SDPC Nantes, avril 2016 1 Journée de la Catéchèse :"10 ans après
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SDPC Nantes, avril 2016 1 Journée de la Catéchèse :"10 ans après
SDPC Nantes, avril 2016 Journée de la Catéchèse :"10 ans après la parution du Texte National pour l'Orientation de la Catéchèse en France (TNOCF), quels enjeux missionnaires ?" SYNTHESE des interventions Le 31 mars dernier aux Naudières, 120 personnes ont répondu à l'invitation du SDPC pour cette journée préparée en collaboration avec le service pastoral de la DDEC et l'AEP. A ce public venu de toutes les zones, composé de curés de paroisses, de prêtres accompagnateurs et leme en charge de la catéchèse et de catéchistes, de responsables d'AEP, et d'APS, s'étaient adjoints des responsables de services diocésains (catéchuménat, relations avec le judaïsme, pastorale des familles) et deux déléguées épiscopales pour les services du DIF et pour les mouvements et associations de fidèles. Cette journée, marquant l'anniversaire d'un texte majeur pour l'Eglise en France a permis de se replonger dans l'histoire de sa genèse et de comprendre la place essentielle qu'occupe la catéchèse dans l'évangélisation d'un monde désormais sécularisé dont les mutations profondes ne manquent pas de nous interpeler. Le matin Par un voyage à travers les textes magistériels et l'histoire de l'Eglise depuis le 16è siècle, le professeur Joël Molinario, théologien, directeur de l'Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique à l'Institut Catholique de Paris, grand spécialiste de la catéchèse 1, nous a permis de mieux comprendre d'où venait le TNOCF. La catéchèse est une invention moderne nous a-t-il expliqué, apparue avec Luther soucieux de "donner les mots de la foi pour accompagner le vécu de la foi". Le Concile de Trente reprendra à son compte cet impératif en donnant la responsabilité de la catéchèse au curé de la paroisse. Le grand élan catéchétique du 16ème siècle se repliera ensuite sur lui-même devenant plus un instrument de résistance (contre les protestants, puis les jansénistes, puis les philosophes des Lumières ) pour aboutir à ce qu'il ne serve non pas la rencontre de Jésus mais le catéchisme lui-même : "le sujet n'est plus Jésus mais la catéchisme à apprendre par cœur"! A partir des années 50, l'Eglise prend conscience que désormais la catéchèse doit accompagner des enfants qui ne sont pas baignés dans une culture chrétienne. Un gros travail de renouveau biblique, de redécouvertes des Pères de l'Eglise accompagne le mouvement de renouvellement de la catéchèse qui vise à travailler à la fois l'intelligence de la foi et l'éducation de la foi. Une suite de crise secouera encore la catéchèse jusqu'au Concile Vatican II qui validera les grandes intuitions des années 50. Le concile propose une redécouverte du contenu de la foi biblique (Dei Verbum) et liturgique, il instaure le mot "catéchèse" et restaure le catéchuménat baptismal pour les adultes. Puis à partir de Paul VI ("l'Eglise existe pour évangéliser"), les textes des papes sur la catéchèse insisteront sur la mission évangélisatrice de l'Eglise. Fruit de deux grands textes, le DGC et la Lettre aux Catholique de France de 1996, le TNOCF est l'aboutissement du grands chantier de la catéchèse entrepris en France en 2001 qui marque le passage d'une catéchèse de l'entretien de la foi à une catéchèse de la proposition de la foi. La 1 Voir son dernier ouvrage paru : Le catéchisme, une invention moderne : de Luther à Benoît XVI, Joël Molinario, Bayard (janvier 2013) 1 SDPC Nantes, avril 2016 démarche "aller au cœur de la foi" qui revisite la Veillée Pascale, invite à ressourcer la catéchèse par la liturgie et la Vigile Pascale. Le TNOCF, paru en 2006, suite au vote des évêques de France à Lourdes, donne trois fondements pour la catéchèse : - la communauté chrétienne à comprendre comme milieu dans lequel pousse la foi, sorte d'écosystème qui fait mûrir la foi du croyant, de "bain ecclésial". L'Eglise est le moyen sans lequel l'initiation ne peut pas se réaliser nous a expliqué Joël Molinario. - Le deuxième fondement du texte est l'invitation à la plongée dans le mystère pascal, à expérimenter que la liturgie nous façonne. - Enfin la pédagogie d'initiation et ses sept points, fournie comme troisième fondement, ne doit se pas transformer en un "truc" pédagogique en plus, a précisé Joël Molinario, elle est à approfondir en ne la séparant jamais des deux autres fondements. Le TONCF porte une insistance majeure : "on est initié par la Parole de Dieu et non à la Parole de Dieu". Avec ce texte, la