belly up presse/présentation
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belly up presse/présentation
BELLY UP Musique et poésie pour animaux des ventres (Cécile Even / Innacor-Le Plancher) Belly Up : Morvan Leray (chant), Jeff Alluin (claviers), Faustine Audebert (clavier, voix), Rudy Blas (guitare basse électrique), Antonin Volson (batterie, compositions). Présentation : Rudy Blas qui tient ici la guitare basse électrique (je tiens à cette nomenclature un peu désuète mais qui dit bien l’instrument, surtout entre les mains de Blas) est l’excellent guitariste de l’orchestre “éthiopien” Badume’s Band. Antonin Volson est le batteur du même orchestre, mais pas que et bien plus… Faustine Audebert (Faustine, Charkha…), je l’ai présentée dans mon blog d’hier, tient ici un rôle d’appoint (touches de clavier, seconde voix) qui n’est peut-être pas aussi anodin qu’il y paraît. Quant à Morvan Leray, il annonce la couleur d’un groupe aux ambitions littéraires sur un répertoire tournant (très largement) autour de la beat generation : Richard Brautigan, Jim Harrison, Allen Ginsberg, Paul Lawrence Dunbar. J’avoue que mon catalogue de référence dans le domaine pop-rock, peu étendu et peu présent à mon esprit de jazz-critic, me laisse un peu démuni pour qualifier sa voix… Disons qu’à l’entendre, je me dis que cet homme-là – son timbre, son registre, la souplesse de sa voix – pourrait chanter Message in a Bottle, mais qu’il fait preuve d’un lyrisme plus introverti que Sting, plus sombre, ou tout du moins d’une luminosité plus intérieure, plus de modestes qualités de “scatteur” (son articulation n’est pas précisément celle d’un scatteur) auxquelles il recourt avec justesse, le temps de brefs “solos” (mais dans un cadre qui reste toujours très collectif), glissements du sens vers le son qui constituent souvent le climax de ses chansons. “Ses” chansons, ce sont en fait celles composées par Antonin Volson sur les textes des auteurs cités plus haut, et le recours au mot “progressive” présent dans le programme (mot apparu au début des années 70 pour désigner un rock plus ambitieux et si me souvenirs sont bons, d’abord en Angleterre) n’est pas vain. Chanson aux formats longs, sur des harmonies iconoclastes où le chant participe d’une trame instrumentale collective sophistiquée dont (pour ce qui concerne la partie de batterie de Voslon), Robert Wyatt et Pip Pyle sont les représentants qui me viennent à l’esprit. Côté basse et claviers, ce sont les cousins Sinclair dont les noms me reviennent : Richard le bassiste et David le claviériste. Les claviers de Belly Up en particulier datent la musique sans avoir recours au Carbon 14 : nappes et phrasés (sans “percussion”) d’orgue Hammond, Fender Rhodes jazzy, sonorités de claviers vintage (je ne suis pas expert, mais… ça sent le moog, réel ou échantillonné), tremolo et glissando réalisés à la molette pitch bend, brefs solos extatiques… Le public est compact (plus que les jours précédents) et acquis. Est-on venu en foule pour Belly Up, le régional, ou Jeanne Added (dont la “seconde carrière” décollait en décembre dernier à Rennes au Transmusicales) ? On est en tout cas entre amis et autour de moi, j’entends chanter à l’unisson des parties qui ne sont pourtant pas de celles que l’on fredonne sous la douche. Pour ma part, j’ai apprécié l’élégance de cette voix, de ces compositions, de ces orchestrations, et je sors rajeuni de quelques décennies… sauf à dire que tout ça ne nous rajeunit pas. Ne manque peut-être plus à ce groupe pour être “actuel” que ce que Faustine Audebert, James McGaw, Hélène Brunet et Nicolas Pointard ont réalisé au sein du groupe Faustine en puisant pourtant dans un imaginaire également daté. La voix de Morvan Leray et la plume d’Antonin Volson méritent en tout cas que cet univers s’épanouisse. (Franck Bergerot / Jazzmag) Des autos sous la table, des pochettes de 33 t, Roi cramoisi, Gentil Géant, Flamand Rose… Un dimanche, sans doute… Un vinyle vibre de la voix haut perchée du batteur rescapé, anglais, en fauteuil roulant. Sons rauques de frette gorgée de basses liquides, pulsations rouge sombre à l’élan contenu, souterrain mais chantant, en dedans, entêtant port de tête, le front contre le dos de l’épaule du père posé près de la cheminée radiant l’anima de l’aimée, en ces moments trop rares de nid chaud abricot. Touchants minots. Pour qui la langue anglaise, comme un paravent, voile le poème pour laisser la part belle à la musique. Heureux moment. De quoi pourraient parler les cuites à l’enfant dent de lait… 30 ans plus tard, enlacé par la fille de la cabine Leslie, Harrison rôde. L’alcool et l’orgue Hammond déclament Guinsberg et Brautignan. Autour du batteur compositeur Antonin Volson, Belly Up convainc. Et nous offre un album en tout point réussi. Au-delà de l’hommage à l’époque révolue, il perpétue l’idée que la musique a besoin du corps pour que s’exprime aussi la meilleure part de ce que la raison ne saisit pas mais dont le muscle reconnaît la chanson millénaire, le flou prégnant du réel habité. - Pilc (le cri de l’ormeau) Morvan Leray - chant (Silk & Arrows, Bloody Suckers, Dogs for Sale) Faustine Audebert - claviers / chant (Faustine, Charkha, Bayati) Jeff Alluin - claviers (Aman Octet, La Machine Ronde, Noceurs) Rudy Blas - basse (Magma, Heat Wave, Mahmoud Ahmed) Antonin Volson - batterie / comp / arr (Dogs for Sale, Faustine, Mahmoud Ahmed, Noceurs))