Migration en Côte d`Ivoire - International Organization for Migration

Transcription

Migration en Côte d`Ivoire - International Organization for Migration
Cette publication a été co-financée
par l’Union européenne
Migration en Côte d’Ivoire :
Document thématique 2009
Diaspora et participation au
développement de la Côte d’Ivoire
17 route des Morillons, 1211 Genève 19 Suisse
Tél : + 41 22 717 91 11 • Télécopie : +41 22 798 61 50
Courrier électronique : [email protected] • Internet : http://www.iom.int
Federal Office for Migration FOM
Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles des auteurs et
ne reflètent pas les positions de l’Organisation internationale pour les migrations
(OIM). Les appellations utilisées et la présentation des données dans le rapport
n’impliquent pas l’expression d’opinion de la part de l’OIM concernant des faits
tels que statut légal, pays, territoire, ville ou zone particulière, ou à propos de leurs
autorités, ou de leurs frontières ou confins. Toute omission et erreur reste de la
seule responsabilité de l’auteur.
Ce rapport est un document de travail et, par conséquent, il ne se conforme pas
nécessairement aux directives de style adoptées par l’OIM.
L’OIM croit fermement que les migrations organisées, s’effectuant dans des
conditions décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En
tant qu’organisme intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires au
sein de la communauté internationale afin de résoudre les problèmes pratiques de
la migration, de mieux faire comprendre les questions de migration, d’encourager
le développement économique et social grâce à la migration, et de promouvoir le
respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants.
Ce document a été produit avec le soutien financier de l’Union européenne, l’Office
fédéral des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement.
Les opinions exprimées ci-après sont celles de l’auteur et ne reflètent pas
nécessairement celles de l’Union européenne, de l’Office fédéral des migrations
suisse (ODM) et de la Coopération belge au développement.
Editeur : Organisation internationale pour les migrations
17 route des Morillons
1211 Genève 19
Suisse
Tél : + 41 22 717 91 11
Télécopie : +41 22 798 61 50
Courrier électronique : [email protected]
Internet : http://www.iom.int
_______________
© 2009 Organisation internationale pour les migrations (OIM)
_______________
Tous droits réservés. Aucun élément du présent ouvrage ne peut être reproduit,
archivé ou transmis par quelque moyen que ce soit – électronique, mécanique,
photocopie, enregistrement ou autres – sans l’autorisation écrite et préalable de
l’éditeur.
75_09
Diaspora et participation au
développement de la Côte d’Ivoire
Préparé par
Auguste Konan Koukakou
Avant‐propos
Grâce au soutien financier de l’Union européenne, l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement, l’OIM met en œuvre le projet « Migration en Afrique de l’Ouest et centrale : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques » dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale (Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, République démocratique du Congo et Sénégal), afin de promouvoir une approche politique de la migration cohérente et dynamique, en appui à la planification des politiques stratégiques au niveau national et régional. Les profils migratoires nationaux sont un résultat fondamental de cette recherche et de ce projet de renforcement des capacités. Ils constitueront un outil politique utile pour suivre les tendances migratoires et identifier les domaines nécessitant des développements politiques subséquents. Mais, en étant principalement un outil de suivi, les profils nationaux fournissent des lignes directrices limitées au type de politiques pouvant être développées dans un domaine particulier (i.e. méthodologies et approches politiques). La série de documents thématiques traite cet aspect particulier en aidant les responsables politiques et les praticiens à définir les priorités d’action et les options politiques dans les domaines particulièrement pertinents dans le contexte politique national. Sous la direction et avec l’appui des groupes de travail techniques nationaux et interministériels (GTTN) ainsi que des sous‐groupes de travail thématiques, établis dans chaque pays cible au cours du projet, trois documents thématiques ont été rédigés par des experts locaux pour chacun des pays concernés. Le but de ces documents est d’accroître les capacités de développement de politiques, par l’identification des bonnes pratiques et en évaluant les perspectives de développement politiques sur des éléments présentant un intérêt particulier pour le gouvernement. Abye Makonnen Frank Laczko Représentant régional Chef de la division recherche et publications Mission à fonctions régionales Siège de l’OIM Dakar, Sénégal Genève, Suisse
Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 2 Table des matières
1. Introduction......................................................................................................................................... 6 2. Caractéristiques de l’émigration ivoirienne ........................................................................................ 8 2.1 Nombre total d’émigrants.............................................................................................................. 8 2.1.1 Nombre total d’émigrants ivoiriens ..................................................................................... 8 2.1.2 Type d’émigrants ................................................................................................................ 10 2.2 Diaspora ivoirienne à l’étranger............................................................................................... 14 2.2.1 Nombre total des ivoiriens de la diaspora (IDD) ................................................................ 14 2.2.2 Cadre institutionnel et organisation de la diaspora ivoirienne .......................................... 15 3. Diaspora ivoirienne et développement : transferts de ressources................................................... 16 3.1 Les envois de fonds en direction de la Côte d’Ivoire ................................................................... 16 3.1.1 Transfert de fonds reçus de la diaspora : effets macroéconomiques ................................ 16 3.1.2 Sortie de fonds de la Côte d’Ivoire et évolution des soldes ............................................... 18 3.2 Utilisation des fonds transférés ................................................................................................... 20 4. Perspectives....................................................................................................................................... 21 5. Conclusion ......................................................................................................................................... 22 Références............................................................................................................................................. 23 Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 3 Liste des Tableaux
