Extrait Mystères de Colombes

Transcription

Extrait Mystères de Colombes
Extraits
Image de couverture :
Carte postale L’abeille, Paris. Editions
Devilliers.
Vue de l’actuelle rue Gabriel Péri (Colombes)
près du marché.
Loi 49-956 du 16 juillet 1949
sur les publications destinées à la jeunesse.
Dépot légal : mai 2015
© Le Lamantin, 2015
ISBN : 979-10-92271-14-0
www.lelamantin.fr
Janice A D, Léa A-S, Mathilde B, Gabriel C,
Dorian C, Jenna D, Arthur D, Jade G, Ahmed G,
Mattéo G, Chris G, Malak I,
Elies K, Précillia L, Mathieu M, Manuel M,
Alexandre M, Nasma M, Léa P-S, Sabrina P,
Jessy S, Rayan W, Mohamed Z, Alicia Z
Les nouveaux mystères
de Colombes
Atelier d’écriture animé par
Patricia Mc Glinchey, Sonia Lemarchand
et Fabrice Guillet
INTRODUCTION
Écrire un recueil de nouvelles dont
les héros sont des personnages connus,
réels ou fictifs du XIXe siècle, voilà un
défi compliqué pour des élèves de treize
ou quatorze ans. Dès le début du projet,
nous leur avons assuré qu’ils étaient
capables d’y parvenir.
Pour cela, chaque élève a d’abord dû
choisir un personnage. Ensuite, avant
même de penser à rédiger, il a fallu
se documenter, aller au CDI pour en
apprendre plus et savoir quelle péripétie
crédible chacun pourrait ajouter à la
biographie de son héros.
La construction, les choix narratifs ou
la syntaxe ne sont venus qu’après.
Les nouvelles écrites sont très variées,
tant par leur structure que par leur
tonalité. Si certains élèves ont trouvé
rapidement l’inspiration et la confiance
nécessaire pour se lancer dans un tel
travail, d’autres ont eu besoin d’être
plus soutenus. Le résultat d’ensemble
est une véritable œuvre collective, avec
de quoi plaire à tous. C’est en tout cas la
démonstration qu’en faisant preuve de
bonne volonté, des élèves de 4e peuvent
parfaitement être auteurs de nouvelles,
quelles que soient leurs notes sur le
plan scolaire.
Patricia Mc Glinchey, Sonia Lemarchand
et Fabrice Guillet
LA RÉVÉLATION
Léa P-S
Cosette était une jeune fille de dixneuf ans. Elle était passionnée de dessin
et de peinture, elle rêvait toute la journée
dans un couvent au pied de la butte
Montmartre.
Un jour, flânant dans le couvent,
elle franchit le seuil de la porte derrière
laquelle elle n’était jamais allée.
C’était un grand débarras où les sœurs
entassaient meubles, tableaux, argenterie,
vaisselle des donateurs ou legs d’objets
trop luxueux pour de simples sœurs
ayant fait vœu de pauvreté. Au fond de la
salle, des chaises entassées dissimulaient
la tapisserie. Au milieu, cachés sous
des toiles poussiéreuses, on devinait
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secrétaires, fauteuils, méridiennes…
À droite de la pièce, des tableaux, dont
deux trônaient au milieu des autres. Le
premier était le portrait d’une femme
dont la ressemblance avec elle-même
troublait Cosette. Sur le deuxième, on
reconnaissait les contours rectangulaires
de la toile à travers le tissu poussiéreux.
Cosette imagina qu’il devait s’agir d’un
autre portrait et se dit qu’il devait être
interdit de s’en approcher. Bonne enfant
qu’elle était, elle eut peur de commettre
une faute et partit.
Le dîner passa, puis la nuit, mais
elle ne put fermer l’œil. Des flashs du
passé, le visage de cette femme et celui
de l’inconnu caché sous son voile la
torturaient de questions sans réponse.
Le lendemain, elle retourna dans cet
endroit afin de mettre fin à son calvaire.
Elle s’approcha du tableau, hésitante,
puis en fermant les yeux, de peur de ce
qu’elle allait découvrir, tira d’un coup sec
le tissu poussiéreux. C’était un homme.
Peu de cheveux, le teint pâle et un sourire
en coin. Elle ne savait qui c’était, sa
mémoire lui faisait encore défaut. Les
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questions se mélangeaient dans sa tête
quand soudain la porte grinça. C’était
Marie, la sœur aide-soignante du couvent.
Elle s’approcha de Cosette et lui dit :
– Tu ne te souviens sûrement pas
d’eux ?
