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«Construction sonor», chantier électro du siècle
swissinfo 25 février 2004 20:56
Un voyage sonore dans les
tunnels du Gothard et du
Lötschberg, les fameuses NLFA?
C’est ce que propose ce double
CD.
Les bruits de ces chantiers
pharaoniques ont inspiré 13
compositeurs de musique
électronique, sous le patronage de
Pro Helvetia.
La couverture de «Construction sonor».
«Dans un chantier de tunnel, il y a un bruit énorme. On s’est demandé ce
qu’on pouvait faire avec cette matière première», explique Margrit Bürer de
Pro Helvetia (Fondation suisse pour la culture).
De la musique, bien sûr! Electronique de surcroît, donc produite par des
machines. Ce genre était le plus approprié pour traiter et transformer les
sons enregistrés par le compositeur zurichois Bernd Schurer dans les puits
et galeries des NLFA.
C’est sur cette base de sons bruts, vrombissements sourds issus des
entrailles de la montagne, que les 13 musiciens ont composé les morceaux
du double CD «Construction Sonor».
Lancé mardi soir lors d’une soirée au club de jazz zurichois Moods, cet album
regroupe des artistes issus de courants allant de la pop à l’avant-garde.
Créer des liens entre le Nord et le Sud
Parmi eux, figure notamment Boris Blank (Yello), qui, depuis les débuts du
groupe a toujours manipulé les bruits les plus divers.
Mais la plupart des créateurs viennent des régions alpines dont le quotidien
est bouleversé par ces chantiers. De Berlin aussi (Monolake) ou d’Italie du
Nord (Luigi Archetti), situés sur l’axe nord-sud dessiné par les Transversales
alpines.
Moyens de communication, créateurs de liens économiques et culturels, les
tunnels véhiculent en outre une symbolique forte. Et l’album qui en résulte a
permis à tous ces compositeurs de sortir de leurs frontières, autant
musicales que géographiques.
Et de partir à la rencontre les uns des autres. Notamment pendant les
concerts qui seront donnés sur les lieux proches des chantiers (Bodio,
Thoune, Altdorf), mais aussi dans certaines grandes villes plus éloignées de
cette réalité (Berlin, Zurich et Milan).
ErikM (F), Fennesz (Aut) et l’Egyptien Mahmoud Refat, représentent pour
leur part trois des vingt-trois pays d’origine des ouvriers engagés sur les
chantiers.
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La musique pour dire
l’inracontable… «Tunnel, Amsteg
30». (Photo Marco Paniz)
Un imaginaire fort
Nous voulions aussi que le peuple suisse, qui a décidé ces constructions,
puisse se rendre compte de leur gigantisme, précise Margrit Bürer.
57 km pour le tunnel ferroviaire du Gothard, le plus long du monde et 34,6
km pour le Lötschberg. D’où «Gallerie 57/34,6», le projet que Margrit Büer
dirige. Ce projet culturel ambitionne de donner une dimension artistique au
chantier du siècle.
«Construction sonor» en est le volet musical, thème choisi cette année. L’an
dernier, c’était le 7e art. L’an prochain, ce sera le tour des arts plastiques.
Chaque volet de Gallerie 57/34,6 est censé toucher un public différent. La
toute première intervention, en décembre 2001, s’adressait particulièrement
aux ouvriers: elle avait eu lieu le jour de la St-Barde, fête officielle des
tunneliers.
Et puis, les NLFA, projet pharaonique s’il en est, ont de quoi titiller
l’imaginaire des artistes.
Hormis l’apologie du modernisme, «ces machines qui coincent, qui éructent
ont aussi une connotation sexuelle presque freudienne, constate Frédéric
Quennoz du collectif valaisan Dolmen. On ne peut s’empêcher de penser à
des éjaculations, des pénétrations.»
Matière brute ou sublimée
«Le seul bémol de l’opération, regrette en riant le musicien valaisan, est que
nous avons dû limiter notre morceau à 5 minutes.» C’est que Dolmen avait
conçu une excursion sonore de 40 minutes...
«Nous voulions raconter 48 heures de la vie d’un ouvrier qui en fait ne sort
jamais de cet univers de machines. Son fracas l’accompagnera jusque dans
ses rêves.»
C’est pourquoi le morceau de Dolmen oscille entre rugosité et astringence,
pas forcément agréable à écouter, rendant ainsi mieux la dimension
dramatique de ce labeur hors du commun, et la souffrance qui
l’accompagne.
Il y avait deux manières de concevoir ces morceaux, résume Frédéric
Quennoz. Sublimer la machine ou plonger dans la réalité de celui qui
travaille. Nous avons choisi la deuxième possibilité.
Et c’est bien ce qui ressort de l’écoute de ce CD, ses approches diverses.
Certains compositeurs ont totalement réinterprété et digéré les sons de
base. Ils s’en sont suffisamment distanciés pour les intégrer à un morceau
techno, pop, new jazz ou ambient.
C’est le cas de Boris Blank, Balduin, Intricate ou Drumpet, pour ne citer
qu’eux.
D’autres ont préféré coller à la rugosité brute de ces sons souterrains.
Comme Fennesz, Mahmoud Refat, Luigi Archetti ou Erik M, qui se situent
entre musique concrète et avant-garde purement expérimentale.
swissinfo, Anne Rubin, Zurich
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«Construction sonor»:
http://www.gallerie-ph.ch/fr/events/construct-sonor/index.html
Gallerie 57/34,6:
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http://www.gallerie-ph.ch/fr/index.html
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