référence pour la catéchèse est le cheminement catéchuménal des adultes. Et c'est l'Eglise qui donne les médiations pour que la Parole de Dieu puisse nous initier. Il insiste sur l'ecclésialité de la catéchèse. Enfin, le texte prend acte de la mission évangélisatrice de l'Eglise. Le deuxième document accompagnant ce texte fondamental, comporte les quatre principes d'organisation visant à faciliter l'entrée dans la logique de l'initiation chrétienne désormais promue par les évêques de France. L'après-midi Joël Molinario a poursuivi son analyse du TNOCF à partir de trois points : la catéchèse dans le processus de réception de Vatican II, l'intensification de la vie de l'Eglise depuis 10 ans, et quatre aspects d'un monde en mutation. Continuant de tirer le fil historique, Joël Molinario a expliqué comment le processus de réception de Vatican II a conduit à prendre conscience que la foi n'allait plus de soi dans des terres pourtant chrétiennes, qu'il y avait nécessité de la mission dans un pays en train de se séculariser. Ainsi, au sortir du Concile un défi est lancé à la pratique catéchétique, qui rejoint la mission. C'est la "nature même de l'Eglise, la responsabilité de l'Eglise de catéchiser et évangéliser". La catéchèse est en quelque sorte emportée dans ce mouvement d'évangélisation qui n'est pas terminé (dont on retrouve des accents forts dans Evangelii Gaudium du pape François). En 2000, un certain cardinal Ratzinger avait souligné la place majeure qu'occupe la catéchèse dans la mission évangélisatrice de l'Eglise. Dans son discours adressé aux catéchistes à Rome2 le futur Benoit XVI s'interrogeait : une grande partie de l'humanité ne trouve plus une bonne nouvelle dans l'évangélisation, une réponse convaincante à la question "comment vivre?". 2 JUBILÉ DES CATÉCHISTES CONFÉRENCE DE S. Em. LE CARD. JOSEPH RATZINGER SUR LE THÈME DE LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION Dimanche 10 décembre 2000 "La vie humaine ne se réalise pas d'elle-même. Notre vie est une question ouverte, un projet incomplet qu'il nous reste à achever et à réaliser. La question fondamentale de tout homme est: comment cela se réalise-t-il - devenir un homme? Comment apprend-t-on l'art de vivre? Quel est le chemin du bonheur?" 2 SDPC Nantes, avril 2016 Depuis 10 ans, la vie de l'Eglise s'est intensifiée nous a expliqué Joël Molinario, donnant la liste de grands textes des papes Benoit et François parus depuis 2006 . Ce que nous disent les papes c'est que la foi n'est pas une idéologie mais une rencontre. B XVI explique que la foi est performative, une communication qui produit des faits et qui change la vie. Et que tout part du cœur : l'Eglise doit d'abord se convertir elle-même pour annoncer l'Evangile. Un cœur qui selon le pape François est à chercher dans les périphéries ! Enfin, indiquant quatre mutations majeures de la société "post moderne", Joël Molinario nous a aidés à comprendre quels défis s'offrent à l'acte catéchétique aujourd'hui. 1- Les mutations anthropologiques : Alors que dans les années 60 l'Eglise était qualifiée "d'experte en humanité", le présupposé humaniste n'est plus aujourd'hui. Plus aucun philosophe n'est capable de dire ce qu'est un homme. Il y a aujourd'hui un trouble dans la définition de l'humain, le rapport homme - femme. On constate une indifférence à la différence sexuelle, des a priori qui changent. Le rapport homme - machine a aussi changé avec les cybor (machines adaptées à l'homme), les robots androïdes, les nanotechnologies (qui consistent à fabriquer des bouts de vivants). Enfin, le transhumanisme revendique l'abandon de l'incarnation, avec l'idée que la mort est un échec. 2- La crise écologique : nous sommes à l'ère anthropocène : l'activité de l'homme est plus importante que celle de la terre, nous entrons dans une ère géologique d'une tout autre nature 3- Le pluralisme religieux: alors que nous pouvions avoir une vision irénique du dialogue inter religieux, il y a aujourd'hui des raidissements, des difficultés à rendre compte de sa foi et à entrer en dialogue. Apparait de manière urgente la nécessité d'une apologétique intelligente du dialogue. 