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Prévention mission PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS Revue trimestrielle - Éditée par la CGSS de La Réunion - juin 2012 - Numéro 57 CAISSE GÉNÉRALE DE SÉCURITÉ SOCIALE DE LA RÉUNION TRAVAIL TEMPORAIRE DES OUTILS POUR PROGRESSER P2 / focus cance réunion, Entreprise utilisatrice, intérimaire ou salarié, la sécurité est une priorité P6 / Entreprise : Adecco Sensibiliser les hommes et accompagner les entreprises P3 / Nos Droits P7 / Partenaire : Dieccte Réunion P4-5 / Dossier : Interim P8 / Bloc Note Travailler l'accueil et la santé C.G.S.S. Réunion LA LIGNE PRÉVENTION éditorial L’activité de l’intérim reste aujourd’hui, au niveau national, l’un des secteurs à plus forte sinistralité en matière de risques professionnels. En 2009, le taux de fréquence des accidents du travail avec arrêt était 2 fois plus élevé pour les intérimaires que pour les salariés des entreprises toutes activités confondues. La durée moyenne d’arrêt liée à un accident s’élevait à 66 jours et celle liée à une maladie professionnelle à 206 jours. FOCUS CANCE REUNION, ENTREPRISE UTILISATRICE INTERIMAIRE OU SALARIE, LA SECURITE EST UNE PRIORITE N°1 de la métallerie dans l'île, Cancé Réunion s'est également imposée dans les secteurs de la charpente métallique et de l'alu. Elle est particulièrement attentive à la sécurité des ses salariés et bien entendu des intérimaires qu'elle accueille. Rencontre avec quatre de ses hommes… dont une femme. De nombreuses actions ont été initiées dans ce secteur mais les résultats restent, à ce jour, très perfectibles. L’Assurance Maladie – Risques Professionnels a choisi de faire du travail temporaire l’une de ses priorités. Ses principaux objectifs : améliorer la prise en compte de la prévention des risques professionnels dans les agences d’emploi (AE) et les entreprises utilisatrices (EU), obtenir une réelle modification des pratiques, capitaliser les bonnes pratiques pour les promouvoir notamment auprès des branches professionnelles. Sur la période 2009-2011, près de 2500 diagnostics dans les AE et 5400 dans les EU ont été réalisés par les CARSAT/CRAM/CGSS. Les résultats de ces enquêtes ont permis de définir des axes prioritaires d’amélioration. Pour les AE, ils concernent la formation des permanents, les caractéristiques des postes de travail et les enquêtes AT; pour les EU, la gestion de la prévention, l’accueil et la formation du salarié intérimaire, les caractéristiques des postes de travail et les enquêtes AT. Pour aider les entreprises concernées, des outils ont été élaborés et mis à leur disposition : une fiche de liaison, un guide à l’usage des AE et un guide de bonnes pratiques à l’usage des AE et EU. Ces outils vous sont présentés en page 8 de ce numéro, à la rubrique « Les outils ». Vous pourrez également lire dans ce numéro les témoignages d’une EU et d’une AE, qui utilisent ces outils afin de prévenir les risques professionnels des salariés intérimaires qui interviennent dans leur entreprise ou qu’elle délègue. Dévy LEBLANC Mission Prévention vous ouvre une page ! Vous avez des questions, des suggestions, des remarques à nous faire partager… n’hésitez pas à nous écrire… CGSS - Prévention Rubrique Courrier des lecteurs 4 Bd Doret - 97704 Saint-Denis CEDEX 09 Mail : [email protected] LA LIGNE PRÉVENTION 2 Dominique Lannebère Directeur Jacklin Hoareau Chef d'atelier Nous avons 40 salariés répartis de façon équitable entre administration, atelier et chantiers. Nous avons opté pour l'annualisation du temps de travail. Cela permet de travailler de 24 à 42 h par semaine en fonction de la demande. En cas de pics d'activité plus importants, nous faisons appel à des intérimaires. Nous les embauchons généralement pour des missions de six semaines minimum. Nous en accueillons régulièrement, ce qui correspond à 5 équivalents temps plein (ETP) en moyenne. Leurs profils sont très différents. En atelier nous pouvons faire appel à des intérimaires qualifiés en lecture de plan, en soudure… sur les chantiers, il s'agit principalement de manœuvres et pour les tâches administratives ce sont généralement des bac+2. Nous employons des soudeurs, des assembleurs, des manœuvres. Quand l'intérimaire arrive, je l'accueille : je lui explique le