Joan Greatrex, The English Benedictine Cathedral Priories: Rule

Transcription

Joan Greatrex, The English Benedictine Cathedral Priories: Rule
Médiévales
Langues, Textes, Histoire
64 | 2013
Temporalités de l'Égypte
Joan GREATREX, The English Benedictine Cathedral
Priories : Rule and Practice, ca 1270-ca 1420
Oxford, Oxford University Press, 2011, 544 p.
Harmony Dewez
Éditeur
Presses universitaires de Vincennes
Édition électronique
URL : http://medievales.revues.org/7036
ISSN : 1777-5892
Édition imprimée
Date de publication : 1 juillet 2013
Pagination : 198-200
ISBN : 978-2-84292-371-6
ISSN : 0751-2708
Référence électronique
Harmony Dewez, « Joan GREATREX, The English Benedictine Cathedral Priories : Rule and Practice,
ca 1270-ca 1420 », Médiévales [En ligne], 64 | printemps 2013, mis en ligne le 09 septembre 2013,
consulté le 01 décembre 2016. URL : http://medievales.revues.org/7036
Ce document a été généré automatiquement le 1 décembre 2016.
Tous droits réservés
Joan Greatrex, The English Benedictine Cathedral Priories : Rule and Practice...
Joan GREATREX, The English Benedictine
Cathedral Priories : Rule and Practice,
ca 1270-ca 1420
Oxford, Oxford University Press, 2011, 544 p.
Harmony Dewez
1
Dans l’Angleterre médiévale, les prieurés cathédraux sont des communautés bénédictines
rattachées à une église cathédrale et dont l’abbé théorique est l’évêque. Neuf des seize
cathédrales anglaises sont dans ce cas : Bath, Canterbury, Coventry, Ely, Norwich,
Rochester, Winchester et Worcester dans la province ecclésiastique de Canterbury ;
Durham dans la province de York. Bath et Coventry ont en outre la particularité d’être
des sièges doubles, le prieuré cathédral étant associé à un chapitre cathédral,
respectivement à Wells et à Lichfield. Ces prieurés ont des origines diverses. Dans les
cathédrales de Canterbury et Worcester, la présence monastique est attestée au Xe siècle,
tandis qu’à Winchester elle remonte même au VIIe siècle. Au contraire, Bath, Coventry et
Ely sont à l’origine des abbayes anglo-saxonnes, élevées au statut de cathédrale seulement
au début du XIIe siècle. Enfin, les cathédrales monastiques de Durham et Norwich sont
fondées telles quelles à la fin du XIe siècle, dans le mouvement qui suit la Conquête, tandis
que la cathédrale de Rochester reçoit une communauté monastique à la même époque.
D’un point de vue documentaire, la transformation par Henri VIII de la plupart de ces
prieurés en chapitres cathédraux lors de la dissolution des monastères a permis une
relativement bonne conservation de leurs archives, que Joan Greatrex avait déjà mise à
profit en publiant en 1997 un travail prosopographique d’une ampleur considérable,
reposant sur le dépouillement minutieux des comptes, chartes, cartulaires et registres
divers de ces prieurés cathédraux depuis la Conquête, et dont le présent ouvrage est la
suite1. Desservis par une réputation d’ordre en décadence, les Bénédictins d’après 1300
ont longtemps fait figure de parents pauvres de l’histoire ecclésiastique. Citant
B. Thompson ou A.G. Dickens, l’auteur souligne le travail accompli ces dernières
décennies pour redessiner l’histoire ecclésiastique des siècles ultimes du Moyen Âge et
Médiévales, 64 | 2013
1
Joan Greatrex, The English Benedictine Cathedral Priories : Rule and Practice...
s’inscrit, avec d’autres tels que Barbara Harvey, dans une entreprise déjà ancienne
d’étude de la vie monastique dans l’esprit de l’histoire des mentalités.
2
Pour J. Greatrex, l’étude des neuf prieurés cathédraux permet de travailler plus en
profondeur que s’il s’était agi de traiter l’ensemble des monastères bénédictins, tout en
conservant une forte dimension comparatiste. Dans le souci de faciliter une
généralisation partielle aux autres monastères de cet ordre, elle commence par analyser
les problèmes propres aux prieurés cathédraux et ce n’est qu’en conclusion qu’elle
introduit des comparaisons avec d’autres établissements. Ces problèmes se cristallisent
largement autour des rapports avec l’évêque et abbé titulaire, et notamment l’étendue
des droits de ce dernier à intervenir dans les affaires des moines. Chaque siège opte pour
des solutions indépendamment des autres ; il y a bien sûr des tendances, mais celles-ci
sont toujours très inégalement suivies. Par exemple, la division définitive du patrimoine
entre l’évêque de Winchester et son prieuré de Saint-Swithun n’est fixée qu’en 1284, alors
qu’à Durham William de Saint-Calais l’aurait instaurée durablement dès son arrivée en
1083. Le droit de l’évêque à nommer le prieur – sujet majeur de conflit – fait l’objet d’un
arrangement précoce de l’évêque avec les moines de Worcester en 1224, tandis que
plusieurs prieurés gagnent progressivement le droit d’élire leur prieur au cours du XIIIe
siècle, époque à laquelle les prieurés cherchent à acquérir une autonomie toujours plus
grande par rapport à leur évêque. L’église, à la fois monastique et cathédrale, reste, du
fait de la séparation physique du palais épiscopal et des bâtiments du prieuré, le principal