Tableau 1 : Répartition des étudiants ivoiriens étudiants à l’étranger par année de 2000 à 2006...... 11 Tableau 2 : Répartition des étudiants ivoiriens de troisième cycle dans les pays de l’OCDE en 2008 . 11 Tableau 3 : Répartition des étudiants ivoiriens de 3ème cycle par spécialités dans les pays de l’OCDE en 2008 .................................................................................................................. 12 Tableau 4 : Répartition des réfugiés ivoiriens dans le monde à décembre 2008 ................................. 12 Tableau 5 : Répartition des demandeurs d’asile ivoiriens suivant les régions de résidence de 2000 à 2007 ....................................................................................................................... 13 Tableau 6 : Ivoiriens en situation irrégulière appréhendés dans les pays membres de l’UE, 2006 et 2007 ............................................................................................................................... 13 Tableau 7 : Evolution des ratios transferts entrants et soldes commerciaux et courants de 1996 à 2006 ................................................................................................................................ 17 Tableau 8 : Evolution du poids des entrées de fonds dans le PIB ivoirien depuis 1996 ....................... 17 Tableau 9 : Envoi de fonds vers la Côte d'Ivoire selon la provenance (millions USD) sans correction de stock ............................................................................................................ 18 Tableau 10 : Destinations des fonds transférés par les immigrés (en %) ............................................. 20 Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 4 Liste des Figures
Figure 1 : Répartition en % des émigrants ivoiriens dans les pays de l'OCDE en 2008........................... 8
Figure 2 : Répartition par genre des émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE en 2008 ...................... 9
Figure 3 : Répartition par âge des émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE en 2008.......................... 9
Figure 4 : Durée de séjour des émigrés ivoiriens dans les pays membres de l’OCDE en 2008............... 9
Figure 5 : Répartition des émigrés dans les pays de l'OCDE sans la France suivant les secteurs d'activité en 2008.................................................................................................................. 10
Figure 6 : Répartition des émigrés ivoiriens en France par secteur d’activité en 2008 ........................ 11
Figure 7 : Répartition de la diaspora ivoirienne selon le pays de résidence en 2008 ........................... 14
Figure 8 : Evolution des envois de fonds vers la Côte d’Ivoire de 2000 à 2007 (en millions USD) ....... 17
Figure 9 : Evolution des envois de fonds vers la Côte d’Ivoire en proportion du PIB ........................... 17
Figure 10 : Répartition des Envois de fonds vers la Côte d’Ivoire, estimation avec les stocks de migrants (en millions USD).................................................................................................... 18
Figure 11 : Evolution des envois de fonds en provenance de la Côte d’Ivoire de 1975 à 2008 (en millions USD) ......................................................................................................................... 19
Figure 12 : Evolution du solde des entrées et sorties de fonds de la Côte d’Ivoire depuis 1975 ......... 19
Figure 13 : Evolution du rapport flux entrants sur flux sortants en Côte d’Ivoire depuis 1975............ 20
Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 5 1. Introduction
Les migrations internationales représentent un phénomène qui touche l’ensemble des pays. Parmi les caractéristiques du phénomène, on note que les flux de migrants ont connu un changement de tendance depuis la fin de la seconde guerre mondiale. De plus, le nombre de pays pourvoyeurs et récepteurs de migrants s’est accru, et les motivations des candidats à l’immigration qui se sont diversifiées. En plus des pays nord américains (USA, Canada, Australie) traditionnellement visés, aujourd’hui tous les pays sont potentiellement à la fois des pays d’origine, de transit et de destination à divers degré (OIM, 2008). Selon un rapport des Nations Unies (2006), on estimait le nombre de migrants dans le monde en 2005 à 191 millions, en progression par rapport à l’an 2000 (176 millions). Ce nombre représente 3% de la population mondiale, soit près de dix fois la population ivoirienne. Selon les estimations de la Banque mondiale en 2006, les rapatriements de fonds effectués par les migrants ont dépassé 276 milliards de dollars américains (environ 124 200 milliards de FCFA), dont 206 milliards (92 700 milliards FCFA), soit 75%, sont allés aux pays en développement. L’importance de ces mouvements de fonds envoyés en direction des pays d’origine et le volume croissant des travailleurs migrants rejoint les problématiques de développement des pays. En 2006, on note que le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales a mis l’accent sur la question du développement en relation avec le fait migratoire (New York, 14‐15 septembre 2006). Au plan scientifique, de nombreux travaux traitent de la migration et du développement des pays. Le numéro spécial de la Revue d’économie du développement en 2007 publie les travaux présentés à la conférence AFD/EUDN‐2006 sur les migrations et le développement. Cette conférence a traité notamment de la question de la fuite des cerveaux (Docquier, 2007), de l’impact des transferts de revenus des migrants vers leur pays d’origine (Faini, 2007), des politiques de contrôle des flux migratoires (Dayton‐Johnson et al., 2007)1, du problème des réfugiés et des questions de coopération en matière de politique, d’investissement et de commerce (Schiff, 2006). Dans ces diverses perspectives, l’émigration apparaît comme une option dans un ensemble de stratégie en vue d’améliorer son niveau de vie. L’émigration est motivée