fonctionnement général de l'atelier, les règles de sécurité, de tri… et lui présente la machine sur laquelle il va travailler. Je lui remets aussi un plan de l'atelier qui comporte tous les postes de travail et les noms de chaque salarié, afin d'humaniser la relation. Ce document détaille également les consignes de sécurité (équipements obligatoires, machines auxquelles il n'a pas accès…), le poste de travail et les référents… Une fois toutes ces informations données, je co-signe cette fiche avec l'intérimaire. Maryvonne Thirel Assistante Commerciale et Comptable Je recueille les demandes internes et j'interroge les entreprises d'intérim. Nous travaillons avec deux agences : Adecco et Alter Ego. En collaboration avec elles, nous avons mis au point une fiche détaillée pour nos demandes de personnel intérimaire. Ce document précise entre autres : les principales tâches à effectuer, les risques liés au poste de travail, les dispositifs de sécurité prévus par Cancé, les équipements individuels de protection… C'est le chef d'atelier ou le conducteur de travaux qui remplit la fiche et je me charge de la transmettre à l'agence d'intérim. Olivier Blondeau Responsable production qualité et conducteur de travaux Sur les chantiers, les intérimaires sont accueillis par le conducteur de travaux ou le chef de chantier. Ce dernier leur présente leur référentaccompagnant, le site, le chantier et son environnement, leur poste de travail et bien sûr les risques inhérents. Nous insistons beaucoup sur le port des équipements de protection individuels. A l'exception des chaussures et du bleu de travail que l'intérimaire apporte, nous lui fournissons tous les EPI nécessaires (gants, bouchons d'oreille, lunettes…). Nous lui remettons également un T-Shirt aux couleurs de Cancé, attestant qu'il fait partie intégrante de la société le temps de sa mission. Nous lui donnons lecture de notre Plan particulier de sécurité et de protection de la santé (PPSPS). Le document est bien sûr co-signé à l'issue de cette présentation. Cancé, une société familiale Fondée en 1961, Cancé est une société familiale française qui a forgé sa réputation dans le domaine de la charpente métallique. Avec 1 000 tonnes de charpente/semaine, elle se situe aujourd'hui au 2e rang sur le plan national. Créée en 2004 et gérée par Bertrand Cancé, le fils du fondateur, Cancé Réunion est l'une de ses filiales. nos droits Jurisprudence Accident du travail, intérim et présomption de responsabilité de l’employeur CASS.2e civ, 16 févr, 2012, n° 11-12.143 Editions législatives - Dictionnaire permanent – Bulletin N° 342 avril 2012 Etudes « Travail temporaire » et « Faute inexcusable » Le fait que l’entreprise utilisatrice n’ait pas établi une liste des postes « à risques » ne suffit pas à faire jouer la présomption légale de faute inexcusable en cas d’AT. En matière d’accident du travail, les entreprises de travail temporaire se trouvent dans une situation très particulière, puisqu’en effet, par exception au régime de droit commun de la preuve, on présume automatiquement de leur responsabilité lorsque l’AT touche un intérimaire mis à la disposition d’une entreprise utilisatrice alors que celui-ci, bien qu’ayant été affecté à un ou des postes de travail présentant des risques particuliers pour sa santé ou sa sécurité, n’a pas bénéficié d’une formation à la sécurité renforcée. Dans un tel cas, l’article L. 4154-3 du code du travail pose le principe d’une présomption de faute inexcusable, qu’on impute à l’entreprise de travail temporaire (avec les conséquences que cela induit, en termes de réparations). Le salarié n’a donc pas besoin d’agir en justice pour faire reconnaître la responsabilité patronale. Celle-ci joue automatiquement. Dominique Lannebère Directeur La sécurité est l'une des priorités chez Cancé Réunion qui met l'homme au centre de ses préoccupations. Nous travaillons en étroite relation avec Xavier Farel du service Prévention de la CGSS et le docteur Libertino de la médecine du travail. Ils nous ont entre autres aidé à optimiser l'organisation de l'atelier. Nous consacrons 90% du budget de formation de l'encadrement à la sécurité. Nous organisons également une journée sécurité par an pour l'ensemble des salariés. En ce qui concerne la sécurité des