L`agroéquipement : une filière d`avenir
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L`agroéquipement : une filière d`avenir
RÉSEAU DES RÉFÉRENTS L’agroéquipement : une filière d’avenir Dans le cadre des nouveaux services qu’elle développe, l’Apecita a mis en place un réseau de référents, parmi ses conseillers, dont le but est d’apporter aux candidats une vision sur l’état du marché, les débouchés et les problématiques de chaque filière. N. CHEMINEAU/PIXEL IMAGE S.BOT/PIXEL IMAGE r ts e p x e s Le ecita de l’Ap Dans le domaine de l’agroéquipement, 5 000 postes seraient à pourvoir chaque année : 2 000 chez les constructeurs, et 3 000 chez les concessionnaires. Bertrand Delesalle : Il est tout d’abord important de bien cerner ce vaste domaine qu’est l’agroéquipement. Il regroupe l’ensemble des matériels utilisés pour la production agricole ainsi que ceux destinés au secteur paysage. Cela recouvre donc une incroyable variété de matériels : du robot de traite au drone en passant par les progiciels spécialisés. C’est un secteur très important puisqu’il a généré, en France, un chiffre d’affaires de plus de 6 milliards d’euros en 2013, dont 4,6 milliards au niveau des constructeurs, plaçant ainsi notre pays au 3e rang européen derrière l’Allemagne et l’Italie. Cette importance se tra- duit également sur les chiffres de l’emploi puisqu’on estime à plus de 50 000 le nombre de salariés travaillant dans le secteur. On distingue deux grandes familles de structures dans la filière de l’agroéquipement : les constructeurs (plus de 600 entreprises avec plus de 16 000 salariés en équivalents temps plein) et les distributeurs (avec plus de 3 500 entreprises et plus de 38 000 salariés en équivalents temps plein). On y retrouve une grande diversité de métiers. Chez les constructeurs, on peut non seulement citer les métiers en lien avec la production, la fabrication et le service aprèsvente, mais aussi ceux liés à la recherche et au développement, au marketing et au commerce. Chez les concessionnaires-distributeurs, on trouve des postes de technicien de maintenance diagnostic, de mécanicien en atelier, de technicien SAV, de magasinier-vendeur et bien évidemment de technico-commercial. Il ne faut pas oublier les instituts techniques, les Cuma et les entreprises de travaux QUEL FUTUR POUR LE SECTEUR DES AGROÉQUIPEMENTS Dans le cadre du projet agroécologique et de la politique industrielle ambitieuse portés par le gouvernement, les ministres en charge de l’Agriculture, de l’Industrie et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ont confié à l’Irstea, l’Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, la mission d’identifier les forces et les faiblesses du secteur des agroéquipements, qui rassemble les machines mobiles utilisées en agriculture, foresterie et entretien des espaces verts ainsi que les technologies de l’information et de la communication associées. Les recommandations formulées concernent la co-conception des systèmes agricoles et des équipements de la transition agroécologique, le soutien au développement de la robotique agricole et à l’innovation ainsi que l’amélioration de l’attractivité des métiers et des formations. Le rapport est consultable sur le site agriculture.gouv.fr à la rubrique Publications/Rapports. ● Aller plus loin — Quels sont les principaux débouchés qu’offre la filière de l’agroéquipement ? Pour ce numéro spécial Sima, Bertrand Delesalle nous apporte son éclairage sur les métiers de l’agroéquipement. Tribune verte · n° 2738 · 19 février 2015 5 SIMA agricoles (entrepreneurs des territoires) qui sont également pourvoyeurs d’emplois dans le secteur. AGROÉQUIPEMENT : DES FORMATIONS DIVERSIFIÉES Ces différents métiers sont-ils accessibles à tous les niveaux de formation ? Si oui, quels sont les niveaux, voir les diplômes les plus recherchés ? NIVEAU V ● CAPA Production agricole, utilisation des matériels (spécialités : Productions animales, Productions végétales) ● CAP Maintenance des matériels (option : Tracteur et matériel agricole, Matériels de parcs et jardins) ● BPA Travaux de conduite et entretien des engins agricole (spécialité : Conduite et entretien des engins de la production agricole) — — Quelles sont les compétence s at tendue s par le s recruteurs ? B. D. : Tout d’abord, les recruteurs souhaitent recruter des professionnels passionnés ayant une