Apprendre - Université Grenoble Alpes
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Apprendre - Université Grenoble Alpes
Pr. Michel Grangeat Univ. Grenoble Alpes - France Laboratoire des Sciences de l’Education (L.S.E. - EA 602) MEEF second degré M2 Enseignement efficace , accessibilité aux savoirs pour tous et évaluation apports transversaux à tous les parcours I: Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. II: Evaluer : un équilibre entre l’évaluation pour apprendre et l’évaluation pour juger. III : Guider : l’importance du feedback pour développer la responsabilisation des élèves. IV : Différencier : plusieurs voies d’apprentissage pour des élèves divers V : Réguler : développer les compétences d’autorégulation des élèves 2015 Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. MEEF Grenoble Présentation 1- Objectif du cours : Connaître les principaux processus qui sous-tendent le déroulement d’une séquence 2- Plan en 5 sections : • Apprendre est une action qui demande la participation de plusieurs acteurs. • Cette action repose sur une succession de jeux épistémique gagnants-gagnants entre professeurs et élèves. • Les professeurs jouent sur un équilibre entre transmission et rétention. • Les élèves jouent sur l’équilibre entre ce qui est attendu habituellement et ce qui est nouveau dans la situation en cours. • Ce processus se termine par une institutionnalisation qui permet de construire de nouvelles significations communes aptes à soutenir de nouveaux apprentissages. 3- Modalités : Cours magistral. Après chaque section, les étudiants sont appelés à poser une question ou réaliser une brève activité. 4- Evaluation : Connaître les principaux processus qui agissent durant un cours. Michel Grangeat Elie Rached Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. MEEF Grenoble Une action qui demande la participation de plusieurs acteurs. 1- La vie pratique, celle de tous les jours ou celle de l’enseignement, est appuyée sur la reconnaissance de formes - de motifs, d’enchaînements, de scénarios - qui orientent l’action et lui fournissent des nécessités. Ces formes peuvent être comprises comme des jeux dans lesquels s’engagent les différents acteurs. Ces jeux ont des conventions, des règles, qui se transforment en fonction des situations. Exemple Entrer en salle de classe, implique des formes pratiques spécifiques telles que poser des vêtements, rejoindre une place déterminée, sortir ses affaires, etc. La règle veut que cette entrée se déroule dans le calme. Gagner ce jeux permet de jouer le suivant : commencer le cours. Perdre ce jeu rend aléatoire les gains ultérieurs jusqu’au dernier jeu : conclure la séance. Parfois, la situation peut être dégradée (la fiche de présence n’est pas disponible) ou certains acteurs peuvent transgresser la règle commune (les bavardages continuent). Parfois aussi, la règle est peu précise (la fin du jeu n’est pas signalée). La pratique réelle est alors éloignée de celle qui était attendue. 2- Dans l’enseignement secondaire, chacun s’est déjà forgé une idée des jeux possibles en classe et chacun entre directement dans l’action pratique. En fonction de l’évolution de la situation, chaque acteur infère de nouvelles règles. Rapidement, se met en place un système de références communes qui va orienter les pratiques futures. 3- Le but des recherches en didactiques - des disciplines ou des professions - est d’identifier, de décrire et de comprendre ces jeux qui orientent et justifient l’action. Sensevy, G. (2011). Le sens du savoir. Bruxelles: De Boeck (Chapitre 1). Michel Grangeat Elie Rached Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. Activité Une action qui demande la participation de plusieurs acteurs. MEEF Grenoble 1- Ecrire une brève description d’un « jeu » (les règles et les situations correspondantes) que vous instituez dans votre classe. 2- Préciser en quoi ce jeu est important dans la suite du cours, de la séquence ou de l’année. 3- Comparer avec vos deux voisins : quelle est la zone commune entre vos trois situations ? Durée: 8-10min Sensevy, G. (2011). Le sens du savoir. Bruxelles: De Boeck (Chapitre 1). Michel Grangeat Elie Rached Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. MEEF Grenoble Une suite de jeux gagnants-gagnants entre professeurs et élèves. 