intérimaires, nous travaillons bien sûr main dans la main avec les sociétés d'intérim. Nous sommes particulièrement vigilants avec eux, car ils arrivent dans un nouvel environnement de travail dont ils doivent appréhender les risques. Ceci dit, c'est souvent l'habitude, la répétition du geste qui fait que l'accident arrive d'où l'importance des piqûres de rappel "sécurité" faites à nos salariés. Pour autant, le texte légal posant ce principe d’une présomption de faute est une exception aux règles de preuve, qui doit rester d’interprétation stricte. Et, puisque l’article L.4154-3 subordonne clairement l’application de cette présomption à deux conditions (l’affectation à des postes de travail présentant des risques particuliers, d’une part , et le non-respect d’une formation à la sécurité renforcée, d’autre part), la Cour de cassation rappelle de temps en temps qu’on doit s’en tenir à ce seul cadre. Faute de quoi, la présomption ne joue plus. Ainsi, la Cour a déjà affirmé que la présomption posée par l’article L. 4154-3 ne s’applique que dans la mesure où les travaux effectués par un intérimaire nécessitent bien de lui dispenser une formation renforcée (tel n’est pas le cas lorsque lesdits travaux sont sans risques particuliers. Cass.soc. 6 juin 1996, n° 94-19.005. Aujourd’hui, la Cour de cassation ajoute une précision à ce principe en confirmant que la présomption de faute inexcusable ne joue pas dès lors que le salarié n’occupe pas un poste « à risques » - peu important à cet égard que l’entreprise utilisatrice n’ait pas rempli, d’une manière plus générale, son obligation de dresser la liste des postes de travail qui présentent des risques pour la santé et la sécurité des salariés en CDD ou des travailleurs temporaires. En l’occurrence, l’intérimaire (qui exerçait les fonctions de chauffeur de benne) avait été accidenté après avoir actionné par erreur la marche arrière et s’être retrouvé coincé entre la benne et le camion. A priori, effectivement, le salarié n’occupait pas un poste « à risques », mais il pensait tout de même pouvoir « coincer » l’entreprise utilisatrice en pointant le fait qu’elle n’avait, justement, établi aucune liste de ces postes dangereux Selon lui, cette carence suffisait à elle seule à mettre l’entreprise en faute par rapport à l’article L. 4154-3 du code du travail. Mais, pour les juges (qui ont donc rejeté une telle demande), on se trompait de débat. Car, littéralement, pour que l’article L. 4154-3 s’applique, il faut que le salarié victime d’un AT ait été affecté à un poste présentant des risques particuliers pour sa santé ou sa sécurité. Or, en l’espèce, rien ne permettait de conclure à une telle mise en danger. Dés lors, peu importe que, par ailleurs, l’entreprise n’ait pas établi la liste des postes « à risques »puisqu’aucun texte « ne prévoit que la présomption de faute inexcusable de l’article L.4154-3 du code du travail soit mise en œuvre en cas de carence de l’employeur dans l’établissement de cette liste des postes présentant des risques particuliers ». Remarque : précisons ici de quoi il retourne. Cette liste établie par l’employeur vise, aux termes, notamment, d’une circulaire du 30 octobre 1990, les travaux habituellement reconnus dangereux et qui nécessitent une certaine qualification ou les travaux exposant à certains risques, ainsi que les travaux pour lesquels une formation particulière est exigée par la réglementation. Elle est établie après avis du CHSCT (ou à défaut des délégués du personnel) et du médecin du travail. Si aucun des postes de travail de l’établissement ne présente de risques particuliers pour la santé et la sécurité des salariés, un état « néant » doit être établi après avis du CHSCT. Pour la Cour de cassation, le manquement à l’obligation de rédiger cette liste (ou tout au moins un état portant la mention « néant ») ne laisse pas automa tiquement présumer d’une faute inexcusable. L.Dival 3 DOSSIER Intérim travailler l’accueil et la santé Une proportion importante de salariés intérimaires est amenée à changer fréquemment d’ « employeur de fait ». Le salarié en intérim aborde alors régulièrement des conditions et des situations de travail différentes ce qui donne obligation aux entreprises qui les accueillent d’être attentifs à leur sécurité. La