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Le Génie Génétique Introduction Le génie génétique et le clonage (que l'on a classés ensembles car il s'agit dans un cas de la modification d'un génome et dans l'autre cas de sa copie) forment certainement, de tous les domaines de la science, à la fois un de ceux qui connaissent une explosion des plus fulgurantes et un de ceux sur lesquels on est le moins bien informés. Cette carence, est accompagnée de positions positivistes manichéennes qui consistent soit à s'y opposer au nom de principes conservateurs soit à nier tout risque et réserver ce sujet aux "spécialistes" (comprendre aux grandes firmes comme Monsanto), ce que fait très bien le gouvernement en votant des lois derrière notre dos. Il est donc plus qu'urgent de faire descendre jusqu'à "la France d'en bas" des informations qui la concernent au plus haut point puisqu'il s'agit de modifier notre environnement voire nous-mêmes. Nous y participerons en nous intéressant tout d'abord au génie génétique, puis à la réglementation et l'utilisation des OGM, et enfin aux questions éthiques soulevées par le clonage. Plan 1. Initiation au génie génétique 1.1 Fonctionnement d’un gène 1.2 Les modifications génétiques 1.3 Quels sont les dangers des OGM ? 2. La réglementation des OGM 2.1 En France et en Europe 2.1.1 La commission du génie biomoléculaire 2.1.2 La réglementation européenne 2.1.3 Le moratoire 2.1.4 Utilisation des OGM 2.2 Dans le reste du monde 2.2.1 L’économie agroalimentaire 2.2.2 Les autorisations 2.2.3 Les OGM dans les pays du Sud 3. L’Eugénisme 3.1 Qu’est-ce que l’eugénisme ? 3.2 Rappels historiques 3.3 L’eugénisme dans les conditions techniques actuelles 3.4 L’eugénisme : un faux problème ? 4. Le clonage humain 4.1 Qu’appelle-t-on clonage ? 4.2 Les perspectives du clonage humain non-reproductif 4.3 Aspects juridiques 4.4 Idées reçues et arguments discutables contre le clonage humain 4.5 Les motifs d’autorisation éventuels 4.6 Pourquoi s’opposer au clonage humain reproductif ? Conclusion : Clonage et capitalisme Conclusion générale : Nature et émancipation PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com 1. Initiation au génie génétique Le terme génie génétique correspond aux techniques (d'où le mot "génie", de la même famille qu' "ingénieur") de modifications de l'ADN afin de modifier les caractéristiques d'un individu. Pour comprendre ces techniques, il est tout d'abord nécessaire de comprendre le fonctionnement (nous ferons des hypothèses simplificatrices à la pelle) de l'ADN. 1.1 Fonctionnement d'un gène Tout organisme "vivant" (animaux, plantes, bactéries, etc.) est constitué d'une ou plusieurs cellules. Ces cellules contiennent (mis à part certaines exceptions telles des cellules formant des vaisseaux ou les cellules utilisant de l'ARN au lieu d'ADN) de l ' A D N (acide dés o x y r i bonucléique), soit directement dans leur cytoplasme ("corps" de la cellule, la cellule est alors dite procaryote) soit dans leur noyau (cellule eucaryote). Cet ADN est constitué de deux (très longs) brins liés par des liaisons hydrogène (liaisons inter-atomiques faibles) par l'intermédiaire d'un couple de bases (il existe 4 bases différentes : la guanine -G- se liant à la cytosine -C- , et l'adénine -A- à la thymine -T-) au niveau de chaque monomère (motif élémentaire du squelette d'un brin) de phosphoribose (un genre de sucre). Cet ADN est enroulé en une hélice grâce à d'autres liaisons hydrogène, ce qui permet à une molécule pouvant mesurer plusieurs mètres de tenir dans une cellule microscopique. Les caractéristiques d'un individu sont déterminées uniquement (inutile de préciser que cela tient compte d'un certain nombre d'approximations, telles le fait d'ignorer les introns dont nous parlerons plus Un chromosome tard) par l'enchaînement des différents types de bases, ces bases étant réunies par codons (triplet de bases) comparables aux octets d'une mémoire électronique et capable de prendre 64 valeurs différentes (4 bases exposant 3 codons). Il existe une correspondance quasi-universelle entre chaque valeur de codon et chaque acide aminé (Il existe 20 acides aminés -utilisés-) sauf pour le codon "start" ; cette correspondance est utilisée par les ribosomes (matériel cellulaire utilisant diverses enzymes) pour créer un polypeptide (ce qui est presque une protéine) à partir d'un ARNm (acide ribonucléique messager, copie d'un gène d'un brin de l'ADN effectuée par l'enzyme appellée transcriptase). Chaque protéine créée effectuera une action "simple" (les hormones serviront de messagers, les amylases transformeront les réserves d'une plante en sucres utilisables, etc.) et sa nature sera déterminée par la phase ouverte de lecture, précedée par un promoteur (régulant, en permettant ou non à la transcriptase de se fixer, le niveau d'expression du gène en fonction des protéines présentes dans la cellule et donc indirectement en fonction du rôle de la cellule et de son état) et un codon start (AUG, correspondant à la méthionine) et suivie par un codon stop (ne correspondant à aucun acide aminé). Concluons