bonne connaissance de leur secteur d’activité, de réelles connaissances et compétences techniques et professionnelles, par exemple en termes d’électronique embarquée. Les recruteurs apprécient aussi les doubles compétences : en particulier technique et commerciale (bac + 2/3). Les recruteurs sont également nombreux (en particulier chez les constructeurs) à regretter une trop faible maîtrise des langues étrangères de la part des candidats, et notamment de l’anglais. Or, il ne 6 NIVEAU IV Bac pro Agroéquipement ● Bac pro Maintenance des matériels agricoles (option A), parcs et jardins (option C) ● BP Agroéquipements, conduite et maintenance des matériels ● NIVEAU III BTSA Génie des équipements agricoles ● BTS Techniques et services en matériels agricoles ● Licence professionnelle Gestion des entreprises agricoles, agroalimentaires et d’agrofournitures ● NIVEAU II Plusieurs licences professionnelles, dans les domaines : ● de la conception ● de la maintenance ● du conseil ● de la commercialisation Il ne faut pas oublier toutes les formations qualifiantes qui ne correspondent pas forcément à un niveau de diplômes mais qui sont recherchées par les recruteurs : CS Responsable technico-commercial option agroéquipement ou agrofournitures CS Technico-commercial Agroéquipement, responsable de magasin ● CQP en maintenance des équipements embarqués sur matériel ● CQP Inspecteur pièces de rechange ● CQP Magasinier - vendeur en pièces de rechange et équipements des matériels de parcs et jardins ● CQP Maintenance des équipements embarqués sur matériel agricole - Hydraulique, électronique, climatisation ● CQP Négociateurs en matériels agricoles et d’espaces verts ● CQP Technicien de maintenance des matériels agricoles ● CQP Technicien machines agricoles ● CQP Technicien SAV en automatisme d’installation de traite ● CQP Vendeur matériels agroéquipements ● CS Tracteurs et machines agricoles (option : conduite et entretien, utilisation et maintenance) ● CS Tractoriste ● MC Maintenance et contrôle des matériels ● MC Tracteurs et matériels agricoles ● MC Maintenance des moteurs diesel et de leurs équipements ● SIL Conducteur d’engins en ouvrages paysagers ● SIL Conduite et maintenance d’agroéquipement et d’engins de travaux publics ● SIL Technicien SAV ● Technicien de maintenance en machinisme agricole ● Technicien de montage de matériel agricole ● Zoom B. D. : Certains métiers sont accessibles, à partir du bac pro, comme les postes de mécaniciens ou de vendeurs magasiniers… Mais il est à noter que le niveau bac + 2/3 est de plus en plus recherché en particulier pour les postes de techniciens de maintenance, techniciens SAV, et pour les technico-commerciaux. Les métiers de la R&D et du marketing s’adressent davantage à des ingénieurs. Aussi, globalement, c’est le niveau bac + 2/3 qui est le plus recherché. Il est à noter également que ces postes sont la plupart du temps évolutifs et qu’ils permettent aux candidats les plus passionnés et compétents d’atteindre des emplois comprenant plus de responsabilités ouvrant à des rémunérations qui n’ont rien à envier aux autres secteurs d’activité. Les formations diplômantes pour les secteurs de l’agroéquipement vont du CAP au diplôme d’ingénieur en passant par les bac pro ou encore les licences pro. L’Apecita a listé pour vous ces principales formations : ● CS : Certificat de spécialisation MC : Mention complémentaire SIL : Spécialisation d’initiative locale CQP : Certificat de qualification professionnelle faut pas oublier que le secteur de l’agroéquipement est fortement internationalisé avec de grandes entreprises internatio- nales implantées en France mais aussi des groupes français qui réalisent une grande part de leur chiffre d’affaires à l’export. Tribune verte · n° 2738 · 19 février 2015 — Les entreprises de la filière offrent-elles des perspectives d’évolution ? B. D. : Au vu de la diversité des ZOOM En 2014, l’Apecita a diffusé plus de 800 postes dans le domaine de l’agroéquipement (soit 6 % du nombre total de postes proposés). ● Répartition des offres par type de fonction Produire, transformer Conditionner, contrôler, entretenir, transporter Chercher, développer, innover, gérer des projets Acheter, vendre Conseiller, animer Administrer, gérer Communiquer, informer Enseigner, former, éduquer Autres fonctions 0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % Les