Réaliser un audit des équipements techniques dans l`existant

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Réaliser un audit des équipements techniques dans l`existant
Prévention — rénovation
➜
pathologie
Réaliser un audit des
équipements techniques
dans l'existant
Le diagnostic de la plomberie et des équipements techniques
utilisant l’électricité ou le gaz permet de dresser et d’améliorer
l’état d’un bâtiment existant.
E
ffectuer un audit des équipements techniques vise
en priorité à s’assurer que les installations ne présentent aucun risque pour les usagers, mais également à contrôler les performances des appareils
et à apporter conseils et recommandations d’usage.
À l’heure où les accidents d’origine électrique sont fréquents
et leurs origines souvent méconnues, le diagnostic d’une
l’installation électrique vieillissante est riche d’enseignement, particulièrement pour l’acquéreur d’un bien immobilier. Promotelec a une longue expérience en matière de
diagnostic électrique. Depuis l’automne 2002 et avec l’appui de l’ensemble de la filière électrique, l’organisme propose, sur la base du volontariat, la « Démarche Confiance
Sécurité ». Celle-ci dresse un bilan complet de l’installa-
tion électrique, en hiérarchisant les anomalies selon trois
niveaux de risques pour aider le client à prioriser les éventuels travaux en fonction de la gravité des risques encourus.
Ce diagnostic vise également les parties communes des
immeubles d’habitation.
Des mesures à venir
en électricité
À partir de ce retour terrain, l’organisme a d’ailleurs réalisé
une étude listant les principales anomalies rencontrées (voir
tableau ci-dessus). Face à ce parc électrique vieillissant ne
rentrant pas dans le champ de la NF C15-100, le législateur p
Qualité Construction • N° 103 • juillet-août 2007 23
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Photos Promotelec
Photo n° 1:
Les connexions électriques
sont insuffisamment
protégées et les deux
câbles méplats font partie
des appareillages proscrits
en matière de sécurité
électrique.
Photo n° 2:
En matière de sécurité
électrique, ce fusible
porcelaine à broche est
un appareillage proscrit
(risque d'électrocution
lors de la manipulation
du fusible broche).
Photo n° 3:
Après une inspection
visuelle, une série de tests
et essais sont réalisés,
comme le contrôle des
prises de courant.
pathologie — prévention — rénovation
Audit des équipements
techniques dans l'existant
a décidé de prendre des mesures. Un diagnostic sera ainsi
bientôt obligatoire – vraisemblablement courant 2008 – pour
les installations de plus de quinze ans, et ce en cas de vente
d’un bien à usage d’habitation (voir encadré ci-dessous).
L’installation intérieure de gaz domestique doit être
conforme à l’arrêté du 2 août 1977 modifié (Règles techniques et de sécurité applicables aux installations de gaz
combustible et d’hydrocarbures liquéfiés situées à l’intérieur des bâtiments d’habitation ou de leurs dépendances).
Les règles relatives à certains points rendus obligatoires par
cet arrêté figurent dans la norme NF DTU 61.1 (notamment
les règles de dimensionnement des conduits d’évacua-
tion des produits de combustion). Pour la fumisterie (évacuation des conduits de combustion), la profession s’appuie sur la norme NF DTU 24.1, en complément des arrêtés
du 2 août 1977 modifié et du 22 octobre 1969. Dans le cadre
de ses offres de services Dolce Vita à ses clients domestiques, Gaz de France a mis en place depuis 1997 le
Diagnostic Qualité Gaz de France. Actuellement trois organismes sont missionnés pour le réaliser : Qualigaz, Norisko
et DPE. Facturé 30 euros, il est par contre réalisé aux frais
de GDF lorsque l’installation gaz naturel est restée hors service plus de six mois. Ce diagnostic porte sur l’installation
intérieure, à savoir la tuyauterie fixe, le raccordement au gaz
LES SIX EXIGENCES DU FUTUR DIAGNOSTIC ÉLECTRIQUE
Le diagnostic des installations intérieures d'électricité de plus
de quinze ans va être rendu obligatoire en cas de vente de
tout ou partie d'un immeuble à usage d'habitation. Attendu vraisemblablement pour le printemps 2008, il concernera l'ensemble
de l'installation électrique privative des habitations et de leurs
dépendances situées en aval de l'appareil général de commande
et de protection de ladite installation. Cependant, il ne portera pas
sur le bon fonctionnement des matériels d'utilisation. Ce futur diagnostic se concentrera sur les six exigences minimales suivantes:
■ présence à l'intérieur du logement d'un appareil général de
commande et de protection accessible pour l'occupant ;
■ présence d'au moins un dispositif de protection différentielle
de sensibilité adaptée aux conditions de mise à la terre de
l'installation ;
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■ présence à l'origine de chaque circuit électrique de l'installation d'un dispositif de protection contre les surintensités
(fusible ou disjoncteur) adapté à la section des conducteurs ;
■ présence dans chaque salle d'eau d'une liaison équipotentielle et respect des règles d'installations des matériels électriques autour de la baignoire ou de la douche ;
■ absence de matériel électrique vétuste ou présentant des
risques de choc électrique avec des éléments sous haute tension : fils « coton », fusibles à tabatière, à broches, douilles
de chantier, conducteurs dénudés, interrupteurs en porcelaines à bouton rotatif…
■ protection mécanique de tout conducteur électrique par des
conduits, moulures ou plinthes en matière isolante.