cette introduction en signalant qu'il existe quelques légères variantes selon les espèces, la plus importante étant l'existence chez les eucaryotes d'introns (portions non-codantes), qui modifie quelque peu l'interprétation (notamment leur expression) de leurs gènes et les rendent "illisibles" pour des procaryotes. PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com 1.2 Les modifications génétiques Le génie génétique vise donc soit à rajouter une séquence de codons (c'est-à-dire un gène), soit à la substituer, soit à la supprimer. L'ajout d'un transgène est de loin la technique la plus intéressante donc la plus utilisée ; la modification et la suppression s'appliquent principalement à la thérapie génique et à la recherche (reconstitution de maladies génétiques sur les souris principalement) et sont de plus souvent basées sur l'ajout instable d'un transgène (nous ne détaillerons pas ces méthodes extrêmement variées et complexes). Etudions donc les mécanismes de la transgénose (transfert de gènes). Il est bien sûr tout d'abord nécessaire d'obtenir le transgène, nous ne détaillerons pas cette étape et nous contenterons de signaler que le transgène peut être fait à partir de 3 sources différentes : fragments d'ADN (coupés par des enzymes dites de restriction puis séparés par électrophorèse), ARN (transformé en ADN par une enzyme appelée transcriptase inverse - ce qui facilite la séparation et évite les introns), synthèse (réellement possible depuis quelques années grâce à la contribution de l'électronique) d'un gène existant (pratique pour copier les gènes d'eucaryotes supérieurs, difficilement séparables étant donné leur nombre) ou non (ce qui ouvre des possibilités énormes). On arrive ensuite au corps du problème : l'incorporation du transgène au génome de la cible. Pour cela on peut soit procéder par micro-injection (ou des méthodes similaires) dans le cas de cellules de grandes tailles (pour une cible pluricellulaire, la cellule devant se multiplier, ce doit être fait soit sur un gamète soit une cellule E/S) soit l'incorporer à un système vectoriel (plasmide, virus,... - le terme vecteur fait référence à un transport) le transmettant à la cible. La deuxième possibilité a l'inconvénient de ne pas (généralement) contrôler le nombre de copies du transgène, ce qui impose un tri des cellules afin de n'obtenir que celles recherchées (pour cela, on rajoute généralement au transgène un gène de résistance à un antibiotique mais cela devrait être bientôt interdit). Une fois le gène transmit, il ne lui reste plus qu'à s'exprimer correctement (ce qui ne marche pas toujours comme on l'avait prévu, notamment à cause d'interactions avec les autres gènes, d'autant plus qu'on se maîtrise pas toujours le lieu d'insertion du transgène). 1.3 Quels sont les dangers des OGM ? C'est bien sûr la question principale, à laquelle nous pouvons maintenant répondre. La transgénose n'est pas dangereuse en soi, mais ceci ne veut pas dire que les dangers n'existent pas. Séparons les dangers "directs" et "indirects" : - Les dangers que nous qualifions de "directs" sont ceux dus à la présence de matières ou d'organismes nocifs pour l'homme, produit soit par le gène lui-même soit par le procédé de transgènose, notamment dans le cas de gènes herbicides, fongicides, etc. Notons que l'ADN peut coder des enzymes effectuant presque n'importe quelle réaction chimique (à quand les géraniums émettant un gaz de combat ?), on peut donc, dans un OGM, trouver quasiment toutes les molécules immaginables. - Les dangers "indirects" correspondent aux risques d'assimilation du transgénose (ou de son acquisition par croisement) et surtout aux risques de perturbation de l'équilibre naturel (bien que ce danger existe déjà avec les plantes "normales" il est bien plus grand avec des "super-plantes"). Cette assimilation, variable selon les espèces (les bactéries digestives par exemple assimilent très facilement un gène) et favorisée par l'utilisation de vecteurs trop stables, est particulièrement dangereuse dans le cas de : - Procédés utilisant des gènes de résistance aux antibiotiques comme marqueurs du transgène. Ce gène pourrait en effet être transmis à des virus par exemple. - L'ajout du gène Terminator, qui permet de rendre une plante génétiquement stérile. En plus d'obliger les paysans à acheter des nouvelles semences tous les ans, son assimilation est synonyme de stérilisation. Les OGM représentent donc un danger en rapport avec leurs qualités, comme c'est le cas d'ailleurs pour toutes les technologies mis à part qu'aucune n'a un si grand potentiel. Ceci nous pousse à affirmer que les OGM ne doivent pas être aux mains de grands trusts internationaux ou de lobbies ; ce qui, dans un état capitaliste, revient à dire que qu'ils ne doivent pas être utilisés ni même être l'objet de recherches privées, qui n'ont de raison d'être qu'une espérance de dérèglementation. De plus, les OGM sont aussi un prétexte pour breveter le "vivant" (ce qui est autorisé aux Etats-Unis depuis 1985), ce qui en dehors du problème éthique pose un problème de dépendance des