1- Le jeu didactique engage deux types de joueurs - les professeurs P et les élèves E – qui ont à se coordonner et à coopérer car chaque type de joueur ne peut gagner que si l’autre gagne aussi. 2- Le joueur P gagne quand E a progressé dans ses apprentissages du point de vue des compétences attendues par l’institution. Le joueur E gagne quand il a intégré le savoir à sa personne. Le savoir est alors vu comme une puissance d’agir de manière nouvelle dans le monde scolaire et dans son propre monde. 3- Pour que le jeu fonctionne : • Les élèves doivent agir de leur « propre mouvement » car à la fin du processus ils devront agir sans l’aide ou sans la présence des professeurs. • Les professeurs doivent retenir de l’information car s’ils divulguent les stratégies de résolution de manière inadéquate alors les élèves peuvent être empêchés d’apprendre. Exemple Dans un débat, féliciter trop vite un élève qui donne la réponse attendue va empêcher les autres de réfléchir à la valeur de leur propre réponse. 4- Le but des recherches en didactiques est de concevoir des situations pour que les élèves parviennent à prendre la responsabilité de leurs apprentissages, à jouer vraiment le jeu de l’appropriation de savoirs nouveaux. Ces situations doivent soutenir une certaine rétention de savoirs par les professeurs car sans cela le savoir transmis risque d’être appauvri. Sensevy, G. (2011). Le sens du savoir. Bruxelles: De Boeck (Chapitre 2). Michel Grangeat Elie Rached Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. Activité Une suite de jeux gagnants-gagnants entre professeurs et élèves. MEEF Grenoble 1- Ecrire ce que je fais pour vérifier comment tous les élèves vont progresser. 2- Ecrire comment je communique aux élèves des informations sur leurs progrès. 3- Comparer entre voisins et définir la zone commune. Durée: 8-10min Sensevy, G. (2011). Le sens du savoir. Bruxelles: De Boeck (Chapitre 2). Michel Grangeat Elie Rached Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. Un équilibre entre transmission et rétention. MEEF Grenoble 1- L’action des professeurs sur les élèves n’est jamais directe. Elle passe par l’intermédiaire d’une tâche à réaliser, d’une consigne, d’un support matériel, d’un mode de groupement des élèves. Ces éléments constituent un « milieu » au sens de la biologie (biotope) ou de la chimie (substrat). 2- Pour laisser des responsabilités aux élèves, le milieu doit être « antagoniste » c’est-à-dire qu’il doit être suffisamment résistant pour renvoyer, par lui-même, de l’information aux élèves quant à la valeur de leurs réponses. C’est le milieu qui oblige les élèves à évoluer. Exemple Tâche : construire un pont de papier supportant une bouteille d’eau avec le moins de feuilles possibles. Groupement : par 4 dont un observateur pouvant aller observer les autres groupes. Le milieu est résistant car les élèves n’ont pas besoin du seul l’avis de l’enseignant pour juger de leur réussite et pour faire des prévisions sur leur réalisation et leurs stratégies. 3- Il n’empêche que toute situation de classe est transmissive car la fonction première de l’éducation c’est la transmission. Cependant, même dans les situations de transmission directe, les professeurs ont à mettre en place des systèmes qui permettent l’appropriation du savoir par les élèves car ce n’est jamais une simple répétition qui est attendue des élèves. Faire apprendre revient donc toujours à trouver l’équilibre entre transmission et rétention. Sensevy, G. (2011). Le sens du savoir. Bruxelles: De Boeck (Chapitres 3 & 1). Michel Grangeat Elie Rached Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. MEEF Grenoble Un équilibre entre attendu habituellement et nouveau pour le cours. 