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La France de 1945 à nos jours
Après la victoire des Alliés, la France doit, pour retrouver sa place dans le monde, restaurer un régime politique
démocratique et rompre ainsi avec l’expérience de la France de Vichy. Cette restauration va occuper l’essentiel de la
seconde moitié du XXe siècle. Tout d’abord, la France va rompre avec la IIIe République qui n’avait su ni empêcher la
guerre, ni empêcher la défaite, et mettre en place la IVe République. Puis, après seulement 12 ans, une Ve République est
mise en place grâce à l’action du général De Gaulle.
Pourquoi les institutions de la IVe République ont-elles échoué ? La Ve République va-t-elle durer plus longtemps que
la précédente et pourquoi ?
Dans une première partie, nous traiterons de la période 1945-1958, c’est-à-dire celle de la IVe République. Puis, dans
une deuxième partie, nous étudierons l’oeuvre du général De Gaulle entre 1958 et 1968. Enfin, dans une dernière partie,
nous étudierons la vie politique en France, sous la Ve République, à partir de 1968.
I. La IVe République : une république instable et éphémère
(1945-1958)
La formation de la IVe République se place dans un contexte plus large de reconstruction de la France et de son régime
politique. Elle présente des institutions particulières à l’origine d’une vie politique mouvementée, laquelle va la conduire
à sa perte et est à l’origine d’une perception assez négative.
A. La reconstruction de la République
A la sortir de la guerre, la France est confrontée à une situation économique et sociale particulièrement grave. Pour la
résoudre, le rétablissement de l’ordre républicain est indispensable.
1.
La situation à la sortie de la guerre
En 1945, la France sort fortement affaiblie de la guerre. 620 000 personnes sont morts des combats, 500 000 à cause
des conditions de vie et on observe un déficit de naissance d’environ 1 million d’individus. L’occupation allemande a
coûté 630 milliards de francs, l’occupation et les combats qui ont permis la libération sont à l’origine de destructions
matérielles importantes (50% des ponts importants, 80% des locomotives, 50% des wagons, 2 millions d’immeubles
détruits ou endommagés). La situation économique est difficile : inflation importante, importations difficiles,
rationnement jusqu’en 49. De plus, le moral est au plus bas avec le retour des déportés et de leurs histoires. Cette situation
incite la population à vouloir un changement politique, pour cela il faut tout d’abord rétablir un pouvoir légitime en
France.
2.
Le rétablissement de l’ordre.
La direction de la France est assurée, depuis septembre 1944, par le GPRF (Gouvernement Provisoire de la
République Française), gouvernement d’union nationale, soutenu par les partis issus de la Résistance : MRP, SFIO, PC et
dirigé par De Gaulle. Il a 3 missions essentielles : la reconnaissance extérieure de son pouvoir, la reconstruction du pays
et la restauration de l’autorité de l’Etat.
La première mission est atteinte puisque le GPRF est présent lors de la signature des traités de paix et obtient un siège
de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. La deuxième mission est elle aussi réussie au moyen de
nationalisations des entreprises ayant collaboré et des grandes branches économiques (banques, assurances, industrie,
énergie), de la mise en place d’une planification (Ier plan en janvier 46 par Jean Monnet) et enfin de réformes sociales
(comités d’entreprise créés en février 45, Sécurité sociale en octobre 45). La dernière mission sera plus difficile à réaliser.
En effet, le gouvernement doit mettre fin à l’épuration sauvage (8 000 à 10 000 exécutions arbitraires) et soumettre les
pouvoirs issus de la résistance. Pour cela, le GPRF envoie des commissaires de la République à travers la France et De
Gaulle entame un tour de France pour les soutenir dans leur action. Le 28 octobre 1944, les milices patriotiques, qui
menaient l’épuration sauvage, sont dissoutes ; en avril et mai 45 des élections municipales remplacent les Comités
départementaux de Libération issus de la Résistance par des pouvoirs élus. L’épuration légale, menée par des cours de
justice, se met progressivement en place (160 000 arrestations, 36 000 condamnations, de la dégradation nationale à la
peine capitale). Enfin, le 21 octobre 1945, par référendum, au suffrage universel (vote des femmes depuis le 22 avril 44),
les Français rejettent la IIIe République à 96% en acceptant que l’Assemblée élue soit une assemblée constituante. Ces
élections donnent la victoire aux partis issus de la résistance (80% des sièges pour le PC [159 sièges], la SFIO [150] et le
MRP [146]). L’opposition croissante entre la majorité parlementaire et De Gaulle concernant le nouveau régime aboutit à
la démission de De Gaulle, le 20 janvier 46.
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Un premier projet de constitution est rejeté le 5 mai 1946 à 53%. De nouvelles
élections sont organisées le 2 juin 1946 aboutissant à la victoire du tripartisme
(73,5 % des sièges) mais avec une redistribution des sièges (MRP, SFIO, PC).
Après cette victoire, De Gaulle dénoncera, dans le discours de Bayeux du 16 juin
46 et dans le discours d’Epinal du 27 septembre 46, les projets constitutionnels de
la nouvelle Assemblée. Le 13 octobre 1946, une nouvelle Constitution est
proposée et acceptée à l’usure (53% des votants, 35% des inscrits).
Comment la IVe République va-t-elle évoluer après sa naissance ?
