Voyage Berlin

Transcription

Voyage Berlin
Notre voyage à Berlin en novembre 2014
Du 7 au 12 Novembre 2014, notre groupe de Terminale AbiBac a effectué un voyage à Berlin.
Au cœur de ce séjour, la découverte de cette ville complexe et fascinante à travers l'histoire, et grâce à
de nombreux points de vue. La vie et les modifications de la capitale de l'Allemagne sont en effet
intrinsèquement liées à l'Histoire européenne et mondiale. Ainsi, c'est au cours du siècle dernier que
Berlin a subi les plus importants chamboulements, et elle porte encore en son sein les traces laissées
par les différentes périodes traversées. Comment alors aborder la ville sans plonger dans l'histoire qui
l'a modelée ? Et réciproquement, comment étudier la période mouvementée que représente le XXème
siècle pour l'Allemagne sans évoquer cette cité emblématique, qui concentre en quelques kilomètres
carrés tant de symboles et de clés de compréhension ?
Notre programme sur place a permis à tous les élèves de (re)découvrir Berlin dans sa
globalité grâce à des activités témoignant de tous les aspects qui font une ville, chacun remis dans son
contexte historique : peinture, architecture, musées d'histoire, théâtre, visites de monuments
emblématiques, témoignages, mais aussi simples déambulations au fil des rues, réservant chacune de
nouvelles surprises, se sont entremêlés pour nous offrir un bel aperçu.
Visiter Berlin dans le cadre des 25 ans de la chute du Mur a été particulièrement enrichissant
et a donné beaucoup de sens à notre venue. La séparation de l'Allemagne, tout comme les deux
guerres mondiales la précédant, ont marqué de leur empreinte chaque parcelle de la ville, et nous
inscrivions alors naturellement notre histoire personnelle et celle de Berlin dans l'Histoire, apprenant
du passé pour mieux construire l'avenir. En vivant ces quelques jours au rythme des commémorations
et autres moments de souvenirs, nous avons en effet pu mieux appréhender les événements d'alors et
les mettre en rapport avec notre existence actuelle.
Si les élèves ont été personnellement marqués par des lieux très divers, nous essayerons de
retransmettre par cet article le sentiment global, commun à toute la classe.
Tout d'abord, une des installations nous ayant beaucoup touché a été l'œuvre Lichtgrenze.
Ces centaines de ballons lumineux disposés à l'ancien emplacement du mur, traçant une large coupure
sillonnant la ville, ont rendu plus concrète la séparation d'il y a quelques décennies. La symbolique de
ces petits point lumineux et légers, que nous avons croisés au long de nos marches, nous a semblé
relier particulièrement bien le passé, le présent et l'avenir.
La découverte de la East Side Gallery a aussi été un moment fort pour tout le monde. La
brutalité du Mur, témoin de la privation de liberté subie par les habitants d'Allemagne de l'Est est ici
presque effacée par les œuvres d'arts qui le recouvrent : graffitis et dessins, se voulant tour à tour
critiques ou joyeux, forment une gigantesque frise à ciel ouvert, transformant le mur austère en une
véritable explosion d'expression et de liberté.
Bien que notre voyage fût principalement centré sur la deuxième moitié du XXème siècle,
nous nous sommes également intéressés à la Première Guerre Mondiale à l’occasion de son
centenaire. Outre l'exposition temporaire du musée d'histoire Deutsches Historisches Museum
consacrée à ce conflit, extrêmement riche en détails et illustrée de nombreux objets d'époque, nous
avons eu la chance de visiter le Musée Käthe Kollwitz. Les dessins, esquisses et sculptures de cette
artiste, mère patriotique bouleversée par les ravages de la guerre y étaient (temporairement) mis en
perspective par les photos et installations contemporaines de l’artiste hongroise Kata Legrady. Nous
avons pu alors comparer les manières d'aborder le thème de la guerre : les combats se révélèrent plus
violents et destructifs que jamais durant la Grande Guerre, et les œuvres de Käthe Kollwitz reflétant la
détresse humaine et la profonde souffrance sont aujourd'hui encore porteuses d'émotions et d'un
dégoût de la violence. Kata Legrady, elle, aborde cette notion de façon plus matérielle, en
représentant de manière grinçante des armes (en particulier) et en créant un contraste riche de sens
entre l'aspect enfantin et coloré qu'elle leur donne et les effets irrémédiables et sombres qu'elles ont
en réalité. Ces deux artistes nous questionnent à travers leurs œuvres sur notre rapport à la violence
et le regard que nous et la société dans laquelle nous vivons portons sur les guerres.
Nous pouvons également citer la visite du Tränenpalast. Ce lieu où les Allemands se
croisaient pleins d'espoirs ou de tristesse pour passer de l'est à l'ouest ou de l'ouest à l'est semble être
encore maintenant rempli de cette peur sourde et des humiliations subies. Apprendre par des
exemples concrets ce que signifiait le Mur pour les Berlinois et quelles épreuves ils ont traversées a été
particulièrement marquant. De la lourde décision du départ à la délivrance de l'arrivée, en passant par
les contrôles déshumanisants et souvent l'impossibilité de traverser, les documents présentés au
visiteur parlent d'eux-mêmes : ce sont des vies entières que le Mur a brisées ou modelées.
Dans un style plus léger, la comédie musicale Hinterm Horizont illustrait elle aussi les
difficultés de la séparation entre l'Est et l'Ouest. Au-delà de l'histoire d'amour romancée du rockeur
Udo Lindenberg pour une fille de l'Est, ce spectacle rencontrant un énorme succès auprès des Berlinois
présente aussi les déchirures causées par la séparation en deux de la capitale : séparation de familles,
pressions et maltraitances de la Stasi, formatage de la pensée, privation de libertés élémentaires,
manipulation des carrières en Allemagne de l’Est... Tout en appréciant la musique, le public est ici
amené à réfléchir sur la vie d'alors et à se laisser emporter dans le monde de la RDA.
Enfin, parce que l'on ne peut pas tout citer, concluons cet aperçu de notre séjour par la
rencontre que nous avons eu la chance de faire avec des élèves AbiBac du Rückert-Gymnasium de
Berlin Schöneberg. Alors que nos visites ont été essentiellement centrées sur le passé de Berlin et la
répercussion de ce dernier sur la ville actuelle, ce moment de partage nous as permis d'avoir aussi un
point de vue plus jeune et récent sur la séparation et la réunification de l'Allemagne. Tout en faisant
connaissance avec ces jeunes de notre âge, nous avons pu échanger sur notre perception et la leur des
événements, sur leur histoire familiale également, pour beaucoup ancrées dans celle de Berlin.
En conclusion, disons que ce voyage nous a permis, par la diversité des visites, de découvrir
Berlin dans toute sa dimension historique et culturelle. Chaque élève a alors pu trouver quelque chose
lui parlant plus particulièrement, et ainsi s'enrichir en s'imprégnant du passé de la ville. Clôturons donc
notre article par cette citation de Churchill : "Un peuple qui oublie son passé se condamne à le
revivre !".
Guillemette Robilliard pour la Terminale AbiBac