agriculteurs par rapport aux grandes entreprises. Il n'est cependant pas concevable de refuser cette avancée scientifique et technologique pour une autre raison que celles-là (notamment par conservatisme) ; c'est pourquoi la recherche publique, dans la mesure où elle est réellement publique (ce qui est de moins en moins vrai), doit pouvoir continuer d'étudier le génie génétique. PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com 2. Réglementation et utilisation des OGM 2.1 En France et en Europe En France, la dissémination d'OGM est autorisée au cas par cas suivant l'avis de la Commission du Génie Biomoléculaire créée 1985. Depuis 1992, ses décisions prennent effet dans le cadre de la réglementation eur opéenne et notamment la directive 90/220/CEE abrogée par la directive 2001/18/CE. Les nouvelles autorisations sont cependant bloquées par un moratoire de juin 1999. 2.1.1 La Commission du Génie Biomoléculaire (CGB) La CGB est constituée de 18 membres tous nommés : ⇒ 11 "experts" nommés par les ministres de l'environnement et de l'agriculture ⇒ 1 "expert" juridique ⇒ 1 représentant des industries ⇒ 1 représentant de la production agricole... mais pas question bien sûr d'y trouver la Confédération Paysanne par exemple. ⇒ 1 représentant d'une association de défense des consommateurs ⇒ 1 représentant d'une association de défense de l'environnement ⇒ 1 représentant des salariés travaillant avec des OGM ⇒ 1 membre de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques Toute demande qui lui est adressée doit être accompagnée d'un volumineux dossier contenant les résultats de tests censés démontrés que l'OGM en question est inoffensif. Pour une demande de mise sur le marché, ce dossier sera transmis aux autorités compétentes des autres pays européens, dont l'accord est nécessaire. 2.1.2 La réglementation européenne Le principal texte de la réglementation européenne est la directive 2001/18/CE, qui remplace, depuis octobre 2002, la directive 90/220/CEE transposée en droit Français en 1992. Ce texte comprend, en plus d'articles relatifs à la procédure d'autorisation des OGM, une "clause de sauvegarde" (article 23) et des références à l'étiquetage. La clause de sauvegarde permet à un pays, sous réserve de l'existence de raisons officielles, de suspendre sur son territoire l'autorisation d'un OGM ; ceci a été appliqué en France à 3 variétés de Maïs et 2 de colza. Par rapport à l'étiquetage, le texte prévoit un seuil au-dessous duquel on pourra trouver toutes sortes d'OGM (y compris des variétés reconnues comme dangereuses) sans même le signaler au consommateur ; au-delà de ce seuil l'étiquetage sera obligatoire. Cet étiquetage ne s'appliquera pas cependant à tous les produits issus d'OGM, notamment aux animaux nourris aux OGM. De plus, à l'heure du toutsécuritaire on peut s'étonner de ne voir aucune sanctions s'appliquant au non-respect de ces règles : en effet, on a pu voir en août 2002 des lots de semences de maïs étiquetés "sans-OGM" commercialisés après que le ministère ait pourtant avoué que le quart de ces semences contenaient des OGM. Ce fameux seuil a récemment été choisi à 0,9% ... ce qui est énorme étant donné le danger que représentent les OGM, qui, sous ce seuil, n'ont même pas besoin d'être autorisés. 2.1.3 Le moratoire A cette réglementation s'ajoute un moratoire "de facto" décidé en 1999. Le terme "de facto" indique que ce moratoire n'a aucune réalité juridique. Il s'agit en fait de deux déclarations qui se sont opposées à toute nouvelle autorisation de mise sur le marché, chaque Etat pouvant exprimer une "objection motivée" à ces autorisations. La première déclaration, provenant de l'Autriche, la Belgique, la Finlande, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suède, invoque une inquiétude du public, laissant paraître que le moratoire prendra fin dès que les consommateurs auront été soit rassurés par la propagande soit mis devant le fait accompli. La seconde déclaration, portée par la France, suivie par la Grèce, le Danemark, l'Italie et le Luxembourg, s'oppose aussi à la simple culture d'OGM et annonce l'intention de ne pas appliquer la directive européenne tant qu'une nouvelle réglementation plus sûre et transparente n'aura pas été décidée. Ce moratoire (qui n'est plus supporté que par la Grèce, le Danemark, l'Italie, le Luxembourg et l'Autriche) est aujourd'hui remis en cause sous prétexte d'un durcissement de la loi (qui est de plus très discutable). La France s'appuie pour cela sur une recommandation des Académies de médecine et des sciences en décembre 2002, selon lesquelles "la réglementation européenne des OGM est très sévère et de nature à freiner les investissements" et "L'exigence d'un seuil d'étiquetage et d'une traçabilité du produit peuvent se traduire par des conséquences commerciales dommageables"... nos "experts scientifiques" se seraient-ils transformés en économistes ? De plus, la France ne se prive pas de légitimer les OGM en tentant de nouveau d'enfermer José Bové qui s'en est pris aux culture autorisées par la directive que notre gouvernement prétendait ne