Commission des Accidents du Travail et des Maladies Professionnelles a adopté le 21 mars 2007 un texte relatif au travail intérimaire. Il s’appuie sur les réflexions et les études élaborées par un groupe de partenaires sociaux associant les représentants de l’ensemble des activités économiques. A travers les nombreuses recommandations faites aux entreprises, ce texte élabore un cadre aux conditions spécifiques de travail du salarié intérimaire. Il est en effet obligatoire d’appliquer au salarié intérimaire les mêmes règles de santé et de sécurité au travail qu’au salarié en CDI. Deux types d’entreprises sont concernés : l’entreprise de travail temporaire qui est l’employeur, l’entreprise utilisatrice pour laquelle il effectue sa mission. Les entreprises de travail temporaire Première entreprise en contact avec le salarié, l’agence de travail temporaire fait aussi le lien avec l’entreprise qui accueille le salarié. A ce titre, elle doit : - pouvoir créer les conditions d’un dialogue constructif sur les risques professionnels avec d’une part l’entreprise utilisatrice et d’autre part l’intérimaire ; - promouvoir la sensibilisation et la formation des salariés permanents des agences de travail temporaire à la prévention des risques professionnels pour permettre aux entreprises de travail temporaire de disposer d’une réelle compétence afin d’améliorer les échanges LA LIGNE PRÉVENTION 4 d’informations relatifs aux risques identifiés par l’entreprise utilisatrice et aux moyens de prévention appropriés ; - sensibiliser les salariés intérimaires à l’importance des questions de sécurité et notamment au respect des consignes générales de sécurité en vigueur dans l’entreprise utilisatrice et au port des EPI ; - préciser sur le contrat de mise à disposition les responsabilités en terme de formation qui incombent à l’entreprise utilisatrice et à l’entreprise de travail temporaire ; - informer les intérimaires sur les travaux interdits, - dès lors que l’intérimaire l’a prévenue qu’il a un motif raisonnable de penser que sa situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ou celle de ses collègues, prendre contact avec les représentants de l’entreprise utilisatrice concernée afin d’obtenir une explication sur la nature du risque constaté et sur les mesures mises en œuvre pour y remédier. L’entreprise utilisatrice Elle est responsable de la sécurité et de la santé physique et mentale de tous les travailleurs - y compris les salariés en intérim - de son entreprise tout comme elle est responsable des conditions d’exécution du travail telles qu’elles sont déterminées par le législateur, la réglementation et les conventions qui sont applicables au lieu du travail. La direction, le CHSCT (quand il existe) et les délégués du personnel (le cas échéant), contribuent ensemble à la protection de la santé physique et mentale de tous les salariés y compris les travailleurs intérimaires. Dans ce cadre, elle doit : - prévenir et anticiper au mieux le recours au travail temporaire ; - préciser les caractéristiques particulières du poste de travail à pourvoir au moyen de tous les documents disponibles (document unique, fiche de poste, fiche d’entreprise établie par le médecin du travail, liste des postes nécessitant une formation renforcée…) ; - assurer un accueil de l’intérimaire dans l’entreprise ou sur le chantier, en indiquant notamment l’emplacement des installations sanitaires, de restauration et le cas échéant, de l’infirmerie ; - mettre à disposition les consignes générales de sécurité (incendie, circulation, évacuation…) et le cas échéant le règlement intérieur et les notes de service en s’assurant de leur compréhension ; - assurer par une personne qui connaît le travail à effectuer une formation en santé et sécurité dont le contenu et la forme sont appropriés ; - assurer la formation renforcée en cas d’affectation d’un salarié intérimaire sur un poste présentant des risques particuliers ; - s’assurer avant d’affecter un intérimaire sur un poste nécessitant une formation obligatoire réglementaire que celui-ci l’a reçue ; - accorder une attention particulière aux intérimaires lors du démarrage de la mission ou en cas de changement d’affectation ; - informer l’entreprise de travail temporaire de tout changement modifiant