Le viager s`offre une nouvelle jeunesse

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ÉCONOMIE
IMMO
Le viager s'offre une nouvelle
jeunesse
MELANIE GEELKENS
jeudi 10 février 2011, 11:08
Le viager vit un renouveau, notamment en raison du « papyboom ». Pour le vendeur, il
s'agit souvent d'une manière de compléter des revenus trop faibles. Pour les acquéreurs,
il est souvent question d'investissement financier. Témoignage de Jeanne, 72 ans.
Une jeune qui visite une maison mise en vente en viager : à cause du papy-boom, cette
pratique vit un renouveau en Belgique © alain dewez
J'adore chaque centimètre carré de cette maison ! » À la fenêtre de son second salon, Jeanne
(nom d'emprunt) désigne fièrement la vue sur la vallée de Spa. Des sapins et des prairies à
perte de vue. « Tout le monde ne peut pas se vanter d'un tel panorama, hein ? J'ai vécu dans
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des tas d'endroits, mais celui-ci reste sans aucun doute le plus beau de tous. »
Cette septuagénaire a emménagé dans sa propriété il y a dix ans. Une cuisine spacieuse, deux
salons, cinq chambres, de grandes caves. Mais elle habite seule avec son mari. Sans oublier
son caniche Brandy et ses deux chevaux. Le terrain s'étend sur près d'un demi-hectare. Alors,
question entretien, elle n'a guère le temps de s'ennuyer. Toute son énergie et tout son argent
sont investis dans l'embellissement et la conservation de son bien. « Avec ma petite pension de
722 euros, je n'avais plus assez d'argent pour supporter tous les frais, raconte-t-elle. Mais je
ne voulais absolument pas déménager. Alors j'ai choisi le viager. Je suis vieille, invalide et je
n'ai pas d'héritier. Cela me semblait être la meilleure solution. Penser à sa mort, cela reste
très difficile. Mais il fallait que je le fasse… »
Après avoir étudié tous les détails de la formule sur internet, elle choisit de faire appel à une
agence spécialisée. Suivent alors toutes les étapes techniques : évaluation du domaine, d'une
rente mensuelle, de la durée de l'usufruit. Contrairement à la grande majorité des crédirentiers
(comprenez : les vendeurs), Jeanne n'a pas souhaité solliciter de « bouquet », cette somme
d'argent à verser en complément du montant mensuel, qui équivaut généralement à 10 % de la
valeur du bien. « Je n'avais pas envie de devoir gérer un investissement. Je n'ai aucune
confiance dans les banques. »
Une vaste propriété, aucun bouquet, une rente élevée, un droit d'occupation de 18 ans…
Autant de paramètres qui, habituellement, compliquent une vente viagère, habituellement très
longue à se concrétiser. Mais il n'aura fallu que dix jours, ni plus ni moins, pour obtenir la
signature d'un débirentier (comprenez : d'un acquéreur). Un homme d'affaires flamand, séduit
par les lieux, mais qui ne compte pas y habiter. Pour lui, il s'agit surtout d'un investissement.
« Le jour de la signature des actes chez le notaire, j'ai vraiment ressenti énormément de peine,
j'ai beaucoup pleuré, se souvient-elle. C'est mon nouveau propriétaire qui m'a réconfortée. Il
m'a dit qu'il comprenait, que cela avait dû être une décision très difficile à prendre, mais que
je ne devais pas me tracasser : rien n'allait changer. »
Chaque mois, elle reçoit désormais son « loyer », une somme indexée que l'acheteur lui
versera pendant 18 ans, même en cas de déménagement. Sauf si la vie en décide autrement…
En contrepartie, elle doit s'occuper de l'entretien quotidien. Mais en cas de gros travaux, c'est
le débirentier qui devra assumer les frais. Selon Jeanne, la formule se révélerait financièrement
très avantageuse pour le vendeur.
Mais le sujet reste tout de même tabou. Si elle témoigne volontiers de son expérience, elle
refuse toutefois que l'on puisse la reconnaître. Pour ne pas que le voisinage apprenne que ses
soucis financiers l'ont poussée vers le viager. « Cela ne regarde personne. » L'annonce de la
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vente a pourtant été publiée sur internet et dans les journaux… Mais la pression sociale reste
forte.
« Aujourd'hui, j'ai digéré cette perte sentimentale. Je ne suis plus propriétaire mais j'habite
encore ici. C'est assez étrange. » Ce qui a changé depuis la signature des actes de vente ?
Rien. Ou presque : « J'ai tout de même un peu plus d'argent. » De quoi assumer les frais
d'entretien de sa propriété, ainsi que le coût de son traitement médical. De quoi aussi s'octroyer
de petits plaisirs. « Les gens imaginent que nous sommes remplis d'argent, puisque nous
vivons dans une propriété de prestige. Mais grâce au viager, j'ai pu m'acheter un parfum et un
pull en laine ! »
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