pas vouloir appliquer. Une négociation visant à levée ce moratoire est donc prévue très prochainement. PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com 2.1.4 Utilisation des OGM Actuellement, bien que ce moratoire empêche toute nouvelle autorisation, il y a déjà eu en France près de 1000 autorisations de disséminations et 18 (dont 14 pour des végétaux) autorisations de mise sur le marché (autorisations valables 10 ans). Voyons quels sont les modifications censées combattre la faim dans le monde : De plus, tous les végétaux génétiquement modifiés mis sur le marché (à l'exception de quelques oeillets) correspondent à un gène de résistance aux herbicides et aux insectes ; pas la moindre trace par exemple d'OGM plus nourrissants ou riches en vitamines. source : CGB 2.2 Dans le reste du Monde 2.2.1 L'économie agroalimentaire Il est clair que les OGM sont poussés par un très fort lobby agroalimentaire, intéressons-nous plus précisément aux sommes en jeu. Le chiffre d'affaire total du secteur agricole est de l'ordre de 30 milliards de dollars (dont 1,5 milliards pour les OGM en 1998), partant dans les poches de trusts étendant leurs activité aux secteurs chimiques (ex: DuPont de Nemours) et pharmaceutiques (ex: Novartis). Entre 1995 et 1998, le CA du secteur OGM a été multiplié par 20. Société CA global (milliards $) CA agricole (milliards $) Monsanto 8,6 3,3 Novartis 21 5,6 Avantis 20 4,5 DuPont de Nemours Zeneca (OGM négligeables) 24,8 (hors act. pétrolières) 3,2 9,8 3 PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com 2.2.2 Les autorisations Il faut noter que certains pays (d'Afrique notamment) ne possèdent encore aucune réglementation sur les "nouveaux aliments", les OGM n'y sont donc pas interdits, bien que n'étant pas explicitement autorisés. 2.2.3 Les OGM dans les pays du Sud Les pays du Sud, qui importent massivement des céréales des Etats-Unis, sont les plus exposés aux OGM. Le problème des OGM se pose donc de manière urgente, d'autant plus qu'il n'est bien sûr pas possible de mettre en place un étiquetage et encore moins de permettre aux populations mal-nourries de choisir leur nourriture. Il est donc nécessaire de trancher : soit les OGM sont complètement interdits, soit ils sont autorisés. D'après les partisans des OGM, il faudrait les autoriser afin de combattre la famine ; et ils n'hésitent pas à faire des dons d'OGM pour appuyer cette idée. Cependant, il serait bien plus rentable, dans ces pays où plus des 3/4 des paysans ne possèdent même pas la traction animale, d'améliorer le matériel et le terrain (les végétaux occidents sont prévus pour les sols enrichis et sont, dans le Sud, limités par le terrain plutôt que par la plante) par des irrigations, des terrasses, etc. De plus, la majorité des OGM sert à résister aux herbicides, herbicides ne pouvant pas être achetés par les paysans du Sud. Les OGM ne servent donc à rien dans ces pays, pourquoi alors sont-ils l'objet d'une telle bataille diplomatique ? La seule explication plausible est qu'il s'agit d'une opération de communication des grands trusts de l'agroalimentaires qui tentent de montrer que : • les OGM ont un rôle humanitaire puisqu'ils combattent la famine • les OGM ne sont pas dangereux : en effet, il est impossible dans les pays pauvres de relever les problèmes dus aux OGM PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com 3. L’Eugénisme 3.1 Qu’est-ce que l’eugénisme ? L' eugénisme, ou eugénique, est la science qui étudie et met en œuvre les moyens d’améliorer l’espèce humaine, fondée sur les progrès de la génétique. 3.2 Rappels historiques Le terme vient du physiologue britannique Galton (1822-1911) qui l’a définie comme « l’étude des facteurs socialement contrôlables qui peuvent élever ou abaisser les qualités raciales des générations futures, aussi bien physiquement que mentalement. » Si le XXe siècle a connu des évènements notables dans ce domaine, les pratiques eugéniques n’ont pas attendu Galton. Lévi-Strauss, dans Les structures élémentaires de la parenté, fait remarquer que toutes les sociétés quelles qu’elles soient ont en commun la prohibition de l’inceste, c’est-à-dire l’interdiction de certaines formes d’union (par exemple père-fille ou frère-sœur). Certains ont interprété cela comme une tendance eugénique naturelle, la limitation des unions consanguines diminuant les risques que l’individu soit homozygote pour un gène récessif qui entraînerait un désavantage. Cependant, si l’universalité de cette règle sociale montre bien quelle est en partie naturelle, ses différences de mise en œuvre dans chaque société, c’est-à-dire son aspect culturel, semblent contredire l’hypothèse d’une tendance eugénique naturelle. On constate en effet que cette règle peut dans certains cas interdire des unions qui n’ont rien de génétiquement nuisible ( par exemple parrain-filleul dans la chrétienté) ou au contraire autoriser des unions potentiellement nuisibles pour un enfant qui en résulterait (les lois françaises autorise sans restriction les unions entre cousins germains alors que celles-ci ont le même coefficient de