les caractéristiques particulières du poste de travail ou de tout changement d’affectation, afin d’établir un avenant ou un nouveau contrat pour mettre en adéquation le contrat de travail et le poste réellement occupé. Les chiffres de l’intérim en 2009 Nombre d’intérimaires en équivalent emplois temps plein : 447 348 Evolution du nombre d’intérimaires en missions : -28,7% Taux de recours emploi salarié : 2,5 % Chiffre d’affaires : 15,3 milliards d’euros Taux d’évolution (2008/2007) : -26,2% Répartition de l’activité par secteur • Industrie : 39% • BTP : 23,3 % • Tertiaire : 37,2 % Répartition des intérimaires par qualification Cadres : 1,8% Professions intermédiaires : 8,1 % Employés : 14,5% Ouvriers qualifiés : 39,4% Ouvriers non qualifiés : 36,8% Source : www.observatoire-travail-temporaire.com S’engager et faire savoir Les interdictions Les partenaires sociaux souhaitent que le suivi médical des intérimaires fasse l’objet d’une meilleure prise en compte par les entreprises de travail temporaire, les entreprises utilisatrices et les services de santé au travail concernés afin de gagner en efficience à l’embauche, et au suivi de cette population salariée, y compris en cas de reprise après accident du travail avec arrêt. Il ne peut être fait appel aux salariés sous contrat de travail à durée déterminée ni aux salariés des entreprises de travail temporaire pour les travaux énumérés ci-après : Pour plus de renseignements et informations : www.risquesprofessionnels.ameli.fr www.ameli.fr/employeurs/prevention/l-interim.php Principes généraux de prévention pour élaborer une politique de santé au travail dans l’entreprise • Eviter les risques. • Evaluer les risques qui ne peuvent être évités. • Combattre les risques à la source. • Adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé. • Tenir compte de l’état d’évolution de la technique. • Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux. • Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment en ce qui concerne les risques liés au harcèlement moral, tel qu’il est défi ni à l’article L122-49 du code du travail. • Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle. • Donner les instructions appropriées aux travailleurs. Les cas particuliers Il est interdit d’affecter des salariés sous contrat de travail temporaire pour les travaux figurant à l’arrêté du 8 octobre 1990 modifié, sauf s’ils font l’objet d’une dérogation. Les équipements de protection individuelle (EPI) sont fournis par l’entreprise utilisatrice. Toutefois certains EPI personnalisés (casques et chaussures de sécurité), définis par voie de convention ou d’accord collectif, peuvent être fournis par l’entreprise de travail temporaire. • les travaux comportant l’exposition à certains agents (cf liste sur www.risquesprofessionnels. ameli.fr) • les travaux exposant à l’inhalation des poussières de métaux durs ; • métallurgie et fusion du cadmium ; travaux exposant aux composés minéraux solubles du cadmium ; • polymérisation du chlorure de vinyle ; • (Arr. du 4 avr. 1996, art. 1er) activités de fabrication ou de transformation de matériaux contenant de l’amiante, opérations d’entretien ou de maintenance sur des flocages ou calorifugeages contenant de l’amiante, activités de confinement, de retrait de l’amiante ou de démolition exposant aux poussières d’amiante ; • fabrication de l’auramine et du magenta ; • (Arr. du 12 mai 1998, art. 1er) tous travaux susceptibles d’entraîner une exposition aux rayonnements ionisants dès lors qu’ils sont effectués dans des zones où le débit de dose horaire est susceptible d’être supérieur à 2 millisieverts. 5 Entreprise ADECCO SENSIBILISER LES HOMMES ET ACCOMPAGNER LES ENTREPRISES Comment abordez-vous la sécurité ? Nous avons une responsabilité sociale vis-à-vis de nos collaborateurs intérimaires. En tant qu’agence d’emploi, nous nous devons de les sensibiliser à la sécurité. Notre action avec les entreprises qui les embauchent est identique. Notre collaboration habituelle et récurrente, nous permet d’avoir une bonne connaissance de l’environnement de travail, du poste sur lequel l’intérimaire va être amené à intervenir et des risques qui y sont liés. Comment «préparez-vous le terrain» ? Disposant de quatre agences à La Réunion, Adecco est l’une des plus