Le prince de l`enfer dans la veillée
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Le prince de l`enfer dans la veillée
Belzébuth au festival Mémoire et racines - Le prince de l'enfer dans la veillée Yves Bernard Lorsque les membres de Belzébuth lancent le rythme, on les croirait marqués au fer rouge, mais ils assument aussi l'intimité du folk et la tendresse fragile d'une ballade triste. À la fois très ancrés dans leur berceau lanaudois et ouverts au reste du monde, ils s'inspirent aussi bien des répertoires de leurs familles que de ceux d'Acadie, de France de Bretagne. Samedi soir, ils célèbrent leur 10e anniversaire en bonne compagnie sur la grande scène du festival Mémoire et racines. Le diable aura de la concurrence... " C'est le lieu par excellence pour fêter ça, raconte Philippe Jetté, accordéoneux, podorythmiste et chanteur de Belzébuth. On invite des gens qui nous ont accompagnés : Les Petits Pas jacadiens pour la danse et la gigue, Maxime Éthier qui jouait sur notre premier disque et Bernard Simard qui viendra faire la pièce La ziguezon zon avec nous ". Une voix de rossignol chantant, celui-là. Il y a aussi Frédéric Bourgeois et Mathieu Lacas, du monde de la Volée d'Castors, mais présenté ici tout simplement comme musiciens de Sainte-Marie-Salomé. La nuance est importante puisque la paroisse compose avec Saint-Jacques, Saint-Alexis et Saint-Liguori, le bassin de la Nouvelle-Acadie, là où se trouvent encore plusieurs descendants des victimes du Grand Dérangement de 1755. " Le prêtre-historien François Lanoue avait estimé à 30 000 le nombre d'Acadiens vivant dans Lanaudière au début des années 1990. Ça nous tient à coeur de faire connaître ça ", relate Philippe Jetté. Le titre Paradis sur terre, qui est devenu la chanson-thème du festival acadien de la Nouvelle-Acadie, est d'ailleurs un hommage aux Acadiens qui ont perpétué la chanson traditionnelle dans la région. Acadien de Saint-Jacques, Philippe Jetté demeure très fidèle aux sources des recherches qu'il a effectuées ou à la tradition que lui ont transmise plus directement deux de ses oncles, de même que le grand-père de Jean-Benoit Landry, chanteur principal de Belzébuth et lui-même descendant d'une famille de chanteurs de Crabtree. Tous les belzébuthiens viennent de Lanaudière et cela transparaît à travers les inflexions de la langue et le choix de plusieurs pièces. Plusieurs admettent un bagage rock, d'où le feu ardent de leur musique. On développe aussi d'autres sensibilités. Marie-Maxime Picher-Richer, la violoniste de formation classique devenue violoneuse, apporte un côté plus lyrique et langoureux. Jean-Michel Rock, bassiste et banjoïste, vient du prog et est aussi adepte des métissages à la manière des Irlandais de Kila. Louis-Vincent Gagnon joue de plusieurs cordes et peut donner une touche plus swing. Il est un arrangeur naturel, tout comme Francis Marion, le guitariste et mandoliniste. À cela s'ajoutent des inspirations collectives qui poussent parfois Belzébuth vers la valse aux parfums moyen-orientaux et quelques accents tziganes. En une décennie, trois disques témoignent d'une riche trajectoire. Description par Philippe Jetté : " Les péchés du diable, notre premier, était plus proche des sources lanaudoises et plusieurs chansons provenaient du répertoire familial de Jean-Benoit Landry. En faisant semblant de rien, le suivant, est plus " monde ", alors que dans Suite 8, qui est paru en décembre dernier, on a un côté ancré dans la tradition, mais avec une attitude autre. " À la fois plus rockeuse et plus attendrissante. Au parc Saint-Jean-Bosco à Saint-Charles-Borromée, samedi 28 juillet à 22 h. Renseignements : 450 752-6798, memoireracines.org. Collaborateur© 2012 Le Devoir.