Collectif « LA TORCHE EN DANGER» latorcheendanger@gmail

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Collectif « LA TORCHE EN DANGER» latorcheendanger@gmail
Collectif « LA TORCHE EN DANGER»
[email protected]
chez M. Olivier COQUELIN
Ti Boutig
29120 PLOMEUR
Préfecture de Quimper
à l'attention de M. Le Préfet Jean-Luc VIDELAINE
42, boulevard Dupleix
29320 QUIMPER CEDEX
Réf. : LTEDPREF16072014
Objet : Projet de méthanisation à Kerveret
P.J. : 6 photos circulation route de Beuzec
article du Télégramme du 29/01/2014 :
«Nature - Les Finistériens attachés à sa protection»
Plomeur, le 16 juillet 2014
Monsieur le Préfet,
Riverains, habitants de Plomeur et des communes avoisinantes, professionnels du tourisme, membres
d'associations environnementales, réunis au sein du collectif « La Torche en danger », nous attirons tous
votre vigilance sur le projet de construction d'une unité de méthanisation au lieu-dit Kerveret-La Torche,
dans la commune de Plomeur, entre les établissements KAANDORP et MARECHAL, à proximité du site
classé de la Torche, situé dans le périmètre Natura 2000 Baie d'Audierne. La chapelle de Tronoën, classée au
titre des monuments historiques, se trouve dans l'axe du lieu d'implantation. Le carrefour de Croas An Dour,
très fréquenté toute l'année, sur la Route du Vent Solaire, permet d'accéder à la chapelle et au site choisi pour
l'unité de méthanisation.
Tout d'abord, nous nous étonnons que la porcherie du Gibit, dont il est prévu d'amener les effluents par
lisioduc jusqu'à Kerveret, ne construise pas cette usine sur sa propre exploitation, comme cela se fait ailleurs.
Le site retenu est complètement excentré et difficile d'accès par la voie communale, totalement inadaptée à
un surcroît de trafic. Les convois encombrants, roulant à vive allure, occuperaient toute la route, au risque de
provoquer des accidents.
Nous tenons également à préciser que notre collectif n'est pas opposé au principe de la
méthanisation, mais au site d’implantation choisi, au coeur d'une zone humide, au milieu de terres
sableuses drainantes où coule le ruisseau qui se déverse sur la plage de la Torche. Zone de pêche
professionnelle, de baignade, de surf, où se déroulent des compétitions nautiques nationales et
internationales, ce site, mondialement connu pour ses paysages exceptionnels et ses richesses
ornithologiques et floristiques, attire toute l'année des milliers de visiteurs français et étrangers. La baie
d’Audierne constitue, en effet, avec la pointe du Raz, l’un des sites naturels les plus prestigieux de Bretagne.
Très attachés à cet environnement exceptionnel, nous exprimons, en conséquence, notre très vive
inquiétude, au sujet de ce nouveau projet, vecteur de pollutions, qui n'a pas sa place près d'un site de cette
qualité. Comme vous le savez, le secteur de la Torche et ses habitants sont soumis à des pollutions
importantes générées par l'agriculture industrielle bulbicole et maraîchère, ainsi que par le site industriel des
déchets de Lezinadou et les épandages de composts nauséabonds. C'est pourquoi, nous craignons par-dessus
tout de nouvelles nuisances qui impacteraient encore davantage la santé publique, l'environnement, la qualité
de vie des résidents et l'activité touristique.
De plus, le lieu d'implantation prévu est situé en plein milieu d'une zone d'habitations, relativement
dense, composée de hameaux et de maisons dispersées, dont les premières sont situées à 30 et 50 mètres
environ. Un lotissement, un camping, des gîtes, une boutique et une école de surf, une poterie, un ranch et
des restaurants sont aussi situés dans le périmètre de cette usine.
Opposé à ce projet, le Maire de Plomeur, soutenu par l'ensemble du conseil municipal, a fait savoir qu'il
ne donnerait pas l'autorisation de traverser les voies communales pour le transfert des lisiers du Gibit, par
lisioduc de 2 km de long, jusqu'à l'unité de Kerveret. L'aval des propriétaires des terrains à traverser est
également loin d'être acquis. Par conséquent, l'accès à la parcelle ne pourrait s'effectuer que par la route de
Beuzec, en engendrant un flux routier journalier très important pour « alimenter » le digesteur. Puis, le
transfert des digestats et lixiviats au Gibit et leur épandage en automne et au printemps, sur cette voie très
dégradée et très étroite, poseraient à leur tour de très sérieux problèmes pour la fluidité du trafic et la sécurité
des usagers. En été, les enfants en vacances au camping de Lanven se rendent à pied ou à bicyclette, en
groupe, à la plage de la Torche. Au printemps, la fête des fleurs de mars à mai engendre une forte affluence
de véhicules et de cars sur tout le secteur, où circulent également deux petits trains, à longueur de journée, et
les visiteurs arrêtent leur véhicule, sur la route, sans précaution, pour se rendre dans les champs. La
randonnée des tulipes et la course Plomeur-Pont-L'Abbé transitent également par la route de Beuzec
qu'empruntent aussi des cavaliers, des joggers et des randonneurs, des familles avec leurs enfants, des
camions de livraison, tracteurs, pulvérisateurs, campings-cars, cars scolaires, camions-poubelles...
