La mer d`où est née la vie

La chronique de Hubert Reeves
La mer d'où est née la vie …
Hubert Reeves
20/12/2009 07h28
À l'intention de celles et ceux qui n'ont pas accès à
internet, voici des commentaires à propos du
dernier éditorial de mon site.
L'ÉDITO
Chers amis,
Les océans se chargent des déchets que nous y
rejetons sans vergogne. Dès qu'il atteint la mer, le
plastique ne s'y décompose pas avant des centaines
d'années …
Et si on peut supposer que le plastique n'est pas un
produit nocif en lui-même, on sait déjà que son
ingestion par des animaux marins leur est fatale.
Parfois il faut ouvrir les yeux sur des réalités
pénibles à supporter. Et les photos que je vous
invite à voir disent mieux qu'un long discours ce qui
se passe loin de nos côtes. Chris Jordan les a prises
sur un atoll situé à mi-chemin entre les É.-U. et le
Japon, à des milliers de kilomètres des deux
rivages.
Voyez ce qu'il advient aux petits des albatros que
les parents croient nourrir des produits de la mer :
nos cadeaux ne peuvent être dissous par les sucs
digestifs et restent enfermés dans l'estomac jusqu'à
ce que mort s'ensuive …
POUR CEUX QUI NE PEUVENT VOIR CES
SINISTRES CLICHÉS
La brève description que l'édito vous livre ne peut
provoquer le même choc que les photos dont sont
privées les personnes sans accès à Internet. La
devise d'un magazine français fut longtemps « Le
poids des mots, le choc des photos ». À défaut de
vous offrir les deux, je tente dans cette chronique
dominicale sur le papier « le poids des mots ».
Sans doute en faudrait-il beaucoup pour arriver à
peser sur vos choix, d'autant que les avantages du
plastique sont nombreux. Il ne s'agit pas de les
cacher. Il présente une malléabilité plus grande que
les métaux qu'il remplace, une légèreté à moindre
coût. Il n'y a pas de bruit quand on le manipule.
Quand il allège le poids d'une voiture, c'est positif
pour la consommation d'essence !
Un de ses avantages incontestables est sa capacité
à durer sans s'altérer ; quand le fer rouille et se
dégrade, le plastique reste pratiquement intact …
Pourtant, cet avantage est un inconvénient majeur,
un problème quand, se retrouvant dans la nature, il
faut quelques siècles et au moins plusieurs
décennies pour que le matériau se décompose.
L'objectif de cette tribune est de faire prendre
conscience des inconvénients. Car nous avons tous
pris conscience des avantages qui nous arrangent et
cela nous incite à repousser toute prise en
considération des effets négatifs. Nous avons pris le
bon chemin en refusant le sac plastique à usage
unique, mais il faut pousser plus loin.
Regardons de plus près nos achats : le plastique
n'est rien d'autre que du pétrole transformé. Selon
l'ingénieur Jancovici, quand on l'incinère, les
produits de sa combustion sont toxiques. Pensez à
votre santé, le bien le plus précieux, dit-on. Mais
surtout, ne le jetez pas dans la nature ! Quand vous
jetez un objet en plastique, s'il va dans la nature la
dégradation de la matière mettra, comme déjà dit,
un temps très long. Et c'est ce qu'il advient pendant
ce temps qu'il faut mémoriser et se remémorer à
chaque fois que nous regardons une bouteille de
plastique et même la capsule de ladite bouteille.
Alors que faire ? Essayons de sortir de l'ère du
plastique !