une lettre au maire - CACE Saint

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une lettre au maire - CACE Saint
Le 5 avril 2016
Monsieur le Maire de Saint-Briac
Mairie
18 rue de la Mairie
35800 SAINT BRIAC-SUR-MER
Monsieur le Maire,
Le devenir du château du Nessay, propriété de la commune, constitue un sujet
très difficile à de multiples égards et depuis de nombreuses années. Son état de vétusté, sa
conception et l’exigence des normes d’accessibilité et de sécurité pour le public, ne
permettent plus de le laisser se dégrader davantage ni de prolonger son utilisation actuelle.
Ne rien faire conduirait à devoir le fermer à brève échéance et à le laisser progressivement
se ruiner.
Vous avez, l’été dernier, engagé un processus de réflexion sur le devenir
possible du bâtiment et du site. Un groupe de travail étoffé a été constitué et vous avez
demandé au CACE d’y désigner un représentant, ce qui a été fait.
De nombreuses pistes ont été envisagées : remise à l’état de nature du site par
suppression du château, rénovation du bâtiment, usages envisageables pour celui-ci en
relation avec le site, financements requis, solutions pour les réunir, etc.
Le CACE apprécie positivement le travail de réflexion large et approfondie qui
a été conduit, à la mesure de la sensibilité du site, de son caractère patrimonial, hautement
symbolique et représentatif de la commune, sans que soient perdus de vue les enjeux
économiques et financiers qui s’y attachent et qui conditionnent la faisabilité des diverses
alternatives envisagées.
Un appel à manifestation d’intérêt a été diffusé par la commune fin 2015,
auquel ont répondu plusieurs associations et deux investisseurs privés.
Les dossiers ont été examinés par le groupe de travail qui a classé ces avantprojets par ordre d’intérêt et de faisabilité. Vous avez ensuite décidé d’engager des
pourparlers approfondis avec celui classé en tête, consistant en la réalisation d’un hôtelrestaurant de haut niveau de qualité, présenté par M. Sébastien BAZIN dont le père est
président du groupe hôtelier ACCOR, soutenu par M. et Mme PARIS, propriétaires du
golf de Saint-Briac. Ce projet aurait le mérite de proposer une activité économique de
qualité, rentable et pourvoyeuse d’emplois.
…/…
CACE – Cercle des amis de Saint-Briac et de la côte d’Emeraude – Association régie par la loi de 1901 et agréée pour le territoire de la commune au titre
des articles L. 121-5 et L. 160-1 du code de l’urbanisme et des articles L. 141-1 et L. 141-2 du code de l’environnement.
Correspondance : BP n°6 – 35800 SAINT-BRIAC/MER
Adresse électronique : “[email protected]”
Siège : mairie de Saint Briac-sur-Mer
Site internet : “www.cace-saintbriac.fr”
A ce stade, qui relève de la responsabilité de la municipalité, le CACE souhaite
vous faire part de son appréciation et de ses préoccupations sur ce sujet hautement sensible
à l’échelle de la commune.
En premier lieu, sans sous-estimer l’intérêt des activités associatives qui
s’exercent aujourd’hui dans le château et ses dépendances, il apparaît que seuls des projets
financés de manière suffisante et durable doivent être retenus, compte tenu de l’ampleur
des travaux à prévoir pour restaurer le château. Le plus grand sérieux et les meilleures
garanties doivent donc être obtenus des promoteurs de projet pour que la commune ne
doive pas faire face, en cours de mise en œuvre, à des demandes de financements ou de
garanties non prévues qui l’emmèneraient dans une aventure financière aux graves
conséquences. A cet égard, le projet BAZIN semble présenter les capacités attendues.
En deuxième lieu, les aménités publiques actuelles qu’offrent le site devraient
être préservées : pas d’altération de l’accessibilité au public du sentier du littoral, maintien
de l’accès des plaisanciers aux va-et-vient pour leurs annexes (dès lors que cet usage est
conforme à la réglementation municipale actuelle), restrictions minimales à la possibilité
pour le public d’accéder au parc. La possibilité juridique de transformer en espace hôtelier
les anciennes serres, longtemps affectées au service public portuaire, devra être
soigneusement vérifiée au regard de la loi sur la protection et la mise en valeur du littoral.