De plus, nous redoutons particulièrement :
►Les risques d'incendie et d'explosion. En effet, une explosion liée à la corrosion et au vieillissement du
matériel, mais aussi à un défaut de vigilance des exploitants, relativement courant, peut survenir à tout
moment, ce qui aurait des répercussions sur la santé du voisinage et sur l'environnement ;
►les risques de pollution par des micro-organismes pathogènes et l'impact sur la faune sauvage avec risques
de transmission à la population (clostridium perfringens, escherichia coli, salmonelle, ...) ;
►les mauvaises odeurs et la toxicité des gaz (H2S, ammoniac...) qui viendraient s'ajouter à celles existant
déjà sur le site (pesticides, usines de déchets, épandages de composts, porcherie du Gibit...), dans un site
touristique très fréquenté, alors que les visiteurs se plaignent « d'une odeur de produits chimiques qui flotte
toujours dans l'air à la Torche.» ;
►le bruit important généré par le moteur de co-génération qui serait placé entre les ventilateurs des deux
exploitations qui génèrent, quant à eux, des nuisances sonores insupportables pendant des mois, chaque
année ;
►les risques de fuites de méthane (porosité du dôme, soupapes, toit, murs, largages) ; le brûlage des gaz
excédentaires par la torchère.(quelle hauteur ?) ;
►la porosité des cuves de béton baignant dans l'eau et les fissures qui pourraient créer des fuites de méthane
et des explosions ;
►les risques induits par l'accumulation du sable des déchets de cultures poussant en sols sableux, dans les
rouages (carottes, pommes de terre...) ; M. KAANDORP a en outre certifié à un riverain qu'il méthaniserait
ses fanes d'iris, ce que vos services ont démenti ;
►la pollution des eaux souterraines et de surface, au moment des transferts des matières polluantes puis au
moment du chargement des digestats et lixiviats à épandre ;
►les épandages de digestats liquides en zone sableuse, proche du littoral, et leur impact sur le banc de
tellines ;
► la pollution de la mer dans une zone de baignade et l'arrivée des algues vertes à la Torche en pleine zone
touristique.
Nous nous inquiétons également des prélèvements d'eau nécessaires à cette activité, alors que la
bulbiculture et le maraîchage effectuent des ponctions très importantes dans les eaux de surface (étangs de
Saint-Vio, Kerveret, Roz An Tremen), et dans les eaux souterraines (forages de Kerboulen, Croas An
Dour...).
En outre, les débordements dans ce type d'usine, fréquents en Allemagne, induiraient la pollution de la
zone humide, ce qui serait néfaste pour la nappe phréatique (puits des riverains) et l'étang limitrophe qui
servent à irriguer les cultures maraîchères et bulbicoles (forage des établissements KAANDORP à Croas An
Dour). La pollution du ruisseau passant près de cette usine entraînerait inévitablement, tôt ou tard, une
pollution de la plage de la Torche et du milieu marin. Les impacts sur ce site, mondialement connu, vanté par
Finistère Tourisme et qualifié de « mythique » sur le site internet de la Communauté de Communes du Pays
Bigouden Sud, seraient désastreux pour sa notoriété et celle de Plomeur, alors qu'une épreuve de la coupe du
monde de windsurf, où sont attendus 100 000 visiteurs, est prévue du 18 au 26 octobre 2014.
Par ailleurs, les exploitants concernés n'ont jamais pris la peine d'informer de leur projet leurs voisins et
les acteurs du tourisme local, directement concernés, dont très peu ont eu connaissance de ce projet privé, par
voie de presse. Le 13 janvier 2014, Mme Léa LAURENT, alors Maire de Plomeur, avait reçu des
professionnels du tourisme local, très inquiets pour l'avenir de leur profession. Elle leur avait déclaré que
« la Torche avait assez donné et qu'elle espérait que l'usine ne se ferait pas, car le site n'est pas du tout
approprié ». Le nouveau maire et toute son équipe municipale partagent cet avis avec le collectif «La Torche
en danger » et tous les signataires de la pétition, dont le nombre est largement supérieur à 3 000, à présent.