ABSTENTION
S
BLANCS OU
NULS
B. Les institutions et la vie politique
La IVe République, née dans la difficulté, présente des institutions particulières
qui vont être à l’origine d’une vie politique particulièrement mouvementée.
1.
SUFFRAGES
EXPRIMES
Les institutions de la IVe République
La Constitution de 46 met en place un régime parlementaire où le pouvoir
législatif domine afin d’éviter tout pouvoir personnel.
L’Assemblée Nationale est omniprésente. Elue pour 5 ans au suffrage universel à la proportionnelle, elle fixe la durée
de ses sessions et son ordre du jour ; vote les lois et le budget ; procède à l’élection du Président de la République ;
contrôle le gouvernement par l’investiture, l’interpellation, la question de confiance ou la censure. Enfin, il est très
difficile de la dissoudre.
La IVe République est un système bicamériste, on trouve donc, à côté de l’Assemblée Nationale, un Conseil de la
République qui donne des avis que l’Assemblée suit ou non et participe à l’élection du Président de la République. Ses
membres sont élus au suffrage indirect (députés, conseillers généraux, représentants élus des conseils municipaux) pour 6
ans. En 1954, il prend le nom de Sénat.
L’exécutif est réparti entre le Président de la République et le gouvernement ou Conseil des ministres. Le Président de
la République est élu, pour 7 ans, par les deux chambres réunies en Congrès. Il désigne le Président du Conseil, sur
recommandation de l’Assemblée, et peut, dans certains cas rares, dissoudre l’Assemblée. Il s’agit plus d’un poste
honorifique. Le Président du Conseil est lui responsable de la politique nationale et en répond devant l’Assemblée
nationale. C’est lui qui exerce réellement le pouvoir exécutif.
2.
La vie politique en France de 1946 à 1958
La IVe République doit affronter de graves problèmes politiques, en particulier une instabilité ministérielle chronique
(25 gouvernements en 12 ans), due à la multiplicité des partis.
Le 10 novembre 1946, les premières élections législatives donne la victoire au tripartisme, alliance des trois grandes
forces politiques de la Libération (SFIO [section française de l’internationale ouvrière/102 sièges], MRP [mouvement
républicain populaire/173 sièges, catholique de gauche], PC [parti communiste/182 sièges]) Le 8 décembre 46, le Conseil
de la République est élu avec une coloration politique similaire. Enfin, le 16 janvier 1947, Vincent Auriol est élu
président de la République et désigne Paul Ramadier (SFIO) comme président du conseil. Mais, l’opposition croissante
des communistes (grèves, oppositions à la politique coloniale) et leur adhésion au Kominform dans le contexte de la
guerre froide provoquent leur exclusion du gouvernement, le 5 mai 1947.
Chaque gouvernement affronte, dès lors, une double opposition : celle du général de Gaulle qui a créé le
Rassemblement du peuple français (RPF) et critique le « régime des partis » (cf. discours de Bayeux) et celle des
communistes qui soutiennent la même année d'importantes grèves insurrectionnelles. La majorité gouvernementale est
alors assurée par l’alliance de la SFIO, du MRP et de la droite modérée sous l’appellation de « Troisième force » (face au
PC et au RPF). Elle mène une politique atlantiste (acceptation du plan Marshall, entrée dans l’OECE et dans l’OTAN) et
européenne (CECA en 1951), elle procède à la défense des colonies et mène la reconstruction de la France malgré des
oppositions dans les domaines économique, social et de l’éducation. Les élections législatives de 1951 permettent le
maintien au pouvoir de la « Troisième Force » grâce à la mise en place du système des apparentements mais provoquent
un discrédit du pouvoir (SFIO 15,3% 106 députés ; PCF 26% 101 députés). L’adoption de la loi scolaire Barangé,
remettant en cause le principe de la laïcité, le 21 septembre 51, divise la coalition en place. La SFIO quitte la « Troisième
Force » et la IVe République retourne à l’instabilité et à l’immobilisme.
Ainsi, en décembre 53, il faut 13 tours de scrutin pour choisir le Président, en l’occurrence René Coty et seulement car
il n’avait pas pris position sur la CED (Communauté Européenne de Défense). Seul le gouvernement de Pierre MendèsFrance, de juin 54 à février 55, présente une certaine stabilité, grâce à une large coalition (seul le MRP a voté contre lui).
Dans ce contexte d’instabilité, deux nouvelles forces politiques font leur apparition. D’abord, le poujadisme, fondé par
Pierre Poujade, qui défend les thèmes de l’extrême droite (antiparlementarisme, nationalisme, défense des colonies,
antisémitisme discret). Ensuite, le mendésisme, soutenu par Pierre Mendès France, qui prône les théories keynésiennes et
le dirigisme dans le domaine économique et la négociation sur les questions coloniales.
Les élections législatives du 2 janvier 1956 aboutissent à la victoire du Front républicain (SFIO, radicaux, une partie
des gaullistes et la partie gauche de l’USDR – Union socialiste et démocratique de la Résistance), mené par Guy Mollet,
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mais qui ne dispose pas de la majorité. Il dirige la décolonisation d’une bonne partie de l’Empire français sauf de
l’Algérie (Accords de Genève en 20 juillet 54 pour Indochine, indépendances du Maroc et de la Tunisie en 56, loi-cadre
Deferre pour l’Afrique noire). Le coût de la guerre d’Algérie aura raison du gouvernement Mollet qui est renversé en mai
1957. Il n’y a plus alors de majorité pour soutenir un gouvernement stable.
Cette situation politique va conduire la IVe République à sa mort.