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Audit des équipements
techniques dans l'existant
des appareils, la ventilation des locaux et la combustion (ce
dernier point étant vérifié uniquement si l’installation est
alimentée en gaz). La tuyauterie fixe et ses accessoires font
l’objet d’une vérification visuelle, de même que la ventilation des locaux (selon le type d’appareils installés) et le raccordement des appareils au gaz et à l’évacuation des produits de combustion (tracé du conduit de raccordement,
longueur, nombre de coudes…).
Le diagnostic gaz,
bientôt obligatoire
L’installation étant mise sous pression d’essai, l’étanchéité
de la tuyauterie fixe est contrôlée avec un manomètre. Le
diagnostic des appareils concerne essentiellement la qualité de la combustion (mesure de la teneur en CO dans
l’atmosphère à l’aide d’un analyseur) et celle du tirage thermique du conduit de fumée pour les appareils qui y sont
raccordés. Sur ce point, un déprimomètre mesure la dépression au niveau du coupe-tirage de l’appareil ou du conduit
d’évacuation des produits de combustion.
En cas d’anomalie classée danger graver et immédiat (DGI)
– typiquement une fuite sur l’installation –, le diagnostiqueur
peut condamner partiellement ou totalement l’installation.
Il appose une étiquette pour indiquer la condamnation et
fait signer son rapport par le donneur d’ordres, qui dispose
de trois mois pour renvoyer une Attestation de Réalisation
de Travaux à Gaz de France. La non réalisation entraînant
une interruption totale de fourniture de gaz naturel.
Parallèlement, il prévient immédiatement le distributeur de
réseau. La ou les autres anomalies sont signalées au client.
Depuis peu le législateur a pris des mesures pour améliorer la qualité du parc existant des installations intérieures
de gaz domestique. Dès le 1er novembre 2007, dans le cadre
d’une vente d’un bien immobilier à usage d’habitation comportant une installation intérieure de gaz, il faudra joindre
à l’acte notarié un diagnostic de cette installation (conformément à l’article 17 de la loi du 3 janvier 2003 et au décret
n° 2006-1147 du 14 septembre 2006).
Le calcul de la consommation
énergétique
Deux arrêtés du 6 avril 2007 définissent :
■ pour l’un le modèle et la méthode de réalisation de l’état
de l’installation intérieure de gaz ;
■ et pour l’autre les critères de certification des compétences des personnes physiques réalisant cet état et les
critères d’accréditation des organismes de certification.
Une norme expérimentale XP P45-500 (décision d’approbation dans les prochaines semaines) donne le modèle
d’établissement d’un diagnostic et les conduites à tenir
en cas d’anomalie. En plus des anomalies classées DGI,
qui entraînent les mêmes dispositions que lors du
Diagnostic Qualité Gaz de France, la norme distingue deux
autres niveaux d’anomalies. En présence d’une A1, le diagnostiqueur localise l’anomalie et conseille de la prendre
en compte lors d’une intervention ultérieure. En cas de A2, p
Photos L'Espace Photo Gaz
de France/Philippe Pierangeli
Photo n° 1:
Mesure de la teneur
en monoxyde de carbone
pour un chauffe-eau
fonctionnant au gaz.
