessentiellement à la poursuite de ogies nouvelles liées à l'informatique la politique de scolarisation massive d'autre part. des enfants entamée au milieu de la Par ailleurs, le rythme de scolarisadécennie 70, est cependant atténué tion a été très élevé passant de par l'importance des déperditions 44,6% en 1967 à 92,7% en 1997, scolaires, en particulier les déperdi- et a nécessité une forte mobilisation tions précoces. En effet, l'abandon de personnels enseignants dont les de la scolarité au bout de quelques effectifs, tous cycles confondus, sont années, entraîne souvent l'oubli des passés de 23 000 en 1962/1963 à connaissances de base censées avoir 350 000 en 1995 et à 477 000 à la été acquises au cours de la scolarité rentrée 2000. obligatoire, c'est-à-dire avant que ne Dans ce contexte et compte tenu du soient rendues irréversibles les con- rythme accéléré de la progression naissances constatée et de ASPECTS DE permettant l'insuffisance L’ANALPHABETISME EN de savoir de la formation lire, écrire des maîtres, les ALGÉRIE et compter. questions de la C e qualité de phénomène de déperdition scolaire l'éducation et celle de l'échec scoprécoce alimente l'analphabétisme laire sont posées avec acuité. Il dit "de retour" dont on peut consid- apparaît notamment : érer l'ampleur du fait des quelques - que la moyenne nationale de redou500 000 élèves qui, tous les ans, blement jusqu'à la 5ème année fonquittent l'école sans diplôme, mais damentale est de 13 % en 1999 ; dont la mesure précise nécessiterait elle culmine pour la 9 ème année des études plus approfondies. fondamentale pour atteindre 32,8% Parallèlement, les données chiffrées - que sur 100 enfants entrant en concernant l'analphabétisme peuvent 1ère année fondamentale, il n'y aura avoir un degré de signification tout a en moyenne que 36 élèves qui fait relatif compte tenu de la diversité réussiront à l'examen du Brevet des niveaux d'accès et de maîtrise d'Enseignement Fondamental (BEF) de la communication écrite par les et seulement 8 parmi eux, l'auront personnes d'une part et des perspec- fait sans aucun redoublement. S O M M A I R E - Aspects de l’analphabétisme en Algérie - La regression de l’analphabétisme - Aspects de l’analphabétisme chez les femmes - La lutte contre l’analphabétisme page 1 page 2 page 3 page 4 N°43 - Février 2002 www.ceneap.com.dz LA RÉGRESSION DE L'ANALPHABÉTISME Bien que la régression de l'analphabétisme soit globale- élevé avec une personne sur deux (51,52%) analphabète. ment très sensible, le recul est observé aussi bien pour Toujours dans la zone éparse, le taux d'analphabétisme les hommes que pour les femmes. Si en trente-deux ans, est de 39,80% pour la population masculine contre de 1966 à 1998, le taux des hommes analphabètes a 63,73% pour la population féminine âgée de 10 ans et baissé de 62% à 23%, alors que celui des femmes n'a plus. d’analphabetisme par wilaya diminué que de moitié en passant de 85% en 1966 Taux à 40% A l'intérieur national d'un même niveau de dispersion, le taux en 1998, les dernières estimations montrent que le taux présente de grandes disparités entre les wilayas. Le d'alphabétisation des femmes semble plus rapide durant rapport du taux maximum au taux minimum se situe les cinq dernières années. entre 2,5 à 3: Les résultats obtenus dans la lutte contre - en aggloméré chef-lieu, le taux minimum l'analphabétisme présentent, cependant, de grandes est de 16,33% (Grand-Alger) et le maximum différences, si l'on tient compte de la dispersion est de 43,93% (wilaya de Djelfa) ; ou milieu d'habitat (aggloméré chef-lieu, aggloméré - en aggloméré secondaire, le taux minimum est de secondaire, zone éparse) ou même des entités territoriales 24,92% (Grand-Alger) et le maximum est de 71,14% administratives de niveau wilaya. Les résultats du dernier (wilaya de Djelfa) ; recensement général de la population et de l'habitat - en zone éparse, le taux minimum est de 28,13% (wilaya (1998) font ressortir de grandes disparités entre les taux de Annaba) et le maximum est de 79,15% (wilaya de d'analphabétisme selon la dispersion et aussi selon le Djelfa). genre. En aggloméré chef-lieu, une personne sur quatre (25,71%) est analphabète ; en zone éparse, le taux reste assez 2 N°43 - Février 2002 www.ceneap.com.dz ASPECTS DE L’ANALPHABÉTISME CHEZ LES FEMMES L'analphabétisme de la femme, avec tout ce qu'il peut induire comme marginalisation, discrimination et vulnérabilité pour l'enfance, est combattu tant par les pouvoirs publics que les ONG avec, depuis 1991 le soutien technique de l'UNICEF. De même, la construction et aujourd'hui la reconstruction dans les cas de destructions des écoles, collèges, technicums, centres de formation professionnelle ou universitaires a également constitué une constante forte de la politique algérienne puisque près de 25% des dépenses budgétaires et quelquefois plus ont été régulièrement consacrés aux secteurs concernés pendant trois décennies, avec cependant un tassement relatif des ressources dans le contexte de l'ajustement structurel et c'est ainsi que des programmes de constructions scolaires sont réalisés dans le souci de rap- du coût de la vie, des efforts sont développés pour venir en aide aux enfants des familles défavorisées et c'est ainsi que cartables, livres et autres effets scolaires sont régulièrement distribués sur fonds gouvernementaux, associatifs ou par l'intermédiaire des oeuvres sociales