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C. Mort et bilan de la IV République
La guerre d’Algérie qui va se dérouler pendant une grande partie de la IVe République va conduire celle-ci à sa
disparition. Après sa mort, la IVe République va être considérée de façon négative malgré un bilan mitigé.
1.
La fin de la IVe République
Le 1er novembre 1954, la guerre d’Algérie éclate. La classe politique française souhaite dans sa majorité maintenir
l’Algérie française tout en acceptant la nécessité de réformes offrant une place plus importante à la majorité arabe. A
partir de 1955, la situation s’aggrave, on passe à l’Etat d’urgence et à une violente répression après le massacre de
Français dans la région de Constantine. Cela se traduit par l’envoi du contingent en Algérie. Des négociations sont
toutefois engagées avec le FLN mais le refus de l’indépendance du gouvernement français accentue la guerre (bataille
d’Alger, tortures…). La guerre d’Algérie devient un gouffre financier et une crise morale pour la France. A partir de 57,
la faiblesse du gouvernement de la métropole permet à l’armée de se conduire en détentrice du pouvoir, à la fois civil et
militaire, et en défenseuse de l’Algérie française. A l’opposé, l’opinion publique métropolitaine se positionne de plus en
plus pour l’indépendance de l’Algérie. La candidature à la présidence du conseil de Pierre Pfimlin, partisan d’une solution
libérale pour l’Algérie, provoque la chute de la IVe République
Le 13 mai 1958, les Français d’Algérie se soulèvent avec la complaisance de l’armée et proclament un Comité de
Salut Public dirigé par le général Massu. Ils craignent un accord entre le gouvernement et les nationalistes algériens et
réclament le retour au pouvoir du général de Gaulle. Le 15 mai, le général Salan, ayant reçu les pleins pouvoirs en
Algérie, de la part du gouvernement français, fait appel au général De Gaulle. Celui-ci accepte « prêt à assumer les
pouvoirs de la République ». Pendant quinze jours, des tractations ont lieu entre le général De Gaulle, le président Coty,
les présidents des deux assemblées, le gouvernement Pflimlin et diverses personnalités politiques. Le 24 mai, des
parachutistes basés en Algérie débarquent en Corse et menacent d’intervenir sur le continent. La proximité d’une guerre
civile contraint le président de la République, René Coty, à céder. Le 28 mai, le gouvernement Pflimlin démissionne.
Parallèlement, la gauche organise une manifestation pour la défense de la République et contre l’arrivée d’un régime
autoritaire incarné par De Gaulle.
Celui-ci, investi président du Conseil, le 1er juin, obtient les pleins pouvoirs pour élaborer une nouvelle Constitution, le
2 juin 1958. La IVe République est morte. Quelle image va-t-elle laisser dans l’histoire ?
2.
Un bilan en demi-teinte
La IV République, malgré sa brièveté, effectue des choix décisifs pour l’avenir du pays. Par son adhésion au plan
Marshall en 1947, à l’Alliance atlantique en 1949 et à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord en 1950, elle confirme
son appartenance au camp occidental. Elle prend l’initiative de la construction européenne, jalonnée par la naissance du
Conseil de l’Europe en 1949, de la Communauté européenne du charbon et de l’acier en 1951, de la Communauté
économique européenne en 1957. Ces engagements s’avèrent parfois de nature à diviser l’opinion et les partis. Ainsi, le
projet de Communauté Européenne de Défense n’a pas vu le jour en raison des oppositions communiste et gaulliste. Au
niveau intérieur, elle lègue à la France des réalisations positives (protection et Sécurité sociale, aides à la famille,
planification, aménagement du territoire).
Mais, la IVe République s’enlise dans des guerres coloniales que seul le parti communiste récuse : la guerre d’Algérie
commence à peine la guerre d’Indochine terminée. Elle est apparue comme impuissante face aux difficultés de la
reconstruction. De plus, la vie politique de la IVe République provoque un certain rejet de la politique de la part de
l’opinion. Enfin, les dix années de pouvoir gaullistes qui vont suivre vont être à l’origine d’une forte propagande contre la
IVe République.
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La IVe République a été mise en place pour éviter tout pouvoir personnel mais les difficultés coloniales, en particulier,
en Algérie, provoquent sa chute et le retour au pouvoir du général De Gaulle qui va pouvoir mettre en place le régime
politique qu’il souhaitait.
II. D’une République à l’autre : la France gaullienne (1958-1969)
De retour au pouvoir, avec le soutien de la population française, De Gaulle va mettre en place une nouvelle
République dont il sera le président et la figure de proue. Comment se traduit, dans la vie politique, l’empreinte
gaullienne ?
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A. La mise en place de la V République (58-62)
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De Gaulle constitue un gouvernement d’union nationale laissant de côté uniquement les communistes et les
poujadistes. Pendant ce temps, un comité d’experts en droit et d’hommes politiques proches de De Gaulle est chargé de
rédiger une nouvelle constitution où l’exécutif domine et qui doit empêcher l’instabilité ministérielle. Ces conceptions
étaient déjà présentes dans le discours de Bayeux. Le 28 septembre 58, les Français approuvent massivement, à 79 % des
suffrages exprimés (84% de participation, 66% des inscrits), la Constitution de la Ve République. Ils élisent une nouvelle
Assemblée qui comprend une forte majorité de gaullistes (UNR – Union pour la Nouvelle République) mais l’abstention
reste importante (23%). Par ailleurs, un collège de 80 000 grands électeurs, composé de députés, sénateurs, élus locaux,
installe le général de Gaulle à la tête de l’Etat par 78% des suffrages exprimés, le 21 décembre 1958.