importantes entreprises de travail temporaire de l’île. Ses collaborateurs interviennent dans des secteurs d’activités aussi variés que le BTP, l’agroalimentaire, l’industrie ou le tertiaire. Quelle que soit la mission, la sécurité est toujours un préambule à la prise de poste. Marc Soris, directeur de Zone depuis trois ans, nous en dit plus. Nous menons un entretien sécurité auprès de nos collaborateurs au moment de l’accueil, sur les dangers, les postures… puis nous réalisons un debrief avec l’entreprise. Si besoin, nous mettons en place des plans d’actions spécifiques. Pour certaines entreprises, dans le milieu du BTP par exemple, nous pouvons avoir recours à un plan de sécurité renforcé si les risques sont importants. C’est un vrai travail partenarial avec l’Entreprise Utilisatrice. La sécurité est-elle une préoccupation quotidienne ? Bien entendu. Au-delà de l’accueil et de la sensibilisation, nous effectuons également régulièrement des « piqûres » de rappel auprès de nos collaborateurs. Nous échangeons très souvent avec eux et sommes à leur écoute permanente ; ce sont eux notre première source d’informations, car ils sont sur le terrain dans l’entreprise. Quels sont vos trois niveaux d’intervention ? Premièrement, nous sommes très vigilants sur la connaissance du milieu de travail. Ensuite, nous faisons vivre la sécurité au quotidien, notamment via des interviewes sécurité, des debriefs, des actions correctives. Enfin, en cas d’accident de travail, nous établissons systématiquement un dossier de suivi autour de questions-clés : Comment cela s’est-il passé ? Comment auraiton pu éviter cela ? Nous réalisons également un entretien préalable de reprise. De quels «outils sécurité» disposez-vous ? Nous bénéficions de la force d’un groupe national, avec des process éprouvés. Nous avons en soutien un chargé de mission sécurité basé en métropole, qui nous apporte des conseils et de l’information sur la réglementation et ses évolutions. Nous disposons de livrets de bonnes pratiques par secteur d’activité. Nous utilisons aussi lors du process recrutement de nos collaborateurs, une «chasse aux risques». LA LIGNE PRÉVENTION 6 Quand une entreprise nous sollicite, nous utilisons non seulement les documents de la CGSS, mais aussi notre propre livre de mission qui détaille les taches, le matériel, les compétences… Selon le contexte, nous mettons en place des plans de sécurité renforcés adaptés, notamment pour les postes et les secteurs sensibles. Comment travaillez-vous avec le service de prévention ? Nous suivons ses actions de sensibilisation. Nous avons fait intervenir la CGSS dans les réunions que nous organisons à l’attention de nos personnels permanents. Le but étant de travailler en partenariat et dans le même intérêt, celui de la protection de nos collaborateurs. Sur le plan national, comme en local Adecco se positionne comme un vrai partenaire de la CGSS en matière de sécurité et de conditions de travail. En cas d’accident de travail, nous nous adressons au service prévention, pour réfléchir ensemble à ce que l’on peut faire pour éviter que cela ne se reproduise. Quels sont vos principaux points de vigilance ? Nous sommes particulièrement vigilants sur les accidents de trajet et la conduite d’engins. En tant qu’employeur, nous effectuons le suivi des habilitations, des visites médicales obligatoires, des formations de type Caces, Fimo… Nous sommes aussi très attentifs aux risques liés aux travaux en hauteur. Nous informons nos intérimaires sur leur droit de retrait, en cas de risque important. Nous leur fournissons bien entendu casque et chaussures de sécurité, les EPI spécifiques restants à la charge de l’entreprise utilisatrice. En poste depuis 3 ans, je constate que l’écoute et l’attention de la part des entreprises évolue favorablement dans ce sens. PARTENAIRE DIECCTE REUNION UNE VIGILANCE PARTICULIèRE Adjoint du responsable du pôle travail de la DIECCTE Réunion, Pierre Mercader a travaillé 13 ans comme inspecteur du travail, à Saint-Pierre. Cet homme de terrain nous livre son expérience des pratiques liées à l’intérim. Quelles sont vos missions auprès des salariés intérimaires ? Jusqu’à avril dernier, j’étais inspecteur du travail. Sur le terrain, ma mission était la même que pour des salariés