La résistance congolaise : le mur de la honte doit tomber.

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La résistance congolaise : le mur de la honte doit tomber.
La résistance congolaise : le mur de la honte doit tomber.
Écrit par Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
Lundi, 25 Juillet 2016 13:01 - Mis à jour Lundi, 25 Juillet 2016 13:48
A la veille des prétendues consultations ou dialogue national inclusif, celui qui veut changer le
statu quo doit d’abord le reconnaître. La situation politique s’enlise au Congo et il nous revient
la charge d’en changer la donne. Sassou n’a pas accepté de céder le pouvoir lorsque le verdict
des urnes l’a imposé le 20 mars 2016 conformément à la volonté populaire. Ce qui commence
par le mal ne prospère que par le mal et le résultat est incertain.
Comme le mur de Berlin naguère, Sassou a construit le mur de la honte au Congo qui
dorénavant sépare le peuple congolais entre les collabos, ceux acquis à sa cause au prix de
vils avantages matériels, et le peuple, cette majorité silencieuse réduite à l’état d’esclaves.
L’inversion de la chaîne des valeurs devient la marque de fabrique d’un pouvoir aux abois qui
récompense ceux qui collaborent et punit ceux qui résistent.
Cette partition s’est jouée contre le peuple congolais à Paris en France. En effet contre toute
attente, François Hollande déclarait à propos de Sassou : "Sur le Congo, le président Sassou
peut consulter son people; cela fait partie de son droit, et le peuple doit répondre. Une fois que
le peuple aura été consulté, et cela vaut pour tous les chefs d’états de la planète, il faut veiller à
rassembler, à respecter et à apaiser". La suite a été un désastre fait de massacres, de larmes
et de sang. Nous en payerons pour longtemps encore le prix tant les souffrances sont
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imprimées dans nos gènes. Ce même Hollande a rejoint la logique colonialiste et paternaliste
de ses prédécesseurs. Avant de succomber aux délices du pouvoir, à la françafrique qu’il
répugnait dans l’opposition, il était celui qui méprisait Joseph Kabila pour les droits de l’homme,
et disait à qui voulait l’entendre en novembre 2014, lors du sommet de la francophonie à Dakar
: "Là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où
l’alternance est empêchée, j’affirme ici que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver
dans l’espace francophone le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la
démocratie". Comme quoi "les promesses n’engagent que ceux qui y croient", et que "les Etats
n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts" dixit Charles de Gaulle. La France est devenue le
repaire des dictateurs, "en Afrique, la France est toujours du côté des dictateurs" dixit Nicolas
Sarkozy.
Il est temps de prendre des positions claires pour notre avenir en vue de réunir notre peuple,
notre pays. La paix est essentielle dans un pays car sans la paix point de développement. Si
nous n’évitons pas la guerre nous pouvons mettre une croix sur la démocratie et la justice car
une fois de plus rien ne peut se faire sans la paix. Notre fil conducteur c’est de garantir cette
paix, la préserver pour que tout ce qui sous-tend la terreur s’arrête. Notre paix sera celle des
braves et jamais celle du silence des cimetières. Entre Congolais nous pouvons être des
adversaires du fait de la divergence de nos orientations politiques, mais jamais des ennemis.
Car, tôt ou tard nous finirons par nous retrouver pour discuter de ce qu’il y a de mieux à faire
pour notre pays. Ainsi, chacun de nous à droit au chapitre et peut exprimer ses idées. La
république "res publica : chose publique" est un bien commun que nul ne peut revendiquer
comme un gibier pris dans son filet. Le temps des barbares et des dictateurs est révolu.
Dans les situations politiques difficiles, il faut changer la donne pour forcer la partie adverse à
réagir. Notre rôle est d’accentuer l’isolement diplomatique du Congo vis-à-vis de la
communauté internationale en relayant tant bien que mal les méfaits de ce pouvoir tyrannique.
L’une de nos tâches est aussi d’informer pour faire comprendre le bien fondé de notre lutte de
libération, de distribuer des tracts et journaux pour remonter le moral de la population. Nous
allons gagner cette guerre pour que la liberté et la justice puissent triompher dans un Congo
démocratique. Les coupables de ces crimes seront punis et n’oublions pas que nous avons des
alliés. L’armée de l’intérieur, l’armée de la résistance (ces millions de congolais désabusés) doit
être la seule institution de la résistance, car c’est d’elle que viendra notre libération. Notre
devoir est de faire en sorte que les prolétaires de ce pays deviennent des citoyens à part
entière demain.
Nous avons le droit et l’exigence morale de nous adresser personnellement et individuellement
à chacun des congolais afin de construire les ponts de l’amitié là où d’autres construisent des
murs de plus en plus hauts de la haine et de l’exclusion. Platon disait à ce sujet "ce ne sont pas
les murailles mais les hommes qui font les remparts protecteurs de la cité". La dimension
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humaine constitue toujours la clé du succès. Les limites géographiques du Congo sont
intangibles, immuables, inviolables et ce qui nous rassemble et plus fort que ce qui nous divise.
La gestion du Congo ne doit plus se faire en termes de Nord-Sud ou Sud-Nord, mais entre
Congolais.
Il nous reviendra de demander "réparation" pour toutes les atrocités commises depuis
l’indépendance du Congo par nos différents dirigeants, même si nous n’avons rien à voir avec
ces crimes. La réconciliation passera aussi par là. Un changement radical s’impose et l’on ne
doit plus se contenter des programmes d’ajustement structurel. Le Congo est l’un des seuls
pays au monde qui depuis son accession à l’indépendance n’a jamais connu d’alternance
démocratique pacifique. Le temps venu, nous serons heureux de vivre ce moment de la
libération du Congo, car enfin nous pourrions dire comme Willy Brandt : "maintenant c’est réuni
enfin, ce qui n’était qu’un seul ensemble".
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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
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