La Constitution de la Ve République est un compromis entre la séparation des pouvoirs, exigée par le général, et le
maintien d’un régime parlementaire, voulu par les partis politiques. On parle donc d’un régime semi-présidentiel, le
caractère présidentiel ou parlementaire pouvant être accentué selon la pratique ou les circonstances.
Le chef de l’Etat doit veiller au respect de la Constitution, assurer par son arbitrage le fonctionnement de l’Etat, de
l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et des traités. Pour cela, ses pouvoirs sont renforcés : il peut dissoudre
l’Assemblée nationale, consulter directement les Français par référendum (art. 11), nommer le premier ministre et les
ministres sans l’investiture de l’Assemblée, présider le conseil des ministres. Enfin, il joue un rôle central dans la
politique nationale et étrangère de la France, peut légiférer par ordonnance. Enfin, en cas de péril pour l’indépendance
nationale ou le bon fonctionnement de la République, le Président peut exercer des pouvoirs exceptionnels (art. 16). Son
élection, pour 7 ans, a d’abord lieu au suffrage indirect puis, à partir de 62, au suffrage universel direct renforçant ainsi sa
légitimité. Avec les événements d’Algérie, la place de De Gaulle est particulièrement forte conduisant à un régime
présidentiel voire à une monarchie constitutionnelle selon l’opposition.
Sous la présidence de De Gaulle, le gouvernement est surtout un simple organe d’exécution. Cependant, ses pouvoirs
ont aussi été renforcés. Le Premier Ministre « détermine et dirige l’action du gouvernement » (art. 20), il dispose de
l’initiative des lois, fixe l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et peut utiliser le vote bloqué (article 49-3) qui engage la
responsabilité du gouvernement (le texte est adopté automatiquement sauf si une motion de censure est adoptée). S’il est
nommé par le président, celui-ci ne peut le démettre et s’il n’est pas investit par l’Assemblée, celle-ci peut le renverser.
Les possibilités de recourir aux ordonnances, aux référendums et à l’article 49-3 sont des dispositions qui relèvent du
parlementarisme rationalisé, c’est-à-dire limitant l’instabilité de la IVe République.
Cependant, le régime reste parlementaire et bicamériste car le pouvoir exécutif reste contrôlé par le législatif. En effet,
l’Assemblée nationale, élue pour 5 ans au suffrage universel direct et au scrutin uninominal à deux tours par
circonscription, contrôle l’action du gouvernement par la motion de censure, les questions au gouvernement et l’existence
de commissions. Elle dispose d’un pouvoir législatif (amendement et vote des lois) qu’elle partage avec le Sénat. Celui-ci
est composé de membres élus pou 9 ans au suffrage universel indirect et renouvelable par tiers, tous les 3 ans. Le Sénat
n’a pas l’initiative des lois mais il peut amender les textes qui lui sont soumis et vote les lois. En effet, les textes de loi
doivent faire la navette entre les deux assemblées pour être adoptés. En cas de désaccord, c’est tout de même l’assemblée
qui a le dernier mot.
Pour finir, cette constitution crée le Conseil Constitutionnel, composé de 9 membres (1/3 des membres nommés par le
Sénat, 1/3 par l’Assemblée, 1/3 par le Président), qui est le garant de l’Etat de droit et de la conformité des lois votées par
le Parlement avec la Constitution. Il protège aussi la séparation des pouvoirs.
En outre, à sa création, la Ve République comprenait la Communauté (la République française et les anciennes
colonies). Le Président était à la tête de la Communauté. Elle avait pour organe un conseil exécutif, un sénat et une cour
arbitrale. A partir de 1960, la décolonisation aboutit à la suppression de ces institutions.
B. La présidence de De Gaulle (62-69)
Le premier problème à régler pour De Gaulle est l’Algérie. En juin 58, il lance le fameux « je vous ai compris » à la
foule algérienne mais, dès le 23 octobre, il parle de la « paix des braves » en reconnaissant aux membres du FLN le statut
de combattants et non de rebelles. Ceux-ci créent le gouvernement provisoire de la République algérienne. Le 16
septembre 58, le droit à l’autodétermination est proposé aux Algériens : à condition que la paix revienne, les Algériens
pourront choisir entre l’intégration à la France, l’indépendance ou l’autonomie interne en association avec la métropole.
Cette décision déclenche la colère des Européens d’Algérie au cours de la semaine des barricades (24 janvier – 1er févier
60). Lors du référendum de janvier 61 sur l’autodétermination, la métropole vote à 75% pour le « oui » malgré
l’opposition de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète, créée en février 61, regroupant des ultras de l’Algérie française
et perpétrant des attentats en Algérie et en métropole), d’une partie de la gauche (manifestation du métro Charonne le 16
octobre 61) et du FLN n’acceptant que tardivement de négocier. En avril 61, le putsch des généraux (Challe, Salan,
Jouhaud et Zeller) est la dernière tentative des tenants de l’Algérie française. Face à ce « quarteron de généraux en
retraite », De Gaulle utilise l’article 16 et le putsch échoue faute de soutien. Dans ce contexte favorable, les accords
d’Evian sont signés le 19 mars 62 et approuvés par référendum (90%).
