MC 410
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MC 410 : Chimie Physique et Théorique F. Fuster Calcule et visualisation des fréquences de vibrations Les fréquences de vibrations Nous pouvons matérialiser une molécule polyatomique par un certain nombre de masses ponctuelles réunies ensemble par des ressorts. Si un tel système reçoit de l’énergie (par exemple sous forme d’un coup de bâton), il se mettra à exécuter un mouvement compliqué de vibration qui, en général, ne se répétera pas dans le temps. La décomposition d’un tel mouvement en mouvements plus simples est le but d’une partie de l’analyse mathématique appelée théorie des groupes. Modes normaux de vibrations 1. Modes normaux de vibration d’un système de points Il est possible de décomposer le mouvement compliqué et apparemment désordonné d’un système de points matériels en mouvements plus simples en supposant que ces mouvements sont de petite amplitude (principe des petits mouvements). À chaque instant, la position du système de points sera donnée par la somme géométrique des positions qu’aurait le système s’il était seulement soumis aux mouvements élémentaires. Ces mouvements élémentaires prennent le nom de modes normaux de vibration. La théorie des groupes permet de prévoir que 1. ces modes normaux sont en petit nombre ; 2. ces modes normaux sont indépendants les uns des autres. Si la molécule arrive à vibrer réellement dans un de ces modes (ce qui est impossible pendant longtemps en raison des collisions moléculaires) aucune autre vibration se sera excitée; elle continuera à vibrer dans ce mode ; 3. dans chaque mode normal, les noyaux vibrent en phase et avec la même fréquence. Modes normaux de vibrations ► On peut obtenir le nombre des modes normaux de vibration à l’aide de considérations simples. Chacun des N atomes d’une molécule polyatomique non linéaire a trois degrés de liberté. En effet, il peut se déplacer indépendamment selon chacun des trois axes du trièdre trirectangle. La molécule dans son ensemble a donc 3N degrés de liberté. Parmi ces 3N degrés de liberté, trois correspondent à une translation de la molécule entière le long des trois axes et trois correspondent à une rotation de la molécule autour de chacun des axes. ► Ceci laisse 3N - 6 degrés de liberté de vibration. On démontre qu’il existe précisément 3N - 6 modes normaux de vibration. Une molécule linéaire possède 3N - 5 modes normaux car elle a seulement deux degrés de liberté de rotation (la rotation autour de l’axe inter nucléaire étant triviale puisque le moment d’inertie est nul : elle ne met en cause aucun échange d’énergie. Notons aussi que la rotation d’un angle quelconque autour de cet axe produit une molécule non distinguable de celle qui lui a donné naissance). Exemples : une molécule diatomique (nécessairement linéaire) a : 3 × 2 - 5 = 1 mode normal une molécule triatomique linéaire a :3 × 3 - 5 = 4 modes normaux une molécule à 5 atomes non linéaire a :3 × 5 - 6 = 9 modes normaux Fréquences de vibrations de CO2 2. Vibrations actives ou inactives en infrarouge - vibrations dégénérées Un exemple particulier donnera une bonne idée du problème. La molécule CO2 est linéaire. On peut déterminer 4 modes normaux de vibration. Parmi ces quatre modes, deux auront la même fréquence puisqu’il s’agit en fait du même mode dans deux directions perpendiculaires. On dit que la vibration n2 est doublement dégénérée. Trois fréquences fondamentales d’absorption devraient être observées dans l'infrarouge. Les fréquences observées sont : 2 = 667 cm-1 et 3 = 2 349 cm-1. La fréquence 1 n’est pas observée. En dehors de ces vibrations fondamentales, une trentaine d’autres bandes plus faibles ont été observées et proviennent des combinaisons de modes normaux ou d’harmoniques des bandes fondamentales: 1 et 3 sont appelées vibration de valence (« stretching vibration »), 2 est appelée vibration de déformation (« bending vibration »). Comme 1 est une vibration complètement symétrique, elle n'entraîne pas de variation de moment dipolaire. Elle est inactive dans