des entreprises lorsqu'elles existent. De même, et % à 40.27% après avoir été 22.05 40.27% à 44.26% arrêté au cours 44.26%à 60.99% des années 1980, le programme des cantines scolaires a été repris au cours de la décennie 1990, mais le pourcentage des élèves qui bénéficient de repas gratuits reste faible. L'Algérie s'est, comme beaucoup de pays, intéressée à l'évaluation du système éducatif dans le cadre du processus global lancé par le forum de l'éducation pour tous. Un bilan a été réalisé dans ce cadre, par le g o u vernement et présenté au Forum du Caire et de Dakar. Ce bilan semble cependant encore insuffisant en matière d'évaluation et d'analyse de la situation du préscolaire, de l'évaluation des acquisitions scolaires des enfants scolarisés et d'évaluation des programmes d'alphabétisation. Taux d’analphabetisme femmes par wilaya procher l'élève de son école, de façon à favoriser la scolarisation notamment des fillettes en milieu rural et également pour diminuer la pression des élèves par classe. Cependant, et même si le taux de scolarisation parait élevé, il se situe en deçà des exigences de la Constitution et de la Convention des Droits de l'Enfant, puisque une partie des enfants en âge, et plus majoritairement les fillettes ne vont pas à l'école. Par ailleurs et devant l'aggravation 3 N°43 - Février 2002 www.ceneap.com.dz La lutte contre l'analphabétisme exige la détermination des indicateurs et des facteurs qui contribuent à expliquer l'extension de ce phénomène . Par ailleurs, il est temps de tracer les grandes lignes d'une stratégie de lutte contre l'analphabétisme et de mettre en place un plan de travail pour la période 2001 à 2005. Pour réaliser cet objectif, il importe de mener des enquêtes de terrain en vue de déterminer l'ampleur du phénomène et de connaître les populations concernées. Il importe également d'organiser des rencontres et des séminaires, notamment dans les pays où l'analphabétisme est important, pour mettre au point une stratégie en direction des couches sociales qui en souffrent le plus. .L'importance croissante accordée dans les pays arabes à la lutte contre l'analphabétisme et à la réduction des écarts dans la connaissance de la lecture et de l'écriture qui existent, en particulier entre hommes et femmes ainsi qu'à l'enseignement des adultes. En dépit du fait que le taux d'analphabétisme est en baisse constante dans le Monde Arabe, il reste que la répartition géographique des analphabètes varie selon les régions et d'une wilaya / mouhafadha à une autre. Les statistiques par catégories sociales révèlent un écart important entre l'alphabétisation des hommes et des femmes. Elles révèlent également que l'analphabétisme dans la tranche d'âge 10-19 ans constitue un paramètre qui déterminera l'évolution future de l'analphabétisme des adultes . Fidèle à ses objectifs de prise en charge des besoins des adultes en matière d'éducation, et en vue de contribuer à la réduction de ce fléau, l'Association Algérienne d'Alphabétisation (IQRA) a initié une étude en collaboration avec le Réseau Arabe de Lutte contre l'Analphabétisme. Cette étude a été entreprise en collaboration avec les associations civiles et les organisations non gouvernementales qui activent sur le terrain. Elle a été l'occasion pour l'association IQRA de se mobiliser en vue de concrétiser ce projet qui est le premier du genre. L'étude devait porter initialement sur 15 pays arabes et Expérience de l'Office National d'Alphabétisation et d'Education des Adultes (ONAEA) visait à analyser et expliciter les opinions et les comportements des apprenants et des apprenantes qui fréquentent des cours d'alphabétisation dans les pays concernés par l'étude. En relation avec l'association IQRA, le CENEAP a entrepris l'exploitation des questionnaires, au nombre de 1000, ainsi que l'analyse et l'évaluation des résultats. Les résultats préliminaires que l'on peut en tirer indiquent : · Une baisse du taux d'analphabétisme, · L'accroissement du taux d'analphabétisme féminin, · Une plus grande importance de l'analphabétisme dans les zones pauvres, · Une extension plus grande du phénomène dans les zones d'exclusion et de marginalisation. Mme Aicha BARKI, Présidente de l'Association Algérienne de lutte contre l'analphabétisme IQRA Les missions principales de l'ONAEA sont la formation des enseignants chargés de l'alphabétisation et de l'instruction des adultes et la préparation et propositions des éléments pour arrêter une stratégie dans le domaine de l'éradication de l'analphabétisme. Le nombre de bénéficiaires des cours dispensés par les services de l'ONAEA à travers tout le territoire national s'est élevé pour l'année scolaire 2000/2001 à 52025 personnes réparties selon 37207 femmes et 14818 hommes. Cet effectif représente seulement 0,72% du nombre total d'analphabètes recensés en 1998. En 2001/2002 le nombre de bénéficiaires s'élève à 55012 personnes réparties selon 42614 femmes et 12398 hommes. L'effectif des enseignants était , pour la même année scolaire, de 1874 réparti selon 1585 femmes et 289 hommes. Le nombre de classes pédagogiques s'élève à 2037 dont 1238 en urbain et 799 en milieu rural. CENTRE NATIONAL D’ETUDES ET D’ANALYSES POUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT 98, Route Nationale N°1. Birkhadem BP 34 Tél: 213 (21) 54 29 82 & 54 29 83; Fax: 213 (21) 54 21 49 E.mail: ceneap@wissal - site web: www.ceneap.com.dz 4