La guerre d’Algérie et sa résolution renforcent le caractère présidentiel du régime ; en particulier, lorsque Georges
Pompidou, non parlementaire, devient Premier ministre à la place de Michel Debré, député. Le 22 août 62, le général
échappe à un attentat de l’OAS, au Petit Clamart. Profitant de l’émotion, il propose l’élection du président au suffrage
universel direct. Cette proposition fait craindre une dérive dictatoriale et ne reçoit pas le soutien des députés ; le
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gouvernement Pompidou est renversé par une motion de censure. Le 5 octobre, l’Assemblée est dissoute par De Gaulle.
Le 28 octobre, 62% des votants approuvent la réforme et les élections législatives suivantes donnent la majorité à l’UNR,
De Gaulle nomme de nouveau Pompidou.
Dans un contexte d’expansion économique (4,8% de croissance, en moyenne) et de modernisation accélérée, De
Gaulle conduit une politique d’indépendance nationale (opposition à l’hégémonie américaine, sortie de l’OTAN en 1966,
opposition à l’entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE [« Cheval de Troie »], indépendance atomique [bombe A en
1960, bombe H en 1968], achève le processus de décolonisation (accords d’Evian du 12 mars 62 pour l’indépendance de
l’Algérie, indépendance de l’Afrique noire entre 58 et 60), poursuit la construction de l’Europe économique (axe francoallemand avec le chancelier Adenauer).
Jusqu’en 1969, le général de Gaulle imprime de sa forte personnalité la vie politique française. Le partage de l’exécutif
entre le Président et le gouvernement lui permet de s’attribuer un « domaine réservé » : la politique étrangère, la défense.
Cependant, les partis d’opposition lui reprochent une pratique autoritaire du pouvoir qui réduit le rôle du Parlement. De
plus, un décalage de plus en plus profond entre la politique gaulliste et les attentes de l’opinion se creuse. C’est pourquoi,
contre toute attente, il est mis en ballottage au premier tour des élections présidentielles de 1965 qu’il remporte
cependant. Aux législatives de 1967, la majorité présidentielle s’amenuise (244 sièges sur 487) tandis que les partis de
gauche amorcent une stratégie d’union. En effet, l’élection du Président au suffrage universel a renforcé l’importance de
grands partis politiques.
La crise de 1968 révèle brutalement le mécontentement des Français et les transformations du paysage politique. Les
jeunes du baby-boom s’interrogent sur leur avenir dans une société marquée par la consommation, l’exploitation du Tiers
monde et les interdits d’une morale conservatrice héritée du XIX e siècle. Les étudiants ressentent un malaise : les cours
sont surchargés, la sélection constante, les débouchés peu visibles. Le 22 mars, la crise universitaire débute le 22 mars à
Nanterre puis s’étend au quartier latin qui se couvre de barricades à partir du 10 mai. Le 13 mai, 200 000 personnes
défilent en scandant « 10 ans, ça suffit ! ». La crise se déplace sur le terrain social avec 11 millions de grévistes. Pour
tenter de désamorcer cette crise sociale, le gouvernement, les syndicats et le patronat signent les accords de Grenelle.
Mais, l’opposition déclare la vacance du pouvoir. En réponse, après un court voyage en Allemagne, De Gaulle déclare, le
30 mai, que « la récréation est finie ». Il annonce le maintien du Premier ministre et la dissolution de l’Assemblée. Une
manifestation de 300 000 personnes (« la majorité silencieuse ») sur les Champs-Elysées le rend à nouveau maître du jeu
politique. Les élections accordent une majorité absolue au parti gaulliste, devenu l’UDR (Union pour la Défense de la
République). La situation semble rétablie.
Ayant perçu les attentes de participation des Français, De Gaulle entame une réforme de l’Université. Puis, il propose
en 1969 une réforme du Sénat et un projet de régionalisation. La réponse négative des Français au référendum du 27 avril
provoque sa démission, le 28 avril. La transformation du référendum en plébiscite rappelle une dernière fois la volonté
gaullienne que le Président, le chef de l’exécutif, soit l’expression du peuple français. L’intérim du pouvoir est exercé par
Alain Poher, président du Sénat, selon l’article 7 de la Constitution. De Gaulle meurt le 9 novembre 1970.
Après 10 ans de gouvernement de De Gaulle, comment la Ve République, construite par et pour le général, va-t-elle
évoluer ?
III. La Ve République : une république qui s’adapte et perdure (de 69
à nos jours)
A. La République survit à son fondateur (69-81)
1.
Un gaulliste à l’Elysée : Georges Pompidou (69-74)
Le 15 juin 1969, Pompidou, héritier naturel de De Gaulle, est élu avec 57,5% des voix face à Alain Poher. Il poursuit
la politique gaulliste d’indépendance nationale mais avec une ouverture européenne plus forte (acceptation de l’entrée de
la Grande-Bretagne dans la CEE) pour attirer le soutien des voix centristes. Le président encourage la modernisation de la
France à travers de grands projets industriels (Ariane, Airbus, Concorde).