consanguinité que les unions demi-frère – demi-sœur, qui elles sont interdites. Ainsi, lorsqu’on s’attarde sur l’aspect culturel de la règle de prohibition de l’inceste, l’hypothèse d’une « eugénique instinctive », forgée au regard de son aspect naturel, semble devoir être remise en cause. En dehors de cela, certaines sociétés n’ont pas hésité à mettre en œuvre une eugénique institutionnalisée : par exemple, à Sparte, un conseil des anciens décidait pour chaque nouveau-né s’il était de constitution suffisamment robuste pour être gardé ou s’il devait être éliminé. On constate que cela a peu servit à Sparte, qui ne joua aucun rôle dans ce qu’on appelle le « miracle grec » et qui ne fut guère plus brillante qu’Athènes sur le plan purement militaire. On a vu aussi avec le régime Nazi les terribles dérives qui surviennent quand une idéologie raciste prône l’eugénisme comme moyen d’extension d’une race dominante. Notons aussi qu’à cette même période, des émules de Galton ont procédé à des essais d’eugénisme aux Etats-Unis (travaux de Charles Davenport au Centre expérimental pour l’étude de l’évolution à Cold Spring Harbor, vers New-York), en France (création en 1941, sous Vichy, de la Fondation française pour l’étude des problèmes humains par A. Carrel), dans les pays scandinaves, … 3.3 L’eugénisme dans les conditions techniques actuelles La possibilité aujourd’hui de procéder à des diagnostiques prénatals par l’échographie ou l’amniocentèse (prélèvement par ponction d’un peu de liquide amniotique), qui permettent la détection de malformations et d’anomalies génétiques, ouvrent un champs de réflexion complexe toujours sujet à débat. Il faut bien ici distinguer entre deux types d’eugénique : l’eugénique positive, qui consiste à favoriser l’apparition de certains caractères, et l’eugénique négative, qui consiste à éliminer des caractères héréditaires. Dans le premier cas, la méthode consistant à créer des « haras humains », tels qu’ont pu le faire les nazis, est bien entendu en tous points contestable, et principalement dans le fait qu’elle nie l’humanité d’un certain nombre d’êtres humains en les privant de leur liberté et les réduisant à l’état de reproductrices et de reproducteurs. Le projet lui-même, celui de créer une « race supérieure », est stupide et dangereux comme nous le verrons plus loin (cf. 1.4). Cependant, les progrès techniques ont permis un autre type d’eugénique positive qui consiste à modifier avant la naissance des anomalies génétiques du fœtus. Quand cela peut permettre au futur enfant comme aux parents d’éviter une vie de souffrance, cela paraît très intéressant et difficilement condamnable. Cependant, c’est uniquement dans ce type de cas que l’on peut accepter cette méthode : elle devient en effet inacceptable dans les cas où il s’agit de faire correspondre le futur enfant à des préférences personnelles (sexe, couleur des yeux, de la peau, des cheveux, …). Pour ce qui est de l’eugénique négative, on ne peut, toujours pour des questions de respects de l’humanité et de la différence, décider de l’élimination des handicapés mentaux, ou de toute autre personne dont les caractéristiques déplairaient. Le problème aujourd’hui se pose lors de la détection d’anomalies incurables grâce aux diagnostiques prénatals. Comme pour les cas d’avortement plus courants, il s’agit de ne pas hurler « la vie à tout prix » lorsque justement les vies entières d’un couple et d’un enfant sont en jeux. Il revient donc aux parents de décider s’ils sont prêts à sacrifier leur projet d’existence pour s’occuper d’un enfant victime de difficultés physiques ou mentales, PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com ou bien s’ils préfèrent renoncer à faire naître le fœtus, c’est-à-dire renoncer à lui donner une existence humaine véritable, et non simplement une existence sociale fictive, afin d’éviter à trois personnes une vie difficile. Dans les deux cas, on constate que la question de l’eugénisme est finalement absente des décisions : il ne s’agit nullement d’améliorer l’espèce en tant que telle, mais de faire en sorte que les conditions sociales d’existence pour l’enfant et les parents soient les meilleures possibles. On peut alors se demander si finalement l’eugénique n’est pas une question illusoire qui en recouvre d’autres. 3.4 L’eugénisme : un faux problème ? Poser la question de l’amélioration de la race humaine, c’est poser la question de savoir sur quel critère un être humain peut-il être considéré comme meilleur qu’un autre. En effet, l’éleveur ou le cultivateur qui cherche à obtenir par la sélection le meilleur animal ou la meilleure plante possible se base sur un critère précis : ainsi une vache résultant de croisements sélectionnés pour la qualité de la viande peut-elle être jugée supérieure à une vache à lait sur le plan de la viande ; mais le rapport s’inverse si le critère considéré est celui du rendement en lait. Finalement, il semble impossible de concevoir une amélioration en soi de l’espèce. Un siècle durant, on a cru que la génétique pourrait, en identifiant les gènes bons et les gènes