par une décision individuelle résultant d’un comportement de maximisation du revenu espéré (Harris et Todaro, 1970). C’est aussi une stratégie de diversification des risques qui pèsent sur le revenu en l’absence d’un marché d’assurance efficace (Oded et Stark, 1991). Ainsi, migrer permet d’accroître les gains du ménage. Ces flux financiers, occasionnés par le phénomène migratoire, constituent autant de ressources dont les pays en développement ont besoin pour leur développement (Kapur, 2004). Il en est de même de la question des transferts de compétence, de comportements et de style de vie sous‐jacent (Castles et al, 2008). De façon générale, deux tendances se dégagent des travaux sur la contribution de la migration internationale au développement. D’une part, pour certains auteurs, la migration a des effets négatifs sur les pays pourvoyeurs car l’émigration des travailleurs qualifiés conduit à une perte de compétence qui se renouvelle difficilement (Carrington et Detragiache, 1998, 1999). Si les individus les plus qualifiés quittent le pays, l’investissement dans l’éducation ne peut profiter à la croissance 1
Selon ces auteurs, les politiques migratoires recouvrent la réglementation des visas, les quotas, les politiques sur le regroupement familial, les réfugiés et les demandeurs d’asile, les règles relatives aux étudiants étrangers, le contrôle et l’application des lois aux frontières, l’emploi des amnisties et des régularisations. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 6 économique du pays (Lowell et Findlay, 2001). D’autre part, la migration internationale a un impact positif sur les pays d’origine. Cet effet se manifeste à travers les canaux des envois de fonds mais aussi par la migration de retour en termes de compétence, la création de commerce et enfin la mise en réseau des affaires. De plus, la réussite des premiers migrants incite les candidats potentiels à mieux se former afin de se donner de meilleures perspectives (Stark et al, 1998 ; Breine et al, 2001). Dans le cadre de ce rapport, nous traitons de la question de la contribution de la diaspora au processus de développement de la Côte d’Ivoire. Quel est l’état de la diaspora ivoirienne et quelle est sa contribution à la création de richesse et au développement du pays ? Cette présente étude traite de la problématique de la contribution de la diaspora au développement de la Côte d’Ivoire. A cette fin, on entend par diaspora les émigrants ivoiriens de longue durée et leurs descendants qui vivent actuellement à l’étranger. Au sens de la division de la statistique du système de nations unies, « le migrant de longue durée est une personne qui se rend dans un pays autre que celui de résidence pour une période d’au moins un an (12 mois), de sorte que le pays de destination devient effectivement son nouveau pays de résidence habituelle. Par rapport à son pays de départ, la personne sera un émigrant de longue durée et par rapport au pays d’arrivée, elle sera un immigrant de longue durée ».2 Dans ce cadre, on peut regrouper les ivoiriens de la diaspora en cinq catégories : 1. les ivoiriens résidents en situation régulière (c'est‐à‐dire disposant d’un titre de séjour et d’un permis de travail régulier) avec un emploi (stable ou indépendant) ou à la recherche d’un premier emploi ; 2. les ivoiriens résidents en séjour d’étude (étudiants) ; 3. les autres ivoiriens de l’étranger composés de ceux qui ont des problèmes administratifs ou qui vivent sans contact avec l’administration du pays de résidence ; 4. des réfugiés et demandeurs d’asile ; 5. les enfants ou descendants nés de parents eux‐mêmes ivoiriens auquel s’ajoutent les conjoints étrangers ayant opté pour la nationalité ivoirienne ; Au total, le concept de diaspora regroupe l’ensemble des émigrés auquel il faut adjoindre les descendants (enfants) et conjoints des ivoiriens résidents à l’étranger. Dans la suite du document, nous présenterons d’abord les caractéristiques de l’émigration ivoirienne, puis dans un second temps nous analyserons la contribution de la diaspora ivoirienne à la création de richesse. Nous dégagerons enfin les perspectives pour une meilleure intégration des compétences et ressources de la diaspora ivoirienne à l’étranger. Citation tirée du rapport « Recommandations sur les statistiques des migrations internationales – Révision 1, 2
1998 », DAESNU/Division de la Statistique. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 7 2. Caractéristiques de l’émigration ivoirienne
Le volume global et la répartition des émigrés sont présentés puis une typologie de ceux‐ci est exposée dans un second temps. 2.1 Nombre total d’émigrants
2.1.1 Nombre total d’émigrants ivoiriens
En fonction des sources utilisées, le nombre d’émigrants ivoiriens varie. Ainsi, selon l’estimation du Centre DRC sur la migration, la globalisation et la pauvreté, les émigrants ivoiriens sur la période 1995‐2005 sont estimés à 176 692 personnes. Ces données prennent en compte les émigrés ivoiriens résidents en Afrique. Il apparaît que 26 % résident en France, 20 % au Burkina Faso, 7 % au Benin, 6 % en Allemagne, 5 % en Guinée, 5 % au Ghana, 5 % en Italie et 4 % aux Etats‐Unis (DRC, 2007). Selon les données de l’OCDE sur les migrations internationales en 2008, on note que le nombre d’émigrants est estimé à 62 649 individus dont la répartition est présentée dans la figure 1 ci‐
dessous. Les ivoiriens se retrouvent majoritairement en France (66,92%) suivi des Etats‐Unis (10,22%), de l’Italie (10,22%). Ces trois pays concentrent à eux seuls 88% des émigrants ivoiriens. La forte présence de cette émigration ivoirienne en France peut se comprendre dans la mesure où la Côte d’Ivoire est un pays anciennement colonie française. Figure 1 : Répartition en % des émigrants ivoiriens dans les pays de l'OCDE en 2008 Source : A partir de la base de données de l’OCDE sur les migrations internationales, 2010. Selon le genre, on note en moyenne que 52% (soit 32 636) sont des hommes contre 48% (soit 30 013) pour les femmes. C’est seulement en France que l’on constate une proportion de femmes (51%) supérieure à celle des hommes (49%). Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 8 Figure 2 : Répartition par genre des émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE en 2008 Source : A partir de la base de données de l’OCDE sur les migrations internationales, 2010. Cette population d’émigrés est formée essentiellement de jeunes actifs (25 à 64 ans) représentant 77% des ivoiriens résidents à l’étranger (IRE) en particulier dans l’OCDE. Figure 3 : Répartition par âge des émigrés ivoiriens dans les pays de l’OCDE en 2008 Source : A partir de la base de données de l’OCDE sur les migrations internationales, 2010. On note aussi que les ivoiriens résidents à l’étranger s’inscrivent dans la durée car la majorité (65%, soit plus de 40 000 individus) s’y sont établit pour une durée qui excède 5 ans. Les différences entre les sexes sont relativement faibles. Figure 4 : Durée de séjour des émigrés ivoiriens dans les pays membres de l’OCDE en 2008