En troisième lieu, les autres usages actuels du site devraient être traités avec le
plus grand soin : nouveau bureau du port (dont l’emplacement était logique, dans les
anciennes serres du château), école de voile, activité associative de colonie de vacances
(Escale Bretagne). Des assurances publiques ont été données sur le fait que l’école de voile
continuerait à fonctionner là où elle se trouve, ce qui règle la question dès lors que cet
engagement peut être respecté. S’agissant de l’accueil d’enfants, les discussions que vous
avez engagées avec la colonie Saint-Jean, de Dreux, qui dispose d’une maison à quelques
centaines de mètres, rue de la Salinette, nous paraissent être une bonne initiative qu’il faut
souhaiter voir aboutir. Cette maison semble beaucoup plus adaptée à l’hébergement
d’enfants que le château du Nessay qui, de toute façon, ne pourrait pas être prolongé dans
cette fonction en l’état.
Le projet qui a actuellement la faveur de la municipalité comporte, selon les
documents qui circulent, la création d’une verrière de style XIXe siècle devant servir de salle
à manger, au-dessus du réfectoire édifié dans les années 1980 (qui altère beaucoup la qualité
du site). Cette idée apparaît réalisable dès lors qu’elle prend place sur l’emprise d’une
construction existante et qu’elle respecte la hauteur fixée par le PLU pour cet endroit. Elle
reste cependant soumise à l’accord de l’architecte des bâtiments de France, en raison des
protections dont ce site est l’objet. L’idée apparaît judicieuse et, si sa conception est
particulièrement soignée, une telle construction pourrait s’intégrer de manière heureuse au
site, et même l’améliorer, notamment s’il se substituait au réfectoire. Il conviendrait
toutefois de ne pas omettre d’examiner l’esthétique du site depuis la mer (ou de la plage, à
marée basse) et de prévoir de maintenir de grands arbres (la verrière comporterait des vues
sur la mer mais ne devrait être visible qu’entre des arbres d’une hauteur suffisante).
Des indications rassurantes ont été apportées par vous-même, s’agissant du
maintien de l’accessibilité du public au site (ne serait-il pas opportun, dès lors, que la
commune conserve l’entretien du parc ?) mais plusieurs points sensibles n’ont pas encore,
selon les informations dont le CACE dispose, été réglés. Il convient d’y porter une grande
vigilance :
- l’emprise des stationnements induits par l’activité de restauration devra être
soigneusement évaluée et traitée sans pénaliser l’accès aux plages, le
stationnement lié à l’hôtellerie étant réglé par un système de navette avec le
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parking du golf ; sous réserve d’étude plus approfondie, il semble qu’une
vingtaine de places de stationnement puisse être créée à proximité immédiate
du Béchet ;
- la durée du bail emphytéotique demandée par le promoteur : celle-ci est
nécessairement proportionnée aux coûts des investissements prévus mais elle
ne devra pas conduire à une quasi-vente définitive du site ou à lui donner une
valeur spéculative ; une durée de quarante ans apparaît être un maximum
absolu.
En dernier lieu, il nous paraît utile d’attirer l’attention de la municipalité sur la
nécessité pour la commune de s’appuyer sur l’expertise d’un cabinet d’avocats spécialisé
dans ces domaines des baux emphytéotiques de nature commerciale. Les enjeux sont très
lourds à l’échelle du budget communal. Le projet peut constituer un partenariat très positif
entre les investisseurs et la commune mais le contrat devra être rigoureusement équilibré et
sans surprise, de part et d’autre.
Enfin, il serait prudent de ne pas décourager prématurément le projet arrivé en
deuxième position et dont le contenu pourrait aussi rejoindre les préoccupations de la
population briacine, même si, à ce stade, son contenu est moins précis ou moins connu. Il
vise à réunir plusieurs préoccupations légitimes des briacins mais difficiles à concilier ; il ne
manque donc pas de potentiel de séduction. Son étude fine devrait permettre d’en évaluer
la faisabilité et le réalisme et d’en comparer les avantages et les risques, pour la commune,
avec le projet aujourd’hui préféré. Le niveau suffisant et la solidité des financements requis
demeurent cependant un critère essentiel de faisabilité de tout projet intéressant ce site,
exceptionnel à maints égards.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération
distinguée et cordiale.
Le président
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