néfastes, répondre à ce problème de la détermination d’un « mieux » humain. Ceci explique le renouveau des théories eugéniques au XXe siècle. Mais les avancées en génétique ont montré qu’une telle vision était extrêmement simpliste. En effet, un gène n’est pas « bon » ou « mauvais » : il a toujours différentes fonctions qui peuvent être tantôt bénéfiques tantôt néfastes. Par exemple, on a découvert qu’un gène responsable d’une anomalie mortelle de l’hémoglobine chez les homozygotes protège les hétérozygotes contre le paludisme ! Le darwinisme a montré que si un gène a pu se conserver, c’est qu’à un moment ou à un autre il a eu un effet bénéfique. Ainsi croire que l’on peut fonder une eugénique sur l’étude des conséquences phénotypiques des gènes est totalement illusoire. Finalement, comme l’a montré Albert Jacquard dans son ouvrage justement nommé Eloge de la différence, le meilleur moyen d’améliorer l’espèce n’est autre que de préserver sa diversité, c’est-à-dire de renoncer à tout eugénique réductrice. En fait, on l’a vu au sujet du choix des parents par rapport au diagnostique prénatal, le problème est toujours celui de rechercher les meilleures conditions sociales d’existence. L’illusion des défenseurs de l’eugénisme est de croire que cette amélioration passe par une amélioration biologique de l’espèce. On peut donc dire pour conclure que la meilleure eugénique n’est autre que le refus de toute eugénique en tant que telle, que la préservation de la diversité génétique et culturelle et la recherche et l’établissement des meilleures conditions sociales d’existence possibles. 4. Le clonage humain 4.1 Qu’appelle-t-on clonage ? A l’origine, le clonage désigne une technique de reproduction de végétaux qui consiste à courber la tige d’une plante afin d’en enfouir le sommet dans la terre, puis de sectionner la tige une fois que des racines sont apparues, de manière à obtenir deux plantes identiques. C’est pourquoi le mot « clonage » est dérivé du grec « klôn » désignant une tige souple. PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com Aujourd’hui, le clonage désigne un ensemble de techniques permettant d’obtenir une ou plusieurs cellules génétiquement identiques à la cellule d’origine. Pour cloner un être vivant, on peut : - Soit, au niveau embryonnaire, provoquer une séparation de manière à obtenir artificiellement de vrais jumeaux. - Soit prélever une cellule d’un être vivant, en isoler le noyau et le réintroduire dans ovule énucléé (dont on a enlevé le noyau), qui une fois développée in utero donnera naissance à un être vivant génétiquement identique à celui sur lequel avait été prélevée la cellule d’origine. Il faut distinguer deux types de clonage : le clonage reproductif et le clonage non reproductif. Dans le premier cas, on donne naissance à un individu génétiquement identique à celui sur lequel a été prélevée la cellule (ou à celui issu de la cellule à partie de laquelle a été réalisée une scission). Dans le second cas, il s’agit uniquement de produire des cellules génétiquement identiques à partir d’une cellule d’origine, mais il n’est pas question de mener la croissance d’un embryon jusqu’à son terme. tatives ont depuis été nombreuses : fin 2001, la société américaine Advanced Cell Technologie (ACT) annonçait avoir cloné un embryon humain, mais l’expérience échoua. Quelques mois après naissait CC, une petite chatte clonée à partir de cellules de Rainbow. Le dernier rebondissement eu lieu début 2003 avec l’annonce des raëliens d’avoir fait naître le premier clone humain. Probablement un coup médiatique bidon, cet événement a eu le mérite de relancer le débat sur le clonage humain, dont nous allons essayer ici de présenter les principaux enjeux. Ce type de technique est expérimenté depuis les années 50. Cependant, ce n’est qu’avec l’entrée en scène de Dolly, la brebis clonée, en 1997, que le clonage des êtres vivants est devenu une réalité. Les ten- PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com 4.2 Les perspectives du clonage humain non reproductif Utilisé depuis longtemps, le clonage humain non reproductif ne pose pas vraiment de problème étique et a beaucoup d’applications médicales possibles. Mais quel est l’intérêt d’utiliser le clonage pour reproduire des cellules ? Jusqu’à peu, on pensait qu’une fois différenciée (c’est à dire une fois qu’il a été décidé si la cellule serait une cellule de peau, de muscle, …), une cellule ne pouvait plus être à l’origine d’un être complet. Or Dolly a montré qu’on pouvait, à partir d’une cellule somatique (c’est-à-dire différenciée) obtenir des milliers de cellules de peau pour un grand brûlé, de moelle pour quelqu’un atteint de leucémie, …, le tout en évitant les problèmes de rejet de greffe. 