Source : A partir de la base de données de l’OCDE sur les migrations internationales, 2010. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 9 2.1.2 Type d’émigrants
Les émigrants ivoiriens sont composés des travailleurs ivoiriens résidents en situation régulière, des étudiants, des réfugiés et demandeurs d’asile et enfin des ivoiriens en situation irrégulière. Travailleurs migrants
Le nombre d’ivoiriens résidents à l’étranger mis en évidence dans les pays de l’OCDE se retrouvent dans diverse activités et emplois stable ou indépendants. Les principaux secteurs d’emplois des émigrés ivoiriens sont respectivement le secteur de la manufacture (3187 emplois, soit 26%), le secteur de la distribution (1559, soit 13%), le secteur des activités de services au profit des communautés (1386, soit 11%) et le secteur de la santé (1057, soit 9%). En France, pays qui regroupe la majeure partie des IRE de l’OCDE, on note que les ivoiriens se retrouvent principalement dans le secteur des postes et télécommunications, recherche et développement (4586, soit 22%), de l’éducation, de la santé et de l’action sociale (4242, soit 20%) et le secteur de l’hôtellerie (3405, 16%) et dans le secteur de grande distribution (2366, soit 11%). Les secteurs de l’éducation, santé et de l’hôtellerie contiennent environ deux fois plus de femmes que de femmes (figure 9). L’immigration en France s’apparente beaucoup plus à une migration qualifiée. Figure 5 : Répartition des émigrés dans les pays de l'OCDE sans la France suivant les secteurs d'activité en 2008 Source : A partir de la base de données en ligne de l’OCDE sur les statistiques migratoires, 2010. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 10 Figure 6 : Répartition des émigrés ivoiriens en France par secteur d’activité en 2008
Source : A partir de la base de données en ligne de l’OCDE sur les statistiques migratoires, 2010. Etudiants ivoiriens à l’étranger
Sur la période 2000 à 2006, on note que 33 435 étudiants ivoiriens ont étudié à l’étranger. La principale destination des étudiants ivoiriens est la France qui a accueilli 23 429 étudiants (soit 70%) sur la même période. Les secondes destinations sont les Etats‐Unis d’Amérique (4 420 étudiants, soit 13%), et le Maroc (tableau 1). Tableau 1 : Répartition des étudiants ivoiriens étudiants à l’étranger par année de 2000 à 2006 2000 2001 2002
2003
2004
2005
2006 Total
France 2 342 2 581 3 036
3 954
3 904
3 816
3 796 23 429
USA 520 552 707
675
636
650
679 4 420
Allemagne 253 252 257
264
266
249
ND 1 541
Maroc ND ND ND
215
236
237
267 955
Autres 381 375 414
540
284
692
404 3 090
Total 3 496 3 760 4 414
5 648
5 326
5 644
5 146 33 435
Source : A partir de la base de données en ligne de l’UNESCO, 2010. Les étudiants du troisième cycle (Master‐Doctorat) sont estimés à 1 222 en 2008 dans les pays de l’OCDE dont les 3/4 se résident au Canada (tableau 2). Tableau 2 : Répartition des étudiants ivoiriens de troisième cycle dans les pays de l’OCDE en 2008 Pays Nombre d'étudiants
Proportion Canada 920
75% Suède 110
9% Danemark 58
5% Espagne 40
3% Autres OCDE 94
8% 1222
100% Total Source : A partir de la base de données en ligne de l’OCDE sur les migrations internationales, 2010. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 11 Ces étudiants sont majoritairement inscrits dans les sciences sociales et de l’homme (55%) mais ils sont aussi nombreux dans les filières des sciences. Tableau 3 : Répartition des étudiants ivoiriens de 3ème cycle par spécialités dans les pays de l’OCDE en 2008 Domaines d'étude Nombre Proportion
Sciences Sociales et de l’homme (droit, gestion, art et humanité, éducation, Gestion et Droit)
480 55%
Science (l'Ingénieur, des manufactures et de la construction, Santé et bien‐être)
239 37%
Autres 82 8%
1222 100%
Total Source : A partir de la base de données en ligne de l’OCDE sur les migrations internationales, 2010. Réfugiés3 et demandeurs d’asile4
Selon les données du bureau du HCR d’Abidjan, les réfugiés ivoiriens dans le monde sont estimés à 21 941 à décembre 2008 (tableau 4). La majorité de ceux‐ci se retrouvent en Afrique (14 420, soit 66%). Tableau 4 : Répartition des réfugiés ivoiriens dans le monde à décembre 2008 CONTINENT Effectif
Proportion en % AFRIQUE 14420
65,72 EUROPE 5542
25,26 AMERIQUE 1622
7,39 ASIE 354
1,61 3
0,01 21 941
100.0 OCEANIE TOTAL Source : UNHCR, bureau d’Abidjan, 2010. Le cumul des demandes d’asile sur la période 2001 à 2007 est de 41 002. L’Union Européenne est la région la plus sollicitée des ivoiriens pour la demande d’asile (44%) suivie de la CEDEAO (28%). Par ailleurs, le nombre de demande d’asile augmente jusqu’en 2003 et amorce une tendance baissière à partir de 2004 (tableau 5 ci‐dessous). 3
Un Réfugié est une personne qui « par une crainte fondée de persécution pour des raisons de race, de religion, de nationalité, d’appartenance à un groupe social particulier ou d’opinions politique, est hors du pays dont il a la nationalité et ne peut pas, ou du fait de cette crainte, est réticente à profiter de la protection de ce pays » (Convention relative au Statut des réfugiés, Art. 1A(2), 1951, telle que modifiée par le Protocole de 1967). (Droit international de la migration, Glossaire de la Migration, 2004). 4
Un demandeur d’asile est une personne demandant à obtenir son admission sur le territoire d’un Etat en qualité de réfugié en attendant que les autorités compétentes statuent sur sa requête. En cas de décision de rejet, le demandeur débouté doit quitter le territoire de l’Etat considéré ; il est susceptible de faire l’objet d’une mesure d’expulsion au même titre que tout étranger en situation irrégulière, à moins qu’une autorisation de séjour ne lui soit accordée pour des raisons humanitaires ou sur un autre fondement. (Droit international de la migration, Glossaire de la Migration, 2004) Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 12 Tableau 5 : Répartition des demandeurs d’asile ivoiriens suivant les régions de résidence de 2000 à 2007 2000 2001 2002
2003
2004
2005
2006
2007 Total 2001 à 2007
CEDEAO 17 17 459 5 487
2 503
1 882
741
430 11 536 28%
Maghreb 0 7 171 135
164
324
606
516 1 923 5%
Autres Afrique 41 32 81 301
231
649
