Le "Mannequin Challenge"

Transcription

Le "Mannequin Challenge"
Le "Mannequin Challenge"
en prison
Paris Match | Publié le 29/11/2016 à 19h29
Pauline Lallement
Des détenus se sont filmés
en train de réaliser le
«Mannequin Challenge»
dans la cour de la prison
de Villepinte.
Les
paupières
ne
clignent
pas.
La
vingtaine de détenus
sont comme figés
pendant
la
promenade. Seul le nuage de fumée, de leurs cigarettes roulées,
s’échappe devant l’objectif du téléphone portable filmant la
scène. Ils ont un sourire en coin et un regard de défiance.
Certains tiennent un téléphone ajusté en mode selfie pendant
que d’autres en profitent pour échanger une barrette de shit
contre de l’argent. Après un zoom sur la transaction, la caméra
poursuit son plan séquence pendant une minute et quarante
secondes. Bienvenue dans la maison d’arrêt de Villepinte. Publié
sur les réseaux sociaux ce lundi 28 novembre, le clip des
détenus, du bâtiment D, a déjà été vu deux cent cinquante mille
fois.
Après le Lipdub ou encore l’Harlem Shake, c’est au tour du
Mannequin Challenge de s’emparer de la toile. Le principe est
simple, en gelant la scène, la vidéo permet d’immortaliser une
séquence. La première vidéo de ce type est apparue sur Twitter,
fin octobre, avec un groupe de lycéens prenant la pose en salle
de cours à Jacksonville, aux Etats-Unis.
Pour les surveillants, les détenus sont
allés trop loin
Les détenus de Villepinte, bien au fait des dernières tendances
du web, ont respecté tous les codes du Mannequin Challenge
avec en fond sonore les Black Beatles, ou plutôt la bande
originale officielle du phénomène. Côté surveillant, le Rubicon est
franchi. «Cette vidéo fait passer le personnel pénitentiaire pour
des moins que rien ! On se sent violé, d’une certaine manière,
car malgré notre travail, ils envoient le message qu’en prison il
n’y a pas de règle : drogue, téléphone, argent… tout est
permis !», raconte Philippe Kuhn, délégué régional du syndicat
SPS, qui arpente la Maison d’Arrêt de Villepinte depuis quatorze
ans. «Ils sont tous identifiables car ils se sont filmés à visage
découvert. Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Il y a
des signalements pour sept personnes présentes sur cette vidéo
en possession d’objets illicites. Nous avons également fait des
fouilles de cellules et des plaintes au Parquet sont d’ores et déjà
déposées», conclut le syndicaliste.