Photo n° 2:
Obligatoire sur les
installations neuves ou
modifiées, le système
Vissogaz alimente les
appareils de cuisson.
Son flexible à raccords
vissables évite tout risque
de désemboîtement.
Photo n° 3:
Le diagnostic est
l'occasion d'apporter
des conseils d'entretien
sur les équipements.
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pathologie — prévention — rénovation
Audit des équipements
techniques dans l'existant
Le diagnostiqueur calcule tout d’abord les besoins du bâtiment à partir de relevés : implantation et dimensions des
murs et des fenêtres, hauteur des plafonds, constitution
des parois (pierre, parpaings doublés d’une isolation par
l’intérieur ou par l’extérieur…), du plafond, du plancher, des
fenêtres (double ou simple vitrage, encadrement bois ou
métallique)…
Sensibiliser aux énergies
renouvelables
Modèle de DPE applicable
aux logements et bâtiments
d'habitation téléchargeable
sur le site Internet
www.logement.gouv.fr.
il localise l’anomalie, précise la nature des risques encourus en cas d’utilisation de l’installation (une intoxication au
monoxyde de carbone, par exemple) et conseille de réaliser les travaux dans les meilleurs délais.
Le diagnostic énergétique dans l’habitat a pour objectif d’apporter conseils d’usage et recommandations conduisant
à une meilleure efficacité énergétique. L’audit prend en
compte toutes les consommations, y compris l’électricité
utilisée pour l’éclairage, l’informatique et la production d’eau
chaude. Et se base sur les factures de consommation réelles.
Tous ces relevés permettent de calculer des déperditions et
d’évaluer les besoins de chauffage pour calculer une
consommation prévisible. « Un bon diagnostic commence
par une bonne évaluation de la répartition des consommations:
qu’est-ce qui passe par les fenêtres, par les murs, par les planchers, par la ventilation, par la production ? », explique
Emmanuel Mortier du département Énergie au Costic. « La
consommation théorique est comparée à la consommation
réelle. Le comportement des occupants se répercutant sur leur
consommation, les résultats peuvent changer du tout au tout
selon leurs habitudes de chauffage (exigeants s’ils chauffent à
21° ou 22° ou économes s’ils chauffent plutôt à 18°…). Si les
habitants prétendent qu’ils chauffent normalement alors qu’ils
sont économes, la consommation calculée sera plus importante
que la réelle. À ce moment-là, il faut se poser des questions pour
rectifier les paramètres et arriver à trouver une consommation théorique qui se rapproche de la réelle. Un écart de 5 à
10 % reste acceptable. »
L’audit s’intéresse ensuite aux équipements de chauffage,
d’eau chaude et, le cas échéant, de climatisation. Le diagnostiqueur détermine un rendement de production de la
chaudière par un examen d’état (brûleur, régulation, ancienneté de l’appareil…) et des mesures de combustion. Idem
pour l’eau chaude en tenant compte des besoins par rapport au nombre d’occupants. À l’issue de cet audit, le diagnostiqueur propose toutes les interventions envisageables
et réalisables sur le bâti et les installations pour économiser l’énergie, y compris l’installation de systèmes utilisant
les énergies renouvelables. Les interventions sont classées
par ordre de rentabilité.
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Isabelle Coune
L'INSPECTION D'UNE INSTALLATION DE PLOMBERIE
Les installations de plomberie sanitaire pour bâtiment à usage
d'habitation font l'objet du DTU 60.1.
Inspecter les équipements de plomberie impose déjà pour le
professionnel de contrôler l'écoulement des différents appareils sanitaires (baignoire, WC…). La remontée de mauvaises
odeurs et des bruits de « glouglou » lors de la vidange des appareils sanitaires indique un désiphonnage (il est fort possible que
les canalisations ne soient pas ventilées). Il convient aussi de
vérifier l'étanchéité des robinets et de la chasse d'eau (clapet
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du robinet d'alimentation, réglage du bras du flotteur, bouchon de vidange ou joint de garniture). Et de s'assurer que les
robinets d'arrêt ne sont pas grippés.
Le plombier va contrôler également les regards de décantation,
qui peuvent être obstrués par des boues. Puis s'assurer que la
pression de l'eau dans le réseau d'alimentation n'est ni trop
faible ni trop forte (entre 2 et 3, 5 ou 4 bars). Des bruits suspects ou des coups de bélier peuvent indiquer que la pression
est insuffisante.