1 112
1 566 4 013 10%
1 373 1 484 1 785
3 634
2 557
2 834
1 918
2 611 18 196 44%
Autres Europe 88 130 203 259
188
208
195
166 1 437 4%
Amérique 98 169 153 590
416
407
354
371 2 558 6%
Asie 3 5 69 74
113
121
153
801 1 339 3%
Total 1 620 1 844 2 921
10 480
6 172
6 425
5 079
6 461 41 002 100%
UE 27 Source : A partir des bases de données en ligne de l’UNHCR, 2010. Emigrants en situation irrégulière
Le nombre exact des nationaux en situation irrégulière est difficile à évaluer. Cependant, à partir des données du CIREFI (2009), on peut retenir comme une approximation le nombre d’ivoiriens appréhendés. Ainsi, le nombre des ivoiriens appréhendés a connu une baisse passant de 2 621 à 2 075 de 2006 à 2007. Les pays concernés sont principalement la Belgique, la Bulgarie et la République tchèque. Tableau 6 : Ivoiriens en situation irrégulière appréhendés dans les pays membres de l’UE, 2006 et 2007 2006 2007 Effectif % Effectif % Belgique 1 743 66,5 % 1 018 49,1 % Bulgarie 351 13,4 % 394 19,0 % République tchèque 272 10,4 % 286 13,8 % Danemark 58 2,2 % 162 7,8 % Allemagne 26 1,0 % 41 2,0 % Autres pays de l’UE 171 6,5 % 174 8,4 % 2 621 100 % 2 075 100 % Total Source : CIREFI, 2009. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 13 2.2
Diaspora ivoirienne à l’étranger
2.2.1 Nombre total des ivoiriens de la diaspora (IDD)
La diaspora ivoirienne à l’étranger est constituée des ivoiriens nés en Côte d’Ivoire et résidents en dehors du pays auquel il faut ajouter leurs descendants et les conjoints qui ont opté pour la nationalité ivoirienne. Ainsi, le nombre des IDD est plus important que celui des émigrés car outre les émigrés ci‐dessus catégorisés, il faut adjoindre leurs enfants nés en dehors du pays et les conjoints d’autres nationalités ayant optés pour la nationalité ivoirienne à l’occasion du mariage. Deux sources essentielles ont servies à cette évaluation. Les données fournies par le Département des Ivoiriens de l’Etranger (DIE) du Ministère des Affaires Etrangères. Ces chiffres sont issus du recensement électoral de 2000 qui ont été actualisés à travers une estimation faite par ladite direction en 2008. Les associations des ivoiriens de l’étranger possèdent eux‐aussi une approximation du nombre de la diaspora. Ces deux sources sont utilisées dans ce rapport. Selon le Département des Ivoiriens de l’Etranger, il ressort que la diaspora ivoirienne est estimée à 240 900 représentants 1% de la population ivoirienne à fin 2008. On la retrouve majoritairement dans les pays de l’OCDE, en Europe (69,71%) et en Amérique (22%). La diaspora ivoirienne en Afrique est très faible avec seulement 7,53% du nombre total. Les principaux pays de destination sont respectivement la France, les Etats‐Unis d’Amérique, l’Italie et le Sénégal. Figure 7 : Répartition de la diaspora ivoirienne selon le pays de résidence en 2008 Source : Département des Ivoiriens de l’Etranger, Ministère des Affaires Etrangères, in Konan (2009) Selon le rapport de la 1ère semaine des ivoiriens de la diaspora qui s’est tenue à Abidjan en 2007 (Koudou, 2008), la diaspora ivoirienne à l’étranger est estimé à environ 1 500 000 personnes reparties dans les divers pays de l’OCDE et dans le monde5. Cette estimation semble réaliste dans la mesure où ces associations sont plus proches de leurs compatriotes et sont ainsi à même de mieux évaluer ce nombre. Il est évident que l’administration consulaire et celle des pays d’accueil ne peut 5
Ce chiffre est mentionné dans le rapport final des assises et dans le « Livre Blanc » transmit au Président de la République à l’issu des travaux.
Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 14 qu’en avoir une évaluation approximative à cause du phénomène de l’immigration irrégulière. Celle‐
ci peut provenir des IDD est situation régulière dont les « papiers » non renouvelés sont arrivés à échéance et des ivoiriens qui arrivent dans ces pays à travers des filaires non officielles. 2.2.2 Cadre institutionnel et organisation de la diaspora ivoirienne
La Direction des Ivoiriens de l’Etranger (DIE)
Le Département des Ivoiriens de l’Etranger (DIE) est un département opérationnel du Ministère des Affaires Etrangères créé en 2001 en charge de l’administration de la diaspora. Ses missions consistent à : -
préparer et exécuter la politique du Gouvernement relative à l’administration des ivoiriens résidents à l’étranger -
assurer la protection des ivoiriens résidant à l’étranger et de leurs biens ; -
suivre les questions de leur réinsertion dans la vie économique nationale ; -
suivre les questions de leur rapatriement ; -
initier toute action pouvant créer les conditions propices au rapatriement de fonds et à l’investissement en Côte d’Ivoire par les nationaux résidant à l’étranger En définitive, en plus d’un rôle administratif d’encadrement et de suivi, ce département a aussi pour mission de travailler à l’amélioration de la contribution de la diaspora à l’économie ivoirienne. La Coordination Générale des Ivoiriens de la Diaspora (COGID)
La Coordination Générale des Ivoiriens de la Diaspora a été créée à Abidjan le 11 Août 2004. Selon l’exposé des motifs, il est apparu l’impérieuse nécessité, à l’instar des autres de la sous‐région ouest‐
africaine, de mettre en place une structure qui permette de valoriser les compétences de la diaspora et de les mettre à la disposition de la Côte d'Ivoire. Plus précisément, le COGID est un outil de « rassemblement, de promotion, de débats constructifs, d’échanges internationaux, de communication et de plateforme économique et d’investissement pour relever les défis et les enjeux du développement ». Diverses délégations d’Europe (France, Italie, Allemagne, Grade Bretagne) et d’Amérique (USA, Canada) et des ivoiriens résidents en Côte d’Ivoire ont adhéré à cette initiative. La création du COGID répond à plusieurs objectifs : ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ Rassembler les Ivoiriens de la Diaspora dans une structure apolitique et indépendante; Promouvoir l'unité et la solidarité entre les ivoiriens de la diaspora; Travailler en collaboration avec les organismes et organisations de droit privé ou public; Consolider et harmoniser les rapports inter associatifs; Informer et former les ivoiriens de la diaspora sur leurs droits et devoirs fondamentaux ; Mettre à la disposition de la diaspora toutes les informations utiles pour leur insertion ; Promouvoir l'image de la Côte d'Ivoire à travers des plates‐formes économiques, sociales, culturelles, artistiques, scientifiques, touristique, sportives, etc.; ‐ Faire représenter la diaspora ivoirienne au Conseil Economique et Social ivoirien, et au sein de structures de promotion et de développement de la Côte d'ivoire; ‐ Procéder à un recensement des compétences ivoiriennes existant à l'étranger; ‐ Mettre en place une base de données à jour des compétences à l'investissement. Pour atteindre ces objectifs, la COGID s’est doté d’un conseil d’administration, d’un bureau exécutif, d’un bureau permanent localisé à Abidjan et de commissions spécialisées. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 15 3. Diaspora ivoirienne et développement :