– Non ? Qui sont-ils ? demanda
Cosette, surprise et angoissée.
– Ce sont tes parents, répondit
sœur Marie après quelques secondes
d’hésitation.
En effet, Jean Valjean avait pris soin de
faire peindre le portrait de Fantine avant
sa mort pour que la petite Cosette puisse
se souvenir d’elle, et il avait retrouvé dans
les maigres affaires de sa protégée un
portrait de l’homme qu’elle avait aimé et
que celui-ci avait dû lui offrir par vanité.
– Mes parents ? répéta Cosette,
incrédule.
La religieuse reprit :
– Allons-nous asseoir, je vais te
raconter ton histoire.
Elles prirent place au bord de la
fontaine.
Cette fontaine en pierres rapportées
d’Ecosse au XVIe siècle siégeait au milieu
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de la cour intérieure du prieuré. Deux
énormes poissons crachant de grands jets
d’eau claire animant la surface donnaient
vie aux ornements celtiques recouverts
de mousse vert émeraude. La seule chose
que Cosette savait était son accident
de voiture causé par la crise cardiaque
du cocher, entraînant l’affolement des
chevaux, le renversement de la calèche et
la mort de Jean Valjean, puis le sauvetage
du policier arrivé étonnamment vite sur
les lieux pour l’extraire des débris du
véhicule.
La soignante lui raconta tout depuis le
début : sa naissance, sa mère abandonnée
par son père alors qu’elle était enceinte,
les Thénardier, Jean Valjean, Fantine, leur
mort, l’arrivée au couvent, etc. À la fin
de la conversation, Cosette, sous le choc
des révélations, fut prise de maux de tête
intenses. Marie lui donna un calmant qui
la fit dormir jusqu’au lendemain.
Quand elle se réveilla, Cosette n’avait
qu’une idée en tête : retrouver son père. Elle
se leva, déjeuna et partit immédiatement à
la bibliothèque dans l’espoir de dénicher
une adresse. Malheureusement, elle ne
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trouva rien. Marie, sa seule amie, arriva
et dit :
– Ce n’est pas dans une bibliothèque
que tu retrouveras ton père ! Personne ne
sait où il est et, de toute façon, c’est trop
dangereux d’essayer de retrouver sa trace.
Cosette rougit puis se mit à hurler :
– Jamais tu ne m’interdiras de retrouver
mon père ! Et puis si tu ne voulais pas que
j’y aille, pourquoi m’as-tu tout raconté ?
Marie, ne s’attendant pas à une telle
réponse, chercha ses mots, en vain.
Cosette partit dans sa chambre. La
religieuse se dit qu’elle irait lui parler
quand elle se serait calmée pour discuter
et trouver un arrangement ; mais au
moment où elle entra dans la chambre
de la jeune fille, la fenêtre était grande
ouverte. Cosette s’était enfuie, emportant
avec elle ses quelques vêtements dans une
petite valise. Sur le lit, un petit mot : « Je
le retrouverai. » fit perdre connaissance à
la sœur.
Les religieuses arrivèrent dans la
chambre, découvrirent sœur Marie
inanimée. Elles regardèrent par la fenêtre
ouverte et, à leur grand désarroi, virent le
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corps de Cosette étalé par terre et couvert
de sang.
Cosette est un personnage du
roman « Les Misérables », que
Victor Hugo a publié en 1862.
Quand elle est évoquée pour
la première fois, elle est une petite
fille, exploitée par les Thénardier
auxquels sa mère célibataire l’a
confiée.
C’est le héros du roman, Jean Valjean, qui
l’enlève aux Thénardier et qui l’élève comme
sa propre fille. Elle grandit heureuse après
une enfance misérable. Jeune fille, elle est
amoureuse de Marius, ce qui rend d’abord
jaloux et malheureux Jean Valjean.
La représentation est une gravure de
Bayard datant de l’époque du roman.
TABLE DES MATIÈRES
Une cloche si précieuse !
7
Le destin d’Adèle
15
La révélation
19
Une mystérieuse jeune fille
25
Un frère caché
31
Petite leçon de diplomatie
37
L’inconnue 43
L’enlèvement
49
Un mystérieux colocataire
55
Meurtre à Colombes
61
Une impératrice à Colombes
67
Illusion 73
La maison hantée
83
Un bonheur si fragile
89
Les secrets d’Edmond
97
Le mariage103
Une femme écrivain
113
Les débuts de Gustave
119
Les dangers de la poésie
125
Un Américain à Colombes
129
Naissance d’une vocation
133
Retrouvailles entre amis
137
Une troublante ressemblance
143
La lettre anonyme
149