classiques : faire appliquer la loi dans sa globalité. Cela passe par la lutte contre le travail illégal, le contrôle de la régularité des contrats, notamment la vérification du salaire de l’intérimaire, qui doit percevoir le même montant que la personne qu’il remplace. Précisons que le recours à l’embauche d’un intérimaire doit uniquement servir à remplacer un salarié ou à pallier un accroissement soudain d’activité. La durée et le renouvellement du contrat sont également très surveillés. En tant qu’autorité de contrôle, on est là pour vérifier que l’on ne sort pas des cadres de la réglementation. En France, le principe du travail est le CDI ; le CDD et l’intérim restent des exceptions, et ne doivent pas non plus remplacer une période d’essai. Quelles sont les problématiques particulières du travail temporaire ? Les plus graves sont celles relatives à la sécurité au travail. Car les intérimaires sont plus exposés que les autres aux accidents, les chiffres nationaux le prouvent. Ensuite, viennent bien sûr le respect de leurs droits, notamment en ce qui concerne le temps de travail, la rémunération, qui doit être équivalente à celle du salarié remplacé quand c’est le cas. Pourquoi les intérimaires sont-ils plus souvent victimes d’accidents du travail que les autres salariés ? Comme ils interviennent ponctuellement, ils sont plus exposés aux risques. Ils doivent en effet s’adapter à chaque fois à un nouveau poste de travail, avec une méconnaissance de l’entreprise et de ses règles. Lors de son accueil dans la structure, ce salarié n’est pas toujours sensibilisé à la formation à la sécurité, ou bien ne dispose pas des EPI nécessaires. De plus, les vérifications d’aptitude ne sont pas faites systématiquement, la visite médicale n’est pas toujours passée, souvent parce que le salarié est recruté dans l’urgence. Dans le cadre des nouvelles recommandations de la réforme sur l’accueil et la santé au travail, on va vérifier que le salarié ne soit pas employé à des travaux interdits, comme par exemple le désamiantage. Les visites médicales régulières permettent aussi de supprimer les risques liés à une éventuelle inaptitude, comme une maladie ou un handicap. C’est important, surtout quand il s’agit de travaux à risques, dans le BTP ou l’industrie. Notre action met en lumière des situations inacceptables sur le plan de la sécurité. En amont, nous organisons des réunions avec le CHSCT s’il y en a un, ou avec les responsables de l’entreprise. Comment êtes-vous organisés ? Nous avons cinq sections d’inspection dans le département : trois au nord et deux au sud. Chacune comprend un inspecteur et deux ou trois contrôleurs. Notre mission consiste à contrôler, mais aussi à conseiller. Nous menons des actions nationales ou locales sur certaines problématiques. Cette année, nous faisons une campagne sur les risques psychosociaux, qui concernent la santé mentale au travail. Nous avons plusieurs niveaux de collaboration avec la CGSS et les services de santé au travail au niveau du département, et nous travaillons aussi ensemble sur la sensibilisation, l’analyse et la proposition de cadres de travail, ainsi que sur la formation pour l’amélioration des conditions de travail. L’une de ces actions est spécifiquement liée au travail temporaire. Elle vise à mobiliser les entreprises utilisatrices et celles de travail temporaire afin d’améliorer les conditions de sécurité au travail. Depuis 2009, nous avons visité 14 agences et 41 entreprises. L’enquête donnera lieu à une conférence débat, suivie d’axes de travail. La loi du 30 janvier 2012 sur la santé au travail simplifie déjà la coordination étroite entre le médecin du travail, l’entreprise de travail temporaire et l’entreprise utilisatrice, par l’échange de renseignements médicaux, via un fichier commun. C’est une base de travail précieuse pour surveiller la santé des salariés intérimaires. 