HUGO Les Misérables

Transcription

HUGO Les Misérables
UT2J - Defle - Année 4 - FL 4011X Littérature/ Partie B - Cours de A. Le Groignec
Victor HUGO ( 1802 – 1885 ) - Les Misérables ( publié en 1862 )
1. Le Prologue - Réponses aux questions
1.Lisez d’abord le prologue.
Quelle est la fonction de ce texte ? Quel est le ton de ce texte ? Quels sont
selon Hugo, les problèmes de son époque et quelles en sont les causes ?
Quel est selon lui le rôle de son roman face à la misère sociale ?
Hugo a écrit et placé ce court texte au début du roman Les Misérables, en
1862, l’année où il a terminé la rédaction du livre. Il était alors en exil
dans l’île de Guernesey, entre la France et l’Angleterre.
La composition du prologue
Observons d’abord comment Hugo a composé ce prologue.
Le texte comporte un seul paragraphe, structuré en trois parties,
marquées par la répétition de l’expression « tant que » : « Tant qu’il
existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale » ;
« Tant que les trois problèmes du siècle (…) ne seront pas résolus » ;
« tant qu’il y aura sur terre ignorance et misère ». Ces trois parties
présentent les trois arguments sur lesquels il va s’appuyer pour justifier,
en conclusion, l’existence de son livre : « des livres de la nature de celuici pourront ne pas être inutiles. »
La fonction du prologue est triple
Ce texte annonce le roman, son origine et l’intention de l’auteur.
Il évoque la condition sociale catastrophique des gens misérables dans la
France du 19e siècle et les causes de cette situation. Il dénonce cette
situation.
Le ton du prologue
Hugo fait une dénonciation indignée de la misère et un plaidoyer
véhément pour les pauvres. La répétition de « tant que » marque, comme
un coup répété, que le problème est profond et durable. L’indignation de
l’auteur est perceptible dans les termes très forts qu’il emploie : la
« damnation sociale », « les enfers », « l’asphyxie sociale », toutes ces
expressions de souffrance et de mort marquent un paroxysme dans
l’horreur.
La damnation et les enfers sont des mots qui viennent de l’imaginaire
religieux : la damnation désigne la condamnation, le châtiment que les
âmes des pécheurs subissent éternellement dans les enfers, après la mort.
Page 1 / 3
UT2J - Defle - Année 4 - FL 4011X Littérature/ Partie B - Cours de A. Le Groignec
Hugo écrit que la damnation, les enfers existent déjà sur terre, chez les
vivants. La souffrance et la torture que doivent endurer les pécheurs après
la mort sont déjà là, à son époque, une époque de « civilisation » qui
devrait au contraire permettre aux êtres humains de vivre selon les valeurs
de progrès et de justice. Pour Hugo, il ne fait aucun doute que la
« destinée est divine » : mais celle-ci est compliquée, contrariée
artificiellement par « une fatalité humaine ». En d’autres termes, l’être
humain complique le destin de Dieu.
On peut noter que Hugo, s’adressant aux lecteurs de son époque, qui sont
majoritairement catholiques, emploie des images religieuses, qui pourront
frapper leur imagination.
Les problèmes que l’auteur dénonce
Hugo présente « les trois problèmes du siècle »
« La dégradation de l’homme par le prolétariat » : le prolétariat est la
catégorie sociale de ceux qui ne possèdent rien d’autre que leur force de
travail pour vivre (au 19e siècle ce sont les ouvriers et les paysans), par
opposition aux capitalistes qui possèdent des biens et de l’argent. Le
prolétaire vend sa force de travail, le capitaliste fait fructifier son capital.
Pour Hugo la condition du prolétariat est dégradante, humiliante, elle ne
lui permet pas de vivre décemment.
« La déchéance de la femme par la faim » : la déchéance est une chute de
l’individu au regard de la société. La femme qui a faim est obligée de
travailler dans des conditions qui l’humilient ; la prostitution constitue la
déchéance ultime de la femme.
« L’atrophie de l’enfant par la nuit » : l’atrophie désigne un mauvais
développement, par exemple à cause du manque de nourriture. L’enfant
est atrophié par la « nuit », écrit Hugo : on voit ici apparaitre une image
que l’on retrouvera souvent dans le roman : le seul mot de « nuit » renvoie
le lecteur à tout ce que contient cette image ( peur, ignorance, manque,
maladie, etc…). L’enfant a besoin de la lumière pour se développer et
grandir, comme une plante : lumière du jour mais aussi lumière de
l’amour, de l’instruction.
En mettant l’accent sur ces trois situations, Hugo annonce les personnages
principaux de son roman, les grandes figures des Misérables : l’homme
est Jean Valjean, la femme est Fantine, l’enfant est Cosette.
Quelles sont les causes de cette situation ?
Hugo cite dès le début de son texte les deux sources du problème : la
condition des misérables est provoquée « par le fait des lois et des
Page 2 / 3
UT2J - Defle - Année 4 - FL 4011X Littérature/ Partie B - Cours de A. Le Groignec
mœurs ». Sans nous donner d’explications, il nous fait comprendre que les
lois et les mœurs ( les mœurs, c'est-à-dire les coutumes, les habitudes
sociales) à son époque sont nocives, mauvaises, injustes.
A la fin du texte, Hugo résume et élargit son propos « à un point de vue
plus étendu encore » : il dénonce les deux fléaux de la société :
l’ignorance et la misère. Pour lutter contre l’ignorance, l’une des causes
que défendait Hugo était celle de l’instruction publique ( par opposition à
l’enseignement dispensé par le clergé). A son époque, l’école était
réservée aux plus riches. Pour Hugo, le développement de l’enseignement
laïc par l’Etat, devait permettre l’égalité des chances. ( L’école deviendra
laïque, publique, gratuite et obligatoire en France en 1882)
Le rôle du roman Les Misérables »
Le but du livre apparait à la fin du paragraphe : la situation sociale
catastrophique appelle « des livres de la nature de celui-ci » qui
« pourront » dénoncer cette situation. Hugo ne dit pas en quoi ni comment
son livre pourra « ne pas être inutile[s] » . Il emploie le verbe pouvoir
(« pourrons » et une double négation « ne pas être inutiles » qui
marquent une réserve, et il laisse ainsi le lecteur juger par lui-même si le
roman peut contribuer à lutter contre la misère et l’injustice. Le récit peut
commencer.
Conclusion
L’engagement social et politique de Hugo se manifeste de plusieurs
manières : comme homme politique ( il a été élu député, il est exilé en
raison de son opposition à Napoléon III), comme journaliste ( il prend la
défense des prisonniers politiques, il condamne la peine de mort, il défend
la liberté de l’enseignement et de la presse,…), et aussi comme romancier.
Hugo se situe comme un écrivain engagé dans les questions de son
époque. La littérature selon lui est un moyen parmi d’autres de lutter
contre l’ignorance et la misère. Elle peut contribuer à éclairer les lecteurs,
à mettre sous leurs yeux et à leur faire comprendre la situation des
pauvres gens.
Son roman est au service des valeurs qu’il défend, ainsi qu’il l’écrit en
1862 : « Dans ma pensée, les Misérables ne sont autre chose qu’un livre
ayant la fraternité pour base et le progrès pour cime. »
Page 3 / 3

Documents pareils