4.3 Aspects juridiques Lorsque l’on se penche sur la dimension légale du clonage, force est de constater qu’il existe un flou total sur cette question. Au niveau national, il n’existe pas vraiment de législation. Le comité consultatif national d’éthique (CCNE), dans son rapport d’avril 1997, se prononce contre le clonage humain : « semblable entreprise doit être définitivement proscrite » . Cependant, ce texte n’est qu’incitatif et non contraignant. Mais dans ce même texte, le CCNE estime que le clonage humain reproductif est interdit par l’article 16-4 du Code Civil : « Nul ne peut porter atteinte à l’intégrité de l’espèce humaine. Toute pratique eugénique tendant à l’organisation de la sélection des personnes est interdite. Sans préjudice des recherches tendant à la prévention et au traitement des maladies génétiques, aucune transformation ne peut être apportée aux caractères génétiques dans le but de modifier la descendance de la personne. » Le problème de cet article est qu’il ne mentionne pas explicitement le clonage humain reproductif, c’est-à-dire que tout repose sur l’interprétation que l’on fait des termes d’« intégrité » et d’« humanité ». De plus, rien dans le code pénal ne s’opposerait à une loi autorisant le clonage humain reproductif. Au niveau international, une convention ratifiée en janvier 1998 par les 40 états du Conseil de l’Europe (rejoints par l’Australie,, le Canada, les Etats-Unis, le Japon et le Saint-Siège) interdit « toute intervention ayant pour but de créer un être humain génétiquement identique à un être humain, vivant ou mort ». C’est le seul texte international contraignant. En effet, la déclaration universelle de l’UNESCO de 1997 sur le génome humain et les droits de l’homme, adoptée en 1999 par l’Assemblée Générale des Nations Unis, qui estime que des pratiques « telles que le clonage à des fins de reproductions d’êtres humains ne doivent pas être permise » (art. 11), n’a qu’une valeur déclarative. Il existe cependant une possibilité de recours a posteriori devant la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui prévoit la condamnation de l’état responsable à verser une « satisfaction équitable ». Ainsi, d’après cette convention, la « dignité humaine » s’achète… 4.4 Idées reçues et arguments discutables contre le clonage humain reproductif Le clonage humain a souvent fait fantasmer les médias et les auteurs de sciences fiction. Il faut donc dissiper quelques idées reçues. L’image que l’on a de deux ou plusieurs individus parfaitement identiques est fausse. Parce qu’ils auront des conditions de développement différentes, et notamment des apports protéiques cytoplasmiques, l’individu cloné et son clone, même s’ils n’ont qu’une très faible différence d’âge, se ressembleront moins que des vrais jumeaux. Et quand bien même la ressemblance serait totale, l’individualité est principalement constituée par des facteurs épigénétiques (qui ne relèvent pas de la génétique) : il n’y a pas de confusion entre les éléments constitutifs de l’individualité de deux vrais jumeaux ! On sera parfaitement conscient qu’ils ne sont pas la même personne ! Ainsi, si le clonage humain reproductif peut être une atteinte à la dignité humaine, il n’est pas une atteinte à la dignité de la personne humaine. Un autre argument peut être modéré : celui selon lequel l’individu cloné serait engendré pour une finalité autre que sa simple existence. Si l’on y regarde de plus près, on choisit rarement d’engendrer un être humain uniquement pour le voir grandir et s’épanouir : il y a toujours une part d’égoïsme, même inconscient : on recherche toujours à la fois son plaisir personnel et l’existence éternelle à travers ce « petit soi-même » : le reproche de création pour une finalité extérieure peut donc tout aussi bien s’appliquer à la procréation traditionnelle. Enfin, on peut constater que les raisons qui nous poussent à rejeter le clonage humain sont pour beaucoup relatifs à notre culture occidentale. Si l’on rend le problème par exemple d’un point de vu bouddhiste, le fait que le clonage remet en cause la simplicité de la res cogitans, du « soi individuel », ne pose aucun problème ! Cependant, le bouddhisme rejetterait certainement le clonage humain, notamment à cause de la souffrance (qui englobe aliénation et servitude) qu’il peut causer, le bouddhisme se donnant pour but d’alléger la quantité de souffrance. PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com 4.5 Les motifs d’autorisation éventuels Y a t-il certains cas où le clonage humain reproductif peut sembler intéressant ? Le clonage de proches décédés peut paraître tentant : en fait, c’est reprendre l’idée antique de l’immortalité de l’âme et une vision mystique de la génétique. Dans les cas de stérilité, le clonage humain est inutile, puisqu’il existe d’autres procédés. De plus, l’enfant n’héritera du patrimoine génétique que de l’un des parents. Un autre cas serait l’utilisation de clones comme « réservoir d’organes transplantables » : quand un organe est défaillant, on le remplace par celui du clone… Bien sur, une telle attitude de « sacrifice humain » qui met le clone au rang d’objet est inacceptable dans une perspective d’égalité entre les hommes. Reste alors un cas plus problématique : celui par exemple d’un enfant leucémique qui aurait besoin d’une greffe de moelle osseuse. La vie de l’enfant pourrait être sauvée en faisant naître un clone dont on prélèverait de la moelle qui serait parfaitement compatible avec l’ADN de l’enfant. Cependant, n’y a t-il pas instrumentalisation du clone ? Ce type de situation ne semble pas pouvoir être résolu d’une manière générale et nécessite un examen au cas par cas. On peut toutefois préciser que si l’on pouvait maîtriser la différentiation cellulaire, on pourrait faire en sorte d ‘obtenir des cellules de moelle osseuse compatibles sans avoir besoin de « créer » un individu complet : ainsi l’amélioration du savoir-faire génétique permettrait d’éviter le clonage humain reproductif. 