Le premier gouvernement de l’ère Pompidou est confié à Jacques Chaban-Delmas qui veut créer une « nouvelle
société prospère, généreuse et libérée » en luttant contre la contestation sociale (création SMIC et du salaire mensuel en
70, développement des conventions collectives). Cependant, le Premier ministre se montre trop indépendant vis-à-vis du
président et les tensions sont nombreuses. De plus, l’agitation sociale, entretenue par l’espoir du « grand soir » et le désir
de mieux partager les fruits de la croissance, se maintient. Le 5 juillet 72, Chaban-Delmas est démissionné par Pompidou.
Le gouvernement suivant, celui de Pierre Messmer, plus soumis au Président que son prédécesseur, doit permettre de
resserrer les rangs de la majorité pour lutter contre le PS (congrès d’Epinay en 1971 : Mitterrand premier secrétaire du
PS ; 27 juin 72 alliance avec le PC et adoption d’un programme commun de gouvernement). Les législatives de 73
permettent la victoire de la droite (268 sur 490 sièges) mais marquent aussi le progrès de la gauche (102 sièges pour le PS,
73 pour le PC). La maladie (cancer) du président stoppe son septennat, le 2 avril 1974. L’intérim est, de nouveau, assuré
par Alain Poher.
2.
Un centriste à l’Elysée : Valéry Giscard d’Estaing (74-81)
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Valéry Giscard d’Estaing est élu le 19 mai 1974 avec 50,8% des suffrages sur François Mitterrand, soit un écart de
seulement 425 000 voix. Il s’agit du premier président non gaulliste et qui n’appartient pas au principal parti de la
majorité. Pour gouverner, avec une majorité gaulliste à l’Assemblée, il choisit son Premier ministre, Jacques Chirac, dans
leurs rangs. Giscard souhaite mettre en place une « société libérale avancée ». Ainsi, le droit de vote est abaissé à 18 ans
(5 juillet 74) et une série de lois libérales sur l’école (collège unique, juin 75), sur le divorce (création du divorce par
consentement mutuel, le 4 juin 75), sur la contraception et sur l’interruption volontaire de grossesse (74-75) transforme la
société.
Mais, les tensions et les désaccords se multiplient entre le Président et le Premier ministre, en particulier, en raison de
la volonté du second de durcir le rapport gauche – droite pour renforcer la majorité. De plus, la crise économique
empêche la poursuite des réformes et provoque le mécontentement croissant de la population. Les cantonales de mars 76
donnent la victoire à la gauche (51,5 % des suffrages), ce qui pousse le Premier ministre a réclamé une politique plus
agressive avec, entre autres, la dissolution de l’Assemblée. Se refusant à dissoudre cette dernière en l’absence de crise
politique grave, le Président pousse Jacques Chirac à la démission (26 juillet 76) et le remplace par Raymond Barre.
Malgré les efforts de ce dernier, la situation économique reste désastreuse et l’opinion se détache progressivement de la
droite.
Cette dernière se divise alors en deux partis : le RPR (Rassemblement pour la France, décembre 76) et l’UDF (Union
pour la démocratie française, février 78). Ils s’affrontent pour les premières élections municipales à Paris, en 1977. La
victoire de Jacques Chirac constitue un échec pour Giscard et offre à l’ancien Premier ministre une base pour la conquête
de la présidence. En France, lors de ces mêmes élections municipales de 77, la gauche continue à gagner du terrain (gain
de 57 villes de plus de 30 000 habitants). Cette situation rend probable une victoire de la gauche aux législatives de 78.
Cependant, si la stratégie d’union de la gauche lui a permis de progresser, c’est surtout le parti socialiste qui a bénéficié
de ces progrès. Aussi, le parti communiste va-t-il rompre avec son allié, en septembre 77. A l’inverse, la droite réussit à
s’entendre et remporte la majorité (291 contre 200 sièges) mais, à l’échelle nationale, c’est la gauche qui a obtenu la
majorité (50,2%) des suffrages. Malgré cette victoire, la fin du septennat sera marquée par un certain conservatisme et par
de nombreux scandales (diamants offerts à Giscard par l’empereur de Centrafrique, Jean Bedel Bokassa), ce qui permettra
l’arrivée, à la tête de l’Etat, de la gauche.
B. La République survit à l’alternance (81-95)
Aux législatives, la gauche comme la droite se présentent en rangs dispersés. Les candidats dénoncent tous le bilan de
Giscard. La droite agite l’arrivée des communistes au pouvoir en cas de victoire de la gauche pour effrayer les électeurs
centristes. Le 10 mai 1981, François Mitterrand remporte les élections présidentielles (51,7% des suffrages) et prend la
tête d’un régime qu’il dénonce depuis 1958. Après la dissolution de l’assemblée de 78, les législatives anticipées donnent
la majorité absolue aux socialistes. Les gaullistes et les centristes quittent le pouvoir. L’alternance de 1981 est le fruit de
la crise économique, des querelles à droite et de la lassitude des Français (23 ans de gouvernement de droite).