7 BLOC-NOTES Pour info…. DVD Bon départ ! L’accueil des nouveaux dans l’entreprise (Napo dans… Bon départ ! Dessin animé, durée 10 mn, compatible lecteur DVD, PC, Mac, Via Stora, 2006) Destiné plus particulièrement aux jeunes arrivant pour la première fois en entreprise, le DVD se décompose en cinq histoires courtes qui les aident à prendre conscience des difficultés qu’ils pourraient rencontrer. Elles ont aussi pour mission de rappeler la nécessité de la transmission des informations, des consignes et des règles de sécurité. CD ROM Intérim Mission 3D, ou la prévention des risques dans le travail temporaire (compatible PC, INRS, 2007) Ce jeu vidéo interactif a pour objectif d’inciter au dialogue les trois publics du travail temporaire que sont les intérimaires, les agences et les entreprises utilisatrices. L’enjeu est d’échanger pour mieux apprendre à se connaître, à travailler ensemble et ainsi éviter les accidents. Le joueur incarne tour à tour trois personnages et navigue dans quatre univers où l’intérim est largement représenté. Dans un parcours semé d’embûches d’une réalité virtuelle au plus près des situations quotidiennes réelles, il lui faudra faire les bons choix et prendre les bonnes décisions. à lire Fonction d’accueil et d’accompagnement des nouveaux en entreprise (Recommandation, mars 2012, R.460) Une démarche d’accueil réfléchie permet une intégration réussie du nouveau venu au sein de l’entreprise. Elle est primordiale et d’un enjeu majeur car il s’agit de rapidement rendre opérationnel, de former et de protéger le nouveau salarié. Cette brochure de 8 pages propose en 4 points majeurs une approche précise et chronologique du programme à entreprendre. Ce petit guide rappelle de façon simple et chronologique les différentes actions à mener : avant la signature d’un contrat, à l’arrivée de l’intérimaire dans l’entreprise, tout au long de la mission et après la mission. Il permet de mettre en œuvre la sécurité, la qualité et le professionnalisme pour tous les partenaires. Les articles sont organisés dans quatre nouvelles rubriques : « Actualités », « Connaissances et références » qui présente des articles de fond sur des sujets variés, « Outils repères » qui regroupe les collections thématiques (allergologie, radioprotection…) et les réponses aux questions posées à l’INRS, et « A votre service », qui développe les informations pratiques telles que les formations, agenda, références bibliographiques de l’INRS, informations juridiques… Le site Internet contient l’ensemble de ces articles, ainsi que ceux de « Documents pour le médecin du travail » avec, en plus, une rubrique « En bref » permettant de diffuser des actualités entre deux numéros. Toujours trimestrielle et gratuite, la revue Références en santé au travail reste ciblée sur la santé et est principalement destinée à l’ensemble des acteurs des services de santé au travail et des préventeurs. Elle a également pour objectif de susciter, chez ses lecteurs, l’envie de participer à la revue afin de capitaliser les actions de prévention et de favoriser les échanges et retours d’expérience. les outils Repères pour l’intégration de l’intérimaire (Edition INRS, novembre 2008, ED 806) La revue Documents pour le médecin du travail évolue à compter de ce mois et devient Références en santé au travail. Pour accompagner ce changement, le site de la revue a évolué et est accessible à l’adresse :. En pratique : pour vous abonner, consulter la revue en PDF ou proposer un article; consultez le site www.rst-sante-travail.fr Guide à l’usage des agences d’emploi. Pour recueillir les caractéristiques des postes de travail des intérimaires (Intérim, juin 2011) La fiche de liaison regroupe les informations utiles pour établir le contrat de mise à disposition. Ces informations doivent être transmises par l’entreprise utilisatrice à l’AE (caractéristiques de la mission et du poste, risques encourus au poste de travail et mesures de prévention). Au verso figure un guide à l’usage des EU. Un guide de bonnes pratiques à l’usage des AE et EU, basé sur le texte des recommandations voté par la CRATMP en mars 2007. Il précise, pour chaque étape de la déléguation, les bonnes pratiques à mettre en oeuvre Obtenir le maximum d’informations utiles à l’établissement du contrat de mise à disposition d’un intérimaire passe par une approche très pointue des caractéristiques de la mission, du poste et des risques encourus ainsi que des mesures de prévention à envisager. Ce guide permet d’élaborer cette fiche de liaison diffusée auprès de la médecine du travail et de regrouper les informations utiles et d’évaluation des risques et à la mise en place de procédures.