fonctions commerciales restent, de loin, les plus recherchées par les recruteurs du secteur, suivies par les postes dans le domaine de la maintenance et du contrôle. Les fonctions d’animation et de conseil (animateur Cuma…) et dans la production (mécanicien en exploitation agricole…) sont également souvent proposées. ● N.B. : le total est supérieur à 100 % car une même offre peut être liée à trois fonctions au maximum. ● La grande majorité des offres diffusées par l’Apecita dans le domaine de l’agroéquipement sont accessibles à des niveaux de diplôme allant du bac + 2 au bac + 5. ● — Globalement, comment se porte le marché de l’emploi dans la filière ? B. D. : Malgré une conjoncture moins favorable, la filière reste fortement pourvoyeuse d’emplois. Ainsi, d’après les chiffres diffusés par Axema, le syndicat français des constructeurs de machines agricoles et le Sedima, Syndicat national des entreprises de services et distribution du machinisme agricole, 5 000 postes seraient à pourvoir chaque année : 2 000 chez les constructeurs, et 3 000 chez les concessionnaires. Les professionnels ont néanmoins subi un ralentissement de leur activité depuis l’automne dernier. Un fait à mettre en lien avec la conjoncture économique moins favorable pour l’agriculture. En 2015, près de la moitié des entreprises du secteur comptent malgré tout agroéquipement tous secteurs Diriger, manager Les chiffres de l’Apecita métiers au sein d’une même entreprise, les perspectives d’évolution sont réelles. Ainsi, un magasinier-vendeur pourra évoluer vers un poste de technico-commercial, et passer ainsi du « sédentaire à l’itinérant ». De même, un technicien ou un mécanicien pourra également évoluer, soit en se spécialisant, dans le domaine des nouvelles technologies par exemple, soit en se dirigeant vers des postes de management (chef d’équipe, chef d’atelier). Là encore, les candidats qui maîtriseront au moins une langue étrangère trouveront davantage de possibilités d’évolution. On peut noter également que dans le domaine de l’agroéquipement, à côté des grandes entreprises, il existe de très nombreuses PME et également des « start-up ». Aussi, compte tenu du nombre de postes à pourvoir, et du rapport offre/demande souvent favorable aux candidats, il est vraiment permis d’espérer de belles évolutions de carrière, bien entendu pour les candidats les plus compétents. À noter que dans le domaine de l’agroéquipement, les offres d’emploi diffusées par l’Apecita proposent en très grande majorité des contrats à durée indéterminée (82 %). embaucher, essentiellement sur des postes commerciaux pour les constructeurs et dans les ateliers chez les concessionnaires. — Existe-t-il des métiers dits « en tension » où les employeurs connaissent des difficultés à recruter et si oui, comment l’explique-t-on ? B. D. : De manière générale, le secteur de l’agroéquipement connaît des difficultés récurrentes de recrutement. D’après les dernières données d’Axema, c’est le cas pour 68 % des industriels et 76 % des concessionnaires. Les raisons évoquées par les professionnels sont diverses : nombre de candidats insuffisant, niveau de compétences et d’expérience trop faible… Mais le secteur souffre d’un déficit d’image. Les jeunes sont trop nombreux à méconnaître les métiers de la filière et ils ignorent souvent la modernité des équipements agricoles actuels et l’importance des nouvelles technologies (informatique, électronique, numérique…). — Voit-on se développer de nouveaux métiers, des métiers d’avenir ? B. D. : Avec l’agroécologie, le ministère veut offrir une nouvelle voie à l’agriculture : celle de produire plus mais mieux et autrement. L’agroéquipement est donc un secteur clé qui a toute sa contribution à appor- Tribune verte · n° 2738 · 19 février 2015 ter pour relever les défis de demain. Réduction de la facture énergétique, nouvelles technologies, électronique embarquée, robotique, numérique… Le secteur de l’agroéquipement est appelé à répondre aux nouveaux défis de l’agriculture de demain. Il est donc plus que jamais une filière d’avenir ! — Propos recueillis par Aude Bressolier Sources : les données chiffrées sont issues d’Axema (Syndicat des industriels de l’agroéquipement) et du Sedima (Syndicat national des entreprises de service et distribution du machinisme agricole) Contact : Bertrand Delesalle : [email protected] 7