l’infrarouge. Par contre, les modes de vibration 2 et 3 entraînent une apparition d’un moment dipolaire non nul à l’extrémité de chaque vibration, alors que le moment dipolaire est nul à la position d’équilibre. Elles sont donc actives dans l’ infrarouge. Fréquences de vibrations C’est une des tâches importantes de la spectroscopie infrarouge que l’attribution des bandes observées à des modes de vibration bien définis. Dans cette tâche, on est aidé par les considérations suivantes : les bandes fondamentales sont en général plus intenses, on connaît leur nombre, les bandes de valence sont à des fréquences plus élevées que les bandes de déformation, l’analyse de la structure fine donne des indications sur la nature de la vibration Caractérisation d’un point stationnaire L'étude d'une molécule à l'aide de méthodes de calcul commence souvent par une optimisation de géométrie. Une telle opération vise généralement à repérer un minimum sur la surface d'énergie potentielle afin de prédire les structures d'équilibre des systèmes moléculaires (elle peut également servir à trouver les structures de transition). C'est la raison pour laquelle les optimisations géométriques en vue d'obtenir un minimum sont appelées aussi des minimisations. ► Surfaces d'énergie potentielle Les surfaces d'énergie potentielle sont souvent représentées sous la même forme que l'illustration ci-après. Elles traduisent l'effet que produit sur l'énergie d'un système moléculaire la moindre modification apportée à sa structure. Une surface d'énergie potentielle constitue par conséquent une relation mathématique entre la structure moléculaire et l'énergie résultante. Surface d’énergie potentielle Caractérisation d’un point stationnaire ► ► Prenons l'exemple d'une molécule diatomique. On peut en représenter la surface d'énergie potentielle dans un schéma bidimensionnel où la séparation interatomique est portée sur l'axe des x et l'énergie de liaison, sur l'axe des Y (dans le présent cas, la surface est une courbe). S'agissant de plus grands systèmes, le nombre de dimensions de la surface équivaut au nombre de degrés de liberté à l'intérieur de la molécule. L'illustration de la surface d'énergie potentielle tient seulement compte de deux des degrés de liberté et représente l'énergie au-dessus du plan que ceux-ci définissent, créant ainsi une surface. Chaque point correspond à une structure moléculaire précise, et la hauteur de la surface en chaque point représente l'énergie de cette structure. Caractérisation d’un point stationnaire ► ► ► La surface illustrée dans notre exemple possède trois minima. Un minimum est un point situé au fond d'une vallée, d'où un mouvement dans une direction quelconque produit une énergie plus forte. Surface d'énergie potentielle théoriqueDeux des minima sont dits locaux : ils correspondent au point le plus bas d'une zone limitée de la surface potentielle. L'autre minimum est dit global : il s'agit du point d'énergie le plus bas de l'ensemble de la surface potentielle. Des minima différents s'apparient à des conformations ou à des isomères de position différents de la molécule observée. L'illustration montre également deux maxima et un point-selle (ce dernier équivaut à une structure d'état transitoire). Aux points minima comme au point-selle, la première dérivée de l'énergie, appelée gradient, est zéro. Le gradient étant la négativité des forces, celles-ci sont également nulles en ces points. On appelle point stationnaire un point de la surface d'énergie potentielle où les forces équivalent à zéro. Pour qu'elle soit réussie, une optimisation doit trouver un point stationnaire, lequel n'est pas toujours celui qui était envisagé. En général, les optimisations géométriques déterminent le point stationnaire le plus près de la géométrie analysée. Une minimisation recherchant la structure de plus basse énergie peut aboutir à trois découvertes possibles : le minimum global ; un minimum local sans le minimum global ; un point-selle. Caractérisation d’un point stationnaire ► Comment distinguer un point stationnaire