Les élus du Pays bigouden sont unanimes pour affirmer que le tourisme est l'avenir de notre région et que
les zones humides représentent une richesse écologique et économique réelles (exposition zones humides
«Mares & vous» à la Maison de la Baie d'Audierne). Un moment, Mme LAURENT était favorable à l'idée
de faire de la Torche un mini « grand site », à l'instar de celui de la Pointe du Raz. Il est donc surprenant que
l'on envisage d'y installer de nouvelles activités, vectrices de pollutions, qui seraient fatales aux activités
liées au tourisme et à la pêche. Malheureusement, les mauvaises pratiques opérées sans respect de la santé et
des biens du voisinage des champs cultivés, par des professionnels qui connaissent pourtant la nocivité des
pesticides qu'ils pulvérisent par tous les temps, les épandages des composts de Lezinadou et des fientes de
volailles nauséabonds effectués par grands vents au ras des habitations, constituent déjà des pollutions très
importantes dans le secteur de la Torche, toute l'année. Dénoncées depuis une trentaine d'années par les
riverains et les associations de l'environnement, elles perdurent...
Les exploitants agricoles ne sont pas des professionnels de la gestion des déchets et du gaz. De nombreux
incidents résultant d'erreurs humaines, dues au manque de vigilance, sont recensés en France et en
Allemagne. C'est pourquoi les pratiques culturales à risques des exploitants de la Torche nous amènent à
émettre de très sérieuses réserves quant à leurs compétences à gérer une usine à gaz qui exige un
professionnalisme et une rigueur exemplaires dont ils n'ont jamais fait preuve dans leur propre activité. La
« Charte de bonnes pratiques » co-signée le 5 janvier 2004, n'a jamais été respectée et l'un des porteurs de
projet a été condamné au tribunal de Quimper en janvier 2013.
En outre, les sites de méthanisation sont toujours susceptibles de s'agrandir, ce qui nous inquiète d'autant
plus que, selon certaines rumeurs, le projet de Plonéour-Lanvern serait abandonné. On ne peut pas non plus
occulter les incidences du projet de Kerveret sur le fonctionnement des usines de traitement des déchets de
Lezinadou, jusqu'à présent, destinataires des déchets verts des paysagistes, dont certains (Société Jean
DANIEL) se seraient engagé avec l'AMB. En effet, l e pré-compost des ordures ménagères est mélangé
à du broyat de déchets verts frais provenant des apports des particuliers et des professionnels qui
payent, quant à eux, 34 euros la tonne pour cette prise en charge. Les boues des stations d'épuration
et les boues de l'usine de potabilisation de Bringall ne pourraient pas non plus être compostées
correctement, si ces apports venaient à diminuer.
Zone industrielle très polluante à proximité de la Torche ou zone touristique générant des emplois
durables sont totalement incompatibles dans un tel site. Des habitants viennent de mettre leur maison en
vente, alors qu'ils y sont très attachés, car disent-ils, « ils refusent de léguer un tel cadeau empoisonné à
leurs enfants.»
En conclusion, notre collectif estime que les conditions pour implanter cette unité de méthanisation
imposante à Kerveret ne sont pas remplies, en raison de tous les éléments développés plus haut. Nous
souhaitons absolument préserver l'environnement naturel exceptionnel de cette partie de la baie d'Audierne,
que nous avons la chance d'avoir dans notre commune. Nous ne voulons plus d'apports de déchets polluants
aussi près du littoral, car ce n'est pas la vocation d'un site touristique digne de ce nom. Enfin, la proximité de
nombreuses habitations, dont les propriétaires s'inquiètent à juste titre de la perte de valeur de leur
patrimoine, appelle aussi à la plus grande prudence, car ce voisinage immédiat serait impacté par les
nuisances inévitables liées à toute ICPE traitant des déchets industriels, d'autant plus qu'il en existe déjà
tellement d'autres.
Ce projet ayant été dimensionné pour échapper au régime d'autorisation avec enquête publique et étude
d'impact, il nous paraît donc inconcevable que dans un site naturel de renommée internationale, il soit
accepté en l'état sans consultation du public et sans étude environnementale.
Afin de vous faire part de tous ces éléments, nous exprimons le souhait de vous rencontrer
prochainement.
Nous espérons vivement que ce courrier retiendra toute votre attention, et dans l'attente de votre réponse
et soutien, nous vous prions de croire, Monsieur le Préfet, à l'expression de notre haute considération.
Pour le collectif « LA TORCHE EN DANGER »,
M. Olivier COQUELIN
copie à : M. Ronan CREDOU, Maire de Plomeur
M. Raynald TANTER, président de la CCPBS
Mme Annick LE LOCH, Députée du Finistère

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