1- Chaque cours s’appuie sur les expériences précédentes car elles ont générées un système de significations qui est commun aux élèves et aux professeurs. Ce système préalable permet de « décoder » les situations présentes et donc de commencer à agir, même sans comprendre le sens de l’action. Ce système est le « contrat didactique » 2- Le contrat règle les transactions entre élèves et professeurs. Il est en grande partie implicite et inconscient. Il favorise la répétition et génère des attentes. Il représente tout ce qu’il est possible de faire habituellement. Le contrat est mis en défaut par la situation qui pose problème car pour apprendre, il faut dépasser les habitudes. Exemple Tâche : natation. Contrat : les élèves nagent en fonction des consignes des professeurs et sortent de l’eau en fin de séance. Situation : nager une certaine distance avec le moins de battements et de temps. Des élèves observateurs comptent les battements et le temps. Des bilans réguliers sont prévus devant un tableau. 3- Le contrat n’est pas seulement lié aux comportements des élèves vis-à-vis de tel ou tel professeur. Il est lié aussi à chaque discipline et à chaque activité. Chaque type de support ou de tâche comporte en lui-même un potentiel d’actions et déclenche de la part des élèves une action immédiate. Le milieu est en interaction avec le contrat : il offre la possibilité de dépasser les habitudes de manière à prendre en compte ce qui est nouveau dans le cours. Les professeurs ont à prévoir et à gérer cet équilibre habitudes/nouveautés. Sensevy, G. (2011). Le sens du savoir. Bruxelles: De Boeck (Chapitre 3). Michel Grangeat Elie Rached Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. Activité Un équilibre entre attendu habituellement et nouveau pour le cours. MEEF Grenoble 1- Ecrire un événement qui est arrivé dans la classe en raison d’un nouveau contrat didactique . 2- Ecrire comment le milieu a été ou aurait pu être adapté pour compenser cette nouveauté. 3- Comparer entre voisins et définir la zone commune. Durée: 8-10min Sensevy, G. (2011). Le sens du savoir. Bruxelles: De Boeck (Chapitre 3). Michel Grangeat Elie Rached Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. MEEF Grenoble Une institutionnalisation pour construire de nouvelles significations. 1- Comme tout jeu, le jeu didactique demande à la fois une fin et un verdict. Les élèves doivent témoigner d’un savoir. Les professeurs doivent attester ce savoir nouveau. 2- Cette institutionnalisation passe parfois par de petits signes (hochement de tête). Elle passe aussi par des moments très formels (correction au tableau). Ces deux types de pratiques sont au centre du processus didactique car cette institutionnalisation produit les systèmes de référence qui serviront dans les cours suivants. 3- L’institutionnalisation vise à élaborer un monde commun entre les élèves et aussi avec le monde hors de la classe. Les professeurs ont à mettre en évidence ce qui sera retenu de ce qui a été dit ou trouvé par les élèves. Les professeurs ont à montrer comment ce qui est dit ou trouvé en classe est relié aux savoirs reconnus socialement. Sensevy, G. (2011). Le sens du savoir. Bruxelles: De Boeck (Chapitres 2 & 4). Michel Grangeat Elie Rached Apprendre : une action conjointe des professeurs et des élèves. MEEF Grenoble Jeu, contrat, milieu : quelles interactions? Système rationnel au début du cours Système rationnel visé par le cours Jeu impossible Système stratégique du contrat didactique Système stratégique du milieu didactique Fournit par les habitudes et connaissances tirées des expériences passées dans l’école, la classe, la discipline et les échanges avec les professeurs. Les actions conjointes antérieures nourrissent le contrat. Regroupe les potentialités qui découlent du traitement et de la résolution du problème relatif à l’objet d’étude. L’action conjointe dans le milieu vise à faire émerger un nouveau système de significations. Répertoire d’actions disponibles Jeu perdu Jeu gagnant Répertoire d’actions virtuelles Milieu Plus ou moins résistant : renvoie plus ou moins de l’information utile aux élèves pour modifier leurs habitudes, leurs attentes, leurs connaissances et leurs manières d’agir. Institutionnalisation Pour que l’action conjointe soit réussie, il faut : expliciter le contrat de départ, construire un milieu compréhensible et résistant, soutenir tous les élèves dans la poursuite du jeu, et institutionnaliser le nouveau savoir. Sensevy, G. (2011). Le sens du savoir. Bruxelles: De Boeck (Chapitres 7 & 8). Michel Grangeat Elie Rached