Le nouveau gouvernement avec Pierre Mauroy comme Premier ministre comprend quatre ministres communistes. La
France est le seul pays occidental avec des communistes au gouvernement, ce qui inquiète les Etats-Unis. Le
gouvernement engage de nombreuses réformes sociales (5e semaine de congés payés ; semaine de 39 heures ; retraite à 60
ans avec 37,5 annuités ; hausse du SMIC de 10%, des allocations familiales et de logement de 25%), nationalise douze
groupes industriels (1/4 des effectifs industriels) et une quarantaine de banques (90% des dépôts bancaires) pour donner
les moyens au gouvernement de lutter contre la crise et le chômage sans être soumis à une économie libérale, vote une loi
de décentralisation qui renforce le rôle des collectivités locales (loi Defferre de 1982), abolit la peine de mort.
Mais, dès 1983, « l’état de grâce » s’achève, l’endettement et le déficit commercial, creusés par la politique de relance,
l’inflation et le chômage, le contraignent à abandonner ses orientations économiques et à adopter une politique de rigueur
sous l’égide de Jacques Delors. Cet échec économique provoque un recul de la gauche aux municipales de mars 83. En
1984, après l’échec de la loi Savary sur l’école, Pierre Mauroy est remplacé par Laurent Fabius. Le nouveau Premier
ministre adopte une politique résolument libérale en limitant l’intervention de l’Etat dans divers domaines, ce qui crée un
malaise au sein du parti socialiste et de son électorat. Les communistes ne participent désormais plus au pouvoir et
s’installent dans l’opposition. Dans ces conditions et malgré quelques résultats économiques positifs (maîtrise de
l’inflation, réduction du déficit commercial mais hausse du chômage) ainsi que l’introduction de la proportionnelle, les
élections du 18 mars 1986 accordent la majorité à l’opposition qui regroupe le RPR et l’UDF. Ces élections marquent
aussi l’entrée du Front National (35 sièges) à l’Assemblée qui devait, grâce à la proportionnelle, affaiblir la droite
traditionnelle. Ces élections sont à l’origine de la première cohabitation.
Le 8 mai 88, Mitterrand remporte à nouveau les élections présidentielles (54,01% des suffrages), dissout l’assemblée
mais n’obtient que la majorité relative, ce qui oblige le PS à une ouverture au centre et vers les communistes. Aussi, c’est
Michel Rocard qui est nommé premier ministre. Le nouveau gouvernement ramène le calme en Nouvelle-Calédonie et
met en place le RMI (Revenu minimum d’insertion). Mais, les tensions croissantes entre le Président et le Premier
ministre conduisent à son remplacement par Edith Cresson puis par Pierre Bérégovoy. L’absence de solutions à la crise, la
multiplication des affaires politiques (sang contaminé) permettent la victoire écrasante de la droite aux élections
législatives de 93, avec plus de 80% des sièges. Il s’agit de la seconde cohabitation sous la présidence de Mitterrand.
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Si l’alternance provoque des changements dans la politique intérieure de la France, la politique étrangère reste assez
constante : poursuite de l’intégration européenne (Acte unique en 1985, entrée de l’Espagne et du Portugal en 86,
réunification allemande en 91, accords de Maastricht en 1992), indépendance nationale malgré le maintien de l’alliance
avec les Etats-Unis (soutien pendant la crise des euromissiles et pendant la première Guerre du Golfe).
A partir de 1986, une nouvelle épreuve est imposée aux institutions de la Ve République, il s’agit de la cohabitation.
C. La République survit à la cohabitation (86…)
En 1986, pour la première fois, les majorités parlementaire et présidentielle ne sont pas les mêmes ; rien n’oblige le
Président à démissionner mais il va devoir choisir son Premier ministre dans le camp opposé. Jacques Chirac, qui est le
dirigeant du Rassemblement pour la République, accepte la « cohabitation ». La nouvelle majorité remet en cause une
partie des réformes de la gauche et défend le retour au libéralisme économique (privatisations de 86). Par ailleurs, le
Président poursuit la politique d’autonomie de défense de la nation et d’intégration européenne. En 1988, François
Mitterrand est réélu président de la République. Toutefois, sans majorité au Parlement, le PS gouverne avec le soutien du
PC et du centre. Mais le parti socialiste perd le pouvoir en 1993. Une nouvelle cohabitation avec le RPR et les centristes
de l’UDF s’ouvre alors (gouvernement Balladur). Cette seconde cohabitation se déroule avec moins de tension car il n’y a
pas de rivalité entre les deux hommes, en effet Mitterrand ne briguera pas un troisième mandat et le candidat pressenti du
RPR est Jacques Chirac. Balladur reprend la politique de privatisation. La cohabitation se maintient jusqu’à l’élection de
Jacques Chirac comme président de la République en 1995, avec 52,6% des suffrages.
Le contrôle de l’exécutif et du législatif par la droite, lui permet d’appliquer sans limite son programme. Chirac
reprend les essais nucléaires, suspend le service national. Enfin, le 16 juillet 95, il reconnaît la responsabilité de l’Etat
français dans la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais, le gouvernement d’Alain Juppé
cristallise les mécontentements. Les réformes de la Sécurité sociale et des retraites provoquent de forts mouvements
sociaux. Incapable d’assumer l’alternance, la droite connaît un important affaiblissement. Pour limiter l’échec prévu aux
législatives de 98, le Président dissout l’Assemblée, le 21 avril 97. Mais, les élections anticipées donne la victoire à la
gauche. Dans la foulée, les régionales de 98 renforcent la victoire de la gauche et provoquent l’implosion de l’UDF suite à
l’élection de présidents de région grâce au FN. Une nouvelle cohabitation débute, sous le gouvernement de Lionel Jospin.