lieu de la contention, notamment lors des principales fêtes. D’autres points, comme
l’admission des novices ou la nomination des obédienciers, sont également des sources de
conflit et sont traitées au fil de l’ouvrage.
3
Les bornes de cette étude correspondent en amont à l’époque à partir de laquelle nous
sont parvenus les comptes des obédienciers – les officiers monastiques – qui sont très
riches en renseignements sur la vie quotidienne des moines. En aval, la date de 1421
correspond à la convocation par Henri V d’une importante assemblée des dignitaires
bénédictins à Westminster afin de mettre en place une réforme. Si le cadre des prieurés
cathédraux est strictement respecté, le cadre chronologique est souvent dépassé, aux
deux bornes, tantôt grâce à l’ampleur et à la richesse de la réflexion de l’auteur, tantôt à
cause des faiblesses de la documentation sur tel ou tel aspect. En effet, malgré la bonne
conservation relative des archives de ces prieurés, il n’en reste pas moins de très
importantes lacunes qui gouvernent les éclairages et les zones d’ombre. Pour saisir la « mentalité » des moines – elle cite Jacques Le Goff – Mme Greatrex choisit de détailler pas à
pas les étapes de leur vie, de leur entrée dans le prieuré à leur décès en passant par les
années de noviciat et d’apprentissage, entrant à chaque fois dans les détails les plus
concrets de la vie quotidienne, de la répartition des tâches dans la communauté, des
circulations de personnes dans et hors de l’enceinte, des repas, des habits, des rites, etc.
Ce choix gouverne le plan de l’ouvrage, qui aborde ces différents thèmes suivant les âges
auxquels ils correspondent. Les deux premiers chapitres traitent de la période qui va de
l’admission à la profession et de la profession à l’ordination, avec entre autres un travail
particulièrement intéressant sur l’âge des moines lors de ces étapes, la formation
intellectuelle des novices et la routine monastique.
4
Idéalement, le candidat est d’abord examiné par le prieur et trois ou quatre moines afin
d’évaluer ses compétences en chant, lecture, grammaire, dont il devait avoir une
connaissance « suffisante ». L’âge minimum pour l’admission est fixé par le chapitre
bénédictin de 1278 à dix-huit ans, ce qui semble avoir été le plus souvent suivi. S’il est
Médiévales, 64 | 2013
2
Joan Greatrex, The English Benedictine Cathedral Priories : Rule and Practice...
accepté par le prieur et l’évêque, il reçoit ensuite un « trousseau du moine » (W.A. Pantin)
lors de la cérémonie d’admission, puis commence son année de probation au cours de
laquelle il continue ses études. C’est lors de la profession qu’il reçoit le froccus et la cuculla
qui composent l’habit monastique définitif. La suite est variable, car il est difficile
d’estimer la proportion de moines ordonnés. À Durham et Canterbury, on arrive à inclure
environ vingt et vingt-cinq pour cent des moines dans ce groupe, et l’ordination a lieu
après respectivement moins de trois et entre trois et cinq années suivant la profession.
Les sources d’information sont cependant très inégales. Le troisième chapitre, passant
aux « années de maturité et de responsabilités », traite en détail des officiers monastiques
– les obédienciers – et de leurs fonctions au sein de la communauté. La vieillesse,
l’infirmité et la mort sont traitées dans le cinquième et dernier chapitre, tandis que le
quatrième se désolidarise de la logique par âges pour aborder le rythme de l’année
liturgique.
5
L’étude synthétique d’un sujet aussi vaste est d’autant plus un tour de force que les
prieurés cathédraux, comme les monastères, ont conservé leurs coutumes propres après
Latran IV et la constitution des provinces bénédictines : chaque thème, de l’organisation
des obédiences au déroulement des saignées, est ainsi l’occasion d’une comparaison des
pratiques et d’une mise en valeur des particularités de chaque communauté. Il convient
de souligner en particulier le travail minutieux que l’auteur produit sur le vocabulaire,
notamment en ce qui concerne la hiérarchie des moines et novices, professés ou non. Son
travail prosopographique, que nous avons déjà signalé, est largement mis à profit dans
ses estimations des âges possibles des moines lors des différentes étapes de leur carrière,
rendant particulièrement vivant le tableau qu’elle en dresse. Enfin, l’auteur a pris le parti
de développer plus que d’autres la question de la formation intellectuelle des moines et
de leurs lectures, comparant patiemment les listes d’ouvrages disponibles selon les
époques et consacrant des annexes aux ouvrages de grammaire et d’histoire. Le résultat
d’ensemble est une somme unique par l’ampleur du travail archivistique sur lequel il
repose, abordant quantité d’aspects de la vie des moines. Le paysage brossé par cette
multitude de touches est vivant, foisonnant de détails, et dévoile un monachisme qu’elle
se garde de juger trop sévèrement.
NOTES
1. J. GREATREX, Biographical Register of the English Cathedral Priories of the Province of Canterbury, ca
1066-1540, Oxford, 1997.
Médiévales, 64 | 2013
3

Documents pareils