transferts de ressources
La contribution de la diaspora au développement de la Côte d’Ivoire est captée à travers les transferts de fonds en direction du pays et le transfert de compétences des migrants. En effet, les travaux sur la question du lien entre la migration et le développement révèlent que les transferts de fonds constituent autant de ressources injectés dans l’économie locale du fait de la migration. Il en est de même des compétences spécifiques acquises à l’extérieur dont le pays peut bénéficier. 3.1 Les envois de fonds en direction de la Côte d’Ivoire
3.1.1 Transfert de fonds reçus de la diaspora : effets macroéconomiques
Sur la base de ces données tirées du rapport World Bank « Migration and Remittances Factbook 2008 », on obtient que les envois de fonds vers la Côte d’Ivoire cumulent à 2 807 millions USD (1 300 milliards de FCFA6) sur la période 1975‐2008. Ces transferts de fonds en direction de la Côte d’Ivoire connaissent une hausse, passant de 12 à 215 millions de dollars US (5 à 97 milliards de FCFA) de 1975 à 2008, soit un taux d’accroissement annuel de 8,85% (figure 8). En tendance, on note que le volume des fonds qui entrent dans le pays au titre des migrations internationales est en croissance. En 2008, il est entré en Côte d’Ivoire environ 33 millions USD par le réseau de la firme Western Union alors que seulement 17 millions sont sortis du pays. Ce solde est donc excédentaire de plus de 16 millions USD (Konan, profil migratoire, 2009). Poids des transferts dans l’économie : En proportion du PIB, ces mouvements d’envoi de fonds représentent 1% en 2008 (figure 9 et tableau 8). Cette contribution à la croissance est encore assez faible relativement à d’autres pays ou secteurs de l’économie. En effet, la contribution des envois de fonds au PIB du Maroc7 est passée de 6% en 1996 à 9% du PIB alors qu’en Côte d’Ivoire il s’est stabilisé à 1%. Le secteur des télécommunications contribue notamment à hauteur de 4% du PIB en 2008. Sur ce graphique (figure 9), on constate que à partir de l’année 2002, la contribution de la diaspora au financement de l’économie à repris une tendance à la croissance assez marquée. Cela peut s’expliquer par le fait que, depuis cette date marquant le début la crise militaro‐politique, de nombreux ivoiriens sont sortis du pays et envoi en retour des ressources en direction de la famille restée en Côte d’Ivoire. Par tête, elles représentent 10 335 USD par an. Contribution à la couverture du déficit extérieur : Il faut noter aussi que la tendance générale est à la hausse de la part de ces ressources dans la richesse nationale créée. Ces ressources entrantes représentent moins de 20% des sorties de fonds au titre de la balance des transferts (sorties et entrées de fonds). S’agissant de la balance commerciale qui représente la différence entre les exportations et les importations, le flux de transfert entrants représente en moyenne 5% du solde commercial de la Côte d’Ivoire. Ce qui signifie que, s’il y a déficit sur le commerce des biens, ces envois de ressources vers le pays peuvent couvrir jusqu’à concurrence de 5% du déficit commercial. En 2006, ces flux pouvaient couvrir 29% du déficit de la balance des opérations courantes. La balance ou solde des opérations courantes représente la somme du solde des opérations sur biens, sur les services, sur les revenus et sur les transferts unilatéraux. Ces données et leur analyse révèle ainsi que un accroissement de son importance est une source de revenus pour la croissance et le développement national. 6
7
1USD=450 FCFA.
R. Chaabita (2007), « Emigration des marocains en Europe », édition Union, Casablanca, Maroc, 142 pages.
Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 16 Tableau 7 : Evolution des ratios transferts entrants et soldes commerciaux et courants de 1996 à 2006 flux entrants (1) Solde BOC (2) Solde BC (3) (1)/(3) (1)/(2) 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 66 61 64 62 54 52 54 64 72 73 ‐82,9 ‐90,3 ‐171,2 ‐73,6 ‐171,6 ‐44,1 535,1 171,1 127,2 20,9 932,9 1046,3 1014,7 1167 1058,2 1120,2 1965,1 1485,9 1388,2 1290,3 7,09% 5,85% 6,34% 5,32% 5,06% 4,66% 2,75% 4,30% 5,16% 5,69% ‐79,79% ‐67,77% ‐37,59% ‐84,38% ‐31,21% ‐118,37% 10,09% 37,35% 56,32% 351,39% 2006 75 256,7 1647,6
4,55% 29,22%
Source : A partir des données issues de Migration and remittances factbook 2008 et INS. Figure 8 : Evolution des envois de fonds vers la Côte d’Ivoire de 2000 à 2007 (en millions USD) Source : A partir des données issues de Migration and Remittances Factbook 2008. Figure 9 : Evolution des envois de fonds vers la Côte d’Ivoire en proportion du PIB Source : A partir des données issues de Migration and Remittances Factbook 2008. Tableau 8 : Evolution du poids des entrées de fonds dans le PIB ivoirien depuis 1996 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Flux entrants (1) 66 150 61 200 64 350 62 100 53 550 52 200 54 000 63 900 71 640 73 440 75 015 80 748 96 772
PIB en CFA (2) 6 215 6 565 7 179 7 561 7 463 7 640 8 068 8 410 9 006 8 896 9 148 9 295 9 538 (1)/(2) 1,06% 0,93% 0,90% 0,82% 0,72% 0,68% 0,67% 0,76% 0,80% 0,83% 0,82% 0,87% 1,01% Source : A partir des données issues de Migration and Remittances Factbook 2008: (1) : exprimé en millions ; (2) : en milliers de milliards. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 17 En fonction des pays de provenance de ces ressources, on note que 48,5% des ces envois proviennent de la France qui est le contributeur le plus important de ce point de vue, suivi du Burkina et du Benin. Il faut noter que cette répartition ne prend en compte que le stock de migrant (figure 10 et tableau 8). Figure 10 : Répartition des Envois de fonds vers la Côte d’Ivoire, estimation avec les stocks de migrants (en millions USD) Source: Ratha and Shaw (2006), "South‐South Migration and Remittances," Development Prospects Group, World Bank (www.worldbank.org/prospects/migrationandremittances). Ces données utilisent les hypothèses de ces auteurs. Tableau 9 : Envoi de fonds vers la Côte d'Ivoire selon la provenance (millions USD) sans correction de stock Belgiqu