Disposant de 5 ans pour gouverner, le gouvernement Jospin doit répondre aux attentes sociales des Français et
maintenir une politique de rigueur économique pour permettre le passage à la monnaie unique. Ainsi, il crée les emploisjeunes offrant 350 000 emplois dans le secteur public, destinés à apporter une expérience professionnelle mais ce
dispositif est provisoire (arrêt prévu en septembre 2003). Il met aussi en place la Réduction du temps de travail à 35
heures (19 mai 98) devant permettre d’améliorer la qualité de vie des salariés et de fournir du travail aux chômeurs. On
peut aussi citer la création du Pacte civil de solidarité, le 13 octobre 1999. C’est la gauche qui intègre le France dans
l’Europe et dans le monde du libéralisme.
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D. Vers une VI République
Les élections présidentielles de 1981, 1988 et 1995 ont renforcé la bipolarisation de la vie politique. A droite, l’Union
pour la démocratie française se caractérise par ses options libérales et européennes, tandis que le Rassemblement pour la
République se veut l’héritier du mouvement gaulliste. Depuis 2002, ces deux mouvements ont fusionné dans l’UMP. La
gauche rassemble le parti socialiste, les radicaux de gauche, le parti communiste et diverses formations sur des options
sociales et réformistes.
Mais le clivage entre les deux grandes tendances n’est plus aussi net car les mutations économiques et la disparition
des repères idéologiques ont brouillé les cartes de l’électorat (gauche reconnaissant le capitalisme comme le seul système
économique viable ; droite plus dirigiste que libérale, plus démocrate que conservatrice, allant même jusqu’à présenter un
programme de gauche en 95 [lutte contre l’exclusion, « fracture sociale »] ; opinion commune des deux bords politiques
sur certains sujets [Europe]). De plus, on observe la multiplication des affaires impliquant des hommes politiques. En
mars 99, le président du Conseil constitutionnel, Roland Dumas, démissionne en raison de son implication dans l’affaire
Elf. En novembre 99, Dominique Strauss-Kahn, ministre des finances de Jospin, démissionne, étant mis en cause, à tort,
dans l’affaire de la MNEF. Dans le même temps, Jean Tibéri, maire de Paris, est touché par les affaires liées à la gestion
de la ville. Dès 2000, c’est le Président de la République qui est mis en cause dans les affaires liées au financement du
RPR et à la gestion de Paris.
Ceci provoque, une montée des extrêmes : le Front national (créé en 1972) et l’extrême gauche se développent en
jouant sur la crise économique et le rejet des partis ayant déjà exercé le pouvoir, mais aussi un rejet général de la politique
marqué par d’importants scores d’abstention aux diverses élections. Face à cette situation, certaines décisions ou
situations tendent à modifier la vie politique française. Par exemple, en 2000, le mandat présidentiel est passé de 7 à 5 ans
afin de limiter les risques de cohabitation. Cependant, l’intérêt pour cette réforme reste restreint (70% d’abstention).
Ensuite, la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles de 2002 a montré le danger du vote
protestataire permettant aux partis dits traditionnels d’obtenir un retour en grâce auprès des électeurs. La victoire de
Chirac avec 82,21% des suffrages exprimés (plus que Napoléon III) fait de lui le symbole de la République, d’autant plus
que l’abstention se limite à 20%. Les législatives apportent une majorité parlementaire au Président qui nomme JeanPierre Raffarin à la tête du gouvernement. Cependant, la réforme, nécessaire mais peu populaire, des retraites et la
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catastrophe humanitaire de la canicule provoquent un mécontentement profond qui conduit à une défaite sanglante aux
régionales de mars 2004 (20 des 21 régions sont à gauche). Cependant, en politique extérieure, en se présentant comme le
défenseur du multilatéralisme, Chirac obtient une stature internationale qu’il n’avait jamais eu.
Le regain d’intérêt pour la vie politique se manifeste à nouveau avec les élections présidentielles de 2007 où
l’abstention atteint seulement 16%. Cependant, cet élan démocratique se brise lors des élections législatives suivantes
avec une abstention comprise entre 35 et 40%. Ce changement s’explique par le sentiment de certains électeurs de n’avoir
pas pu faire entendre leur voix aux présidentielles. L’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy marque aussi un tournant
dans le fonctionnement des institutions avec une forte présence de la personne du président dans les affaires de politique
intérieure. Ce tournant pose, une nouvelle fois, le problème de l’évolution des institutions de la V e République, réflexion
confiée à un comité dirigé par l’ancien Premier Ministre Edouard Balladur.
Sur la période allant de 1945 jusqu’à nos jours, la France va traverser trois phases essentielles. Grâce à la libération de
la France, la République est rétablie avec la IVe République. Si cette République réussit le redressement économique de la
France, elle est incapable de mettre en place une vie politique stable en raison de l’organisation de ses institutions. Il faut
attendre, 1958, et la naissance de la Ve République, bâtie autour de la personne de De Gaulle, pour voir la France disposer
d’un système politique stable. En effet, la Ve République se maintient, malgré la disparition de son fondateur, les
alternances et les cohabitations.
Cependant, cette République réussit-elle encore à répondre aux besoins des Français puisque l’on observe un certain
rejet de la politique de la part d’une grande partie de la population française.
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