Lettre ouverte

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Lettre ouverte
Lettre ouverte au Ministre du Travail, de l’Emploi,
de la Formation Professionnelle et du Dialogue social
Monsieur le Ministre,
Le 14 janvier 2015, votre cabinet a poursuivi les premiers échanges engagés le 26 octobre 2014 avec
les organisations syndicales de l’AFPA1 et leurs confédérations.
Les conclusions d’une étude de faisabilité sur le devenir du patrimoine menée par l’IGAS2 sont
toujours en attente. L’engagement de l’Etat en matière de financements publics et d’activité reste à
clarifier et préciser au-delà des montants déjà identifiés du PASP3.
Lors de votre conférence de presse du 9 février 2015, vous avez annoncé l’automatisation par Pôle
Emploi et l’AFPA de l’échange hebdomadaire des places disponibles en formation par la mise en place
d’un système de réservation « zéro place de formation inoccupée ». Les conseillers de Pôle Emploi et
des missions locales pourront prescrire de manière simple des formations vacantes, « à la manière
des plateformes web de réservation ‘dernière minute’ pour les billets de train ou d’avions donnant
accès à des prix préférentiels. »
Parallèlement, vous annoncez que « l’AFPA met au point une offre de mise à disposition pour un coût
forfaitaire réduit les places restant disponibles dans les modules de formation de premiers niveaux
d’employabilité ».
Les organisations syndicales de l’AFPA osent espérer que vous ne souhaitez pas organiser une forme
de formation professionnelle « low cost » avec l’AFPA. En conséquence, nous souhaiterions être
informés des dispositions du protocole de partenariat entre Pôle Emploi et l’AFPA qui doit être conclu
en mars prochain.
Si nous sommes prêts à saluer des modalités qui permettraient de favoriser l’accès aux formations,
nous n’en restons pas moins très attachés à préserver la finalité de ces actions en cohérence avec les
projets professionnels des demandeurs d’emploi, leurs capacités à réussir leur parcours de
professionnalisation et les moyens nécessaires pour accéder à la qualification.
Lors de nos échanges, vous vous êtes fortement prononcé sur la nécessité du développement de
l’activité de l’AFPA. Certes, les mesures annoncées le 9 février en procèdent. Mais elles nous
inquiètent quand aucun effort financier ou budgétaire supplémentaire n’est clairement identifié. De
fait, nous sommes aujourd’hui dans l’incapacité d’apprécier l’impact réel supplémentaire pour l’AFPA
de ces mesures de lutte contre le chômage de longue durée.
Nous vous rappelons un chiffre : l’AFPA recevait plus de 120 000 demandeurs d’emploi en 2007, et
seulement 80 000 aujourd’hui. Il faudrait augmenter de 50% le nombre de demandeurs d’emploi
entrants à l’AFPA pour recouvrer le niveau d’activité antérieur au transfert de la compétence de
formation professionnelle des demandeurs d’emploi aux Régions.
Enfin, nous vous rappelons que l’AFPA a un rôle essentiel à jouer dans l’accompagnement social de
ses stagiaires, facteur de promotion sociale et d’intégration dans la société. L’ingénierie pédagogique
de l’AFPA a intégré de longue date la dimension de l’insertion dans les objectifs de formation. Mais
cet objectif d’insertion nécessite un investissement collectif et un accompagnement par l’équipe
psychopédagogique conséquents.
Cela veut dire du temps, des moyens. Des ressources complémentaires doivent être attribuées à
l’AFPA pour qu’elle puisse intégrer plus largement cette finalité.
Concernant les modes de financement de l’activité commande publique de l’AFPA, nous sommes
persuadés que des solutions ne sont pas utilisées par crainte d’éventuelles conséquences juridiques
négatives.
Pour autant, nous estimons qu’il est de la responsabilité des Pouvoirs publics et en particulier de l’Etat
de donner un signe tangible en ce sens. Sécuriser la commande publique peut nécessiter des prises
de décision audacieuses et courageuses.
Vous l’aurez compris, pour les organisations syndicales de l’AFPA , il est urgent et prioritaire que l’Etat
et les Pouvoirs Publics consacrent un plan d’investissement d’envergure auprès des travailleurs qui
sont en souffrance et pourtant en capacité d’apporter leurs forces de travail et leurs forces d’initiative
au bénéfice de la réindustrialisation, des filières d’avenir et des transitions énergétique et écologique,
notamment.
Quant au financement, les organisations syndicales de l’AFPA ont l’audace de penser que, par
exemple, il serait opportun de prélever quelques % du CICE4 pour les rediriger et les consacrer à cette
initiative.
Les salariés de l’AFPA et leurs organisations syndicales sont dans l’attente de vos décisions et sauront
exprimer collectivement leur avis sur la prise en compte des revendications de la plateforme
intersyndicale jointe.
Confiants dans notre capacité collective à relever ces défis avec nos outils nationaux de service public,
les organisations syndicales de l’AFPA vous adressent leurs salutations respectueuses.
Montreuil, le 25 février 2015
1
AFPA : Association nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes
IGAS : Inspection Générale des Affaires Sociales
3
PASP : le Programme d'Activité de Service Public finance auprès de l’AFPA la politique de certification des titres
professionnels du Ministère du Travail
4
CICE : le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi est un avantage fiscal qui concerne les entreprises employant
des salariés et équivaut à une baisse de leurs charges sociales.
2