Une optimisation géométrique ne révèle pas en soi la nature du point stationnaire découvert. Il faut, pour distinguer celui-ci, calculer la fréquence de la géométrie optimisée. Ce calcul est rendu possible grâce aux programmes de structures électroniques comme Gaussian 98. (Il est même possible de réaliser en une seule tâche une optimisation suivie d'un calcul de fréquence de la géométrie optimisée.) Il faut procéder à une recherche conformationnelle pour distinguer un minimum local du minimum global. Pour ce faire, on peut modifier légèrement la géométrie initiale, puis réaliser une autre minimisation. De même, il est souvent pratique d'amorcer la procédure en modifiant les angles dièdres. Il existe divers outils de recherche conformationnelle destinés à faciliter l'exécution de cette tâche. Nous nous occuperons dans le cas présent de faire la distinction entre les points minima et le point-selle à l'aide des calculs de fréquence. Ces opérations permettront de dégager une gamme d'informations : des fréquences, des intensités, les modes normaux correspondants, l'énergie point zéro de la structure et diverses propriétés thermochimiques. Les fréquences inférieures à zéro sont appelées fréquences imaginaires. Le nombre de fréquences imaginaires définit le type de point stationnaire auquel correspond la structure moléculaire donnée. Par définition, une structure comptant n fréquences imaginaires est un point-selle d'énième ordre. Ainsi, le minimum n'aura aucune fréquence imaginaire, et une structure de transition ordinaire aura une fréquence imaginaire puisqu'il s'agit d'un point-selle de premier ordre. Calcul des fréquences Création du fichier input : vi n2o-freq.inp $ Rungauss #P 6-311++G**/B3LYP freq opt=z-matrix gfinput iop(6/7=3) pop=full Lancement du calcul: rung98 n2o-freq.inp n2o-freq.gout & Freq de N2O Visualisation de l’output : tail –f n2o-freq.gout 0 N N X O Visualisation graphique: molden n2o-freq.gout 1 1 2 2 Rno Rnn Rnn 1. 1 90.0 Rno 3 90.0 1 180.0 0 1.1951 1.1332 Fichier résultat … 1 PI Frequencies -- 580.7383 Red. Masses -14.2537 Frc consts -2.8323 IR Inten -6.2499 Raman Activ -0.0000 Depolar -0.0000 2 PI 580.7523 14.2537 2.8324 6.2365 0.0000 0.0000 3 SG 1326.5339 15.1090 15.6647 68.7311 0.0000 0.0000 Les fréquences calculées … … ------------------------ Thermochemistry -----------------------E (Thermal) CV KCAL/MOL CAL/MOL-KELVIN TOTAL 8.608 7.253 ELECTRONIC 0.000 0.000 TRANSLATIONAL 0.889 2.981 ROTATIONAL 0.592 1.987 VIBRATIONAL 7.126 2.285 VIBRATION 1 0.937 1.073 VIBRATION 2 0.937 1.073 S CAL/MOL-KELVIN 52.566 0.000 37.271 14.303 0.993 0.484 0.484 Données thermodynamiques : Capacité calorifique à V=cte, enthalpie, entropie, energie libre … Fréquences harmoniques (intensité) Avec trois atomes alignés, la molécule a 3N – 5 modes fondamentaux : elle devrait montrer quatre bandes fondamentales. 580.74 cm-1 (6.25) Vibration de déformation dégénéré : La déformation de l’angle N-N-O est possible dans deux plans perpendiculaires. Ce mode est donc dégénéré deux fois. 580.74 cm-1 (6.24) Fréquences harmoniques (intensité) 1326.53 cm-1 vibration de valence : Il reste à identifier les deux modes d’élongation symétrique et antisymétrique. L’élongation symétrique est le mode correspondant à la bande polarisée, donc à 1285 cm-1 et la bande observée à 2224 cm-1 correspond à l’élongation anti symétrique puisque la bande n’est pas polarisée (68.73) • quatrième fréquence : 2342.48 cm-1 (396.60) Visualisation des fréquences calculées Fréquences de vibrations de N2O Spectre infrarouge expérimental de l’oxyde nitreux. Références • Exploring Chemistry with electronic structure methods : a guide to using Gaussian, J.B. Foresman and A. Frisch, Gaussian Inc.. • http://www.gaussian.com/g_whitepap/vib.htm • http://www.gaussian.com/g_whitepap/thermo.htm • http://www.gaussian.com/g_ur/k_freq.htm • http://www.uqac.uquebec.ca/chimie/Chimie_theorique/Cha pitres/chap_10.htm • http://crpp0001.uqtr.uquebec.ca/PPH1003/PDF/Cambridge Soft/Catalyst_ChemNews/ChemNewsCom_HTML/french/iss ue112/article155.html