e Pays Montant % Centre Afrique Canada Danemark
Finlande France Allemagne Grèce Ireland 1,30 7,25 8,66 2,76 0,05 0,63 0,09 71,79 5,87 0,11 0,23 0,88% 4,90% 5,85% 1,86% 0,03% 0,43% 0,06% 48,51% 3,97% 0,07% 0,16% Pays Burkina Faso Benin Italie Japon Liberia Luxembourg Mauritanie
Nouvelle Zélande Hollande Niger Nigeria Norvège
Pérou Montant 14,78 0,16 0,54 0,10 0,08 0,57 0,01 1,79 1,36 0,29 0,02 % 9,99% 0,11% 0,36% 0,07% 0,05% 0,39% 0,01% 1,21% 0,92% 0,20% 0,01% Pays Montant % Sierra Espagne Portugal Leone Suède Suisse Grande Bretagne United States Autres (Sud) Autres (Nord) TOTAL 147,99 0,10 0,03 1,74 0,63 2,20 4,67 13,84 5,34 0,88 0,07% 0,02% 1,18% 0,43% 1,49% 3,16% 9,35% 3,61% 0,59% 100,00% Source: Ratha and Shaw (2006), op. cit. 3.1.2 Sortie de fonds de la Côte d’Ivoire et évolution des soldes
De façon générale, il sort plus de ressources de la Côte d’Ivoire qu’il n’en rentre en termes de transferts unilatéraux. Les sorties de fonds en provenance de la Côte d’Ivoire sont estimées à 14 941 millions de USD sur la période 1975‐2008 (figure 11). Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 18 Figure 11 : Evolution des envois de fonds en provenance de la Côte d’Ivoire de 1975 à 2008 (en millions USD) Source : A partir des données issues de Migration and Remittances Factbook 2008. Il apparait alors un solde négatif sur la longue période avec un retournement de tendance depuis 2006 avec un solde positif. Au niveau l’équilibre extérieur du pays, ce déficit de la balance des transferts a été longtemps compensé par un excédent commercial structurel de la balance des opérations courantes. Figure 12 : Evolution du solde des entrées et sorties de fonds de la Côte d’Ivoire depuis 1975 Source : A partir des données issues de Migration and Remittances Factbook 2008. En observant le ratio des flux entrants rapportés aux flux sortants, on note que cet écart se réduit sur la longue période. Ce qui dénote d’un effet de rattrapage depuis le début des années 1990, correspondant aux années de troubles socio‐économiques en Côte d’Ivoire (figure 13). Ces évènements ont entrainé la sortie du pays de nombreux nationaux et conduit à des envois de fonds en retour vers la famille. Le rééquilibrage de ce compte à partir de 2006‐2007 est un facteur important pour la création de richesse et l’investissement. Cette épargne des nationaux mis à l’étranger peut ainsi servir à la création de richesse et au développement de la Côte d’Ivoire. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 19 Figure 13 : Evolution du rapport flux entrants sur flux sortants en Côte d’Ivoire depuis 1975 Source: Ratha and Shaw (2006), op. cit. 3.2 Utilisation des fonds transférés
Au delà des impacts macroéconomiques des fonds qui sont transférés vers le pays par les ivoiriens de la diaspora, il est intéressant d’analyser les usages et les transformations que ces ressources permettent de produire sur les équilibres locaux. Comme présenté ci‐avant, le volume des entrées de fonds s’élève à 2 807 millions USD (1 300 milliards de FCFA) sur la période 1975‐2008 dont 215 millions de dollars US (97 milliards de FCFA) pour la seule année 2008. Ces ressources constituent des fonds qui bénéficient à l’économie nationale. Dans cette perspective, l’étude d’Ammassari (2004) offre des éléments d’analyse. Il apparaît aussi urgent de continuer cette connaissance des usages des fonds des ivoiriens de la diaspora afin de mieux comprendre, orienter et tirer le meilleur bénéfice de l’épargne des nationaux à l’étranger. On a noté que depuis 2006‐2007, il entre plus de ressources au titre des transferts en Côte d’Ivoire qu’il n’en sort. Ce solde positif mérite d’être mieux connu afin de mieux l’accompagner vers des offres de services productifs pour le pays. Cela peut être un complément des investissements directs étrangers. Le tableau 10 ci‐après présente une synthèse des incidences de ces fonds sur le développement. Il apparaît ainsi que les fonds qui se transférés vers la Côte d’Ivoire par les ivoiriens de la diaspora servent prioritairement à la consommation finale. Il s’agit de transferts de ressources à la famille au sens large restée au pays (77,6%) et des conjoints et enfants (13,2%). Ces fonds servent donc à 90% aux besoins de consommation et d’entretien familiaux. Les besoins d’investissement productifs apparaissent marginaux (2,7%). Il est nécessaire de faire une mutation afin que ces fonds servent à des investissements productifs à même de reproduire la richesse au plan local et réduire la dépendance des familles vis‐à‐vis de l’extérieur. A titre de comparaison, on peut notre qu’au Maroc, le secteur qui est le plus sollicité c’est celui de la construction de logement (51%), contribuant ainsi à l’urbanisation du pays (Chaabita, 2007). Tableau 10 : Destinations des fonds transférés par les immigrés (en %) Destination des transferts Côte d'Ivoire Entretien des parents ou des frères et sœurs 77,6 Entretien du conjoint ou des enfants 13,2 Financement d'ouvrages ou d'entreprises 2,7 Economie laissée dans le pays d'origine 1,3 Don 1,3 Autres usages Total Source : Ammassari (2004) 4 100 Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 20 4. Perspectives
Les ivoiriens de la diaspora ont entrepris des actions afin de s’impliquer dans le développement de la Côte d’Ivoire. En 2007, s’est tenu la 1ère semaine des ivoiriens de l’étranger. Cette manifestation visait à traiter de la contribution de la diaspora ivoirienne au développement du pays de même que de la politique publique en la matière.8 Aux termes de ces assises, de nombreuses propositions ont été faites, traduite en un « livre blanc » à la haute attention du Président de la République. Ces pistes de recommandations permettent de dégager les perspectives dans lesquelles veulent d’inscrire les ivoiriens de la diaspora. Au plan institutionnel, il souhaite être représenté dans les institutions de la République (Assemblée nationale, Conseil économique et social et un ministère en charge de la diaspora)9. De même, il a été recommandé la création d’une Union générales ivoiriens de la diaspora (UGID) avec un statut reconnu qui regrouperait toutes les associations existantes pas pays d’accueil. Ils s’engagent aussi à contribuer au développement du pays à travers la prospection économique, à constituer une épargne dans le cadre d’une mutuelle, à participer directement ou indirectement à la création de richesse et à l’emploi en Côte d’Ivoire par la mise sur pied d’un club d’affaires des ivoiriens de l’étranger. Ainsi, les actions futures des IDD s’inscrivent dans cette perspective. 8
Du 20 au 23 août 2007 à Abidjan.