4.6 Pourquoi s’opposer au clonage humain reproductif ? En premier lieu, le clonage humain reproductif ne sert à rien. Dans le cas de l’enfant leucémique, nous avons vu que si dans l’état actuel des connaissances le clonage reproductif aurait un intérêt certain, une amélioration de nos connaissances scientifiques et techniques permettrait de s’en passer. Mais surtout, l’existence du clonage humain reproductif poserait de graves problèmes sociaux. La mise en place d’un programme de recherche à grande échelle nécessiterait, étant donné les taux de réussite, l’utilisation de très nombreuses femmes : cela signifie, même si elles sont bien payées, un système d’esclavagisme, sexiste qui plus est. De plus les clones sauraient qu’ils sont des clones et seraient connus comme tels : on court alors le risque d’une oppression spécifique… des clones ! Nombreuses sont les voix pour dire que les clones ne seraient pas vraiment des humains, même dans la communauté scientifique. Enfin, une des conséquences les plus néfastes serait la rupture du processus de filiation. La reproduction par clonage est une reproduction asexuée : il n’y a pas de « mère » ou de « père ». Or, si la famille est un élément source d’oppression sociale, la filiation est un élément indispensable dans la constitution du sujet, dans n’importe quelle société. Il y aurait donc un risque de crise d’identité chez les clones et une déstabilisation de la société. Certes pourraient être arbitrairement instaurées des règles légales : selon l’écart, le clone serait « l’enfant » ou « le frère / la sœur » de l’individu cloné. Cependant, on voit que cela nécessite des lois pour régir les rapports sociaux et donc limite les capacités d’émancipation de la société : sa cohérence est dépendante de la légalité. Conclusion : Clonage et capitalisme Le principal problème du clonage est son inscription dans une société capitaliste. Les dérives de son utilisation sont dues aux énormes marchés qu’il représente. En effet, rappelons que le clonage humain reproductif ne sert à rien du tout. Si certains laboratoires privés cherchent à l’effectuer, c’est uniquement pour des questions de publicité et de notoriété, et aussi pour faire payer quelques milliardaires déjantés désirant se faire cloner. En dehors de cela, les véritables intérêts thérapeutiques du clonage résident dans le clonage nonreproductif. Le problème, c’est une fois de plus que les recherches sont confiées à des laboratoires privés dont le but est le profit ; de plus le système de concurrence entre les différents laboratoires empêche une coopération totale et ralentit les recherches. Ainsi, ce qui doit être réclamé, c’est l’interdiction totale du clonage humain reproductif, aux niveaux civil, pénal et international. Egalement l’augmentation des fonds publics alloués à ces recherches et l’obligation pour les laboratoires privés de communiquer les résultats de leurs travaux, c’est-à-dire l’interdiction de breveter des recherches d’intérêt public. Enfin reste le débat sur l’autorisation des recherches sur les embryons. Personnellement, il me semble que les perspectives médicales sont si importantes que quelques concessions peuvent être faites, du moment que l’on s’interdit catégoriquement de mener à terme la naissance d’un clone humain. PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com Conclusion générale : Nature et émancipation Dans le cas du clonage, de l’eugénisme ou des OGM, on constate la volonté de s’émanciper de la nature jusque dans les mécanismes de la reproduction. Il existe un lien évidant avec le fait que le mode de production capitaliste est totalement incompatible avec les rythmes de la nature. La tentation pourrait être grande, pour nous qui luttons contre toutes formes d’aliénation, de considérer ces techniques comme un moyen de se libérer de l’une d’entre elles. En fait, en s’émancipant complètement de la nature, on se soumet à une aliénation beaucoup plus forte due à la nécessité de lutter constamment contre elle. Finalement, vouloir s’émanciper de toute forme de domination ne nécessite pas de s’émanciper de la nature, mais au contraire de la respecter et la sauvegarder en tant que condition de notre existence. Bibliographie ⇒ ⇒ ⇒ Albert Jacquard, Eloge de la différence : la génétique et les hommes , Paris, Seuil, 1978 Marc Augé (sous la direction de), Le clonage humain, Paris, Seuil, 1999 Ouvrage collectif, Faut-il vraiment cloner l’homme, Paris, PUF, 1999, coll. Forum Diderot PDF created with FinePrint pdfFactory trial version http://www.fineprint.com