4- Enfin le numérique : nous n'avons plus le même rapport à l'information et à la culture aujourd'hui, et même si le pape François parle d'Internet comme d'un don de Dieu, c'est une culture de l'instant et de la fascination. Comment la concilier avec le temps long? Comment peut-on continuer à prier si on est toujours connecté? Conclusion : Le christianisme est un choix particulier dans un monde pluriel. L'Evangile a quelque chose à dire dans ce pluralisme. Il nous faut apprendre à nommer l'humanité de Dieu qui se dit à travers JésusChrist, nommer comment la foi chrétienne nous humanise et nous divinise aussi. Pendant l'échange qui a suivi son intervention, Joël Molinario a précisé plusieurs points : Nous rencontrons une très grande hétérogénéité dans nos groupes: Oui, c'est désormais la caractéristique de nos sociétés ouvertes (nous ne sommes pas une secte). Il ne faut pas regretter l'homogénéité, c'est au contraire une chance. La Pentecôte c'est cela, toutes les langues et les cultures en un seul credo. Nous sommes dans la situation normale de l'Eglise post- Pentecôte. Certains ont affirmé "on est le petit reste": c'est vrai mais ce n'est pas important. L'Eglise souffre d'une maladie, celle de la souffrance du "membre fantôme" (HJ Gagey), une Eglise qui passe son temps à imaginer ce qu'elle était avant et qui pousse à se focaliser sur le passé. Or la vie de l'Eglise c'est un promesse et notre monde a autant droit à l'annonce de l'Evangile que le monde d'hier. 3 SDPC Nantes, avril 2016 D'autres participants ont relevé la difficulté de devoir toujours s'adapter: S'adapter aujourd'hui c'est montrer que l'Evangile arrive à répondre à la question "Comment vivre ?". C'est toujours le même Evangile, et c'est le contexte qui change. Il s'agit de le proposer dans un contexte nouveau avec une manière nouvelle. Enfin à la question sur la culture religieuse qui manquerait aux jeunes, Joël Molinario a répondu : certes c'est vrai qu'on a perdu la grammaire élémentaire de l'existence (comme disent les évêques) et que l'éducation nationale ne fait pas son travail pour l'apprentissage de cette culture, mais attention : l'essentiel de la culture religieuse c'est la pratique de la foi, c'est-à-dire écouter la Parole, prier, partager etc.. Je ne crois pas à l'idée de préalable ! Et une culture est toujours en rapport avec une existence. Intervention de Mgr James 1/ La diversité rassemblée aujourd'hui qui va nous aider à affronter l'évangélisation de demain, c'est une image d'une Eglise de Pentecôte qui me plait. Je tiens à le souligner et à l'encourager. Nous sommes invités à favoriser des rassemblements comme celui que nous avons vécu aujourd'hui au niveau diocésain. Il s'agit de travailler ensemble, de favoriser cette Eglise de Pentecôte. C'est l'objet de combats spirituels. La tendance est de toujours revenir à Babel, au "même". Quand cela fait défaut, c'est l'Esprit-Saint qui manque. 2/ Merci pour cette journée, les organisateurs et les participants. Cela invite à la participation de tous dans la mission de l'Eglise, sinon nos institutions mourront. 3/ L'idée d'être initié par (et non "à") la prière et la liturgie ( comme nous y invitait le document "Aller au coeur de la foi" en 2005) me renvoie aux fêtes de Pâques que nous venons de vivre. Les fruits du TNOCF, je les vois à travers les lettres des jeunes qui demandent la confirmation. Ils sont évangélisateurs de leur propres camarades, l'expérience du Christ ressuscité les a conduits à annoncer l'Evangile à leurs camarades. Je les vois aussi dans ces mamans et ces papas qui demandent le baptême, suite au témoignage de leurs enfants qui sont allés en catéchèse. Je les repère aussi dans le parcours qui transforme la vie des confirmants lorsqu'ils se préparent à la confirmation (comment ils sont changés en une année). Toutes ces expériences dont je suis témoin, je les accueille comme un fruit du travail qui a été fait à partir du TNOCF. 4/ Dans la lettre pastorale, j'ai indiqué comme quatrième orientation : la formation et la catéchèse comme priorité majeure dans le diocèse. C'est essentiel pour les adultes et notamment les futurs catéchistes et les futurs leme, qui pour remplir une mission dans l'Eglise ont besoin d'avoir les mots pour dire la foi. Cette formation, elle commence dans le groupe de catéchistes, entre catéchistes. Quand on partage comment dans la mission de catéchiste on a grandi dans sa propre foi. Ce sont des petites communautés fraternelles de foi on l'on peut partager ce que l'on est, qui l'on rejoint et les questions que l'on se pose. Ces expériences de partage permettront peut-être à certains d'accepter une formation plus importante, s'ils y trouvent de l'intérêt et du goût. Enfin, le parcours de catéchèse fondamentale pour adultes "en marche avec Jésus-Christ" est le passage obligé pour toute leme avant de recevoir une mission. Nous irons au delà en proposant à ceux qui le souhaitent de pouvoir valider un Certificat d'Etudes Théologiques ou un Diplôme Universitaire d'Etudes Théologiques. 4