C. Koudou et V. Lohouri (2008), Ivoiriens de l’étranger : quelle politique de l’Etat & quelle contributions de la diaspora au processus de développement de la Côte d’Ivoire, livre blanc, 1ère semaine des ivoiriens de la diaspora, L’harmattan.
9
Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 21 5. Conclusion
Ce rapport thématique vise à mettre en évidence la contribution de la diaspora au développement de la Côte d’Ivoire. Cette diaspora s’est constituée progressivement dans le monde entier. Elle est estimée à environ 1 500 000 ivoiriens tandis que les sources consulaires annoncent un chiffre bien en deçà (240 000). Avec la crise économique et les problèmes sociopolitiques que le pays connaît, de nouvelles tendances migratoires apparaissent notamment l’établissement à l’étranger sous diverses formes. Ainsi, la diaspora ivoirienne s’est fortement renforcée suite à la crise militaro‐politique et à l’instabilité politique récurrente. La contribution de cette diaspora au développement de la Côte d’Ivoire s’est faite à travers les envois de fonds en direction du pays. Le solde de ses envois de fonds est apparu positif traduisant une entrée de fonds plus qu’il n’en sort depuis l’année 2007. Au plan macroéconomique, l’usage de ces revenus en consommation finale produit des effets multiplicateurs sur les autres secteurs en termes de demande de service. On note aussi l’émergence de cadres permettant l’expression des compétences de la diaspora. C’est le cas notamment de la mise en place de la zone Franche de biotechnologie et des technologies de l’information et de la communication à Grand Bassam (ZBTIC). Ce projet propose des collaborations aux ivoiriens exerçant dans cette haute technologie dans les grandes universités et centres de recherche des pays développés. On peut aussi relever la création de la mutuelle des ivoiriens de l’étranger qui collecte l’épargne des ivoiriens de la diaspora à l’effet de proposer aux membres des projets d’investissements porteurs dans le pays. Au total, on peut dire que ces dernières années ont vu l’émergence d’une diaspora ivoirienne soucieuse de prendre une place plus importante dans le processus développement. Cette perspective permet aussi à ceux‐ci de mettre en place un cadre de partenariat et de collaboration qui leur permet à la fois de créer de l’emploi et de la richesse au plan local mais aussi de préparer un retour au pays qui peut être physique ou virtuelle en termes de partage de compétence. Cette action mérite d’être encouragée par des décisions ambitieuses des autorités publiques car le lien entre la migration et le développement est aujourd’hui établit et mérite d’être mieux exploité pour un développement « durable » en Côte d’Ivoire. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 22 Références
Ammassari S. 2004 Gestion des migrations et politiques de développement: optimiser les bénéfices de la migration internationale en Afrique de l’Ouest », Cahier des migrations internationales, BIT, 2004, 99 p. Banque Mondiale 2008 Migration and Remittances Factbook 2008, World Bank, Washington DC. Beine, M., F. Docquier et H. Rapoport 2007a Brain drain and human capital formation in developing countries: winners and losers, Economic Journal. 2007b Measuring international skilled migration: new estimates controlling for age of entry, World Bank Economic Review. Castles et al. 2008
Migration and Development, Genève, OIM. Faini R. 2007 Migrations et transferts de fonds. Impact sur les pays d'origine », Revue d’économie du développement, 2007, vol. 21, issue 2, pages 153‐182. Harris J. et M. Todaro 1970 Migration, Unemployment & Development: A Two‐Sector Analysis ». American Economic Review, March 1970; 60(1), pages 126‐142. Konan, S.Y. 2008 Pauvreté en Afrique et migration clandestine vers l’Europe : quelle relation », Colloque international sur la migration internationale clandestine en provenance d’Afrique vers l’Europe et développement durable, Casablanca, Maroc (www.cermid.ma). Konan, S.Y., Kouakou, A.K., Nama, K.E. 2007 Déterminants socio‐économiques de l’intégration des réfugiés en Côte d’Ivoire : Essai de modélisation à partir d’un échantillon de réfugiés libériens dans le District d’Abidjan, African Migration Workshop, Accra, Ghana. http://www.imi.ox.ac.uk/pdfs/Konan%20 Kouakou A. K. 2008 Migrations clandestines internationales et développement en Afrique : entre politique de dissuasion et incitation », Colloque international sur la migration internationale clandestine en provenance d’Afrique vers l’Europe et développement durable, Casablanca, Maroc (www.cermid.ma) Merabet, O. 2007 Etude sur le Profil migratoire de la Côte d’Ivoire rapport final 2006, EC, Civipol, Transtec. Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 23 Ratha and Shaw 2006 South‐South Migration and Remittances, Development Prospects Group, World Bank www.worldbank.org/prospects/migrationandremittances Autres ressources : -
Coordination Générale des Ivoiriennes de la Diaspora(COGID) www.cogid.org -
Institute National de la Statistique (INS) – République de Côte d’Ivoire www.ins.ci Migration en Côte d’Ivoire : document thématique 2009 24 Cette publication a été co-financée
par l’Union européenne
Migration en Côte d’Ivoire :
Document thématique 2009
Migration, emploi, pression foncière et
cohésion sociale en Côte d’Ivoire
17 route des Morillons, 1211 Genève 19 Suisse
Tél : + 41 22 717 91 11 • Télécopie : +41 22 798 61 50
Courrier électronique : [email protected] • Internet : http://www.iom.int
Federal Office for Migration FOM